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Torah écrite (pentateuque) » Genèse (Berechit)

Chapitre 49

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49,1
Jacob fit venir ses fils et il dit: "Rassemblez-vous, je veux vous révéler ce qui vous arrivera dans la suite des jours.
Je veux vous raconter

Ya‘aqov voulait leur révéler la fin des temps, mais la chekhina s’est retirée de lui, et il s’est mis à parler d’autres choses (Pessa‘him 56a, Beréchith raba 98, 2)

49,2
Pressez-vous pour écouter, enfants de Jacob, pour écouter Israël votre Père.
49,3
Ruben! Tu fus mon premier-né, mon orgueil et les prémices de ma vigueur: le premier en dignité, le premier en puissance.
Prémices de ma vigueur

« Première manifestation de ma virilité », car il ne s’était jamais rendu impur

Ma vigueur (oni)

Ma force, comme dans : « je me suis trouvé de la force (on) » (Hoché‘a 12, 9), « dans l’abondance de la force (onim) » (Yecha’ya 40, 26), « à celui qui est sans forces (onim) (Yecha’ya 40, 29)

Le premier en dignité (seéth)

Tu aurais dû, [en tant qu’aîné], avoir le pas sur tes frères par le privilège de la prêtrise. Il est fait ici allusion à l’élévation (nessiath) des mains [lors de la bénédiction sacerdotale] (Beréchith raba 98, 4)

Le premier en puissance (‘az)

Par la royauté, comme dans : « il donne la puissance (‘az) à son roi » (I Chemouel 2, 10). Et pour quelle raison as-tu perdu tout cela ?..

49,4
Impétueux comme l'onde, tu as perdu ta noblesse! Car tu as attenté au lit paternel, tu as flétri l'honneur de ma couche.
Impétueux comme les eaux

L’impétuosité, la précipitation avec lesquelles tu t’es hâté de montrer ta colère. Comme les eaux qui se précipitent dans leur course. C’est pourquoi..

... Tu n’auras pas l’avantage

Tu ne recevras pas ces multiples prérogatives qui auraient dû te revenir. Et quelle a été cette précipitation ?..

... Tu as attenté au lit paternel

Tu as profané Celui qui veillait sur ma couche, à savoir la chekhina, qui était toujours au-dessus de mon lit (Chabath 55b et Rachi ibid.)

Le mot pa‘haz (« impétueux »)

Le mot pa‘haz (« impétueux ») est un substantif voulant dire « impétuosité ». Aussi l’accent tonique est-il mis sur l’avant-dernière syllabe (pé), les deux syllabes étant chacune ponctuée d’un pata‘h. Si c’était un verbe au passé (« tu t’es précipité »), il serait ponctué d’un qamats sous la première syllabe et d’un pata‘h sous la seconde, et l’accent tonique serait mis sur la dernière syllabe (‘haz)

Ma couche (yetsou‘i)

Ce mot désigne une couche, et il est de la même famille que hitsi’a (« étendre ») : on y « étend » draps et couvertures. Il existe de nombreux exemples similaires : « si je monte sur le lit de ma couche (yetsou’aï) » (Tehilim 132, 3), « si je me souviens de toi sur mon lit (yetsou’aï) (Tehilim 63, 7)

49,5
Siméon et Lévi! Digne couple de frères; leurs armes sont des instruments de violence.
Chim‘on et Léwi sont frères

Animés d’un même dessein contre Chekhem et contre Yossef (Midrach tan‘houma 9). Il est écrit : « ils dirent chaque homme “à son frère”... et maintenant, venez et tuons-le ! » (supra 37, 19 et 20). Qui étaient-ils ? Diras-tu que c’était Reouven ou Yehouda ? Mais ils n’étaient pas d’accord pour le tuer (supra 37, 21-22-26). Diras-tu que c’était les fils des servantes ? Mais la haine qu’ils éprouvaient envers Yossef n’était pas violente, ainsi qu’il est écrit : « passant son enfance avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa, femmes de son père » (supra 37, 2). Quant à Yissakhar et Zevouloun, ils ne prenaient pas la parole pas en présence de leurs frères aînés. Force est donc de conclure que c’était Chim‘on et Léwi, ceux-là mêmes que leur père appelle ici des « frères » (Midrach tan‘houma)

Instruments de violence (‘hamas)

[Le mot ‘hamas peut signifier quelque chose d’usurpé]. L’activité homicide est ‘hamas : elle ne vient pas de vous. Elle prend son origine dans la bénédiction conférée à ‘Essaw. C’est à lui qu’elle appartient, et vous la lui avez usurpée (‘hamastèm) (ibid.)

Leurs armes (mekhérothéhem)

Le mot « épée » se dit en grec : makhaïra (ibid.). Autre explication : ils ont pris l’habitude d’employer des armes dans le pays où ils habitaient (megouratham), [les lettres kaf et guimèl étant interchangeables], comme dans : « ton pays d’habitation (mekhorothayikh) et ton pays natal » (Ye‘hezqel 16, 3). Et c’est ainsi que le rend le Targoum Onqelos

49,6
Ne t'associe point à leurs desseins, ô mon âme! Mon honneur, ne sois pas complice de leur alliance! Car, dans leur colère, ils ont immolé des hommes et pour leur passion ils ont frappé des taureaux.
A leurs desseins que mon âme...

C’est l’histoire de Zimri (Bamidbar 25, 6 à 15), [le mot sod (« dessein ») pouvant être rendu par « complot »]. Quand la tribu de Chim‘on s’est réunie et a amené la femme midyanite devant Mochè, ils ont demandé : « Cette femme est-elle interdite ou permise ? Si tu dis qu’elle est interdite, qui donc t’a permis la fille de Yithro ? » (Sanhèdrin 82a, Beréchith raba 99, 6). Que mon nom ne soit pas mentionné à ce propos ! De fait, la Tora dit de Zimri qu’il était « fils de Salou, chef d’une famille paternelle de la tribu de Chim‘on » (Bamidbar 25, 14), sans ajouter : « fils de Ya‘aqov »

A leur assemblée

Quand Qora‘h, membre de la tribu de Léwi, ameutera toute la communauté contre Mochè et contre Aharon

Que mon honneur ne se joigne pas

Que mon nom ne leur soit pas associé ! (Beréchith raba 98, 5). Aussi est-il écrit : « Qora‘h, fils de Yitshar, fils de Qehath, fils de Léwi » (Bamidbar 16, 1), sans qu’il soit ajouté : « fils de Ya‘aqov ». En revanche lorsqu’il s’agit, dans Divrei haYamim, de justifier la généalogie des fils de Qora‘h pour ce qui est de leur aptitude au service sacerdotal, il est écrit : « fils de Qora‘h, fils de Yitshar, fils de Qehath, fils de Léwi, fils d’Israël » (I Divrei haYamim 6, 22 et 23)

Que mon honneur ne se joigne pas

Le mot kavod (« honneur ») est du genre masculin. Il faut donc nécessairement expliquer le verbe « se joigne » (thé‘had) comme étant à la deuxième personne du masculin, et non à la troisième personne du féminin. C’est donc Ya‘aqov qui s’adresse ici à son honneur : « toi, mon honneur, tu ne t’associeras pas à eux ! », comme dans : « tu ne t’associeras pas (lo thé’had) à eux dans la tombe » (Yecha’ya 14, 20)

Car dans leur colère ils ont tué un homme

Il s’agit de ‘Hamor et des habitants de Chekhem qui, tous réunis, n’étaient pas plus redoutés que s’ils n’avaient été qu’un seul homme. Il en est de même pour Guid’on (Gédéon) : « tu frapperas les Midyanites comme un seul homme » (Choftim 6, 16), et pour l’Egypte : « coursier [au singulier] et cavalier [au singulier], il les a lancés dans la mer » (Chemoth 15, 1), [comme si toute l’armée égyptienne ne consistait qu’en un seul coursier et un seul cavalier]. Telle est l’explication du midrach (Beréchith raba 99, 6). Quant au sens simple, lorsqu’on a affaire à beaucoup d’hommes, on dit « homme » au singulier, chacun étant pris séparément. Dans leur colère, ils ont tué « chaque homme » contre lequel ils étaient irrités, comme dans : « il a appris à saisir une proie, il a dévoré un homme [équivalent à “des hommes”, selon le contexte] » (Ye‘hezqel 19, 3)

Et dans leur arbitraire ils ont déraciné (‘iqrou) un taureau

Ils ont voulu abattre Yossef, qui est appelé chor (« taureau »), ainsi qu’il est écrit : « le premier-né de son taureau (choro), à lui la majesté » (Devarim 33, 17). Le verbe ‘aqor (« déraciner ») se dit en français médiéval : « esjareter » (« couper les jarrets »). Même mot dans : « tu couperas les jarrets (te’aqér) de leurs chevaux » (Yehochou‘a 11, 6)

49,7
Maudite soit leur colère, car elle fut malfaisante et leur indignation, car elle a été funeste! Je veux les séparer dans Jacob, les disperser en Israël.
Maudite soit leur colère

Même à l’heure des reproches, ce n’est pas eux que maudit Ya‘aqov, mais leur colère (Beréchith raba 99, 6). C’est ce que dira Bil’am : « comment maudirais-je celui que Dieu n’a pas maudit ? » (Bamidbar 23, 8)

Je les séparerai dans Ya’aqov

Je les séparerai l’un de l’autre : Léwi ne comptera pas dans le nombre des tribus (Bamidbar 26, 62, Beréchith raba 98, 5), aussi resteront-ils séparés. Autre explication : Ce n’est que dans la tribu de Chim‘on que l’on trouve des pauvres, des copistes et des instituteurs, afin qu’ils restent dispersés (Beréchith raba 99, 6). Quant à la tribu de Léwi, on en a fait des gens qui font la tournée des granges pour recueillir les teroumoth (prélèvements réservés aux kohanim) et les ma‘asseroth (dîmes revenant aux Lévites), leur dispersion se présentant sous une forme plus digne

49,8
Pour toi, Juda, tes frères te rendront hommage; ta main fera ployer le cou de tes ennemis; les enfants de ton père s'inclineront devant toi!
Yehouda

Comme Ya‘aqov avait adressé à ses trois frères aînés des paroles de réprimande, Yehouda, son tour venu, a commencé de reculer, craignant que son père le blâme à cause de l’affaire de Tamar (Beréchith raba 98, 5). Ya‘aqov l’a cependant rappelé en employant des paroles rassurantes : « Yehouda ! Tu n’es pas comme eux ! » (Beréchith raba 99, 8)

Ta main sera sur la nuque de tes ennemis

A l’époque de Dawid, ainsi qu’il est écrit : « mes ennemis, tu m’as donné leur nuque » [c’est-à-dire : « tu m’as livré les nuques de mes ennemis »] (II Chemouel 22, 41)

Les fils de ton père

Comme ils étaient issus de plusieurs mères, Ya‘aqov, contrairement à Yits‘haq, n’emploie pas l’expression « fils de ta mère » (supra 27, 29)

49,9
Tu es un jeune lion, Juda, quand tu reviens, ô mon fils, avec ta capture! II se couche; c'est le repos du lion et du léopard; qui oserait le réveiller?
Un lionceau

L’expression désigne Dawid. Il a été d’abord « un lionceau » : « Quand Chaoul était roi sur nous, c’est toi qui faisais sortir et entrer Israël » (II Chemouel 5, 2). Il est devenu ensuite un « lion », lorsqu’il a accédé à la royauté. C’est ainsi que traduit le Targoum : « au commencement, il sera un gouverneur 

De la proie

[Tu te relèves] du soupçon que tu avais éveillé en moi lorsque j’ai dit : « La tunique de mon fils ! Une bête sauvage l’a dévoré ! Yossef a été déchiré ! » (supra 37, 33), Yehouda ayant alors été pris pour un lion (Beréchith raba 97, 9)

Mon fils

Tu t’en es retiré et tu as dit : « quel profit, si nous tuons notre frère ? » (supra 37, 26). De même, lorsque Tamar a été sur le point d’être mise à mort, tu as reconnu (supra 38, 26) : « elle est plus juste que moi » (Beréchith raba 98, 7). C’est pourquoi..

... Il se courbe

A l’époque de Chelomo : « Yehouda et Israël ont vécu dans la paix, chacun sous sa vigne... ». (I Melakhim 5, 5)

49,10
Le sceptre n'échappera point à Juda, ni l'autorité à sa descendance, jusqu'à l'avènement du Pacifique auquel obéiront les peuples.
Le sceptre (chévèt) ne se retirera pas de Yehouda

A partir de Dawid, [et même après l’extinction de sa dynastie]. Ce sont les exilarques babyloniens qui gouverneront Israël « à la baguette » (chévèt), comme ayant été investis par le gouvernement (Sanhèdrin 5a, Horayoth 11b)

Ni le législateur d’entre ses pieds

Les disciples de la Tora. Ce sont les princes d’Erets Israël

Jusqu’à ce que vienne Chilo

C’est le roi Messie, à qui appartient la royauté (Beréchith raba 99, 8). C’est ainsi que traduit le Targoum. Quant au midrach, il décompose le mot chilo en : chaï lo (« des présents à lui »), ainsi qu’il est écrit : « ils apportent des présents (chaï) à celui que l’on craint » (Tehilim 76, 12)

A lui l’assemblée des peuples

La réunion des peuples. La lettre yod dans le mot yiqhath (« assemblée ») appartient au radical, comme dans : « ton éclat (yif’athèkha) » (Ye‘hezqel 28, 17). Mais il peut arriver à cette lettre de tomber, [comme c’est le cas de certaines autres lettres du radical qui deviennent caduques]. Il en est ainsi de la lettre noun dans les verbes nagof (« frapper »), nachof (« mordre »), ou de la lettre alèf dans : « mon annonce (a‘hawathi, du radical ‘hawa) dans vos oreilles » (Iyov 13, 17), « la crainte (iv‘hath) de l’épée » (Ye‘hezqel 21, 20), « une fiole (assoukh, du radical soukh) d’huile » (II Melakhim 4, 2). De même ici pour le mot yiqhath, qui signifie « assemblée de peuples », ainsi qu’il est écrit : « à lui les peuples s’adresseront » (Yecha’ya 11, 10) Autre exemple : « l’œil qui se moque de son père et qui dédaigne les rides (liqehath) de sa mère » (Michlei 30, 17), le mot liqehath désignant ici la « réunion » des plis que l’âge a sculptés sur le visage de sa mère. La guemara parle de ceux « qui sont assis et qui réunissent des assemblées (aqhatha) dans les rues de Nehardé’a » (Yevamoth 110b). Le texte aurait pu ici tout aussi bien dire qehiyath [sans yod au début]

49,11
Alors on attachera son ânon à la vigne, et à la treille le fils de son ânesse: on lavera son vêtement dans le vin, et dans le sang des raisins sa tunique;
Il attachera à la vigne son ânon

Il prophétise pour le territoire de Yehouda, où le vin coulera comme d’une source. Les gens de Yehouda attacheront un âne à un plant de vigne, et ils le chargeront des fruits de tout ce plant. Il faudra un jeune ânon pour porter la production d’une seule branche

Et à la treille

C’est une longue branche de vigne. En français médiéval : « corjède »

Il lavera dans le vin son vêtement

Signe de l’abondance du vin

Sa tunique (southo)

Ce mot désigne une sorte de vêtement. Il n’existe pas d’autre exemple d’emploi de ce mot dans le texte

Il attachera (osri)

Equivalent de ossér [sans yod final], comme dans : « qui relève (meqimi, au lieu de méqim) de la poussière le malheureux » (Tehilim 113, 7), « toi qui trônes (hayochvi, au lieu de hayochév) dans les cieux » (Tehilim 123, 1). Il en est de même ici du « petit (beni, au lieu de bèn) de son ânesse ». Le Targoum Onqelos applique ce verset à l’époque du roi Messie. La vigne, c’est Israël. ‘iro, sa ville [et non « son âne »], c’est Jérusalem. La treille, c’est Israël, comme dans : « et moi, je t’ai plantée comme une treille » (Yirmeya 2, 21)

Le fils de son ânesse

Traduction du Targoum : Ils construiront son sanctuaire (éthano), comme dans : « la porte d’entrée du palais (haïthon) » (Ye‘hezqel 40, 15). Autre traduction du Targoum : La vigne, ce sont les justes, « les fils de son ânesse » voulant dire : « ils servent la Tora par l’étude, comme dans : « vous qui montez de blanches ânesses » [Choftim 5, 10. Voir ‘Erouvin 54b où l’expression est expliquée comme désignant les érudits en Tora qui voyagent de ville en ville et de région en région pour en transmettre l’enseignement, la rendant aussi « blanche » que la lumière du jour]. « On lavera dans le vin » peut signifier : « son vêtement sera d’un beau pourpre, sa couleur comme celle du vin », le Targoum employant pour southo (« sa tunique ») un mot araméen qui signifie « couleur » : un vêtement de couleur que met la femme pour attirer (messitha) sur elle le regard de l’homme. Dans la guemara aussi on explique ce mot comme exprimant, à propos du vin, l’idée d’incitation à l’ivresse : « Tu diras peut-être qu’il ne rend pas ivre ! Or, le texte emploie le terme southo (“son incitation”) ! » (Ketouvoth 111b)

49,12
les yeux seront pétillants de vin et les dents toutes blanches de lait.
Rouges

C’est également la traduction du Targoum, comme dans : « à qui la rougeur (‘hakhlilouth) des yeux ? » (Michlei 23, 29). Les buveurs de vin ont en effet les yeux rougeâtres

De lait

Par l’abondance de lait. Sa terre offrira de bons pâturages à ses troupeaux de brebis. Voici la signification de ce verset : La rougeur des yeux proviendra de l’abondance de vin, et la blancheur des dents de celle de lait. Selon le Targoum, les « yeux », ce sont les montagnes, depuis le sommet desquelles on peut voir au loin, ou bien encore les sources, le flot qui sort des pressoirs. Le mot araméen na‘awohi [utilisé ici par le targoum onqelos pour « vin »] et qui signifie « pressoir » se trouve aussi dans la guemara : « ils ont ébouillanté un pressoir » (‘Avoda Zara 74b), [d’où la traduction du Targoum : « ses cuves ruisselleront de vin »]. Enfin, le Targoum traduit par : « ses vallées seront blanches », en interprétant le mot « dents » comme désignant les « dents » des rochers, [et les vallées comme les intervalles qui les séparent (voir I Chemouel 14, 4 et Rachi sur Chemoth 14, 2)]

49,13
Zabulon occupera le littoral des mers; il offrira des ports aux vaisseaux et sa plage atteindra Sidon.
Le littoral des mers

Son territoire sera au bord des mers. Le mot araméen employé par le Targoum signifie « bord ». En français : « marche ». Il sera constamment à « bord » des navires, là où il y a un port, là où les bateaux déchargent leurs marchandises. Zevouloun s’occupera de négoce, et il assurera la subsistance de Yissakhar, lequel s’occupera de l’étude de la Tora. C’est ce que dira Mochè : « Réjouis-toi, Zevouloun, dans tes sorties, et toi, Yissakhar, dans tes tentes ! » (Devarim 33, 18). Zevouloun sortira pour son négoce, et Yissakhar s’occupera de Tora dans ses tentes (Midrach tan‘houma 11. Voir Rachi supra 25, 27)

Et sa plage atteindra Tsidon

L’extrémité de son domaine sera près de Tsidon

Sa plage (weyarkhato)

Comme dans : « pour l’extrémité (yarkethé) du tabernacle » (Chemoth 26, 22)

49,14
Issachar est un âne musculeux qui se couche entre les collines.
Yissakhar est un âne osseux

Un âne qui a des os : il porte le joug de la Tora à la manière d’un âne vigoureux que l’on charge d’un lourd fardeau (Beréchith raba 99, 9)

Qui se couche entre les frontières

Comme un âne qui voyage de jour et de nuit, sans jamais se mettre à l’abri. Quand il veut se reposer, il se couche « entre les limites », aux limites des villes vers lesquelles il porte ses ballots de marchandises

49,15
II a goûté le charme du repos et les délices du pâturage; et iI a livré son épaule au joug et iI est devenu tributaire.
Il a vu que le repos est bon

Il a vu que son territoire est une terre bénie, bonne pour produire des fruits (voir Targoum Onqelos), [de sorte qu’il n’a pas à déployer de gros efforts pour la faire fructifier]

Il a incliné son épaule pour porter

Pour porter le joug de la Tora

Il se soumet au tribut du serviteur

Et il est devenu pour tous ses frères en Israël comme « un serviteur qui apporte le tribut »: Il fixera pour eux les décisions de la Tora (Midrach tan‘houma 11, Beréchith raba 99, 10) et il calculera le calendrier, ainsi qu’il est écrit : « Et les fils de Yissakhar, instruits à connaître les dates afin de savoir ce que doit faire Israël, leurs chefs au nombre de deux cents » (I Divrei haYamim 12, 33), [la suite du verset ajoutant : « et tous leurs frères suivant leurs ordres »]. Il a donné deux cents chefs du Sanhèdrin

comme « un serviteur qui apporte le tribut »

Il fixera pour eux les décisions de la Tora (Midrach tan‘houma 11, Beréchith raba 99, 10) et il calculera le calendrier, ainsi qu’il est écrit : « Et les fils de Yissakhar, instruits à connaître les dates afin de savoir ce que doit faire Israël, leurs chefs au nombre de deux cents » (I Divrei haYamim 12, 33), [la suite du verset ajoutant : « et tous leurs frères suivant leurs ordres »]. Il a donné deux cents chefs du Sanhèdrin

Il a incliné (wayét) son épaule

Il a abaissé son épaule, comme dans : « Il a incliné (wayét) les cieux » (II Chemouel 22, 10), « Inclinez (hatou) vos oreilles ! » (Tehilim 78, 1). Le Targoum Onqelos traduit différemment : « Il a incliné son épaule » pour supporter les guerres et pour conquérir des territoires, car il habite aux frontières. L’ennemi soumis par lui versera le « tribut du serviteur »

49,16
Dan sera l'arbitre de son peuple, sous lui se grouperont les tribus d'Israël.
Dan jugera son peuple

Il vengera son peuple sur les Plichtim, comme dans : « Hachem vengera (yadin) Son peuple » (Devarim 32, 36)

Comme une des tribus d’Israël

Tout Israël sera « uni » avec lui, et il les jugera tous. Cette prophétie s’applique à Chimchon (Samson) (Midrach tan‘houma 12, Beréchith raba 99, 11). On peut aussi expliquer comme suit : [Dan vengera son peuple] comme le fera la plus célèbre (hameyou‘had : « l’unique ») des tribus, à savoir comme Dawid, issu de la tribu de Yehouda

49,17
II sera, Dan, un serpent sur le chemin, un aspic dans le sentier: il pique le pied du cheval et le cavalier tombe renversé.
Un aspic

Le mot chefifon (« aspic ») est synonyme de na‘hach, ainsi nommé, à mon avis, parce qu’il émet des sifflements (nochéf), comme dans : « et toi, tu lui briseras (techoufènnou) le talon » (supra 3, 15. Voir Rachi ibid.)

Il mord les talons du cheval

Comme le fait le serpent. Dan est comparé à un serpent qui mord le cheval au talon

Son cavalier tombe renversé

Sans que le serpent l’ait touché. Nous en trouvons l’illustration chez Chimchon : « Chimchon saisit les deux colonnes... ». (Choftim 16, 29), et ceux qui étaient sur le toit sont morts. Le Targoum Onqelos propose le mot ‘hourman, une sorte de serpent dont la morsure est mortelle. Il s’agit de la vipère, ainsi appelée parce qu’elle détruit tout (‘hérem). Quant au mot oukhefitna dans le Targoum, il signifie : « comme un aspic (pèthèn) », et yikhmon [le verbe qui lui fait suite] : « il reste aux aguets »

49,18
J’espère en ton assistance, Seigneur.
En ton secours

Il prédit ici que les Plichtim crèveront les yeux de Chimchon et que celui-ci demandera une dernière fois : « Souviens-toi de moi, de grâce, et donne-moi des forces cette fois encore... ». (Choftim 16, 28)

49,19
Gad sera assailli d'ennemis, mais il les assaillira à son tour.
Gad sera assailli

Tous les mots de ce verset [qui comportent les lettres guimèl et dalèt] sont à rattacher à la même racine, et c’est ce que fait le grammairien Mena‘hem. Et si tu devais objecter que toutes les formes de cette racine devraient présenter deux dalèt, je te répondrais que le mot guedoud est un substantif. Il comporte donc deux dalèt car les mots dont la racine comporte deux lettres ont leur seconde lettre doublée (guedoud) lorsqu’ils forment un substantif. Mais la racine conserve ses deux lettres d’origine (gad), comme dans : « comme un oiseau pour s’envoler (lanoud) » (Michlei 26, 2), de la même racine que dans : « je suis rassasié d’agitations (nedoudim) » (Iyov 7, 4), « là il est tombé vaincu (chadoud) » (Choftim 5, 27), de la même racine que dans : « il frappe (yachoud) en plein midi » (Tehilim 91, 6). C’est ainsi que les mots guedoud, yegoudènnou et yagoud de notre verset sont issus de la même racine. A la forme active [qal], la deuxième lettre du verbe n’est pas doublée. Exemples : yagoud (« il réunit »), yanoud (« il s’envole »), yaroum (« il s’élève »), yachoud (« il détruit »), yachouv (« il revient »). En revanche, à la forme pronominale [hithpa’él] et à la forme factitive [hif‘il], il s’opère un doublement. Exemples : yithnodéd (« il se réunit »), yithromém (« il s’élève »), yithbolél (« il se mélange »), yith’odéd (« il se relève »). Et au hif‘il : « Il relève (ye’odéd) l’orphelin et la veuve » (Tehilim 146, 9), « pour ramener (lechovév) Ya‘aqov à Lui » (Yecha’ya 49, 5), « qui rétablit (mechovév) les sentiers (Yecha’ya 58, 12). Le mot yegoudènnou employé dans le présent verset n’est pas au hif‘il (forme factitive). Il ne signifie donc pas que d’autres le feront agir, [mais c’est un qal suivie d’un complément]: « une troupe se formera de lui », comme dans : « Mes fils sont sortis de moi (yetsaouni) » (Yirmeya 10, 20). Les trois premiers mots de notre verset veulent donc dire que des troupes se formeront en lui, qui passeront en armes le Yardén avec leurs frères jusqu’à la conquête totale du pays

Et il assaillira à son tour

Toutes ses troupes reviendront sur leurs pas, elles retourneront sur le territoire qui leur sera attribué de l’autre côté du Yardén, et il ne manquera pas un seul homme. Le mot ‘aqév (« talon ») vient souligner que les troupes reviendront par le même chemin que celui utilisé à l’aller, comme dans : « tes talons (‘iqvothèkha) ne sont pas connus » (Tehilim 77, 20), « sur les talons (be’iqvé) des brebis » (Chir hachirim 1, 8). En français : « traces »

Le mot ‘aqév (« talon »)

Le mot ‘aqév (« talon ») vient souligner que les troupes reviendront par le même chemin que celui utilisé à l’aller, comme dans : « tes talons (‘iqvothèkha) ne sont pas connus » (Tehilim 77, 20), « sur les talons (be’iqvé) des brebis » (Chir hachirim 1, 8). En français : « traces »

49,20
Pour Asher, sa production sera abondante; c'est lui qui pourvoira aux jouissances des rois.
D’Achér

La nourriture qui viendra du territoire d’Achér sera grasse, les oliviers y seront abondants et l’huile y coulera comme d’une source. Mochè lui a conféré la même bénédiction : « il trempe son pied dans l’huile » (Devarim 33, 24). C’est ce que nous trouvons dans le traité Mena‘hoth (85b) : « un jour, les habitants de Laodicée avaient besoin d’huile... »

49,21
Nephtali est une biche qui s'élance; il apporte d'heureux messages.
Une biche qui s’élance

Symbole de la vallée de Guinossar, où les fruits parviennent rapidement à maturité, telle la biche qui est rapide à la course (Beréchith raba 99, 12). Une « biche qui s’élance », c’est une biche qui s’élance dans la course

Il apporte des paroles plaisantes

Comme le traduit le Targoum : « des remerciements et des bénédictions » [adressées à Dieu pour les fruits]. Autre explication : Ya‘aqov a prédit la guerre contre Sissera, dont il est écrit [dans le cantique de Débora] : « tu prendras avec toi dix mille hommes parmi les fils de Naftali... ». (Choftim 4, 6), qui se sont hâtés vers le champ de bataille (Beréchith raba 98, 17). Le contexte de ce cantique contient aussi le mot choula‘h (« être lancé ») [comme ici chelou‘ha (« qui s’élance »] : « dans la vallée il est lancé (choula‘h) sur ses pas » (Choftim 5, 15)

Il apporte des paroles plaisantes

Grâce à eux, Débora et Baraq entonneront un cantique. Nos maîtres appliquent ce verset au jour de l’inhumation de Ya‘aqov, où ‘Essaw a revendiqué la propriété du caveau de Makhpéla. [Naftali a dû se précipiter en Egypte afin d’en rapporter le titre de propriété sur le caveau, permettant ainsi la poursuite de l’inhumation.] (Sota 13a). Le Targoum explique : « sa part lui échoira », et il remerciera par de belles paroles de louanges

49,22
C'est un rameau fertile que Joseph, un rameau fertile au bord d'une fontaine; il dépasse les autres rameaux le long de la muraille.
Un fils fertile

Un fils plein de grâce. On trouve le même mot en araméen, dans : « nous rendons grâce (apiryan) à rabi Chim‘on » (Baba Metsi‘a 119a)

Un fils fertile sur l’œil

Sa grâce attire l’œil qui le regarde

Des filles montent sur la muraille

Les jeunes filles égyptiennes montaient sur la muraille pour admirer sa beauté (Beréchith raba 98, 18). Le mot « filles » est au pluriel, le mot tsa‘ada (« montent ») au singulier, comme pour signifier : « beaucoup de jeunes filles montaient, chacune là où elle pouvait le voir »

Sur la muraille (‘alé chor)

Pour voir. Même mot dans : « Je le vois (achourènnou), et non de près » (Bamidbar 24, 17). Il existe à ce sujet beaucoup de midrachim, mais tel est le sens du texte

Le mot porath ("fertile")

Le taw dans le mot porath (« fertile ») est explétif, comme dans : « au sujet (divrath, au lieu de devar) des fils de l’homme » (Qohèleth 3, 18)

La muraille (chor)

Comme lachor (« pour regarder »). « Sur la muraille » veut dire : « afin de pouvoir regarder ». Le Targoum Onqelos traduit : « deux tribus sortiront de ses fils... ». Si le texte parle de filles, et pas de fils, c’est à cause des filles de Menachè, à savoir les filles de Tselof‘had, qui ont reçu en partage des terres situées des deux côtés du Yardén (Midrach tan‘houma Pin‘has 9). [De la même manière], le Targoum traduit le début du verset par : « mon fils qui grandit », reliant le mot porath à periya (« fructification »). Il existe aussi des midrachim qui s’appuient sur les mots du texte (Beréchith raba 78, 9). C’est ainsi que, lorsque ‘Essaw est venu à la rencontre de Ya‘aqov, toutes les mères se sont approchées avant leurs enfants, tandis que pour Ra‘hel, c’est Yossef qui l’a précédée, ainsi qu’il est écrit : « et ensuite s’approcha Yossef , et Ra‘hel, ils se prosternèrent » (supra 33, 7. Voir Rachi ibid.). Il s’est dit : « Ce scélérat a le regard audacieux. Il ne faut donc pas qu’il puisse regarder ma mère ! » Il est alors passé devant elle et a redressé sa taille pour la cacher. C’est pourquoi son père l’a béni en ces termes : « Un fils qui “grandit” (porath). Tu t’es fait grand, Yossef, pour immobiliser l’œil (‘ayin) de ‘Essaw. C’est ce qui t’a fait mériter ta noblesse, [représentée par les hautes fonctions auxquelles tu as été promu en Egypte] ». [C’est lors de sa nomination que

« des filles sont montées sur la muraille »

Afin de pouvoir te contempler lorsque tu as été installé dans tes fonctions. On a également interprété les mots ‘alé ‘ayin (« sur l’œil ») comme devant être lus : ‘olé ‘ayin (« au-dessus de l’œil »), en ce sens que la descendance de Yossef est invulnérable au mauvais œil (Berakhoth 20a). De même, lorsque Ya‘aqov a béni Menachè et Efrayim (supra 48, 16), il a souhaité qu’ils se multiplient comme les poissons, sur lesquels le mauvais œil n’a aucune prise

49,23
Ils l'ont exaspéré et frappé de leurs flèches; ils l'ont pris en haine, les fiers archers:
Ils l’ont rempli d’amertume (wayemorarouhou)

Ses frères l’ont rempli d’amertume, ainsi que Potifar et sa femme, en l’envoyant en prison, comme dans : « ils leur rendirent la vie amère (wayemorarou) » (Chemoth 1, 14)

Ils l’ont combattu (warobou)

Ses frères sont devenus ses adversaires. Le mot warobou (« ils l’ont combattu ») n’est pas à la forme active (qal), car il aurait dû alors être ponctué waravou comme dans : « ce sont là les eaux de Meriva, où les enfants d’Israël querellèrent (ravou) Hachem » (Bamidbar 20, 13). Et même si ce mot signifiait : « un lancer de flèches », il aurait dû avoir cette ponctuation. Il s’agit ici, en réalité, d’un verbe à la forme passive, comme dans : « soyez saisis d’horreur (chomou), ô cieux », où le verbe est à la forme hof’al, « ils se sont élevés (romou) » (Iyov 24, 24), où il est à la même forme. A cette différence près que le hof’al s’applique à une action effectuée par un autre, tandis que chomou, romou, ravou marquent une action effectuée par le sujet lui-même : ils sont eux-mêmes saisis d’horreur, ils se sont eux-mêmes élevés, ils ont eux-mêmes querellé. Voir aussi : « soyez stupéfaits (domou), habitants des îles » (Yecha’ya 23, 2), où le mot domou est au passif (nif’al). Le Targoum aussi traduit par : « ils lui firent du mal »

Les porteurs de flèches

Dont la langue est comme une flèche (Beréchith raba 98, 19). Le Targoum Onqelos traduit ‘hitsim (« flèches ») dans le même sens que le mot mè‘hètsa (« moitié »), comme dans : « la moitié (hamè‘hètsa) afférente aux hommes de l’expédition » (Bamidbar 31, 36), le mot désignant ici ceux qui devaient partager avec lui l’héritage

49,24
mais son arc est resté plein de vigueur et les muscles de ses bras sont demeurés fermes grâce au Protecteur de Jacob, qui par là préparait la vie au rocher d'Israël;
Son arc est resté plein de vigueur

Son pouvoir [comme vice-roi d’Egypte] est resté fortement établi, le mot qècheth (« arc ») signifiant également « puissance »

Le mot qècheth (« arc »)

Le mot qècheth (« arc ») signifiant également « puissance »

Les muscles de ses bras sont demeurés fermes

Ces mots désignent l’anneau qui lui a été mis à la main, comme dans : « de l’or très fin (moufaz) » (I Melakhim 10, 18), [de sorte qu’on pourrait les traduire par : « ses mains sont devenues de l’or fin »]. Cela lui est venu des mains du Saint béni soit-Il, qui est « le protecteur de Ya‘aqov », et il s’est élevé de là pour devenir « le pasteur [c’est-à-dire le nourricier] du rocher d’Israël », de celui qui est la racine d’Israël, [à savoir Ya‘aqov]. Même sens dans : « la pierre (haèven) qui est en tête » (Zekhariya 4, 7), c’est-à-dire la royauté. Le Targoum Onqelos traduit de la même manière

Est resté

Traduction du Targoum : Sa prophétie est revenue sur eux, c’est-à-dire : les rêves qu’il avait eus à leur sujet se sont réalisés. Et le Targoum ajoute : « parce qu’il a observé la Tora en secret », sans que cela figure dans le texte hébreu. Il traduit « son arc est resté plein de vigueur » par : « Il a mis sa confiance dans le Puissant ». Et voici comment s’articule la traduction du Targoum Onqelos : « Sa prophétie s’est réalisée, parce que la puissance du Saint béni soit-Il lui a servi d’arc et d’appui sûr. ». Quant aux mots : « les muscles de ses bras sont demeurés fermes », il les rend par : « c’est pourquoi de l’or a été mis sur ses bras », le mot wayafozou (« sont demeurés fermes ») étant de la même racine que paz (« or fin »). Ces mots désignent l’anneau qui lui a été mis à la main, comme dans : « de l’or très fin (moufaz) » (I Melakhim 10, 18), [de sorte qu’on pourrait les traduire par : « ses mains sont devenues de l’or fin »]

Rocher d’Israël

Le mot èven (« rocher ») est composé, selon le Targoum, de av (« père ») et de ben (« fils »), c’est-à-dire Ya‘aqov et ses fils. Et nos maîtres ont expliqué l’expression « son arc est resté plein de vigueur » comme voulant dire qu’il a su, en présence de la femme de son maître, maîtriser son instinct. Le mot qacheto (« son arc ») s’applique ici à la semence, laquelle est lancée comme une flèche. Quant aux « muscles de ses bras demeurés fermes », ils désignent la semence qui s’est écoulée par ses doigts. « Par les mains du protecteur de Ya’aqov » : l’image de son père lui est alors apparue (Sota 36b)

49,25
grâce au Dieu de ton père, qui sera ton appui et au Tout-Puissant, qui te bénira des bénédictions supérieures du ciel, des bénédictions souterraines de l’abîme, des bénédictions des mamelles et des entrailles! Les vœux de ton père,
De par le Qél de ton père

Que cela t’est venu

Et Il t’aidera

Egalement dans l’avenir (Beréchith raba 87, 7)

Du Chaqaï

Ton cœur était avec le Saint béni soit-Il lorsque tu as refusé d’écouter les propos de la femme de ton maître. Aussi te bénira-t-Il

Des bénédictions des mamelles et de la matrice

Traduction du Targoum : « Bénédictions de ton père et de ta mère ». C’est à dire que les pères et les mères seront bénis : les pères seront aptes à engendrer, et les mères échapperont au risque d’avorter. Il explique en effet le mot chadayim (ici : « mamelles ») comme dans : « ou le percer de flèches » (Chemoth 19, 13), où il emploie un mot de la même racine pour signifier que la semence est lancée comme une flèche

49,26
surpassant ceux de mes ancêtres, atteignent la limite des montagnes éternelles; ils s'accompliront sur la tête de Joseph, sur le front de l'Élu de ses frères!
Les bénédictions de ton père...

Le bénédictions que m’a octroyées le Saint béni soit-Il ont surpassé celles qu’Il avait octroyées à mes ancêtres

Atteignent la limite des collines du monde

Les bénédictions que j’ai reçues s’étendent jusqu’à l’extrême limite des montagnes du monde. Il m’a donné une bénédiction largement étendue à laquelle il n’a pas fixé de limites, et qui porte jusqu’aux quatre extrémités de l’univers, ainsi qu’il est écrit : « tu t’étendras vers la mer et vers l’orient, et vers le nord et vers le sud » (supra 28, 14). Or, Il n’avait pas dit cela à Avraham, notre ancêtre, ni à Yits‘haq. Il avait dit à Avraham : « Lève tes yeux et regarde, de l’endroit où tu es... . Car tout le pays que tu vois, à toi je le donnerai et à ta descendance pour toujours... ». (supra 13, 14 et 15). Ainsi, il ne lui a fait voir qu’Erets Israël. Quant à Yits‘haq, il lui a dit : « car à toi et à ta descendance, je donnerai toutes “ces terres”, et j’accomplirai le serment... ». (supra 26, 3). Et c’est ainsi que Yecha’ya dira : « je te ferai jouir de l’héritage de Ya‘aqov, ton père » (Yecha’ya 58, 14), et il ne dira pas : « de l’héritage d’Avraham » (Chabath 118b)

De mes ancêtres (horaï)

La racine du mot horaï est la même que celle du mot hérayon (« conception ») : ceux qui m’ont fait concevoir dans le sein de ma mère, comme dans : « un homme a été conçu (hora) » (Iyov 3, 3)

Atteignent la limite (taawath)

Jusqu’aux extrémités, comme dans : « vous marquerez vos frontières (wehithawithem) à la limite de l’orient » (Bamidbar 34, 10), ou dans : « vous marquerez vos frontières (tethaou) jusqu’à ‘Hamath » (Bamidbar 34, 8). En français médiéval : « esmols » [de la même racine que « sommet »]. C’est ainsi que Mena‘hem ben Sarouq définit ce mot. Quant au Targoum Onqelos, il traduit taawath par « désir », « aspiration », et guiv‘oth (ici : « collines ») dans le sens de : « piliers de la terre » (I Chemouel 2, 8), [à savoir les justes de la terre, le verset parlant ainsi « des bénédictions auxquelles ont aspiré ces grands personnages »]. Il s’agit des bénédictions que sa mère [Rivqa] avait tant désirées pour lui, jusqu’à l’obliger à aller les recevoir [de son père]

Qu’elles s’accomplissent

Toutes sur la tête de Yossef

Et sur le front du nazir de ses frères

Traduction du Targoum : De celui qui a été séparé de ses frères. Le mot nazir implique une idée de séparation, comme dans : « qu’ils se séparent (weyinazerou) des choses saintes des enfants d’Israël » (Wayiqra 22, 2), ou dans : « ils s’en sont séparés (nazorou) » (Yecha’ya 1, 4)

49,27
Benjamin est un loup ravisseur: le matin il s'assouvit de carnage, le soir il partagera le butin."
Binyamin est un loup qui déchire (zeév yitraf – littéralement : « loup déchirera »)

C’est un loup qui déchirera. [Il faut donc ajouter le pronom relatif « qui » avant « déchirera »]. Il prophétise que ses descendants seront des ravisseurs : « vous ravirez chacun sa femme parmi les jeunes filles de Chilo et les emmènerez en terre de Binyamin » (Choftim 21, 21), à propos de l’épisode de la concubine de Guiv‘a (Midrach tan‘houma 10, 4). Et il prophétise que Chaoul triomphera de tous ses ennemis qui l’entoureront, ainsi qu’il est écrit : « Et Chaoul s’empara de la royauté... et il combattit tout alentour... contre Moav... et contre Edom... et de quel côté qu’il se tournât il l’emportait » (I Chemouel 14, 47)

Le matin il dévorera sa proie

Le mot ‘ad signifie « proie », « butin », et correspond à l’araméen ‘adaa. Autre exemple de l’emploi de ce mot : « alors sera partagée la prise du nombreux butin (‘ad) » (Yecha’ya 33, 23). Ya‘aqov parle ici de Chaoul, dont l’apparition dans l’histoire aura lieu [au « matin » de l’histoire d’Israël], quand il commencera de fleurir et de luire (Midrach tan‘houma)

Et le soir il partagera le butin

Même lorsque s’obscurcira le soleil d’Israël, parce que Nevoukhadnetsar l’aura exilé en Bavel

Il partagera le butin

Mordekhaï et Esther, descendants de Binyamin, se partageront le butin de Haman (Midrach tan‘houma 14), ainsi qu’il est écrit : « voici, j’ai donné à Esther la maison de Haman » (Esther 8, 7). Quant au Targoum Onqelos, il traduit ces mots en les appliquant aux kohanim qui se partageront les offrandes du sanctuaire, [lequel était situé sur le territoire de Binyamin]

49,28
Tous ceux-là sont les douze tribus d'Israël; et c'est ainsi que leur père leur parla et les bénit, dispensant à chacun sa bénédiction propre.
Et c’est là ce que leur père leur dit

Il y en a pourtant qu’il n’a pas bénis, leur adressant au contraire des reproches ! En voici l’explication : « et c’est là ce que leur père leur dit » – ce qu’il leur a dit dans le chapitre, [qu’il s’agisse de bénédictions ou de reproches]. J’aurais pu penser qu’il n’a béni ni Reouven, ni Chim‘on, ni Léwi. Aussi le texte ajoute-t-il : « il les bénit » – tous sans exception

Chaque homme selon sa bénédiction

Selon la bénédiction qui allait par la suite échoir à chacun d’eux (voir Rachi supra 40, 5)

Il les bénit

Le texte n’aurait-il pas dû dire : « chacun selon sa bénédiction il “le” bénit » ? Pourquoi est-il écrit : « Il “les” bénit » ? Etant donné qu’il a donné à Yehouda la force du lion, à Binyamin la rapacité du loup, et à Naftali la légèreté de la biche, j’aurais pu penser qu’il ne les a pas tous inclus dans l’ensemble des bénédictions. Aussi le texte ajoute-t-il : « il les bénit », [chacun individuellement, et tous collectivement, octroyant à chacun les bénédictions attribuées aux autres à titre individuel] (Midrach tan‘houma 17. Voir Rachi Chemoth 1, 19)

49,29
Et il leur donna ses ordres en disant: "Je vais être réuni à mon peuple; ensevelissez-moi auprès de mes pères dans le caveau qui fait partie du domaine d'Éfrôn le Héthéen;
Je vais être réuni à mon peuple

L’expression tient à ce que les âmes sont recueillies dans un lieu où elles sont tenues en réserve. Le verbe assof (« réunir ») peut également, en hébreu, signifier « recueillir », « faire entrer », comme dans : « personne ne les avait recueillis (measséf) dans sa maison pour y passer la nuit » (Choftim 19, 15), « tu le recueilleras (waassafto) dans ta maison » (Devarim 22, 2), « quand vous aurez rentré (beospekhèm) la récolte de la terre » (Wayiqra 23, 39), où il s’agit de la rentrer pour la protéger de la pluie, « lorsque tu récolteras (beospekha) tes efforts du champ » (Chemoth 23, 16). Et quand le verbe assof (« réunir ») est employé à propos de la mort, il a également le sens de « faire entrer »

Auprès de mes pères

Avec mes pères

49,30
dans ce caveau qui appartient au territoire de Makhpêla, en face de Mamré, dans le pays de Canaan, territoire qu’Abraham acheta d'Éfrôn le Héthéen, comme sépulture héréditaire.
49,31
Là furent enterrés Abraham et Sara son épouse; là furent enterrés Isaac et Rébecca son épouse et là j'ai enterré Léa.
49,32
L'acquisition de ce territoire et du caveau qui s'y trouve a été faite chez les Héthéens."
49,33
Jacob, ayant dicté à ses fils ses volontés dernières, ramena ses pieds dans sa couche; il expira et rejoignit ses pères.
Il ramena ses pieds

Il fit entrer ses pieds

Il expira

Le terme de « mort » n’est pas employé à son sujet, de sorte que nos maîtres ont enseigné : « Notre patriarche Ya‘aqov n’est pas mort ! » (Ta‘anith 5b)

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