L’Éternel dit à Moïse: "Rends-toi chez Pharaon et dis-lui: ‘Ainsi a parlé l'Éternel, Dieu des Hébreux: Renvoie mon peuple pour qu'il m'adore.
9,2
Que si tu te refuses à le renvoyer, si tu persistes à le retenir,
Et que tu les retiennes
Que tu les saisisses, comme dans : « et l’a saisi (wehè‘hèziqa) par ses organes génitaux » (Devarim 25, 11)
9,3
voici: la main de l'Éternel se manifestera sur ton bétail qui est aux champs, chevaux, ânes, chameaux, gros et menu bétail, par une mortalité très grave.
Voici
La forme hoya est au présent [de la racine hayo (« être »)]. Cette racine, en effet, donne au passé féminin : hayetha, au futur : tihyè, et au présent : hoya, comme pour ‘ossa (« elle fait »), rotsa (« elle veut »), ro‘a (« elle fait paître »)
9,4
Mais l'Éternel distinguera entre le bétail d'Israël et le bétail de Misraïm et rien ne périra de ce qui est aux enfants d'Israël.’ "
Il distinguera
Il opérera une séparation
9,5
L'Éternel fixa le jour en disant: "C'est demain que l'Éternel exécutera cette chose dans le pays."
9,6
Et l'Éternel exécuta la chose le lendemain; et tout le bétail des Égyptiens périt et du bétail des Israélites il ne périt pas une bête.
9,7
Pharaon fit vérifier et de fait, pas un animal n'était mort du bétail des Israélites. Cependant le cœur de Pharaon s'obstina et il ne renvoya point le peuple.
9,8
L'Éternel dit à Moïse et à Aaron: "Prenez chacun une poignée de suie de fournaise; et que Moïse la lance vers le ciel, à la vue de Pharaon.
Un plein de vos poignées
En français médiéval : « joinchée », [c’est-à-dire : autant que l’on peut en remplir les deux poings joints]
Cendre de fournaise
Ce qui s’envole [quand on souffle (nafoua‘h)] sur des charbons qui se sont éteints après avoir été brûlés dans une fournaise. En français médiéval : « pulvis ». Le mot pia‘h (« cendre ») se rattache à une racine qui veut dire : « souffler », et elle est ainsi appelée parce que le vent, en soufflant, la fait s’envoler
Mochè le lancera
Pour lancer quelque chose avec force, il faut le faire d’une seule main. Il s’est produit ici plusieurs miracles, l’un d’eux ayant consisté en ce que Mochè a pu tenir dans sa main fermée le plein contenu de ses deux mains et de celles de Aharon, et un autre en ce que la poussière s’est répandue sur le pays d’Egypte tout entier
9,9
Elle s'étendra en poussière sur tout le pays d'Égypte et elle s'attachera aux hommes et aux animaux, éclatant en éruption pustuleuse par tout le pays d'Égypte."
Un ulcère (che‘hin) éruptif
Comme le rend le Targoum Onqelos : « une inflammation produisant des pustules », par laquelle se développent des pustules. Le mot che‘hin exprime l’idée de chaleur intense, et on le trouve souvent dans la michna, comme dans : « une année chaude (che‘houna) » (Yoma 53b)
9,10
Ils prirent la suie de fournaise, se présentèrent devant Pharaon et Moïse la lança vers le ciel; et elle devint une éruption pustuleuse, qui se développa sur les hommes et sur les animaux.
Dans l’homme et dans l’animal
Sans doute te demanderas-tu d’où ils tenaient des animaux, puisqu’on vient de nous dire : « mourut tout le bétail d’Egypte » (verset 6). En fait, l’ordre n’a été promulgué que sur ceux qui étaient dans les champs, ainsi qu’il est écrit : « voici, la main de Hachem sera contre ton bétail qui est “dans le champ ” » (verset 3). Et ceux qui craignaient la parole de Hachem, [parmi les serviteurs de Pharaon,] dissimulèrent leur bétail dans les maisons (verset 20). C’est ce que nous enseigne la mekhilta à propos du verset : « il prit six cents chars d’élite et tous les chars d’Egypte… » (infra 14, 7)
9,11
Les devins ne purent lutter contre Moïse, à cause de l'éruption car elle les avait frappés eux-mêmes avec toute l'Égypte.
9,12
Mais le Seigneur endurcit le cœur de Pharaon et il ne céda point, ainsi que le Seigneur l'avait dit à Moïse.
9,13
L'Éternel dit à Moïse: "Demain, de bonne heure, présente-toi, devant Pharaon et dis-lui: ‘Ainsi parle l'Éternel, Dieu des Hébreux: Renvoie mon peuple pour qu'il m'adore!
9,14
Car, pour le coup, je déchaînerai tous mes fléaux contre toi-même, contre tes serviteurs, contre ton peuple, afin que tu saches que nul ne m'égale sur toute la terre.
Toutes mes plaies
Nous apprenons de là que la plaie qui a frappé les premiers-nés équivaut à toutes les autres plaies
9,15
Si à présent j'eusse étendu ma main et fait sévir, sur toi et sur ton peuple, la mortalité, tu aurais disparu de la terre!
Car maintenant j’ai envoyé ma main…
Si je l’avais voulu, quand ma main s’était abattue sur ton bétail quand je l’ai frappé de la peste, j’aurais envoyé ma main et t’aurais frappé ainsi que ton peuple en même temps que le bétail
Tu disparaîtras de la terre
« Et pourtant à cause de ceci je t’ai maintenu… » (verset suivant)
9,16
Mais voici pourquoi je t'ai laissé vivre pour te faire voir ma puissance et pour glorifier mon nom dans le monde.
9,17
Tu persistes à t'élever contre mon peuple, en ne le laissant point partir:
Tu t’élèves (mistolél) encore contre mon peuple
Comme le rend le Targoum Onqelos : « tu le foules aux pieds ». Le mot mistolèl se rattache à la même racine que messila (« chaussée ») (Bamidbar 20, 19), que le Targoum Onqelos rend par : « un chemin où l’on marche ». En français médiéval : « calcar ». J’ai déjà expliqué à la fin de la sidra Miqéts (voir Rachi Beréchith 44, 16) que les verbes dont la première lettre du radical est un samèkh [ou un chin] se conjuguent au hithpa’él avec un taw intercalé entre les deux premières lettres, comme ici et comme dans : « la sauterelle devient pesante (weyistabél) » (Qohèleth 12, 5), du radical sabol ; « sans prétendre encore t’ériger en maître (thistarér) sur nous » (Bamidbar 16, 13), de la même racine que wenaguid wessar (II Divrei Hayamim 32, 21) ; « je considérais (mistakal) », du radical sakhor (Daniel 7, 8)
9,18
Eh bien! moi, je ferai pleuvoir demain, à pareille heure, une grêle très intense, telle qu'il n'y en aura pas eu de semblable dans l'Égypte depuis son origine jusqu'à ce jour.
A ce moment
A cette “heure-ci”, demain. Il lui a tracé une rayure sur le mur [et lui a dit] : « Demain, quand le soleil atteindra cette rayure, la grêle se mettra à tomber ! » (Midrach tan‘houma)
De sa fondation (hiwasda)
Ce verbe est à la forme passive. Lorsque la première lettre du radical d’un verbe est un yod, comme yassod (« fonder »), yalod (« venir au monde »), yado’ (« connaître »), yassor (« corriger »), ce yod est remplacé au hithpa’él par un waw, comme dans : hiwasda, « le jour où elle est née (hiwalda) » (Hoché‘a 2, 5), « la chose a été connue (wayiwada’) » (Esther 2, 22), « il naquit (wayiwalad) à Yossef » (Beréchith 46, 20), « un serviteur n’est pas corrigé (yiwassèr) par des paroles » (Michlei 29, 19)
9,19
Donc, fais rassembler ton bétail et tout ce que tu as dans les champs. Tout homme ou animal qui se trouvera dans les champs et ne sera pas rentré dans les maisons, sera atteint de la grêle et périra.’ "
Mets à l’abri (ha‘éz)
C’est ainsi que le rend le Targoum Onqelos : « envoie, fais rentrer », comme dans : « les habitants de Guévim se sont mis à l’abri (hé‘izou) (Yecha’ya 10, 31) ; « mettez-vous à l’abri (ha‘izou), fils de Binyamin » (Yirmeya 6, 1)
Et qui ne sera pas recueilli à la maison
Dans le sens de rassemblement
9,20
Ceux des serviteurs de Pharaon qui révéraient la parole du Seigneur mirent à couvert leurs gens et leur bétail dans leurs maisons
Fit fuir (hénis)
A fait fuir, comme dans : « Mochè s’enfuit (wayanas) de devant lui » (supra 4, 3)
9,21
mais ceux qui ne tinrent pas compte de la parole du Seigneur laissèrent leurs gens et leur bétail aux champs.
9,22
L'Éternel dit à Moïse: "Dirige ta main vers le ciel et que la grêle éclate dans tout le pays d'Égypte, sur les hommes, sur les bestiaux, sur toute l'herbe des champs dans le pays d'Égypte."
Sur le ciel
En direction des cieux. Un midrach enseigne que le Saint béni soit-Il a élevé Mochè au-dessus du ciel
9,23
Moïse dirigea sa verge vers le ciel et le Seigneur produisit des tonnerres et de la grêle, des feux s'élancèrent sur le sol et le Seigneur fit pleuvoir la grêle sur le pays d'Égypte.
9,24
C'était une grêle et un feu tourbillonnant au milieu de la grêle; c'était effroyable, rien de pareil n'était arrivé dans tout le pays des Égyptiens depuis qu'ils formaient une nation.
Entremêlé au milieu de la grêle
Il s’est produit un miracle au sein d’un miracle, en ce que le feu et la grêle se sont mélangés. Or, la grêle c’est de l’eau. Mais pour accomplir la volonté de leur créateur, ils ont fait la paix entre eux (Chemoth raba)
9,25
La grêle frappa, dans tout le pays d'Égypte, tout ce qui était dans les champs, depuis l'homme jusqu'à la bête; toute herbe des champs fut abattue par la grêle et tout arbre des champs brisé.
9,26
La seule province de Gessen, où habitaient les enfants d'Israël, fut exempte de la grêle.
9,27
Pharaon fit appeler Moïse et Aaron et leur dit: "J'ai péché, je le vois à cette heure: l'Éternel est juste et c'est moi et mon peuple qui sommes coupables.
9,28
Implorez l'Éternel pour qu'il mette un terme à ces tonnerres célestes et à cette grêle; alors je vous laisserai partir et vous n'éprouverez plus de retards."
Et assez
Que lui suffise ce qu’Il a déjà fait tomber
9,29
Moïse lui répondit: "Au Moment où je quitterai la ville, j'étendrai mes mains vers l'Éternel, les tonnerres cesseront et la grêle ne se produira plus, afin que tu saches que la terre est à l'Éternel.
Quand je sortirai de (eth) la ville
La préposition eth équivaut à la préposition min (« venant de »). [Tant que Mochè était encore] dans la ville, il n’a pas prié, car elle était pleine d’idoles (Mekhilta)
9,30
Mais toi et tes serviteurs, je sais que vous ne rendrez pas encore hommage au Dieu éternel."
Vous ne craindrez pas encore (tèrèm)
L’adverbe tèrèm signifie : « pas encore ». Il en est ainsi toutes les fois qu’il figure dans le texte, où il ne signifie jamais : « avant que ». Il en est ainsi dans : « ils n’étaient pas encore (tèrèm) couchés » (Beréchith 19, 4), et dans : « et aucune herbe des champs ne poussait encore (tèrèm) » (Beréchith 2, 5). Et c’est ainsi que le rend le Targoum Onqelos. De même ici : « Je sais que vous vous ne craignez pas encore ; dès que se produira une accalmie, vous persisterez dans votre dépravation.
9,31
Or, le lin et l'orge avaient été abattus, parce que l'orge était en épi et le lin en fleur;
Et le lin et l’orge furent frappés (noukatha)
Brisés, comme dans : « Pharaon nekho [c’est-à-dire : Pharaon “à la jambe brisée” », comme dans II Chemouel 9, 3] » (II Melakhim 23, 29) ; « ils sont sûrement brisés (nekhaïm) » (Yecha’ya 16, 7). De même : « n’avaient pas été frappés (noukou) » (verset suivant). Il ne serait pas correct d’expliquer ce mot comme s’il était écrit houkatha (« être frappé »), car un noun ne peut pas remplacer un hé. Si cela avait été le cas, on aurait pu expliquer noukatha comme s’il y avait : houkatha, et noukou comme s’il y avait : houkou. Mais le noun appartient ici à la racine du mot, et la forme noukou est la même [au pou‘al] que choupou dans : « et ses os seront mis à nu (wechoupou) » (Iyov 33, 21)
Car l’orge était mûre
Elle était déjà venue à maturité et se dressait sur ses épis. Ceux-ci ont été brisés et sont tombés. De même le lin avait déjà grandi et était devenu assez ferme pour se tenir sur ses tiges
L’orge était mûre (aviv)
Le mot aviv marque l’état de maturité, comme dans : « dans les plantes mûres (beïbei) de la vallée » (Chir hachirim 6, 11)
9,32
mais le froment et l'épeautre n'avaient point souffert, parce qu'ils sont tardifs.
Car ils sont tardifs (afiloth)
En retard dans leur mûrissement. – Ils étaient encore souples et pouvaient résister au choc d’un corps dur. Il est vrai que le texte indique que « la grêle frappa toute herbe du champ » (verset 25). Il faut cependant s’en tenir au sens littéral et rapporter ce verset aux plantes qui, se tenant sur leurs tiges, étaient exposées aux coups portés par la grêle. Certains de nos maîtres, dans le Midrach de rabi Tan‘houma, sont d’un avis différent : Ils rattachent le mot afiloth (« tardifs ») à pelaoth (« miracles »), en ce que, par un miracle extraordinaire, ces plantes-là n’ont pas été frappées
9,33
Moïse, étant sorti de chez Pharaon, hors de la ville, étendit les mains vers le Seigneur; et tonnerres et grêle disparurent et la pluie ne s'épancha point sur la terre.
Ne se déversa pas (nitakh)
N’est pas arrivée. Et même les pluies qui étaient déjà en l’air [au moment où Mochè s’est mis à prier] n’ont pas atterri. On trouve le même mot dans : « la malédiction et l’imprécation ont coulé (watitakh) sur nous » (Daniel 9, 11), c’est-à-dire : « sont arrivées sur nous ». Le grammairien Mena‘hem ben Sarouq classe ce mot sous la même rubrique que : « comme l’argent est fondu (kehitoukh) dans le creuset » (Ye‘hezqel 22, 22), dans le sens de « faire couler un métal ». Et je suis de son avis, car le Targoum Onqelos le rend par : « il fondit (wayitsoq) » (infra 38, 5) par weatikh, et : « pour fondre (latsèqèth) » (infra 38, 27) par leatakha. De même l’expression de notre verset : « ne s’épancha point » signifie : « n’a pas coulé à terre »
9,34
Pharaon, se voyant délivré de la pluie, de la grêle et des tonnerres, recommença à pécher et endurcit son cœur, lui et ses serviteurs.
9,35
Et Pharaon persista à ne pas renvoyer les enfants d'Israël, comme l’Éternel l'avait annoncé par l'organe de Moïse.
Que tu les saisisses, comme dans : « et l’a saisi (wehè‘hèziqa) par ses organes génitaux » (Devarim 25, 11)