Nous sommes une nation expérimentée dans la tragédie. Notre peuple a souffert les plus graves souffrances et persécutions tant au niveau personnel que communautaire, mais miraculeusement, notre peuple a enduré, persévéré et même prospéré, malgré ces conditions brutales. La réaction d'un peuple qui souffre constamment ne devrait-elle pas être la démoralisation, le rejet, la foi brisée ? La réponse à cette question capture l'essence même du Klal Israël avec sa compréhension unique du sens et du but de la vie et sa relation particulière avec le Tout-Puissant.
Le roi Salomon dans le Cantique des cantiques (chapitre 5) décrit la saga de l'amant rejeté cherchant à se réunir avec sa bien-aimée. « Ouvre la porte, ma bien-aimée. » Il plaide pour être autorisé à entrer, mais est rejeté. « […] dois-je me lever […] ? J'ai lavé mes pieds, dois-je me lever et les salir ? Malgré les appels les plus ardents, la femme reste froide, distante et impassible. Pourtant, soudain, elle observe sa main à travers une fissure dans la porte et immédiatement ses émotions s’éveillent. Elle se lève de son lit et s'empresse de lui ouvrir la porte.
Nous savons que tout le Cantique des Cantiques est analogue à la relation entre le Klal Israël et le Tout-Puissant. Le Ramban interprète l'épisode précédent de la manière suivante : les prophètes viennent au Klal Israël et lui implorent de se repentir de ses mauvaises voies. Malgré toutes leurs exhortations, le peuple fait la sourde oreille et ne montre aucune réponse. Cependant, lorsque Hachem amène le Klal Israël à souffrir, il y a une réaction radicale et un repentir absolu. Il semblerait à première vue que l'analogie dans le Cantique des Cantiques est hors de propos.
Comment l'apparence de la main de l’amant à travers une fissure dans la porte peut-elle être comparée aux épreuves infligées par Hachem à ses enfants?
Si nous analysons la phrase suivante des Psaumes du roi David, l'analogie devient claire. « Ton bâton et Ta canne, ils me réconforteront. » (cf. Psaumes 23, 4) Un agneau errant, séparé de son troupeau, seul et apeuré, sent soudain le bâton piquant de son maître sur son dos. À ce moment précis, malgré la douleur perçante, l'agneau ressent le plus grand confort. Mon maître est là ! Je ne suis pas seul ! Malgré la douleur et la souffrance que nous a infligée Hachem, c'est cette même douleur qui renforce notre connaissance de sa présence. Nous reconnaissons son besoin de nous réprimander pour nos actes répréhensibles et, par conséquent, nous nous rendons compte que l’épreuve est une révélation de son existence et la manifestation de sa préoccupation. C'est pour cette raison que nous ne répondons pas par peur, mais plutôt par amour.
C'est cette approche qui nous a soutenus pendant des siècles d'effusion de sang et de torture. Cependant, il reste encore à expliquer comment nous, en tant que peuple, avons pu atteindre ce niveau de perception stupéfiant. Comment, en tant que nation, avons-nous pu voir à travers les nuages de douleurs atroces et nous concentrer sur la réalité de notre souffrance ?
L'homme vit dans un monde imaginaire. Il croit que les plaisirs auxquels il s'adonne dureront pour toujours. La poursuite de la satisfaction est sa préoccupation primordiale, ne laissant que peu ou pas de place pour un examen honnête de la réalité de son existence. La vérité est, bien sûr, que la vie n'est qu'un moment éphémère dans l'éternité et même cette courte période d'existence est remplie d’épreuves. La réalité est que l'âme est immortelle, qu’une vie future existe. Cette vie actuelle n'est qu'un couloir vers le monde à venir. C'est le manque de contrôle de l'homme, son incapacité à maîtriser ses passions, qui déforme sa compréhension de la réalité et le conduit à une vie de faux accomplissements et de valeurs erronées.
Le peuple d'Israël est différent. En tant que nation qui a embrassé la Torah, en tant que peuple qui adhère à ses préceptes et idéaux, nous ne vivons pas sous le brouillard de l'illusion. La Torah nous décrit une vie qui appelle à la maîtrise des désirs. Avec la Torah, nous évitons d'être asservis par nos passions et, par conséquent, nous pouvons libérer notre esprit pour poursuivre objectivement une vie pleine de sens. La Torah est le cœur et l'âme de notre peuple. Son message quant au but de la vie est gravé en nous. C'est pour cette raison que lorsque la tragédie frappe, nous ne sommes pas vaincus. Les épreuves nous aident à nous concentrer sur la réalité de la vie et à intensifier les feux de la foi avec une réévaluation de nos actions et une réévaluation du but de notre vie, suivie d'un engagement renouvelé envers la Torah et les Mitsvot.
Que D.ieu nous aide à percevoir sa présence dans la joie et la prospérité afin que nous n’ayons pas besoin des épreuves.