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Torah écrite (pentateuque) » Nombres (Bamidbar)

Chapitre 20

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20,1
Les enfants d'Israël, toute la communauté, arrivèrent au désert de Cîn, dans le premier mois, et le peuple s'arrêta à Kadêch. Miryam mourut en ce lieu et y fut ensevelie.
Toute la communauté

La communauté dans son intégrité, car la « génération du désert » avait totalement disparu et ceux-là étaient destinés à vivre

Miriam y mourut

Pourquoi le récit de la mort de Miriam fait-il immédiatement suite au chapitre sur la vache rousse ? Pour t’enseigner que, de même que les offrandes procurent l’expiation, de même la mort des justes procure-t-elle l’expiation (Mo‘éd qatan 28a)

Miriam y mourut

Elle aussi mourut par baiser [divin]. Et pourquoi n’est-il pas écrit [comme pour Aharon] : « de la bouche de Hachem » ? Parce que ce n’aurait pas été convenable à l’égard de Hachem (Baba bathra 17a), tandis qu’il est écrit pour Aharon, dans la sidra Mass‘ei, [qu’il est mort] « de la bouche de Hachem » (infra 33, 38)

20,2
Or, la communauté manqua d'eau, et ils s'ameutèrent contre Moïse et Aaron;
Et il n’y avait pas d’eau pour la communauté

D’où l’on apprend qu’ils ont disposé du puits, tout au long des quarante ans, grâce au mérite de Miriam (Ta‘anith 9a)

20,3
et le peuple chercha querelle à Moïse, et ils parlèrent ainsi: "Ah! Que ne sommes-nous morts quand sont morts nos frères devant l'Éternel!
Que n’avons-nous expiré

Si seulement nous étions morts 

Quand ont expiré nos frères

Comme ont expiré nos frères : par la peste. Cela nous apprend qu’il n’y a pire mort que celle causée par la soif

Quand ont expiré (bigwa’)

Le mot bigwa’ est un substantif : « la mort de nos frères ». Et il n’est pas correct de le traduire par : « quand sont morts nos frères » car il aurait dû alors être marqué d’un ‘holam (bigwo‘a)

20,4
Et pourquoi avez-vous conduit le peuple de Dieu dans ce désert, pour y périr, nous et notre bétail?
20,5
Et pourquoi nous avez-vous fait quitter l'Egypte pour nous amener en ce méchant pays, qui n'est pas un pays de culture, où il n'y a ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, ni eau à boire!"
20,6
Moïse et Aaron, assaillis par la multitude, se dirigèrent vers l'entrée de la tente d'assignation et se jetèrent sur leur face; et la majesté divine leur apparut.
20,7
Et l'Éternel parla ainsi à Moïse:
20,8
"Prends la verge et assemble la communauté, toi ainsi qu'Aaron ton frère, et dites au rocher, en leur présence, de donner ses eaux: tu feras couler, pour eux, de l'eau de ce rocher, et tu désaltéreras la communauté et son bétail."
Et leur bétail

D’où l’on apprend que le Saint béni soit-Il ménage l’argent d’Israël (Midrach Tan‘houma)

20,9
Moïse prit la verge de devant l'Éternel, comme il le lui avait ordonné.
20,10
Puis Moïse et Aaron convoquèrent l'assemblée devant le rocher, et il leur dit: "Or, écoutez, ô rebelles! Est-ce que de ce rocher nous pouvons faire sortir de l'eau pour vous?"
Ils assemblèrent

C’est l’un des endroits où un grand nombre a pu être contenu dans un espace réduit (Midrach Tan‘houma)

Est-ce que de ce rocher-ci nous vous ferons sortir

Ils ne le reconnaissaient plus, car le rocher, lors de la disparition du puits, s’était déplacé pour s’installer parmi les autres. Et les enfants d’Israël leur disaient : « Qu’importe le rocher d’où vous ferez jaillir l’eau ! » Voilà pourquoi [Mochè] les appelle hamorim (« les rebelles »), « des révoltés » en grec, des insensés qui veulent devenir les maîtres (morim) de leurs maîtres. Est-ce que de ce rocher-ci, au sujet duquel nous n’avons pas reçu d’ordre, nous vous ferons sortir de l’eau 

20,11
Et Moïse leva la main, et il frappa le rocher de sa verge par deux fois; il en sortit de l'eau en abondance, et la communauté et ses bêtes en burent.
Deux fois

Car il n’avait laissé s’écouler, la première fois, que des gouttes, Hachem n’ayant pas ordonné de le frapper mais de lui parler (verset 8). Or, ils ont parlé, mais à un autre rocher, lequel n’a rien laissé jaillir. Ils se sont dit : « Peut-être devrions-nous le frapper comme la première fois », comme il est écrit : « tu frapperas dans le rocher » (Chemoth 17, 6). C’est alors que se présenta ce rocher-là et il le frappa (Midrach Tan‘houma)

20,12
Mais l'Éternel dit à Moïse et à Aaron: "Puisque vous n'avez pas assez cru en moi pour me sanctifier aux yeux des enfants d'Israël, aussi ne conduirez-vous point ce peuple dans le pays que je leur ai donné."
Puisque vous n’avez pas cru en moi

Le texte nous révèle que, s’il n’y avait eu cet unique péché, ils seraient entrés en Erets Yisrael. Il n’aurait pas fallu, en effet, que l’on pût dire à leur sujet : « Le péché commis par Mochè et Aharon est aussi grave que celui du reste de la génération du désert, à laquelle a été interdite l’entrée dans le pays. » Mais la question : « leur égorgera-t-on du menu bétail et du gros bétail… ? » (supra 11, 22) ne constitue-t-elle pas une faute plus grave que celle-ci ? En fait, étant donné qu’il a parlé là-bas en privé, le texte ne lui tient pas rigueur, tandis que les paroles prononcées ici ont été émises en présence de tout Israël, de sorte que le texte lui en tient rigueur à cause de la sanctification du Nom divin (voir Rachi ibid.)

Pour me sanctifier

Car si vous aviez parlé au rocher et qu’il eût fait jaillir de l’eau, j’aurais été sanctifié aux yeux de la communauté qui se serait dit : « Si ce rocher, qui ne parle ni n’entend ni n’a besoin de nourriture, exécute l’ordre de Hachem, à plus forte raison nous incombe-t-il de le faire ! 

C’est pourquoi (lakhén) vous ne ferez pas venir

Le mot lakhén est une formule de serment, comme dans : « C’est pourquoi (lakhén) j’ai juré à la maison de ‘Eli… » (I Chemouel 3, 14). C’est dans la hâte qu’Il a prononcé ce serment afin qu’ils ne se répandent pas en supplications

20,13
Ce sont là les eaux de Meriba, parce que les enfants d'Israël contestèrent contre le Seigneur, qui fit éclater sa sainteté par elles.
Elles sont les eaux de Meriva

Ce sont les mêmes que celles mentionnées ailleurs, à savoir celles qu’ont vues les astrologues de Pharaon et qui leur ont fait prédire que le sauveur d’Israël allait être frappé par l’eau. D’où la décision : « Tout fils l’engendré vous le jetterez vers le fleuve » (Chemoth 1, 22) (Chemoth raba, Sota 12b, Sanhèdrin 101b)

Il se sanctifia en eux

Parce que c’est par elles que moururent Mochè et Aharon. Lorsque le Saint béni soit-Il prononce un jugement contre ceux qui lui sont consacrés, Il se fait craindre et sanctifier par le genre humain (Zeva‘him 115b). De même est-il écrit : « Tu es redoutable, Eloqim, auprès de ceux qui te sanctifient. » (Tehilim 68, 36), et aussi : « Je serai sanctifié en ceux qui me sont proches » (Wayiqra 10, 3)

20,14
Moïse envoya, de Kadêch, des députés au roi d'Edom: "Ainsi parle ton frère Israël: tu connais toutes les tribulations que nous avons éprouvées.
Ton frère Israël

Pour quelle raison est-il fait ici état du lien fraternel ? Il voulait lui dire : « Nous sommes frères, descendants d’Avraham, ainsi il est écrit : “ta descendance sera étrangère” (Beréchith 15, 13). C’est à nous deux qu’il appartenait de payer cette dette » (Midrach Tan‘houma)

Tu connais tout le malheur

Qui a entraîné la séparation de votre ancêtre et du nôtre : « Il alla vers une autre terre, à cause de son frère Ya‘aqov » (Beréchith 36, 6), à cause de la dette qui leur incombait à tous deux et dont il s’est démis sur Ya‘aqov

20,15
Jadis, nos pères descendirent en Egypte, et nous y avons demeuré de longs jours; puis les Egyptiens ont agi méchamment envers nous et nos pères.
Nous ont fait du mal

De nombreux malheurs nous ont assaillis

Et à nos pères

D’où l’on apprend que les patriarches éprouvent de la souffrance dans leur tombe lorsque des malheurs s’abattent sur Israël (Midrach Tan‘houma)

20,16
Mais nous avons Imploré l'Éternel, et il a entendu notre voix, et il a envoyé un mandataire, qui nous a fait sortir de l'Egypte. Or, nous voici à Kadêch, ville qui confine à ta frontière.
Il a entendu notre voix

Conformément à la bénédiction que nous avons reçue de notre ancêtre : « La voix, c’est la voix de Ya‘aqov… » (Beréchith 27, 22) – lorsque nous implorons, nous sommes exaucés

Un messager

Il s’agit de Mochè. D’où l’on apprend que les prophètes sont appelés « messagers » (Midrach Tan‘houma), comme il est écrit : « Ils se moquaient des “messagers” de Eloqim » (II Divrei Hayamim 36, 16)

20,17
Permets-nous de traverser ton pays! Nous ne passerons pas par tes champs ni par tes vignes, et nous ne boirons point de l'eau des citernes; nous suivrons la route royale, sans nous en écarter à droite ou à gauche, jusqu'à ce que nous ayons passé ta frontière."
Nous passerons

Tu ne peux pas t’opposer à ce que nous prenions possession d’Erets Yisrael. Étant donné que tu n’as pas payé ta part de la dette, aide-nous un peu en nous laissant traverser ton pays 

Et nous ne boirons pas l’eau du puits

Il aurait fallu écrire : l’eau « des puits » ! Voici, en fait, ce qu’a voulu dire Mochè : « Il est vrai que nous disposons de la manne comme nourriture et d’un puits pour boire. Nous n’en boirons cependant pas, et nous vous achèterons, dans votre intérêt, de quoi manger et de quoi boire. » D’où l’on apprend qu’un voyageur, même s’il a emporté de quoi manger, doit s’approvisionner chez le commerçant [local] pour lui procurer un bénéfice (Midrach Tan‘houma)

Nous irons par le chemin du roi…

Nous musellerons notre bétail afin qu’il n’aille pas brouter çà et là

20,18
Edom lui répondit: "Tu ne traverseras point mon pays, car je me porterais en armes à ta rencontre."
De peur que par l’épée je sorte à ta rencontre

Vous vous targuez de la « voix » dont vous avez hérité de votre ancêtre et dites : « Nous avons crié vers Hachem, Il a entendu notre “voix” ». Je vais, moi, sortir contre vous avec ce dont j’ai hérité du mien : « Et sur ton “épée” tu vivras » (Beréchith 27, 40) (Midrach Tan‘houma)

20,19
Les enfants d'Israël lui dirent: "C'est par la chaussée que nous voulons monter, et si nous buvons de ton eau, moi ou mes bestiaux, j'en paierai le prix; mais il n'en sera rien, je ne ferai que traverser à pied."
Seulement

Aucune chose ne te causera de dommage

20,20
Il répliqua: "Tu ne passeras point!" Et Edom s'avança à sa rencontre, en grande multitude et à main armée.
Et avec une main forte

Grâce à la promesse de notre ancêtre : « … et les “mains” sont les “mains” de ‘Essaw » (Beréchith 27, 22)

20,21
Edom ayant donc refusé à Israël la permission de traverser son territoire, Israël prit une autre direction.
20,22
Ils partirent de Kadêch, et les enfants d'Israël en masse arrivèrent à Hor-la-Montagne
Toute la communauté

« Totalement » intègre et « totalement » prête à entrer en Erets Yisrael. Plus personne parmi eux n’était visé par l’interdiction, tous ceux qui devaient mourir dans le désert ayant disparu. Ceux qui restaient sont ceux à propos desquels il est écrit : « Vous êtes tous vivants aujourd’hui » (Devarim 4, 4) (Midrach Tan‘houma)

Hor-la-montagne

Une montagne (har) posée sur une montagne, comme une petite pomme posée sur une grande. Il est vrai que la nuée qui les précédait nivelait les hauteurs (voir Rachi supra 10, 34). Cependant, trois sommets ont subsisté : le mont Sinaï pour la Tora, le mont Nevo pour servir de sépulture à Mochè, et Hor-la-montagne pour servir de sépulture à Aharon (Midrach Tan‘houma)

20,23
L'Éternel parla à Moïse et à Aaron, à Hor-la-Montagne, sur les confins du pays d'Edom, en ces termes:
Sur la limite du pays d’Édom

Cela nous apprend que pour s’être rapprochés de ‘Essaw l’impie, leurs entreprises ont été sapées et ils ont perdu ce juste. C’est de la même manière que le prophète dit à Yehochafat : « Parce que tu t’es lié avec A‘hazia, Hachem a détruit tes œuvres… » (II Divrei Hayamim 20, 37) (Midrach Tan‘houma)

20,24
"Aaron doit rejoindre ses pères; car il n'entrera point dans le pays que j'ai donné aux enfants d'Israël, attendu que vous avez dérogé à ma parole au sujet des eaux de Meriba.
20,25
Prends donc Aaron avec Eléazar, son fils, et fais-les monter sur le mont Hor;
Prends Aharon

Par des paroles de consolation. Dis-lui : « Heureux es-tu de voir ta couronne être attribuée à ton fils, mérite que moi-même n’aurai pas ! » (Midrach Tan‘houma)

20,26
dépouille Aaron de son costume, et revêts-en Eléazar, son fils: alors Aaron rejoindra ses pères et il mourra là."
De ses vêtements

« Fais-lui revêtir ses habits de kohen gadol, puis enlève-les lui pour les donner à son fils en sa présence ! » [Mochè] lui dit : « Entre dans cette grotte ! » Il y entra et y vit un lit préparé et une lumière allumée. Il lui dit : « Monte sur le lit ! » Et il monta. « Écarte les bras ! » Il les écarta. « Ferme la bouche ! » Il la ferma. « Clos les yeux ! » Il les ferma. Aussitôt Mochè se prit à souhaiter la même mort, comme il est écrit : « … comme est mort Aharon, ton frère » (Devarim 32, 50) – de la mort que tu as désirée (Sifri Haazinou)

20,27
Moïse fit comme avait ordonné l'Éternel: ils gravirent le mont Hor à la vue de toute la communauté.
Mochè fit

Bien que la chose lui fût pénible, il ne se déroba pas (Midrach Tan‘houma)

20,28
Et Moïse dépouilla Aaron de son costume, le fit revêtir à Eléazar, son fils, et Aaron mourut là, au sommet de la montagne. Moïse et Eléazar redescendirent la montagne.
20,29
La communauté voyant qu'Aaron avait cessé de vivre, toute la maison d'Israël le pleura trente jours.
Toute la communauté vit…

Lorsqu’ils virent que Mochè et El‘azar étaient redescendus et que Aharon ne l’était pas, ils ont demandé : « Où est Aharon ? » Il leur a répondu : « Il est mort. » « Se peut-il, ont-ils répliqué, que l’ange de la mort, qu’il avait pourtant vaincu en faisant arrêter le fléau (supra 17, 13), ait pu le vaincre ? » Aussitôt Mochè invoqua la miséricorde divine, et les anges de service leur montrèrent Aharon étendu sur le lit. Ils l’ont vu et ont alors cru (Midrach Tan‘houma)

Toute la maison d’Israël

Hommes et femmes. Car Aharon, qui était épris de paix, rétablissait la concorde entre les rivaux et l’amour entre mari et femme

Avait expiré (ki gawa’)

Il est incorrect, à mon avis, de traduire par : « “car” il était mort », à moins de rendre wayirou (« ils virent ») par : « ils furent visibles ». Car nos maîtres n’ont expliqué le mot ki comme voulant dire ici : « car » que pour introduire le midrach selon lequel les nuées de gloire ont disparu [à la mort de Aharon], et ce conformément à l’enseignement de Rabi Avahou. Car Rabi Avahou a enseigné : « Il ne faut pas lire : wayirou (“ils virent”), mais : wayyéraou (“ils furent visibles”) » (Roch hachana 3a). Cette interprétation justifie la traduction par « car », étant donné que c’est une explication de ce qui précède : Pourquoi ont-ils « été visibles » ? Parce que Aharon était mort. Mais dans la traduction du Targoum Onqelos : « toute la communauté vit », on ne peut pas rendre ki par « car », mais par « que », parfois employé comme im (« si »), comme dans : « Et si (weïm) pourquoi mon esprit ne serait-il pas à bout de patience ? » (Iyov 21, 4), de nombreux passages étant à traduire ainsi, comme : « Si (im) ses jours sont déterminés » (Iyov 14, 5)

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