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Torah écrite (pentateuque) » Genèse (Berechit)

Chapitre 50

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50,1
Joseph se précipita sur le visage de son père et le couvrit de pleurs et de baisers.
50,2
Joseph ordonna aux médecins, ses serviteurs, d'embaumer son père; et les médecins embaumèrent Israël.
D’embaumer son père

L’embaumement consiste en l’emploi d’aromates divers

50,3
On y employa quarante jours; car on emploie autant de jours pour ceux qu'on embaume. Les Égyptiens portèrent son deuil soixante-dix jours.
Quarante jours s’accomplirent

Les jours que nécessitait l’embaumement, soit quarante jours complets

Les Egyptiens le pleurèrent soixante-dix jours

Quarante jours pour l’embaumer, trente jours pour le pleurer. [Ils l’ont pleuré aussi longtemps] parce que son arrivée en Egypte leur avait apporté la bénédiction : la famine avait pris fin et les crues du Nil avaient repris (voir Rachi supra 47, 10)

50,4
Les jours de son deuil écoulés, Joseph parla ainsi aux gens de Pharaon: "De grâce, si j'ai trouvé faveur à vos yeux, veuillez porter aux oreilles de Pharaon ces paroles:
50,5
Mon père m'a adjuré en ces termes: ‘Voici, je vais mourir; dans mon sépulcre, que j'ai acquis dans le pays de Canaan, là même tu m'enseveliras.’ Et maintenant, je voudrais partir, j'ensevelirai mon père et je reviendrai."
Que je me suis creusée (karithi)

Conformément au sens simple du mot, comme dans : « si un homme creuse (yikherè) une citerne » (Chemoth 21, 33). Il existe un midrach qui fait correspondre le mot karithi à l’idée d’achat (Sota 13a). Rabi ‘Aqiva a enseigné : Quand je séjournais dans les villes de la côte, « achat » se disait kira (Roch haChana 26a). Un autre midrach relie le mot keri à l’idée de tas : Ya‘aqov a réuni en tas tout l’or et tout l’argent qu’il avait rapportés de chez Lavan, et il a dit à ‘Essaw : « Prends ceci en échange de ta part dans le caveau de Makhpéla ! » (voir Rachi supra 46, 6)

50,6
Pharaon répondit: "Pars et ensevelis ton père ainsi qu'il t'a adjuré."
Ainsi qu’il t’a adjuré

Si tu n’avais pas prêté ce serment, je ne t’y aurais pas autorisé. Mais Pharaon n’osait pas lui dire : « Passe outre à ton serment ! » Car Yossef lui aurait rétorqué : « Dans ce cas, je passerai également outre au serment que je t’ai prêté de ne pas révéler que je connais la langue sacrée en plus des soixante-dix langues, tandis que toi, tu ne la connais pas ! ». On trouve ce midrach dans le traité Sota (36b)

50,7
Joseph partit pour ensevelir son père. II fut accompagné par tous les officiers de Pharaon qui avaient vieilli à sa cour, par tous les anciens du pays d'Égypte,
50,8
par toute la maison de Joseph, par ses frères et par la maison de son père. Leurs enfants seuls, avec leur menu et leur gros bétail, restèrent dans la province de Gessen.
50,9
Il y eut à sa suite et des chars et des cavaliers; le convoi fut très considérable.
50,10
Parvenus jusqu'à l'Aire-du-Buisson, située au bord du Jourdain, ils y célébrèrent de grandes et solennelles funérailles et Joseph ordonna en l'honneur de son père un deuil de sept jours.
L’aire-d’épines

Elle était entourée d’épines. Nos maîtres expliquant ce nom par un événement qui s’y est produit : Tous les rois de Kena‘an et les princes de Yichma‘el étaient venus pour faire la guerre. Mais lorsqu’ils ont vu la couronne de Yossef suspendue au cercueil de Ya‘aqov, ils se sont tous levés et y ont accroché les leurs, l’entourant ainsi de couronnes, à la manière de l’aire d’une grange que l’on protège d’une haie protectrice d’épines (Sota 13a)

50,11
L'habitant du pays, le Cananéen, vit ce deuil de l'Aire-du-Buisson et ils dirent: "Voilà un grand deuil pour l’Égypte!" C’est pourquoi on nomma Abêl-Miçrayim ce lieu situé de l’autre coté du Jourdain.
50,12
Ses fils agirent à son égard, ponctuellement comme il leur avait enjoint:
Ainsi qu’il leur avait ordonné

Et que leur avait-il ordonné ?..

50,13
ils le transportèrent au pays de Canaan et l'inhumèrent dans le caveau du champ de Makhpêla, ce champ qu'Abraham avait acheté comme possession tumulaire à Éfrôn le Héthéen, en face de Mambré.
... Ses fils le portèrent

Et non les fils de ses-fils. Car voici ce qu’il leur avait ordonné : « Ne portera mon cercueil ni un Egyptien ni l’un de vos fils, car ils ont pour mères des Kena‘anies, mais uniquement vous-mêmes ! » Il leur avait également fixé à chacun sa place : trois à l’est, et de même pour les quatre points cardinaux, dans le même ordre que celui qui sera institué plus tard pour le défilé des drapeaux des tribus. « Léwi ne portera pas, car il est destiné à porter l’arche sainte. Yossef non plus ne portera pas, à cause de son titre de roi. A sa place se tiendront Menachè et Efrayim ». C’est ce que veulent dire les mots : « chacun à son drapeau selon les signes de leurs tribus paternelles » (Bamidbar 2, 2), à savoir selon le signe [c’est-à-dire l’indication de la position à occuper] que leur père a donné à chacun pour le port de son cercueil (Midrach tan‘houma Bamidbar 12)

50,14
Joseph, après avoir enseveli son père, retourna en Égypte avec ses frères et tous ceux qui l'avaient accompagné pour ensevelir son père.
Lui et ses frères et tous ceux qui étaient montés avec lui

Ici, parlant de leur retour en Egypte, le texte cite les frères avant les Egyptiens qui étaient montés avec lui. Ce sont les Egyptiens, à l’aller, qui étaient passés avant les frères, ainsi qu’il est écrit : « tous les serviteurs de Pharaon, anciens de sa maison, et tous les anciens du pays d’Egypte, montèrent avec lui » (verset 7), suivi de : « et toute la maison de Yossef, et ses frères et la maison de son père » (verset 8). Ce n’est qu’après avoir assisté aux honneurs rendus par les rois de Kena‘an, qui avaient accroché leurs couronnes au cercueil de Ya‘aqov, qu’ils leur ont témoigné du respect à eux aussi [en leur offrant la préséance au cours du voyage de retour] (Sota 13a)

50,15
Or, les frères de Joseph, considérant que leur père était mort, se dirent: "Si Joseph nous prenait en haine! S'il allait nous rendre tout le mal que nous lui avons fait souffrir!"
Les frères de Yossef virent que leur père était mort

Que signifie : « ils virent » ? Ils ont pris toute la mesure de sa mort en voyant l’attitude de Yossef (Midrach tan‘houma Chemoth 2). Ils avaient en effet l’habitude de prendre leurs repas à la table de Yossef, qui les y accueillait à bras ouverts par déférence pour son père. Mais après la mort de Ya‘aqov, il ne les a plus reçus ainsi

Si Yossef nous prenait en haine

Peut-être va-t-il nous haïr. La conjonction lou (ici : « si ») a plusieurs significations. Elle peut exprimer un souhait, comme dans : « Bien ! qu’il en soit (lou) selon ta parole ! » (supra 30, 34), « Si pourtant tu voulais bien (lou) m’écouter » (supra 23, 13), « comme (welou) nous aurions préféré... ! » (Yehochou‘a 7, 7), « que ne sommes nous (lou) tous morts ! » (Bamidbar 14, 2). Elle peut aussi avoir le sens de « si » ou de « se peut-il », comme dans : « s’ils (lou) étaient sages » (Devarim 32, 29), « si (lou) tu avais été attentif à mes commandements » (Yecha’ya 48, 18), « et si (welou) je pesais dans mes mains » (II Chemouel 18, 12). Ou de « peut-être », comme ici : « peut-être Yossef nous a-t-il pris en haine ». On ne trouve pas dans le texte biblique d’autre occurrence du mot lou. Il correspond ici à oulaï, comme dans : « peut-être (oulaï) la femme ne voudra-t-elle pas me suivre » (supra 24, 5), où le mot signifie effectivement « peut-être ». Cette même conjonction oulaï peut aussi parfois exprimer un souhait, comme dans : « peut-être (oulaï) Hachem considérera-t-Il mon affliction » (II Chemouel 16, 12), « peut-être (oulaï) Hachem sera-t-Il avec moi » (Yehochou‘a 14, 12), exactement comme dans : « Bien ! qu’il en soit (lou) selon ta parole ! ». Et la conjonction oulaï peut aussi avoir le sens de « si », comme dans : « peut-être (oulaï) y a-t-il cinquante justes » [dans le sens de : « s’il y a... »] (supra 18, 24)

50,16
Ils mandèrent à Joseph ce qui suit: "Ton père a commandé avant sa mort, en ces termes:
Il mandèrent (wayetsawou – littéralement : « ils ordonnèrent ») à Yossef

Comme dans : « Il leur donna des ordres pour les enfants d’Israël » (Chemoth 6, 13), c’est-à-dire qu’Il ordonna à Mochè et à Aharon d’aller en messagers auprès des enfants d’Israël. De même ici ont-ils ordonné à leur messager de se faire leur porte-parole auprès de Yossef pour lui dire ce qui suit. Et qui ont-ils mandé ? Les fils de Bilha (Midrach tan‘houma Chemoth 2), qui avaient l’habitude d’être avec lui, ainsi qu’il est écrit : « passant son enfance avec les fils de Bilha » (supra 37, 2)

Ton père a ordonné

Ils ont altéré la vérité dans l’intérêt de la paix (Yevamoth 65b). Ya‘aqov n’avait jamais donné un tel ordre à Yossef, qu’il ne soupçonnait pas d’avoir conservé de la rancune envers ses frères

50,17
‘Parlez ainsi à Joseph: Oh! Pardonne, de grâce, l'offense de tes frères et leur faute et le mal qu'ils t'ont fait!’ Maintenant donc, pardonne leur tort aux serviteurs du Dieu de ton père!" Joseph pleura lorsqu'on lui parla ainsi.
Pardonne la faute des serviteurs du Eloqim de ton père

Si ton père est mort, son Dieu est toujours là, et ils sont Ses serviteurs (Midrach tan‘houma Chemoth 2)

50,18
Puis, ses frères vinrent eux-mêmes tomber à ses pieds, en disant: "Nous sommes prêts à devenir tes esclaves.
Ses frères allèrent aussi

En plus des messagers

50,19
Joseph leur répondit: Soyez sans crainte; car suis-je à la place de Dieu?
Car suis-je à la place de Eloqim

Est-ce que je suis à la place de Dieu ? [Le hé de hata‘hath est interrogatif]. Si je voulais vous faire du mal, le pourrais-je ? Il est vrai que vous tous avez nourri contre moi de mauvais desseins, mais dans la pensée du Saint béni soit-Il c’était pour le bien. Comment pourrais-je donc à moi seul vous faire du mal 

50,20
Vous, vous aviez médité contre moi le mal: Dieu l'a combiné pour le bien, afin qu'il arrivât ce qui arrive aujourd'hui, qu'un peuple nombreux fût sauvé.
50,21
Donc, soyez sans crainte: j'aurai soin de vous et de vos familles." Et il les rassura et il parla à leur cœur.
Il parla à leur cœur

Des paroles qui trouvent le chemin du cœur. Avant votre venue ici, on tenait sur moi des propos moqueurs, disant que j’étais un serviteur. C’est grâce à vous qu’on a su que je suis né libre. Si je vous faisais mettre à mort, que diraient les gens ? Qu’il a vu un groupe de jeunes gens auquel il s’est vanté d’appartenir en disant : « Ce sont mes frères ! » Et finalement, il les fait tuer ! A-t-on jamais vu quelqu’un tuer ses propres frères ? (Midrach tan‘houma Chemoth 2). Autre explication : Dix lumières ne peuvent éteindre une seule lumière. Comment une seule pourrait-elle en éteindre dix ? (Meguila 16b)

50,22
Joseph demeura en Égypte, lui et la famille de son père et il vécut cent dix ans.
50,23
Il vit naître à Éphraïm des enfants de la troisième génération; de même les enfants de Makir, fils de Manassé, naquirent sur les genoux de Joseph.
Sur les genoux de Yossef

Comme le traduit le Targoum : il les a élevés sur ses genoux

50,24
Joseph dit à ses frères: "Je vais mourir. Sachez que le Seigneur vous visitera et vous ramènera de ce pays dans celui qu'il a promis par serment à Abraham, à Isaac et à Jacob."
50,25
Et Joseph adjura les enfants d'Israël en disant: "Oui, le Seigneur vous visitera et alors vous emporterez mes ossements de ce pays."
50,26
Joseph mourut âgé de cent dix ans; on l'embauma et il fut déposé dans un cercueil en Égypte.
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