On sait que la fête de 'Hanouka est fondée sur deux évènements différents, liés évidemment l’un à l’autre. À l’époque hellénistique, le Moyen-Orient était soumis à l’influence de la civilisation grecque – à la suite des conquêtes d’Alexandre le Grand. Les Assyriens, avec Antiochus, conquirent la Terre Sainte, et voulurent imposer la religion grecque. Ils interdirent l’observance de la Torah, en particulier les 3 Mitsvot fondamentales : Roch 'Hodech, Chabbath et Brit-Mila.
Dans ce but, ils profanèrent le Temple de Jérusalem et souillèrent l’huile sacrée. La révolte de Matityahou et de ses fils se manifesta par une lutte armée contre les troupes d’Antiochus, et, malgré leur faiblesse numérique, les Hébreux triomphèrent des Assyriens, et purent procéder à la purification du Temple.
Alors, on trouva – ce fut le deuxième miracle – une petite fiole d’huile sacrée qui n’avait pas été souillée par les Grecs. Cette petite fiole contenait de l’huile pour un jour et pourtant, cette huile dura huit jours, le temps de préparer une nouvelle huile sacrée. Deux miracles différents : le triomphe des faibles face aux puissants, d’une part, et, d’autre part, la durée de l’huile sacrée.
La prière d’Al-Hanissim, qui évoque la fête de 'Hanouka, mentionne le triomphe de la lutte des « faibles contre les forts, des purs contre les impurs, des justes contre les méchants », sans évoquer le miracle de la fiole d’huile. La Guémara qui raconte le miracle de l’huile ne se réfère nullement au triomphe des faibles contre les forts. Il s’agit, en fait, de deux phénomènes qui semblent presque indépendants l’un de l’autre ; et cette double source de 'Hanouka – fête totalement légiférée par la Loi orale (la seule non mentionnée dans l’Écriture Sainte) – nous invite à comprendre l’action de la Transcendance dans le monde, et la réaction demandée à la créature, c’est-à-dire à l’homme.
Deux sortes d'interventions de la Providence dans le monde : utilisation des éléments naturels (c’est la lutte armée contre les Grecs, couronnée évidemment par le triomphe de la spiritualité) et d’autre part, une action surnaturelle qui se traduit par un « changement » des conditions naturelles (l’huile dura huit jours). La première est mentionnée dans la prière, car il nous importe de prier, et de demander à D.ieu de nous aider, naturellement et non pas à l’aide de miracles surnaturels. La deuxième intervention – surnaturelle – il ne nous appartient pas de demander à D.ieu de faire pour nous un changement dans la nature. Ce miracle est mentionné dans la Guémara (Traité Chabbath 21b), car il se manifeste, dans l’ombre. Nous savons que D.ieu ne cesse de nous protéger, mais nous ne devons pas, de notre part, demander une intervention surnaturelle.
Il est clair, pour qui veut bien ouvrir les yeux, que la survie du peuple juif, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, malgré les exils, les persécutions, les souffrances, cette survie est surnaturelle et il est essentiel d’en être conscient, et de remercier le Créateur. Mais, c’est à l’organisation naturelle de l’existence que nous devons Le reconnaître. Le Tout-Puissant dirige le monde : si Son intervention se fait de façon surnaturelle, c’est qu’Il a une raison, qu’il y a un sens à cette déviation du cours naturel de l’univers, mais ce n’est pas à la créature de demander ce changement. L’Histoire de l’humanité dépend de son Auteur : nul ne l’ignore, mais l’important est le rapport de la créature à son Créateur, et c’est l’objet de notre prière à D.ieu. Qui peut comprendre les événements actuels ? Mais ils sont certainement inscrits dans une intention du Créateur. Il est nécessaire de ne jamais s'arrêter de penser que la Providence s’exerce dans toutes les circonstances.
L’exemple de 'Hanouka, cité plus haut, illustre le mieux ce double aspect, que le croyant doit reconnaître. Pour cette raison, aucune allusion n’est faite dans chacun des deux textes au second phénomène. Dans « 'Al-Hanissim », nulle allusion au miracle surnaturel, dans la Guémara, nulle allusion à la victoire des Hasmonéens. Chaque évènement, bien que lié au second, doit être reçu différemment, mais bien sûr nous faire apprécier l’intervention divine.
Lisons ainsi même ce que nous avons du mal à comprendre, et soyons assurés que, par des moyens naturels ou surnaturels, le Tout-Puissant veille sur Son peuple. Telle est notre FOI en l’ABSOLUE BIENVEILLANCE de l’Auteur de la Création.