Cette histoire a été racontée par le Rav d’un Talmud Torah du centre d'Israël, qui l'a entendue par la personne concernée.
« Dans le bureau du Talmud Torah où je travaille, un juif travaille comme assistant technique. Son travail comprend diverses tâches, aussi bien à l’intérieur du Talmud Torah qu’à l'extérieur : la photocopie de papiers, l'impression de manuels pour les enseignants, le classement de documents et d’autres tâches de ce type. Le travail est éprouvant, et la rémunération est faible. J’ai toujours été intrigué par le fait que, même si le salaire de cet homme était bas et qu’il était une personne simple, il vivait dans un appartement luxueux dans l’un des quartiers huppés de Jérusalem. La plupart des habitants de l’immeuble étaient des Américains ou Européens aisés. J'ai innocemment supposé qu'il venait d'une famille aisée, et qu'il travaillait dans le Talmud Torah juste pour occuper son temps libre, ou peut-être même Léchem Chamayim, de manière désintéressée...
J'ai donc été stupéfait lorsqu’un jour, cet homme est venu me voir avec un document de prêt. Il me demandait si je pouvais signer comme garant pour un petit prêt. "J'ai besoin de ce prêt de toute urgence pour couvrir mon découvert à la banque…", expliqua-t-il timidement. J'étais choqué ; cet homme manquait-il d'argent ?! Comme s'il lisait mes pensées, il s’expliqua : "Vous vous demandez probablement pourquoi j'ai besoin d'argent si je vis dans l'un des immeubles les plus luxueux de Jérusalem… Vous n'êtes pas la première personne à qui j'ai besoin d'expliquer cela. Même si je vis dans un quartier riche, cette richesse s'arrête au seuil de ma porte… Nous sommes très pauvres. Si vous vous demandez comment j'ai eu un tel appartement, vous ne me croirez peut-être pas, mais voici mon histoire :
J'habitais dans l'un des vieux quartiers de Jérusalem, dans un très vieil appartement de deux pièces, au rez-de-chaussée. Je n’étais même pas propriétaire, je vivais avec un contrat "Key money" (ndlr : ce qui signifie qu’en entrant dans l’appartement, le locataire donne une somme en dépôt au propriétaire, qui lui donne une sorte de privilège contre l’achat éventuel de l’appartement). Au fur et à mesure que les années passaient, ma maison se remplissait d'enfants, et nous étions de plus en plus à l’étroit et il devenait de plus en plus difficile d'y vivre. Un jour, un de mes plus jeunes enfants a déclaré : « Papa, nous devons déménager dans un nouvel appartement ! Nous n’avons plus de place ! » Je lui souris tristement : « Nous pouvons à peine terminer le mois ; comment pouvons-nous rêver d'un nouvel appartement ? » Mais mon fils insista et déclara de nouveau : « Il faut déménager dans un appartement plus grand ! » Il a même promis, avec une pureté innocente : « Je vais même prier pour ça et j’entrainerai avec moi toute la famille. » Mon fils tint sa promesse et, à partir de ce moment, il pria tous les jours et le rappelait même à ses frères.
Quelque temps plus tard, le soir du Séder, quand nous avons tous chanté "Léchana Habaa Biyérouchalayim" ("L’année prochaine à Jérusalem reconstruite"), mon fils s'est tenu sur une chaise et a crié : « Et dans un nouvel appartement ! ». La deuxième et la troisième fois que nous avons chanté, il a de nouveau ajouté les mêmes mots, et à la quatrième fois, il nous a convaincus et nous avons répondu un sincère « Amen ! ».
Pour être honnête, si, jusque-là, je considérais toute cette affaire comme un caprice d'enfant, cette nuit de Séder, quelque chose a changé en moi, et j'ai également commencé à y croire et à prier pour cela.
Au début du mois de Iyar, un soir, deux juifs respectables ont frappé à ma porte et ont demandé à entrer pour me parler. Je pensais qu'ils étaient venus collecter de l'argent pour la Tsédaka, et je leur ai donc fait comprendre que je ne pourrais pas leur donner plus d'un shékel, mais ils m’ont dit qu'ils ne voulaient que me parler. Je les ai fait rentrer chez moi et les ai assis à notre petite table. Ils m'ont dit qu'ils étaient les élèves d'un célèbre Rav de l'étranger qui voulait s’installer en Erets Israël, et qui leur avait indiqué l'emplacement de ma maison comme un endroit idéal pour construire un Beth Midrach.
« Nous sommes prêts à acheter la maison à n’importe quel prix. Nous avons déjà parlé au propriétaire et obtenu son accord. Mais en raison de la loi sur la protection des locataires, nous avons également besoin de votre accord. »
Je leur ai expliqué que j’avais un contrat "Key money", et que, même s'ils me payaient le double du prix du marché, je ne serais pas en mesure de trouver un autre appartement. Mais ils ont insisté : « Que voulez-vous en échange ? », ont-ils demandé. Je me suis alors souvenu du rêve de mon fils et, dans le journal ouvert posé sur la table, j’ai vu une publicité sur un projet de logement de luxe en construction à Jérusalem. J'ai soudainement eu une idée - certes audacieuse -, j'ai pointé du doigt la publicité et j'ai dit : « Je veux un appartement dans ce projet en échange de mon appartement ! ». « Pas de problème, ont-ils dit, à ma grande surprise. Nous allons vous acheter un appartement de quatre pièces dans ce projet. » J’étais absolument stupéfait, quand, sur place, ils ont sorti un contrat prêt, ont ajouté les quelques lignes nécessaires et me l’ont fait signer.
L'année suivante, nous fêtions le Séder dans notre nouvelle maison, et quand nous avons chanté ensemble "Léchana Habaa Biyérouchalayim", j’ai regardé le visage de mon fils qui brillait de bonheur…" »
Le Rav du Talmud Torah conclut : « Quand j'ai entendu cette histoire, je ne pouvais pas y croire, mais quand un jour, j'ai rencontré un parent d'un des acheteurs, et qu'il m'a raconté sa version de l'histoire, avec tous les détails, il est devenu clair pour moi que tout était vrai. En effet, il n'y a rien de plus grand que le pouvoir de la Téfila. »
Mimishnasah Shel Torah, Bamidbar 5776