Dans son livre Chenot ‘Hayim, Rav Avraham ‘Haïm Naé affirme que de nombreuses personnes sont persuadées que Tou Bichvat est le jour de jugement des arbres, or il n’en est rien. Cependant, il est possible lors de Tou Bichvat de prier pour que les fruits des arbres soient bénis. Quoi qu’il en soit, l’auteur du livre Adné Paz écrit que d’après lui, Tou Bichvat est bien le Roch Hachana des arbres et même un jour de jugement pour les fruits. Par conséquent, il est bon de prier en ce jour pour la croissance des arbres. La raison en est que bien que le jour de jugement des arbres soit à Chavouot et non à Tou Bichvat, comme cela est expliqué dans la Guémara, toutefois il y a également un jugement à Tou Bichvat du fait que c’est le jour du début de la croissance des fruits de l’arbre.
Dans son livre Tséma’h Tsadik, Rabbi Ména’hem Mendel de Vizhnitz rapporte l’opinion selon laquelle Tou Bichvat est le Roch Hachana officiel de toute l’année, du fait que l’homme est comparé à un arbre des champs, comme cela est mentionné dans le verset de Dévarim (20,19) : « Car l’homme est un arbre des champs ».
Ainsi, il est connu qu’un certain nombre de Tsadikim se souhaitaient ce jour-là : « Année bonne et bénie ! », à l’exemple du Rabbi de Rouzhyn et de ses descendants. Dans le « Chaar Yissakhar », il est rapporté que Tou Bichvat renferme en lui une dimension comparable à celle de Hochaana Rabba. De ce fait, il est possible en ce jour de prier pour bénéficier d’une descendance masculine.
Les Justes et les Pieux
Rabbi Avraham Yaakov de Sadigura, dans son livre Emet Léyaakov nous enseigne que si nous mangeons des fruits à Tou Bichvat, c’est parce que ce jour est le nouvel an des arbres et que si à Chavouot, on décore la synagogue avec des branches d’arbres, c’est parce qu’il s’agit du Roch Hachana des fruits de l’arbre. Pourtant la logique voudrait que l’on fit l’inverse, à savoir qu’à Tou Bichvat qui est le nouvel an des arbres, l’on décore la synagogue avec des branches d’arbres, et qu’à Chavouot où l’on juge les fruits de l’arbre, on mange des fruits.
La réponse se situe au niveau du Rémez et est la suivante : comme on le sait, l’arbre représente le Tsadik et les fruits représentent les ‘Hassidim qui gravitent autour de lui et qui lui sont liés.
En effet, à Tou Bichvat, les Tsadikim sont jugés sur la qualité des ‘Hassidim qui s’attacheront à eux. Il peut arriver que s’attachent à de vrais Tsadikim des ‘Hassidim de peu de valeur. De ce fait, ces ‘Hassidim, de par leur comportement douteux, amèneront les foules à médire du Tsadik authentique. C’est pourquoi, à Tou Bichvat, nous faisons les bénédictions sur les fruits avec l’intention que même les fruits de peu de valeur, c’est-à-dire les ‘Hassidim de moindre envergure, améliorent leurs actions en parvenant à une Téchouva complète et ce, afin de sanctifier le Nom divin.
Par ailleurs, à Chavou’ot, les ‘Hassidim qui sont comparés aux fruits de l’arbre sont jugés et est alors décidé au Ciel, à quel Tsadik ils s’attacheront. En effet, il existe des ‘Hassidim craignant-D.ieu et accomplis dans l’étude de la Torah et la Téfila, qui s’attachent, à D.ieu ne plaise, à de faux Tsadikim.
C’est la raison pour laquelle à Chavou’ot, nous décorons la synagogue avec des branches d’arbres odoriférantes, pour suggérer aux ‘Hassidim de prier afin de mériter de s’attacher à un Tsadik authentique, comparé à l’arbre.
Jour de fête
Rabbi Eliezer Achkénazi, dans son ouvrage Yossef Laka’h, fait remarquer que toutes les fêtes de la nation juive tombent le quinze du mois. Ainsi en est-il de Pessa’h, de Souccot, de Tou Bichvat et de Tou Béav. Autant à Pessa’h, il est possible de comprendre la pertinence de cette date, puisque le peuple juif a été libéré le quinze du mois, autant pour Souccot et Tou Bichvat, on ne décèle pas a priori de raison particulière.
Il est possible de donner comme raison du choix du quinze du mois que le peuple juif est comparé à la lune et que de ce fait, il sied que les fêtes juives coïncident avec la pleine lune, elle-même symbole du peuple juif dans toute sa splendeur.
Dans le Lévouch, il est écrit que le quinze du mois de Chevat, on ne dit pas les Supplications ni la veille ni en journée, car il s’agit du jour de Roch Hachana des arbres. Comme de ce fait, ce jour constitue le début de l’accomplissement d’une série de Mitsvot, à savoir les Mitsvot liées à la terre d’Israël, les Sages ont choisi d’en faire un jour de fête.
Jour de fête d’Adam Harichon
Rabbi Ménahem Mendel de Dèèch, dans son livre Maaguélé Tsédek nous enseigne que Tou Bichvat est le Roch Hachana des arbres, car si un arbre ne bourgeonne pas à Roch Hachana, alors il ne portera pas de fruits cette année. Il existe également une opinion selon laquelle Tou Bichvat a été institué par Adam Harichon. En effet, Adam Harichon prit peur quand il vit les jours diminuer à mesure que progressait l’hiver. Ensuite, quand il remarqua que les jours augmentaient à nouveau à partir de Tou Bichvat, il décida de faire de ce jour un Yom Tov.
En réalité, Adam Harichon était inquiet du fait de la malédiction dont la terre avait fait l’objet, comme le dit le verset : « La terre est maudite à ton encontre » (Béréchit 3,17). Son inquiétude se trouva renforcée lorsqu’il constata la chute des feuilles des arbres et le dessèchement de l’herbe ; il pensa que ces phénomènes étaient dus à la malédiction divine et qu’il n’y aurait plus de fruits. Aussi quand arriva Tou Bichvat et que les arbres commencèrent à bourgeonner, il fut rassuré sur ce plan et c’est pourquoi également il fit de ce jour un Yom Tov.
Préparation pour toutes les fêtes de l’année
Le quinze Chevat est un jour de préparation pour Pourim, Pessa’h, le jour du don de la Torah (Chavo’uot) et la fête de Souccot. Le Rabbi de Tchortkov, dans son ouvrage Divré Chlomo, nous enseigne que Tou Bichvat a été institué trente jours avant Pourim afin de permettre à chacun de faire son examen de conscience et de réparer ce qui doit l’être en vue d’arriver à Pourim, (qui est comme l’on sait un jour extrêmement saint ), dans un état de Téchouva complet. Par ailleurs, il est écrit dans le livre Bné Yissakhar qu’il existe une allusion à Souccot dans le traité Roch Hachana. En effet, la première Michna du traité Roch Hachana décrit les quatre débuts d’année que compte l’année juive, à savoir respectivement, le premier Nissan comme début d’année pour les rois (c’est-à-dire que Nissan marque pour les Sages de la Torah le début d’année du règne de chaque monarque), le premier Eloul comme début d’année pour le décompte du Ma’asser Béhéma, le premier Tichri comme début officiel de l’année juive et le premier Chevat comme début d’année pour « l’arbre ». Le fait que la Michna parle ici de l’arbre au singulier signifie pour l’auteur du Bné Yissakhar, qu’il est nécessaire de prier pour obtenir un bel Etrog dès le premier Chevat, d’après l’opinion de Beth Chamaï et dès le quinze Chevat pour Beth Hillel.
Un jour saint
Dans les écrits du Rama de Pano, il est rapporté que Chabbath, Yom Tov ainsi que la Tosséfèt qui les précède sont extrêmement saints. Ensuite viendra par ordre de sainteté décroissant ‘Holo Chel Kodech, à savoir l’aspect profane de la sainteté qui se matérialise à des périodes comme Roch ‘Hodech ou ‘Hol Hamoed, dans lesquelles on offre un sacrifice de Moussaf. Dans le même ordre de grandeur se situe la Tosséfèt de Motsaé Chabbath. Cette Tosséfèt de Motsaé Chabbath est dénommée dans le Zohar « ‘Holo Chel Chabbath », l’aspect profane du Chabbath. Toujours en ordre décroissant dans la sainteté, on aura ensuite Kodech Chéba’hol, à savoir l’aspect saint qui se dissimule dans la dimension profane et qu’on retrouve dans ‘Hanouka, Pourim, Tou Bichvat et Tou Béav. Ces quatre dernières fêtes ont un aspect profane bien prononcé, puisqu’on n’y offre pas de sacrifice de Moussaf et qu’il n’y a pas du tout de travaux interdits.
Pourquoi Tou Bichvat tombe pendant les Yémé Hachovavim
Rabbi ‘Haïm Fallagi, dans son livre Birkat Moadékha Lé’haïm, nous explique que le fait que Tou Bichvat tombe pendant les Yémé Hachovavim n’est pas le produit du hasard : en effet, les Yémé Hachovavim sont des jours adaptés à la réparation de tout ce qui a trait aux mauvaises mœurs.
Or il est connu qu’une des pratiques pour réparer tout ce qui a trait au Pegam Habrit, consiste à prononcer des bénédictions avec Kavana. Bien entendu, Tou Bichvat se prête bien à cet exercice, puisqu’on y consomme beaucoup de fruits.
Début de l’effacement d’Amalek
Le Rabbi de Horondenka, dans son livre Sifté Tsadik, écrit que le Roch Hachana des arbres tombe le quinze du mois de Chevat car le nom d’Hachem, Youd Ké a pour valeur numérique quinze. Or, il se trouve que le quinze Chevat, commence la destruction d’Amalek. En effet, Tou Bichvat tombe parfois dans la semaine où l’on lit la Paracha de Béchala’h, où est mentionnée explicitement la destruction programmée d’Amalek : « D.ieu dit à Moché : ‘Ecris cela dans le livre pour qu’on s’en souvienne et porte à l’attention de Yéhochoua que J’effacerai le souvenir d’Amalek de dessous les cieux’ » (Chémot 17,14).
Dans la Paracha de Yitro, la destruction d’Amalek est mentionnée de manière allusive. Après la Paracha de Michpatim, on lit le Maftir et la Haftara du Chabbath Chékalim. Or dans ce Maftir se trouve une allusion aux Chekalim de Haman (lui-même membre du peuple d’Amalek) comme il est écrit dans le traité Méguila 13b : « Rech Lakich a enseigné : Il est connu et révélé devant Celui Qui a créé le monde par Sa parole que Haman allait un jour offrir [à A’hachevéroch un nombre très élevé] de Chekalim pour [pouvoir détruire] le peuple juif. C’est pourquoi le Créateur de l’univers l’a précédé en demandant au peuple d’Israël d’offrir le Ma’hatsit Hachékel [pour le Beth Hamikdach, en acquérant par là-même un mérite suffisant pour contrebalancer les noirs desseins d’Haman]. »
De fait, le mois d’Adar dans sa totalité est consacré à l’effacement d’Amalek.