Rachel, voyant qu'elle ne donnait pas d'enfants à Jacob, conçut de l'envie contre sa sœur et elle dit à Jacob." Rends moi mère, autrement j'en mourrai!"
Ra‘hel envia sa sœur
Elle a envié ses bonnes actions. Elle se disait : « Si elle n’était pas plus vertueuse que moi, elle n’aurait pas mérité d’avoir des enfants ! » (Beréchith raba 71, 6)
Donne-moi
Est-ce là ce que ton père a fait à ta mère ? N’a-t-il pas prié pour elle ?
Et s’il n’y en a pas je suis morte
D’où l’on apprend que celui qui n’a pas d’enfants est considéré comme mort (Nedarim 64b, Beréchith raba 71, 6)
30,2
Jacob se fâcha contre Rachel et dit: "Suis je à la place de Dieu, qui t'a refusé la fécondité?"
A la place
Suis-je en Son lieu
Qui t’a refusé
Tu me dis de faire comme mon père ! C’est que je ne suis pas comme mon père ! Mon père n’avait pas d’enfants. Moi, j’en ai ! C’est à toi que Dieu t’a refusé la fécondité, pas à moi
30,3
Elle dit alors: "Voici ma servante Bilha, approche toi d'elle; elle enfantera dans mes bras, et, par elle, moi aussi je serai mère."
Sur mes genoux
Traduction du Targoum : « J’aurai des enfants »
Et je bâtirai moi aussi
Pourquoi « aussi » (gam) ? Voici ce qu’elle lui a dit : « Ton grand-père Avraham a eu des enfants de Hagar, et il a ceint ses reins [c’est-à-dire a imploré Dieu] pour Sara ». Ya’aqov lui a répondu : « Ma grand-mère avait fait entrer sa rivale dans sa maison ! ». Elle lui a répliqué : « Si c’est là le seul obstacle, voici ma servante... “et je bâtirai moi « aussi » par elle”
Et je bâtirai moi aussi par elle
"comme Sara" (Beréchith raba 71, 7)
30,4
Elle lui donna Bilha, son esclave, comme épouse et Jacob s'approcha d'elle.
30,5
Bilha conçut et enfanta un fils à Jacob.
30,6
Rachel dit alors: "Le Seigneur m'a jugée et il a écouté ma voix aussi en me donnant un fils." C'est pourquoi elle le nomma Dan.
Eloqim m’a jugée
Il m’avait jugée et condamnée, puis Il a reconnu mon innocence
30,7
Bilha, l'esclave de Rachel, conçut de nouveau et enfanta un second fils à Jacob.
30,8
Et Rachel dit: "C'est une lutte de Dieu que j'ai entreprise contre ma sœur et pourtant je triomphe!" Et elle le nomma Nephtali.
Les luttes (naftoulei) de Eloqim
Le grammairien Mena‘hem ben Sarouq a expliqué dans son Ma‘hbèrèth que le mot naftoulei possède la même racine que pethil (« entièrement clos d’un couvercle ») (Bamidbar 19, 15). L’expression employée ici signifie que Ra‘hel s’est « associée » avec sa sœur pour pouvoir mériter d’avoir elle aussi des enfants. Quant à moi, je la rattache à : ‘iqéch oufethaltol (« pervers et tortueux ») (Devarim 32, 5) : « Je me suis tournée de tous les côtés, j’ai usé d’insistance et j’ai mené des assauts multiples contre Dieu, pour être l’égale de ma sœur.
Aussi l’ai-je emporté
Dieu m’a donné gain de cause. Le Targoum le traduit dans le sens de tefila (« prière ») : « J’ai adressé à Dieu des prières qu’Il a aimée
j’ai été écoutée
"j’ai été écoutée et exaucée comme ma sœur". Il existe de nombreux midrachim qui procèdent à ce jeu de mots que l’on appelle notariqon
30,9
Léa, voyant qu'elle avait discontinué d'enfanter, prit Zilpa, son esclave et la donna à Jacob comme épouse.
30,10
Zilpa, esclave de Léa, donna à Jacob un fils.
Zilpa engendra
Pour toutes les autres il est dit : « elle conçut », sauf pour Zilpa. C’est qu’elle était la plus jeune de toutes, encore une enfant, de sorte que sa grossesse n’a pas été pas apparente (Beréchith raba 71, 9). Et c’est elle que Lavan, pour tromper Ya’aqov, avait donnée à Léa comme servante, afin qu’il ne remarque pas qu’on lui faisait épouser l’aînée de ses filles. L’usage voulait, en effet, que l’on donne la servante la plus âgée à l’aînée, et la plus jeune à la cadette
30,11
Et Léa dit: "Une bande m'arrive!" Et elle le nomma Gad.
Le bonheur est venu
Comme dans la guemara : « sois heureux, mon bonheur, (gad guedi) et ne te relâche pas » (Chabath 67b), et comme dans : « vous qui dressez une table pour Gad (divinité du bonheur) » (Yecha’ya 65, 11). Et le midrach explique : il est né circoncis, comme dans : « Coupez (guedou) l’arbre » (Daniel 4, 11). Je ne sais pas pourquoi les deux mots ba et gad sont écrits en un seul mot (bagad). Autre explication : pourquoi bagad est-t-il écrit en un seul mot ? C’est comme si Léa avait voulu dire à son mari : « Tu m’as trahie (bagadeta) », lorsque tu t’es uni à ma servante, comme un homme qui trahit l’épouse de sa jeunesse
30,12
Zilpa, esclave de Léa, donna un second fils à Jacob.
30,13
Et Léa dit: "II est né pour mon bonheur! Oui, les filles m'ont nommée bienheureuse." Et elle l'appela Aser.
30,14
Or, Ruben étant allé aux champs à l'époque de la récolte du froment, y trouva des mandragores et les apporta à Léa sa mère. Rachel dit à Léa; "Donne-moi, je te prie, des mandragores de ton fils."
A l’époque de la récolte du froment
Ces mots sont écrits à l’éloge des chefs des futures tribus (Beréchith raba 72, 2). C’était l’époque de la récolte, et pourtant il ne s’est pas laissé aller à commettre un vol de froment ou d’orge. Il n’a ramassé que de ce qui n’appartenait à personne, d’une production à laquelle personne n’attachait d’importance
Des doudaïm (mandragores)
Des sigli (Sanhèdrin 99b). Des fleurs parfumées, espèce végétale que les Arabes appellent « jasmin »
30,15
Elle lui répondit: "N'est ce pas assez que tu te sois emparée de mon époux, sans prendre encore les mandragores de mon fils?" Rachel reprit: "Eh bien! Il reposera cette nuit avec toi en échange des mandragores de ton fils."
Et tu prendrais aussi les doudaïm de mon fils
C’est une exclamation. Tu ferais encore cela : « prendre aussi les doudaïm de mon fils » ! Le Targoum le traduit par un infinitif : « prendre »
Eh bien ! il couchera avec toi cette nuit
C’est à moi qu’appartenait cette nuit. Mais je te la donne en échange des doudaïm de ton fils. Et comme elle avait dédaigné la compagnie nocturne de ce juste, elle n’a pas mérité d’être enterrée dans la même tombe que lui (Beréchith raba 72, 3)
30,16
Jacob revenant des champs, le soir, Léa sortit à sa rencontre et dit: "C'est à mes côtés que tu viendras, car je t'ai retenu pour les mandragores de mon fils." Et il reposa près d'elle cette nuit là.
Car je t’ai loué
J’ai donné son dû à Ra‘hel
Cette nuit-là
Le pronom hou (dans cette nuit -» là ») s’applique à Lui. Le Saint béni soit-Il l’a aidé à engendrer Yissakhar (Nidda 31a, voir Berakhoth 99)
30,17
Le Seigneur exauça Léa: elle conçut et enfanta à Jacob un cinquième fils.
Eloqim entendit Léa
Qui désirait ardemment donner naissance à de nombreuses tribus (Beréchith raba 72, 5)
30,18
Et Léa dit "Le Seigneur m'a récompensée d'avoir donné mon esclave à mon époux." Et elle lui donna le nom d'Issachar.
30,19
Léa conçut de nouveau et donna un sixième fils à Jacob.
30,20
Et Léa dit: "Le Seigneur m'a accordée, moi, comme un don précieux; désormais mon époux fera de moi sa compagne, car je lui ai enfanté six fils." Et elle appela celui ci Zabulon.
Une bonne part
Conformément à la traduction du Targoum
Il demeurera près de moi
Dans le sens de : « une maison qui sert de demeure » (I Melakhim 8, 13). En français médiéval : « herbergerie ». Désormais le lieu de résidence principal de Ya’aqov sera auprès de moi, car j’ai donné naissance à autant de fils que toutes ses autres femmes réunies
30,21
Plus tard elle enfanta une fille et elle la nomma Dina.
Dina
Nos rabbins ont expliqué que Léa, [qui savait par intuition prophétique que Ya‘aqov aurait douze fils], prononça un jugement (din) contre elle-même : « Si c’est un garçon, ma sœur Ra‘hél ne sera même pas à égalité avec l’une des servantes ». Aussi a-t-elle prié au sujet de cet enfant, qui est devenu une fille (Berakhoth 60a)
30,22
Le Seigneur se souvint de Rachel: il l'exauça et donna la fécondité à son sein.
Eloqim se souvint de Ra‘hel
Il s’est souvenu d’elle, car elle avait transmis ses signes de reconnaissance – convenus avec Ya’aqov – à sa sœur, et parce qu’elle était redoutait d’être destinée à ‘Essaw, au cas où Ya’aqov l’aurait répudiée à cause de sa stérilité (Beréchith raba 73, 4). ‘Essaw l’impie avait d’ailleurs eu cette idée lorsqu’il avait appris qu’elle n’avait pas d’enfants. C’est ce que dit le poète dans la liturgie du premier jour de Roch haChana : « Le roux [désignation pour ‘Essaw], voyant qu’elle n’avait pas d’enfant, a désiré la prendre pour lui, et elle en était accablée.
30,23
Elle conçut et enfanta un fils; et elle dit: "Dieu a effacé ma honte."
Eloqim a ôté (assaf)
Il l’a enfermée de manière qu’on ne la voie plus, comme dans : « enlève (èssof) notre honte » (Yecha’ya 4, 1), « et ne sera pas rentré (velo yéasséf) à la maison » (Chemoth 9, 19), « voilent (asfou) leur éclat » (Yoél 4, 15), « ta lune ne se retirera (yéasséf) jamais » (Yecha’ya 60, 20), [dans le sens de : elle ne sera jamais éclipsée]
Ma honte
J’étais un sujet de honte parce que j’étais stérile, et on disait à mon sujet que j’allais être destinée à ‘Essaw, l’impie. Le midrach explique : aussi longtemps qu’une femme n’a pas de fils, elle n’a personne sur qui rejeter ses fautes (Beréchith raba 73, 5). A partir du moment où elle a un fils, c’est sur lui qu’elle les rejette : « Qui a brisé ce vase ? - Ton fils ! ». « Qui a mangé ces figues ? - Ton fils ! »
30,24
Elle énonça son nom Joseph, en disant "Dieu veuille me donner encore un second fils!"
Que Hachem m’ajoute un autre fils
Comme elle savait par intuition prophétique que Ya’aqov ne donnerait naissance qu’à douze tribus (Beréchith raba 72, 6), elle a dit : « Que ce soit Sa volonté que celui à qui il donnera encore naissance soit de moi ! ». C’est pourquoi, elle ne pria que pour un seul autre fils
30,25
Or, après que Rachel eut donné le jour à Joseph, Jacob dit à Laban: "Laisse moi partir, que je retourne chez moi, dans mon pays.
Lorsque Ra‘hel eut engendré Yossef
Lorsque le mauvais génie de ‘Essaw est venu au monde (Beréchith raba 73, 6), ainsi qu’il est écrit : « la maison de Ya‘aqov sera feu, la maison de Yossef flamme, et la maison de ‘Essaw, paille » (‘Ovadya 1, 18). Un feu qui ne produit pas de flamme est sans action à distance. Lorsque Yossef est né, Ya’aqov a été assuré que le Saint béni soit-Il lui donnerait la victoire et il a pris la décision de rentrer chez lui
30,26
Donne moi mes femmes et mes enfants, ces femmes pour lesquelles je t'ai servi et que je m'en aille: car tu sais toi même avec quel zèle je t'ai servi."
Donne-moi mes femmes
Je ne veux partir qu’avec ton autorisation
30,27
Laban lui répondit: "Ah! Si je trouvais grâce à tes yeux! J'avais bien auguré; l'Éternel m'a béni à cause de toi."
J’ai deviné
Il était devin (Targoum yonathan). J’ai su par mes moyens de divination que c’était par toi que la bénédiction était venue à moi. Lorsque tu es arrivé ici, je n’avais pas de fils, ainsi qu’il est écrit : « Et voici Ra‘hel sa fille vient avec le bétail » (supra 29, 6). Se pourrait-il qu’ayant eu des fils il ait envoyé sa fille parmi des bergers ? A présent il avait des fils, ainsi qu’il est écrit : « les paroles des fils de Lavan » (infra 31, 1)
30,28
II continua: "Dicte moi ton salaire, je le donnerai."
Fixe-moi
Traduction du Targoum : « Dis clairement ton salaire »
30,29
Il lui répondit: "Tu sais comment je t'ai servi et ce qu'est devenu ton bétail entre mes mains.
Et ce qu’était ton bétail avec moi
Tu sais la faiblesse numérique de ton bétail lorsque tu me l’as confié
30,30
Oui, de faible qu'il était avant moi, il s'est accru considérablement et l'Éternel t'a béni grâce à moi. Et maintenant, quand travaillerai-je à mon tour pour ma famille?"
Grâce à moi (leragli – littéralement : « à mon pied »)
Avec mon pied. En même temps que j’ai mis le pied chez toi, est arrivée chez toi la bénédiction, comme dans : « et tout le peuple qui t’obéit (beraglèkha – littéralement : “qui est à tes pieds”) » (Chemoth 11, 8), « le peuple qui me suit (beraglaï – littéralement : “qui est à mes pieds”) » (Choftim 8, 5)
Moi aussi pour ma maison
Pour les besoins de ma maison. En ce moment, seuls mes fils travaillent pour mes besoins, mais il me faut moi aussi travailler avec eux pour les aider (Beréchith raba 73, 8). Tel est le sens de « aussi »
30,31
II répondit: "Que te donnerai-je?" Jacob répliqua: "Tu ne me donneras rien; mais si tu m'accordes la chose que voici, je recommencerai à conduire ton menu bétail, à le surveiller.
30,32
Je passerai en revue tout ton bétail aujourd'hui pour en écarter tous les agneaux pointillés et mouchetés et tous les agneaux bruns, parmi les brebis et les chevreaux mouchetés et pointillés, parmi les chèvres: ce sera mon salaire.
Marqués de points
Tachetés de taches fines comme des points. En français médiéval : « pointurés »
Et tacheté
Dans le sens de « taches », de taches larges
Roux
Brun foncé, se rapprochant du rouge. En français : « rouge ». La michna emploie ce mot pour désigner des épis de blé rougeâtres qui tournent ensuite au blanc (Baba Batra 5, 6)
Ce sera mon salaire
Ceux qui naîtront à partir de ce moment-là, marqués de points et tachetés chez les chèvres, et roux chez les agneaux, seront à moi. Quant à ceux qui présentent actuellement ces caractéristiques, retire-les et confie-les à tes fils, afin que tu ne me dises pas à propos de ceux qui naîtront à partir de maintenant : « Ceux-là étaient déjà là ! ». Et afin que tu ne me dises pas non plus : « C’est par les mâles marqués de points et tachetés que les femelles, à partir de ce moment-là, ont donné naissance à des petits de même aspect »
30,33
Mon droit parlera pour moi au jour à venir, où tu viendras vérifier mon salaire par tes yeux tout ce qui ne sera pas pointillé ou moucheté parmi les chèvres, brun parmi les brebis, je l'aurai volé."
Ma justice répondra pour moi...
Si tu devais en venir à me soupçonner d’avoir pris quoi que ce soit de ce qui t’appartient, ma justice répondra pour moi. Elle viendra témoigner de l’honnêteté de mon salaire devant toi, parce que tu ne trouveras dans mon troupeau que des bêtes marquées de points et tachetées. Et si tu devais en trouver qui ne soit ni marquée de points ni tachetée ni rousse, tu sauras que je te l’ai volée, et que c’est par le vol qu’elle se trouve chez moi
30,34
Laban répondit: "Bien; qu'il en soit comme tu as dit."
Bien (hén)
Le mot hén dénote une acceptation de ce qui vient d’être dit
Qu’il en soit selon ta parole
Pourvu que tu le veuilles ainsi
30,35
Il mit à part, ce jour même, les boucs rayés ou mouchetés, toutes les chèvres pointillées ou mouchetées, tout ce qui était mêlé de blanc et toutes les brebis brunes et il les remit entre les mains de ses fils.
Il ôta
Lavan
Ce jour-là
Mâles
Tout ce qui avait du blanc
Toutes les bêtes qui portaient une marque blanche
Il les remit dans les mains de ses fils
Lavan
30,36
Il mit une distance de trois journées entre lui et Jacob; et Jacob conduisit paître le reste du troupeau de Laban.
Qui restait
Les mauvaises, les malades et les stériles qui n’étaient que des « restes ». Celles-là, Lavan les lui a données (Beréchith raba 73, 9)
30,37
Or, Jacob se pourvut de rameaux verts de peuplier, d'amandier et de platane; il y pratiqua des entailles blanches en mettant à découvert la blancheur des rameaux.
De rameaux verts de peuplier
D’un arbre appelé livnè, comme dans : « au pied du chêne, du peuplier (livnè) et du térébinthe » (Hoché‘a 4, 13). Cet arbre s’identifie, à mon avis, à celui appelé en français le tremble, qui est de couleur blanche (levana)
Verts
Lorsqu’ils sont encore humides de sa sève
D’amandier
Il a pris aussi une branche de louz, arbre sur lequel poussent des noisettes. En français médiéval : « coldre »
Et de châtaignier (’armon)
En français médiéval : « chastenier »
Des entailles
Il a taillé l’écorce et strié le bâton
Ecorçant le blanc
Le blanc du bâton devenait ainsi visible. Lorsqu’il le dépouillait de l’écorce, le blanc apparaissait à l’endroit ainsi incisé
30,38
Il fixa les rameaux, ainsi écorcés, dans les rigoles, dans les auges où le menu bétail venait boire en face du menu bétail et entrait en chaleur en venant ainsi boire.
Il fixa
Le Targoum traduit par : « il enfonça », en employant le mot araméen oude‘its, qui signifie une action de pénétration, d’enfoncement. Il existe de nombreux exemples similaires dans la guemara comme dans : « s’il a enfoncé (datsa) et retiré » (Chabath 50b), ou dans : « il y a enfoncé (dats) quelque chose » (‘Houlin 93b), où dats est une forme abrégée de da‘atsa
Dans les rigoles (barehatim)
Là où l’eau court (meroutsoth) dans les sillons creusés dans la terre pour y abreuver le bétail [rehat étant l’équivalent araméen de routs (« courir »)]
Où le troupeau venait boire...
Dans les rigoles où le menu bétail venait boire, il a fixé les rameaux en face des animaux
Il entrait en chaleur
Lorsque la bête voyait les rameaux, elle effectuait un mouvement de recul vers le mâle, qui s’accouplait avec elle. Il en naissait des petits de la même couleur que les rameaux. Rabi Hocha’ya a enseigné : l’eau devenait de la semence dans leurs entrailles, et elles n’avaient pas besoin de mâle, d’où les mots : « il [à savoir les femelles] entrait en chaleur... » (Beréchith raba 73, 10)
30,39
Les brebis s'échauffèrent devant les rameaux et produisirent des agneaux rayés, pointillés, mouchetés.
Devant les rameaux
A la vue des rameaux
Marquetés (‘aqoudim)
D’une couleur différente à l’endroit où on les attache (‘aqéda), c’est-à-dire aux chevilles des pattes de devant et à celles des pattes de derrière
30,40
Ces agneaux, Jacob les tenait à distance et il tournait la face du bétail de Laban, du coté des tachetés et des bruns; plus tard il les réunit en troupeau pour lui seul et ne les mêla point au bétail de Laban.
Ces agneaux
Ceux qui étaient nés marqués aux chevilles et mouchetés, il les a séparés, les a mis à part et en a fait un troupeau distinct qu’il a fait marcher devant les brebis. Les brebis qui suivaient les regardaient. C’est ce que veut dire : « il tourna la face du troupeau vers ceux qui étaient marquetés », c’est-à-dire que les brebis étaient tournées vers les bêtes marquetées. Et de toutes les brebis rousses qu’il avait trouvées dans le bétail de Lavan
Il plaça les troupeaux
comme je viens de l’expliquer
30,41
Or, chaque fois que les brebis se livraient avec ardeur à l'accouplement, Jacob exposait les rameaux à leurs regards, dans les rigoles, pour qu'elles conçussent devant ces rameaux,
Les plus vigoureuses (hameqoucharoth)
Traduction du Targoum : les premières à mettre bas. Il n’existe pas d’autre exemple d’emploi de ce mot dans le texte qui permette de prouver que c’est bien là le sens. Le grammairien Mena‘hem le rattache à la notion de « lien », comme dans : « A’hitophel était parmi les conjurés (baqochrim) » (II Chemouel 15, 31), « la conspiration (haqèchèr) devint puissante » (II Chemouel 15, 12). Elles s’accouplaient (mithqacheroth) pour hâter leur gestation
30,42
mais quand elles s'y livraient languissamment, il ne le faisait point: de sorte que les agneaux débiles furent pour Laban, les vigoureux pour Jacob.
Et quand elles étaient chétives (ouveha‘atif)
Le mot a le sens de « tarder », comme le traduit le Targoum. Et le grammairien Mena‘hem le compare au verset : « les vêtements de fête, les manteaux (ma‘atafoth) » (Yecha’ya 3, 22), dans le sens de « s’envelopper dans un manteau », c’est-à-dire qu’elles s’enveloppaient dans leur peau et leur laine et ne désiraient pas s’accoupler avec les mâles
30,43
Cet homme s'enrichit prodigieusement; il acquit du menu bétail en quantité, des esclaves mâles et femelles, des chameaux et des ânes.
Elle a envié ses bonnes actions. Elle se disait : « Si elle n’était pas plus vertueuse que moi, elle n’aurait pas mérité d’avoir des enfants ! » (Beréchith raba 71, 6)