« Reconnais à présent et imprime dans ton cœur, que Hachem seul est D.ieu dans le ciel en haut comme ici-bas sur la terre ; qu’il n’en est point d’autres ! » (Devarim 4, 39)
Savoir que D.ieu existe est une chose ; en avoir conscience en est une autre. Certes, la connaissance a une place primordiale dans le judaïsme, mais elle ne rime pas forcément avec conscience et action. Il faut bien plus qu’une tête pleine de savoir pour agir avec sagesse et probité. En effet, combien de fumeurs connaissent parfaitement les méfaits de la cigarette tout en continuant malgré tout d’intoxiquer leurs poumons ? L’habitude et l’insensibilité au savoir acquis forment les principaux obstacles à la conscience. Ils constituent en cela des écueils considérables à une vie juive harmonieuse et cohérente. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de la conscience de D.ieu. Car D.ieu ne se dévoile à nous que par Ses œuvres. Il faut donc redoubler d’effort pour Le connaitre et avoir conscience de Sa présence. L’observation et la méditation sur la nature représentent, selon le Rambam, un moyen efficace pour percevoir le Divin avec plus de sensibilité. C’est effectivement en rapprochant notre connaissance du Divin à notre réalité sensorielle que nous pouvons réellement accéder à la conscience de notre Créateur : « Imprime-le dans ton cœur. » (Devarim 4, 39)
Le Rav Moché Haïm Luzzato enseigne de son côté que l’étude approfondie des textes du Midrach ainsi que des récits Agadiques permet d’acquérir une perception plus sensitive de D.ieu.
Les Sages de la Michna et du Talmud se sont en effet efforcés d’utiliser des métaphores et autres paraboles pour décrire l’œuvre du Tout-Puissant et nous dévoiler Sa présence dans l’univers. Ils ont ainsi rendu le monde spirituel beaucoup plus « palpable. »
Bien au-delà d’une simple investigation intellectuelle, l’analyse de ces textes se veut un véritable voyage sensoriel à la rencontre du Créateur de l’univers. Le Rav Luzzato nous apprend également qu’il faut savoir se tenir aux aguets pour se trouver à même de percevoir les petits « clins d’œil » de D.ieu. De fait, Il est « là où on Le laisse entrer. » L’anecdote suivante l’illustre brillamment. Elle met en scène l’un des plus grands maîtres de la ‘hassidout de Gour, le Sfat Emet : un jour, alors qu’il était enfant, son précepteur l’interrogea sur l’existence de D.ieu en lui demandant s’il savait où Il se trouvait. Il lui répondit alors qu’Il est là où on Le laisse entrer.
La prière et les Mistvot forment aussi de merveilleux outils que D.ieu a mis à notre disposition pour nous permettre d’établir et de maintenir avec lui une relation tant solide que durable. L’incontournable Sefer Ha’hinoukh souligne :
Une personne est influencée par ses actions, qui, bonnes ou mauvaises forgent ses opinions, ses émotions et son caractère. Même une personne des plus perverses et complètement assujettie par ses pulsions négatives peut s’en affranchir lorsqu’elle décide de changer son comportement et d’observer les Mitsvot avec assiduité. Ses bonnes actions changeront progressivement sa nature pour finalement la métamorphoser. L’homme se tournera alors naturellement vers le bien et réussira à surmonter ses instincts négatifs pour se rapprocher de son Créateur » (Mitsva 16 et autres).
Au savoir et à la conscience doit obligatoirement succéder l’action, seule façon d’établir un lien concret avec D.ieu. Comme dans un couple, ce n’est que par l’expression concrète de leur amour que les époux se lient réellement l’un à l’autre. Notre relation amoureuse, quasi-conjugale, avec notre Créateur constitue d’ailleurs le véritable sujet du Cantique des Cantiques. D.ieu nous a ainsi donné les moyens de Lui exprimer nos sentiments et de créer avec lui une relation soutenue par les Mitsvot. Selon le judaïsme, les 613 Mitsvot de la Torah représentent autant d’occasion d’interagir avec D.ieu, de s’unir à Lui et de vivre concrètement notre foi. La prière forme sans aucun doute l’un des commandements les plus propices à l’établissement et au maintien de cette relation. Lorsque nous nous adressons sincèrement à D.ieu nous lui témoignons notre foi et notre confiance, de la façon la plus intime. Nous Lui déclarons être conscient de Sa présence et du fait qu’Il constitue l’unique source de notre salut.
Puisse D.ieu se lier avec nous tous et nous couvrir de son amour.