Avant 1974, la pratique courante pour aider quelqu'un qui s'étouffait était de frapper dans le dos la personne affligée. Le Dr Henry Heimlich a soutenu que frapper de cette façon peut pousser l'obstruction plus loin dans l'œsophage, plutôt que de la déloger. Il a travaillé sur diverses théories en tentant une meilleure manière, avant de finalement proposer la technique consistant à mettre ses bras autour de la personne qui s'étouffe et à exercer des poussées abdominales vers le haut, juste au-dessus du nombril et sous les côtes, avec les mains liées en poing, jusqu'à ce que l'obstruction se déloge.
Heimlich a publié les résultats préliminaires de ses expériences avec des techniques anti-étouffement dans une revue médicale américaine. Les journaux aux États-Unis ont rapidement commencé à citer des exemples où des lecteurs, y compris des restaurateurs, avaient entendu parler de l'article de Heimlich et avaient tenté la technique sur des gens qui s’étouffaient, avec des résultats positifs.
La nouvelle s'est répandue et, cet été-là, le "Journal of the American Medical Association" a publié un éditorial dans lequel, avec la permission du chirurgien, la technique a été officiellement désignée pour la première fois sous le nom de "manœuvre de Heimlich". La technique a été largement adoptée au niveau national et international, et aujourd'hui, elle apparaît sur des affiches dans la plupart des restaurants et est enseignée dans de nombreuses écoles.
Malgré la présentation de la technique, Heimlich ne l'avait jamais réellement utilisée au cours des 42 années de son existence. En 2016, le Dr Heimlich était dans la salle à manger de sa maison de retraite à Cincinnati, lorsqu’une voisine de table a commencé à s'étouffer. Sans hésitation, Heimlich la fit pivoter sur sa chaise pour pouvoir se placer derrière elle et lui administra plusieurs poussées vers le haut avec son poing sous la poitrine, jusqu'à ce que le morceau de viande avec lequel elle s'étouffait lui sorte de la gorge et qu'elle puisse à nouveau respirer.
À 96 ans, le Dr Henry Heimlich avait finalement exécuté la manœuvre de Heimlich pour sauver une vie. Peu de temps après, la femme de 87 ans pour qui le Dr Heimlich était un ange sur terre, lui a écrit un mot disant qu'elle était si reconnaissante que "D.ieu m'ait mis sur cette chaise à côté de vous".
La Paracha Vayétsé commence par la description du rêve de Ya’acov où des anges montaient et descendaient le long d’une échelle dirigée vers le ciel. De nombreux commentateurs se demandent pourquoi le verset les décrit comme "montant et descendant" ; les anges ne devraient-ils pas descendre du ciel puis y remonter ? Je poserais une question plus fondamentale : pourquoi les anges ont-ils besoin d'une échelle, ne peuvent-ils pas flotter ou être téléportés sur terre et remonter au ciel ?
La réponse peut être trouvée en regardant d'autres apparitions d'anges dans le livre de Béréchit. Lorsque Ya’acov est sur le point de retrouver son frère ‘Essav, il envoie d'abord des "Malakhim" à ‘Essav. Rachi interprète "Malakhim" comme "Malakhim Mamach", "de véritables anges célestes". Le Ibn Ezra n'est pas d'accord, il dit que Ya’acov a envoyé des messagers humains qui sont venus pour Ya’acov et ont fait exactement ce dont il avait besoin à ce moment-là.
Plus tard encore, lorsque Ya’acov envoie Yossef chercher ses frères, la Torah nous dit de manière énigmatique que quelqu'un est apparu à Yossef et a demandé : "Qui cherchez-vous, peut-être que je peux vous aider à vous diriger ?". Rachi dit que cette personne n'était autre que l'ange céleste Gabriel. Encore une fois, le Ibn Ezra n'est pas d'accord et dit, non, c'était un être humain qui, à ce moment-là, s'est avancé vers Yossef et a demandé comment il pourrait aider.
Sur la base de l'explication rationnelle du Ibn Ezra, nous pouvons peut-être suggérer que les anges du rêve de Ya’acov n'étaient en fait pas des anges célestes, mais des hommes. Jusqu'à ce rêve, Ya’acov était un "Ich Tam Yochèv Ohalim", une personne intègre, assise dans sa tente et étudiant la Torah. Désormais, il apportait tout cet apprentissage, cette connaissance, cette sagesse et cette perspicacité au monde. Peut-être qu'à travers ce rêve et cette vision, Hachem transmettait que la spiritualité et les anges ne sont pas faits au ciel, mais plutôt ici sur terre. C'est peut-être la raison pour laquelle ils sont décrits comme montant et descendant.
La mission de Ya’acov, et la nôtre, est d'être l'ange des autres. Lorsque nous nous investissons pour les autres, lorsque nous demandons comment nous pouvons les aider, lorsque nous faisons la différence pour eux, nous apportons un morceau de paradis ici-bas. Par nos actions, nous construisons une véritable échelle vers le ciel.
Ya’acov se réveille de son rêve et décide de consacrer sa vie à être un ange. Lorsqu’il va au puits, il voit des ouvriers paresseux et dit tout de suite, "A’haï", "mes frères de qui je me soucie, la journée n'est pas finie, nous devons continuer à travailler". Il voit une jeune femme qui ne peut pas accéder au puits à cause d'un énorme rocher qui le recouvre et il déploie ses ailes angéliques et le soulève pour elle. C'est l'ange de Ra’hel. Il monte au Ciel.
Lorsque Lavan remplace Ra’hel par Léa lors la nuit de noces de Ya’acov, Léa a dû paniquer. Quelle humiliation ce sera lorsque Ya’acov attendra sa bien-aimée et trouvera Léa à la place ! Qu'a fait Ra’hel ? Elle avait parfaitement le droit de dévoiler la vérité. Au lieu de cela, pour sauver sa sœur de l'embarras, elle est devenue son ange et lui a donné les Simanim, le code secret qu'elle et Ya’acov avaient préparé.
Nous ne devons pas attendre passivement que les anges descendent du ciel pour soulager la douleur, offrir un soutien et apporter aide et salut. Nous devons être ces anges et intervenir de manière proactive pour faire une différence dans la vie des autres.
Pendant des années, des billets de 100 dollars avec une marque d'identification ont été trouvés au hasard partout à Salem, dans l'Oregon, sur les marchés, dans les magasins, dans les foires et même dans la rue. Ils ont aidé les gens à payer leur facture d'électricité, à payer leur loyer, à acheter leurs médicaments sur ordonnance, et même à leur fournir un abri pour quelques nuits. Au dernier décompte, le philanthrope mystérieux a anonymement donné plus de 50 000 dollars de billets de 100 dollars et est devenu pour beaucoup un ange.
En juillet 2017, Rosie Gagnon a enfilé ses baskets pour sa course quotidienne dans les collines du comté de Shenandoah en Virginie. Lorsque Rosie a atteint les trois quarts de son parcours, l'eau qu'elle avait emportée avait disparu et son visage était rouge vif. Alors qu'elle passait devant une maison, un homme qui descendait l'allée s'est arrêté et a passé la tête par la fenêtre. Il lui a offert une bouteille d'eau, et c'était exactement ce dont elle avait besoin. Il lui a ensuite demandé si c'était elle qu'il voyait courir devant sa maison tous les jours, ce à quoi elle répondit par l’affirmative. Le lendemain, lors de sa course, aux trois quarts du chemin, une bouteille d’eau froide l'attendait sur une cabine téléphonique verte au bord de la route. Et puis encore le lendemain, et le surlendemain. Six mois après, Rosie a été interviewée. Elle a expliqué que, bien évidemment, elle emporte toujours sa propre bouteille, mais qu’elle ne dure jamais aussi longtemps qu'elle en a besoin.
Il existe d'innombrables histoires d'humains montant et descendant l’échelle vers le Ciel pour être l'ange de quelqu'un d'autre. Quarante-deux ans après avoir inventé sa technique, à 96 ans, le Dr Henry Heimlich est devenu l'ange de cette femme qui s'étouffait. Lorsque Rosie Gagnon a dû faire face à la course quotidienne d'une colline escarpée, Bruce Riffey était son ange qui lui a donné l'eau qui l'a encouragée à poursuivre sa montée.
Il y a des gens tout autour de nous qui s'étouffent dans la vie, font face à des montées raides ou sont coincés sur le côté de la route. Ils luttent émotionnellement, financièrement, avec la solitude ou le désespoir. Dites bonjour, accordez le bénéfice du doute, offrez un mot ou un geste gentil. Vous pourriez être le seul ange du jour pour quelqu'un, son cadeau venu directement du Ciel.
Rabbi Ephrem Goldberg