Le vécu de l’homme sur terre depuis des millénaires a amené des penseurs et des scientifiques à tirer des conclusions de leurs observations et réflexions. Ces acquis regroupés vont former les sciences qui se développeront dans tous les domaines, permettant d’analyser et de prévoir à l’avenir comment réagir devant des situations communes. C’est ainsi que face à un problème économique, politique, médical ou humain, des spécialistes peuvent parvenir à cerner la source de ce problème et éventuellement à y proposer des solutions.
Mais ce qui est vrai pour les Nations de façon générale s’avère insuffisant et même faux pour le peuple juif. En effet, comme cela est rapporté dans la Parachat Bé’houkotaï (et dans d’autres endroits de la Torah), santé, prospérité économique, paix avec nos voisins dépendent uniquement de notre rapport à D.ieu et de notre respect des Commandements. Toute autre considération pour expliquer les événements qui concernent Israël est erronée, car l’Eternel a décidé que le destin du peuple hébreu dépend du pacte contracté au Mont Sinaï et du respect de ses clauses. Ce seront les efforts entrepris pour étudier la Torah et pour l’accomplissement des Commandements qui vont amener les pluies, les fruits, la paix, les victoires militaires et la descendance et ‘Has Véchalom le contraire si on s’éloigne de nos devoirs religieux.
La raison de cette relation particulière vient du fait que le peuple d’Israël a été choisi pour être le serviteur de D.ieu, et cette élection l’élève au-dessus des lois de la nature et le propulse vers un rapport intime avec l’Eternel. Dans la même optique, la terre d'Israël a été choisie pour être l’endroit le plus saint du monde, où "le regard de D.ieu est posé toute l’année". C’est pourquoi cette terre "vomit" les habitants qui ne se conduisent pas selon une morale parfaite.
Tout au long de l’Histoire, nos ancêtres, devant toute menace, ont appliqué cette sentence selon laquelle "la Téchouva, la Tsedaka et la prière repoussent tous les mauvais décrets". Ainsi, les frères de Yossef accusés injustement d’espionnage en Egypte, comprenant que quelque chose ne va pas, se mettent à regretter leur conduite passée envers leur frère (Béréchit 42, 21). Lors de la conquête d’Israël à l’époque de Yéhochoua’, alors que 36 guerriers périssent, on cherchera immédiatement quelle faute a été commise (Yéhochoua’ 7,11). Devant une famine qui se prolonge, David Hamélekh se tourne vers D.ieu pour y trouver la cause (Chemouel II, 42, 21). Nos Sages chercheront à comprendre pour quelles fautes le premier et le deuxième Temple furent détruits, afin de pouvoir se repentir (Yoma 9b). A aucun moment, on ne recherche l’erreur stratégique ou politique qui aurait causé ces calamités, mais seulement laquelle des négligences religieuses en serait la source.
Même après l’exil, alors que nous n’avons plus les prophètes, le Kohen Gadol ni le grand Sanhedrin résidant dans l’enceinte du Temple pour nous éclaircir sur les vraies raisons de nos épreuves, nos Maîtres ont essayé malgré tout de comprendre ce que l’Eternel attendait d’eux. Par exemple, Abarbanel analysera les raisons spirituelles ayant provoqué le renvoi des juifs d’Espagne, ou encore le Tossefot Yom Tov les pogroms de son époque.
Pendant l'écriture de cet article, nous avons appris la terrible nouvelle provenant de Méron : 45 personnes, parmi lesquelles de nombreux adolescents, ont trouvé la mort durant la fête à l’occasion de la Hiloula de Rabbi Chim’on Bar Yo’hay. Le deuil ne touche pas seulement les familles des défunts, mais concerne tout le peuple d'Israël. Si dans les médias, on se déchaîne pour tenter de trouver les responsables à cette tragédie, nos grands Maîtres appellent eux à la Téchouva (il revient à chacun de se renforcer là il est défaillant), à la Tsédaka (toute personne se doit de participer à la quête en faveur des familles touchées) et à la prière, afin de nous rapprocher de notre Créateur. On parle beaucoup aussi de la A’hdout (union entre Juifs) qui demande à être renforcée.
Nous espérons que cette tragédie marque la dernière épreuve avant la Délivrance finale, et que nous puissions très bientôt passer de la peine immense qui nous touche aujourd’hui à tous, à la joie parfaite lors de la Révélation de la fin des temps.