Le Ramban (fin de la section Bo) nous promet que toutes les Mitsvot conduisent à la foi en D.ieu et que c’est même leur but premier. Elles n’agissent cependant pas toutes de la même manière… Certaines éveillent la conscience de l’homme, comme l’étude de la Torah par exemple, d’autres suscitent l’engouement comme la prière, d’autres encore amènent la personne à ressentir l’expérience sensible du divin comme le Chabbath et les fêtes, mais toutes appellent l’homme à se tourner vers son Auteur…
Cependant, il y a des Mitsvot qui mènent à la foi par le fait qu’elles attestent de la véracité de la Torah.
Essayons de comprendre comment.
Si on nous disait qu’il existe aujourd’hui en 2021 un pays qui a pour coutume d’arrêter toutes ses productions alimentaires durant une année complète. Plus de production agricole, plus d’import-export à l’étranger, une année totalement fériée. Comment jugerions-nous de tels faits ?
La pandémie de Covid-19 nous a montré les dégâts colossaux que pouvait subir un pays : économie au ralenti, dommages collatéraux à terme… Mais imaginons qu’il s’agisse d’une coutume ancestrale qui avait lieu à une époque où les pays ne vivaient quasiment que de l’agriculture, comme celle de l’Antiquité ou du Moyen-Age. Pendant une année entière, tous les agriculteurs devaient cesser toute activité agricole : plus de labourage des champs, plus de plantation de légumes, plus de vendange des vignes, aucun travail lié à la production alimentaire ne devait être effectué sur la terre, rien. Et pas seulement les grosses productions d'État : même les particuliers devaient cesser eux aussi le labeur de leur petit lopin de terre…
Examiner la vérité par la logique
Comment les millions de citoyens de ce pays survivraient-ils durant tout ce temps, privés des denrées alimentaires de base nécessaire à leur survie ? Rationnellement, c’est tout à fait impossible. Et pourtant…
Il y a un bien un peuple dont les ressortissants se livraient à ce genre de pratiques si étranges. Il s’agit du peuple juif lorsqu’il était sur sa terre et que le Yovel (jubilé) avait encore lieu, soit pendant une période de près d’un millénaire. (Yabia Omer vol.2, Even Haézer 15 alinéa 2)
Les Juifs cessaient de semer leur champ, de vendanger leurs vignes et toute autre tâche agricole durant la septième année, grosses productions comme petites, tout le peuple mettait sa terre au repos pendant les 365 jours de cette année-là. Voici la source de cet usage.
« L'Éternel parla à Moïse au mont Sinaï, en ces termes : "Parle aux enfants d'Israël et dis-leur : Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, la terre sera soumise à un chômage en l'honneur de l'Éternel. Six années tu ensemenceras ton champ, six années tu travailleras ta vigne, et tu en recueilleras le produit ; mais, la septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un Chabbath en l'honneur de l'Éternel. Tu n'ensemenceras ton champ ni ne tailleras ta vigne. Le produit spontané de ta moisson, tu ne le couperas point, et les raisins de ta vigne intacte, tu ne les vendangeras point : ce sera une année de chômage pour le sol. » (Lévitique 25, 1-5)
Nous ne parlons pas ici du sens profond de la Mitsva de la Chémita et de ses différentes interprétations mais de son aspect concret. Comment les juifs s’alimentaient-ils la septième année ? Comment les pères de familles nourrissaient-ils leurs enfants ? Comment le pays survivait-il à ce qui ressemble à du suicide socio-économique ?
Bien consciente du problème pratique que pose un tel commandement, la Torah écrit :
« Si vous dites : "Qu'aurons-nous à manger la septième année, puisque nous ne pouvons ni semer, ni rentrer nos récoltes? » (Ibid. 25, 20)
Puis la Torah donne elle-même la réponse à sa question : « Je vous octroierai Ma bénédiction dans la sixième année, tellement qu'elle produira la récolte de trois années ; et quand vous sèmerez la huitième année, vous vivrez sur la récolte antérieure : jusqu'à la neuvième année, jusqu'à ce que s'effectue sa récolte, vous vivrez sur l'ancienne. » (Ibid. 25, 21-22)
En d’autres termes, l’Auteur de la Torah affirme s’engager à nourrir le peuple d’une manière tout à fait miraculeuse.
Les productions agricoles seront suffisantes pour sustenter le peuple la sixième et la septième année, et puisque la septième année n’aura rien produit, ce sera le cas même la huitième année. En somme, la sixième année, vous verrez votre production tripler !
Qui peut promettre une telle chose ?
Si la Torah était le fruit de l’imagination débordante d’un ou de plusieurs hommes, serait-il possible qu’ils écrivent quelque chose de si observable et vérifiable ? Il suffirait d’une année, la première des sixièmes années vécue dans le pays d’Israël, au cours de laquelle les gens ne verraient pas éclore la triple production promise, pour qu’ils abandonnent immédiatement toute pratique religieuse prétextant le canular ! Dans une législation extrêmement contraignante comme celle de la Torah, bon nombre de gens sont prêts à voir la « faille » dans l’institution pour se dessaisir instantanément de son joug…
Si toutefois les juifs ont tout de même continué à respecter les commandements de la Torah, c’est qu’ils ne détectèrent pas la moindre contradiction avec la réalité qu’ils vivaient. Ils abandonnèrent tous les sept ans leur terre et vécurent cette réalité transcendantale dictée par la Torah sur leur propre terrain agricole. C’est donc pour nous la preuve qu’ils vécurent incontestablement ces miracles historiques.
La Torah n’est pas seulement un corpus de lois dictées par le Maître du monde, elle contient également la voie par laquelle un homme peut rendre compte de l’existence du Créateur. Il suffit de raisonner sainement, sans parti pris ni suppositions antérieures, daigner considérer les évidences et les soumettre à la logique cartésienne. Ainsi, la Torah contient en elle les clefs de sa véracité, qu’elle corrobore par la réalité des faits, concrètement.