"Ceci est un statut de la loi qu'a prescrit l'Éternel, savoir: Avertis les enfants d'Israël de te choisir une vache rousse, intacte, sans aucun défaut, et qui n'ait pas encore porté le joug.
Ceci est le statut de la loi
Étant donné que le Satan et les peuples du monde se sont moqués d’Israël en disant : « Qu’est-ce que cette mitswa et quel en est le motif ? », le texte emploie ici le terme ‘houqa (« statut »), destiné à marquer que « c’est un décret émanant de Moi que tu n’as pas le droit de critiquer » (Midrach Tan‘houma)
Ils prendront vers toi
Elle sera toujours appelée d’après ton nom : la vache que Mochè a faite dans le désert
Rousse sans défaut
Sa rousseur doit être parfaite, et il suffit de deux poils noirs pour la rendre impropre [à l’usage auquel elle est destinée] (Para 2, 5)
19,3
Vous la remettrez au pontife Eléazar; il la fera conduire hors du camp, et on l'immolera en sa présence.
El‘azar
La mitswa s’adresse à l’adjoint [du kohen gadol] (Sifri)
Vers le dehors du camp
À l’extérieur des trois camps (Yoma 68a)
Il l’égorgera devant lui
Un profane l’égorge sous le regard d’El‘azar (Yoma 42a)
19,4
Le pontife Eléazar prendra du sang de l'animal avec le doigt, et il fera, en les dirigeant vers la face de la tente d'assignation, sept aspersions de ce sang.
Vers en face de la face de la tente d’assignation
Il se tient debout à l’est de Jérusalem et il regarde avec recueillement la porte du sanctuaire au moment de l’aspersion du sang (Sifri)
19,5
Alors on brûlera la vache sous ses yeux: sa peau, sa chair et son sang, on les brûlera avec sa fiente.
19,6
Le pontife prendra du bois de cèdre, de l'hysope et de l'écarlate, qu'il jettera dans le feu où se consume la vache.
19,7
Puis ce pontife lavera ses vêtements, baignera son corps dans l'eau, et alors il rentrera au camp; mais il restera impur jusqu'au soir.
Vers le camp
Le camp de la chekhina. Car aucune personne en état d’impureté n’était renvoyée hors des deux autres camps hormis le « ruisselant », celui atteint de « pollution nocturne » (Devarim 23, 11) et le lépreux (Pessa‘him 67a, voir supra 5, 2 à 4 et Rachi ibid.)
Le pontife sera impur jusqu’au soir
Il faut intervertir, pour l’interpréter, l’ordre des mots dans le verset : « Il sera impur jusqu’au soir, et après il viendra vers le camp »
19,8
Celui qui aura brûlé la vache nettoiera ses vêtements dans l'eau, baignera dans l'eau son corps, et restera impur jusqu'au soir.
19,9
Cependant un homme pur recueillera les cendres de la vache et les déposera hors du camp, en lieu pur, où elles resteront en dépôt, pour la communauté des enfants d'Israël, en vue de l'eau lustrale: c'est un purificatoire.
Il la déposera hors du camp
On la divisait en trois parts : L’une était déposés au Mont des Oliviers, la deuxième était distribuée entre toutes les équipes de garde, et la troisième était déposée dans le ‘hél. La partie confiée aux équipes de garde se trouvait en dehors du parvis afin que les habitants des villes et tous ceux qui avaient besoin de se purifier puissent en prendre. Celle déposée au Mont des Oliviers servait à purifier les kohanim guedolim lors de la préparation d’autres vaches. Quant à celle du ‘hél, elle était conservée en exécution du verset : « elle sera pour la communauté des fils d’Israël en garde » (verset 9) (Para 3, 11)
En eau de purification (nidda)
En eau d’aspersion, comme dans : « Ils ont jeté (wayaddou) des pierres sur moi » (Eikha 3, 53), ou dans : « pour jeter (liddoth) les cornes des nations » (Zekhariya 2, 4), au sens de « lancer »
Elle est un expiatoire (‘hatath)
Au sens littéral : purification. Étant donné les règles qui lui sont applicables, le texte l’appelle : « ‘hatath », pour souligner que, à l’instar des choses saintes, il est interdit d’en tirer profit (Mena‘hoth 51b)
19,10
Celui qui aura recueilli les cendres de la vache lavera ses vêtements, et sera impur jusqu'au soir. Et ceci sera, pour les enfants d'Israël et pour l'étranger établi parmi eux, un statut invariable:
19,11
celui qui touchera au cadavre d'un être humain quelconque sera impur durant sept jours.
19,12
Qu'il se purifie au moyen de ces cendres, le troisième et le septième jour, et il sera pur; mais s'il ne s'est pas purifié, le troisième et le septième jour, il ne sera point pur.
Il se purifiera par lui
Par la cendre de la vache
19,13
Quiconque a touché à un cadavre, au corps d'une personne morte, et ne se purifie point, souille la résidence du Seigneur, et cette existence sera retranchée d'Israël: parce que l'eau lustrale n'a pas été lancée sur lui, souillé qu'il est, il gardera sa souillure.
À un mort
Et qu’est-ce qu’un « mort d’une âme » ? L’homme. À l’exclusion de « l’âme » d’un animal dont l’impureté ne nécessite pas une aspersion. Autre explication : « À l’âme » signifie : Un quart [de log] de sang (‘Houlin 72a)
Il a rendu impure la résidence de Hachem
S’il pénètre dans le parvis, même après immersion, mais sans avoir procédé à une aspersion le troisième et les septième jours
Son impureté est encore en lui
Malgré son immersion
19,14
Voici la règle, lorsqu'il se trouve un mort dans une tente: quiconque entre dans cette tente, et tout ce qu'elle renferme, sera impur durant sept jours;
Tout ce qui vient vers la tente
Le cadavre s’y trouvant encore
19,15
et tout vase découvert, qui n'est pas entièrement clos d'un couvercle, sera impur.
Et tout ustensile ouvert
Le texte parle ici d’un récipient en terre cuite, lequel ne peut devenir impur par une cause extérieure, mais seulement intérieure. Si par conséquent la fermeture de son couvercle n’est pas parfaitement ajustée, il peut devenir impur. Si en revanche il porte un « couvercle attaché », il reste pur (‘Houlin 25a)
Attaché (pethil)
Même sens en arabe. De même : « J’ai soutenu les luttes (naftoulei) de Eloqim » (Beréchith 30, 8) : « Je me suis associée à ma sœur » (voir Rachi ibid.)
19,16
Quiconque touchera, en pleine campagne, au corps d'un homme tué par le glaive ou mort naturellement, ou à un ossement humain ou à un sépulcre, sera souillé durant sept jours.
Sur la face du champ
Nos maîtres en ont déduit qu’il faut inclure [dans l’aptitude à rendre impur] le couvercle et les côtés [du cercueil] (‘Houlin 72a). Quant au sens littéral, il est le suivant : En rase campagne, là où il n’y a pas de « tente », un cadavre rend impur par contact
19,17
Pour purifier l'impur, on prendra des cendres provenant de la combustion du purificatoire, auxquelles on mêlera de l'eau vive dans un vase.
19,18
Et un homme pur prendra de l'hysope, la trempera dans l'eau et aspergera la tente, ainsi que tous les vases et les personnes qui s'y trouvaient; pareillement, celui qui aurait touché à l'ossement, à l'homme tué ou mort naturellement, ou au sépulcre.
19,19
L'homme pur fera donc aspersion sur l'impur, au troisième et au septième jour; et lorsqu'il l'aura purifié le septième jour, l'autre lavera ses vêtements, se baignera dans l'eau, et sera pur le soir.
Il se purifiera au septième jour
C’est la fin du processus de sa purification (Sifri)
19,20
Mais l'individu qui, devenu impur, ne se purifierait pas, celui-là sera retranché du sein de l'assemblée, car il a souillé le sanctuaire du Seigneur: l'eau lustrale n'a pas été jetée sur lui, il reste impur.
Et un homme qui sera impur…
Si le texte emploie ici le mot « sanctuaire », pourquoi emploie-t-il ailleurs (verset 13) celui de résidence ? On trouvera la réponse dans le traité Chevou‘oth (16b)
19,21
Ce sera pour eux une règle invariable. Quant à celui qui aura fait aspersion de l'eau lustrale, il lavera ses vêtements, et celui qui touchera à l'eau lustrale sera impur jusqu'au soir.
Et celui qui asperge l’eau de purification
Nos maîtres ont enseigné que celui qui asperge reste pur. Quant à ce verset, il vient nous apprendre que celui qui porte l’eau de purification devient impur d’une impureté sévère entraînant l’impureté des vêtements qu’il porte, ce qui n’est pas le cas pour celui qui la touche. Quant à l’emploi de l’expression : « celui qui asperge », il t’apprend que seule est apte à rendre impur la quantité d’eau nécessaire à l’aspersion (Nidda 9a, Yoma 14a)
Et celui qui touche […] sera impur
Et il n’est pas astreint au nettoyage des vêtements
19,22
Tout ce que touchera l'impur sera souillé; et la personne qui le touchera sera souillée jusqu'au soir."
Et tout ce que touchera
La personne devenue impure au contact d’un cadavre
Et l’âme qui a touché
Qui a eu contact avec la personne devenue impure au contact d’un cadavre
Sera impure jusqu’au soir
Nous apprenons d’ici qu’un cadavre est source d’impureté « suprêmement primaire » et que celui qui l’a touché est source d’impureté « primaire » et peut rendre impures d’autres personnes. Telle est l’interprétation du texte selon le sens littéral et halakhique. Quant à l’explication midrachique, je l’ai découverte comme suit dans les écrits de Rabi Mochè Hadarchan : « Ils prendront vers toi » (verset 2) – de leurs propres troupeaux. De même qu’ils se sont arraché leurs propres pendants d’or pour la fabrication du veau (Chemoth 32, 3), de même prélèveront-ils sur leurs propres biens l’instrument d’expiation. « Une vache rousse » – Cela ressemble au fils d’une servante qui aura souillé le palais du roi. Vienne sa mère nettoyer les immondices ! De même, vienne une vache pour faire expier la faute du veau d’or ! « Rousse » – Allusion à : « Si vos péchés sont comme le cramoisi… » (Yecha’yah 1, 18). Le péché est symbolisé par la couleur rouge. « Sans défaut » – Allusion à Israël qui était sans défaut, et dont le veau d’or a été la cause des imperfections. Vienne [la vache] faire expiation et lui restituer sa perfection ! « Sur laquelle n’est pas monté un joug » – Allusion au fait qu’ils s’étaient débarrassés du joug céleste. « À El‘azar le pontife » (verset 3) – C’est autour de Aharon le kohen qu’ils se sont assemblés pour qu’il fabrique le veau. Et étant donné qu’il l’a effectivement fabriqué, ce n’est pas lui qui a été chargé de ce service, car l’accusateur [l’or, en tant que rappel du veau d’or] ne peut se muer en défenseur (Roch hachana 26a). « Il incinérera la vache » (verset 5) – tout comme a été incinéré le veau (Chemoth 32, 20). « Du bois de cèdre, de l’hysope et de l’écarlate » (verset 6) – Ces trois espèces correspondent aux trois mille hommes qui sont tombés à cause du veau d’or (Chemoth 32, 28). Le cèdre est le plus élevé des arbres, l’hysope le plus minuscule, symbole que celui qui s’enorgueillit de sa position élevée et pèche, qu’il soit rabaissé comme l’hysope et le ver [producteur d’écarlate] ! Il lui sera alors pardonné. « En garde » (verset 9) – Allusion au fait que le péché du veau d’or a été tenu en « garde » pour les générations ultérieures. Car il n’y a pas d’épreuve qui ne contienne une part de punition pour le veau (Sanhèdrin 102a), comme il est écrit : « … et au jour où je me manifesterai, je me manifesterai auprès d’eux pour leur péché » (Chemoth 32, 34). Et de même que le veau d’or a rendu impurs tous ceux qui ont eu affaire à lui, de même la vache rend-elle impur quiconque la manipule. Et de même qu’ils ont été purifiés par sa cendre, comme il est écrit : « il le répandit sur la surface de l’eau » (Chemoth 32, 20), de même « ils prendront pour l’impur de la cendre de l’incinération du ‘hatath » (verset 17)
Étant donné que le Satan et les peuples du monde se sont moqués d’Israël en disant : « Qu’est-ce que cette mitswa et quel en est le motif ? », le texte emploie ici le terme ‘houqa (« statut »), destiné à marquer que « c’est un décret émanant de Moi que tu n’as pas le droit de critiquer » (Midrach Tan‘houma)