Les Sages nous ont enseigné dans le Talmud (traité Berakhot, 35a), qu'il nous est interdit de jouir de quoi que ce soit qui existe dans ce monde sans avoir préalablement prononcé une bénédiction.
En fait, celui qui tire une jouissance de ce monde sans bénédiction préalable est considéré comme un voleur. Quelle est alors sa réparation ? Il devra tout simplement se présenter chez un Sage afin qu'il lui enseigne les lois relatives aux bénédictions, et qu’il cesse ainsi de dérober ce qui appartient au Créateur du monde.
Il est rapporté dans le Talmud (traité Soucca, 10) qu'Avraham Avinou installa sa tente au milieu du désert, dans un endroit inhabité où l’eau et la végétation sont rares. Il ordonna à ses serviteurs de creuser un puits où ils découvrirent de l'eau fraîche et douce en abondance. Il donna à ce puits le nom de Béer-Chéva'.
Il ne réserva pas seulement cette eau pour sa famille, ses serviteurs, ses troupeaux de bœufs et de moutons. Il se soucia également des voyageurs qui avaient parcouru un long chemin dans le désert et arrivaient affamés, assoiffés et fatigués.
C'est encore pour eux qu'il avait planté des arbres, les uns fruitiers procurant rafraîchissement et saveur, et les autres feuillus prodiguant ombre et repos. Il leur servait également de délicieux repas. Il avait construit une tente à quatre entrées, une dans chaque direction, afin que quelle que soit la direction d’où provenait le voyageur épuisé, il puisse trouver une entrée, sans être obligé de la contourner.
Les invités affluaient vers sa tente. Tous savaient, en effet, qu'un homme du nom d'Avraham les accueillerait et leur servirait tout ce qu'il y a de meilleur. Chacun s'efforçait de profiter de son hospitalité. Lorsqu'il voyait des invités arriver, Avraham courait à leur rencontre et les saluait avec bienveillance. Il les invitait à se reposer et à se laver les pieds.
Pendant qu'ils se reposaient, Sarah Iménou (notre Matriarche) préparait le repas. Avraham dressait lui-même le couvert pour eux. Il apportait de l'eau fraîche et douce du puits et déposait du pain, du sel, de la viande et du vin sur la table. Il leur servait aussi des dattes, des figues et des grenades qu'il cueillait dans le verger qu'il avait planté.
Les invités mangeaient copieusement et buvaient à satiété. À la fin du repas, ils bénissaient Avraham et le remerciaient pour tout ce qu'il leur avait servi. C'est alors que ce dernier les en empêchait. Il leur affirmait que la nourriture ne lui appartenait pas et qu’elle était donnée par D.ieu, créateur du soleil, de la pluie, du vent et de tous les éléments nécessaires au bon fonctionnement du monde et à sa fécondité. Il leur demandait donc qu'ils Le remercient. Ceux-ci s'étonnaient. Cette façon de faire était complètement nouvelle pour eux. Ils questionnaient alors Avraham.
« Comment Le bénir ? » lui demandaient-ils. « Que devons-nous dire ? »
« Dites : "Béni soit le D.ieu de l'univers à Qui appartient ce que nous avons mangé" », leur enseignait-il.
Aussitôt les invités bénissaient D.ieu et Le remerciaient, puis quittaient leur hôte.
Il arrivait cependant que certaines personnes refusent de se soumettre à la demande d’Avraham. Lorsque celui-ci les invitait à remercier le Créateur du monde, celles-ci rétorquaient qu’elles ne désiraient exprimer leur reconnaissance qu’à celui qui leur avait prodigué physiquement nourriture et boisson.
Avec beaucoup d’amabilité et de finesse, Avraham, qui souhaitait par-dessus tout les conduire à éprouver de la gratitude envers Hachem, parvenait à ses fins en répondant alors qu’au cas où ils refuseraient de remercier D.ieu, il se voyait dans l’obligation de leur faire payer le repas. Les invités étaient bien entendu tout à fait prêts à le rémunérer, mais il leur annonçait alors un prix exorbitant, justifiant cela par la difficulté de se procurer des victuailles fraîches dans le désert.
Les voyageurs se rappelaient soudain des paroles d’Avraham :
« Mais vous aviez pourtant dit que tout provenait de D.ieu », plaidaient les invités.
« S'il en est ainsi, bénissez-Le et remerciez-Le » répondait Avraham.
C’est ainsi qu’Avraham enseignait à chacun de ses invités la façon de bénir Hachem pour tous les bienfaits qu’Il nous donne et d’une manière générale, la manière de prier.
Bénir Hachem pour ce que l’on reçoit est le préalable à toute action du Juif. Il s’agit du fondement, du pilier inébranlable de la foi (Émouna) du Peuple Juif."