Nous sommes souvent dans notre existence amenés à exprimer nos regrets devant certaines réalités, en baissant les bras : « Ah, si j’étais plus jeune, j’aurais choisi un autre métier/je m’y serais pris différemment avec mes enfants,/j’aurais mieux géré mon couple/j’aurais dû dès le départ fixer avec mon patron mes exigences, etc. Mais aujourd’hui c’est trop tard et il est très difficile de changer les mauvais plis... »
Ces réflexions sont fondées sur la réalité de notre existence où le temps avance et nous place devant des défis qui se trouvent devant nous, mais jamais derrière. Certains choix auront fixé « à jamais » la tournure de notre vie. Quelle angoisse !
Certains écrivains, sans doute perturbés par cette réalité, ont voulu dans leurs récits parer à cet état de fait et on inventé un monde où l’on pourrait remonter dans le temps, avec toutes les perspectives que cela ouvrirait à l’homme. Mais ceci reste un fantasme, fruit de l’imaginaire et de la plume des hommes.
Par contre, dans le domaine du spirituel, tout peut être envisagé car rien n’est figé ou déterminé. Notre situation peut évoluer, être transformée et prendre une toute autre dimension, alors qu’a priori rien ne se prêtait au moindre changement.
Nous avons dans la Bible l’exemple de Rahav, femme de mauvaise vie qui exerça son « métier » pendant 40 ans et qui, dans un moment de lucidité, abandonna ses activités, sauva deux explorateurs juifs en se mettant en péril et va se convertir sincèrement. Le Talmud (Zeva’him 116b) rapporte comment elle va opérer une Téchouva parfaite et méritera de se marier avec un des plus grands personnages juif de l’époque, Yéhochou’a.
Plus que cela, il est possible que d’une grave erreur puisse surgir la délivrance, comme cela est rapporté dans la Torah à propos de la vente de Yossef par ses frères, qui en finalité permit le sauvetage de la famine de toute la famille de Ya’akov. C’est pourquoi nous devons savoir que la porte est toujours ouverte quel que soit notre passé et une prise de conscience accompagnée d’actes concrets peut nous ouvrir des perspectives inespérées.
Le grand ‘Hidouch de Roch Hachana est là. Le passé, les erreurs, les fautes, les décisions erronées ne sont pas fatales. Dans le domaine du spirituel, les « cartes » sont redistribuées, les jeux ne sont jamais « faits » !
Nous avons l’occasion unique de nous retrouver face au Roi des rois, notre Créateur, et Lui exprimer combien nous voulons Sa proximité et Sa protection. En famille autour d’un repas marqué par des douceurs, à la synagogue avec les prières particulières et le son du Chofar, nous nous mettons sous Sa tutelle bienveillante en sachant que Lui seul demeure notre véritable espoir.
On pourrait se demander comment cette année nous allons pouvoir prier, dans cette réalité « coronesque » et tout ce qu’elle entraîne : restrictions dans les synagogues, impossibilité de pouvoir voyager vers nos destinations favorites, celles qui nous apportaient joie et ferveur pour toute l’année…
La réponse est simple : si en temps normal nous recherchions les conditions maximales pour nous élever et ressentir la proximité de D.ieu, aujourd’hui après plus d’une demi-année de bouleversements, nous voyons bien que seule la Providence dirige les événements et il est évident que quel que soit l’endroit où l’on prie, nous trouverons la ferveur recherchée.
Chana Tova Oumevourekhet, Chéyitkablou Kol Téfiloténou !