Lorsqu'on s'apprête à accomplir une Mitsva tout en sachant pertinemment qu'elle sera imparfaite voire défaillante ou même "brisée", on se doit malgré tout de faire tout notre possible pour l'effectuer, même quitte à n'en réaliser qu'une infime partie.
Dans notre Paracha, Hachem transmet les Tables de la Loi à Moché Rabbénou (Chémot 31, 18). Le Talmud Yérouchalmi (Ta’anit 4, 5) nous donne plus de détails concernant cet évènement. Nos Sages nous dévoilent que c’est précisément à cet instant que les Bné Israël ont commis la faute du Veau d’or. Hachem a alors voulu reprendre les Tables des mains de Moché, mais ce dernier n’a pas lâché prise. Chacun tirait les Tables de son côté, jusqu’à ce qu’en fin de compte, Moché réussisse à les "arracher" des Mains d’Hachem, si l'on peut s'exprimer ainsi.
Arracher la Torah
Ce passage du Talmud nécessite une explication, d’autant plus qu’Hachem n’a jamais reproché à Moché d’avoir l’audace de Lui tenir tête ; bien au contraire, la Torah fait même l’éloge de son action ! Comme nous l'apprend le dernier verset de la Torah (que l'on lit le jour de Sim'hat Torah) : "Hayad Ha'hazaka" ("cette main puissante"), qui fait allusion à la force prodigieuse que possédait Moché Rabbénou. Or la Guémara explique que la puissance de Moché Rabbénou dont il est question ici consistait précisément à extirper la Torah des Mains du Créateur !
En réalité, le message qu’Hachem a voulu transmettre à Moché Rabbénou, ainsi qu’à nous tous, est le suivant : dans la vie d’un homme, il ne suffit pas d’accomplir la Torah et de l’étudier, il est parfois nécessaire de se faire violence pour l’acquérir, en l’arrachant avec force et détermination !
Le second enseignement à retenir est que même dans les cas où on a l’impression que c’est Hachem Lui-même qui nous met des bâtons dans les roues, en réalité, Il attend justement de nous que l'on persiste pour réaliser la Mitsva en question.
Enfin, nous pouvons également apprendre que même lorsque nous ne méritons pas la Torah (comme c’était le cas des Bné Israël après la faute du Veau d’or), D.ieu attend tout de même qu’un homme s’accroche à elle, coûte que coûte, pour l’accomplir.
Précisons que Moché Rabbénou, après avoir pris possession des Tables de la Loi au prix d'un effort surhumain, a finalement décidé de les briser ! Même si l’on peut supposer qu'il n'avait pas prévu d'agir ainsi a priori, nous pouvons en tirer une leçon supplémentaire : lorsqu'on s'apprête à accomplir une Mitsva tout en sachant pertinemment qu'elle sera imparfaite voire défaillante ou même "brisée", on se doit malgré tout de faire tout notre possible pour l'effectuer, même quitte à n'en réaliser qu'une infime partie.
Un cadeau personnalisé
Ce message particulier de nos Sages semble d'actualité dans une époque où certaines Mitsvot nécessitent parfois des efforts considérables. Lorsqu'on s'accroche à la Torah de toutes nos forces, quelles que soient les difficultés, c'est précisément à cet instant qu'Hachem nous en fait cadeau ! La Torah devient alors personnelle, un immense cadeau du Ciel, un trésor infini.
Dans la vie quotidienne, "arracher" la Torah signifie qu’il faut savoir consacrer du temps pour elle : une heure par-ci par-là ou même quelques minutes, tout est bon à prendre.
C'est la raison pour laquelle il faut savoir apprécier une Mitsva, même lorsqu’on n’arrive pas à l’accomplir de la meilleure façon possible. Lorsqu’une personne surmonte certaines épreuves et réussit à se surpasser pour réaliser une Mitsva, même si elle n’est pas parfaite, le fait d’y avoir mis toute son énergie pour l’accomplir malgré toutes les embûches est particulièrement apprécié au Ciel. Une telle Mitsva a une valeur inestimable dans la vie d’un homme !