"Consacre-moi tout premier-né, toutes prémices des entrailles parmi les enfants d'Israël, soit homme, soit animal: c'est mon bien."
Ouverture (pètèr) de toute matrice
Celui qui ouvre la matrice en premier, comme dans : « c’est comme quand on donne libre cours (potèr) aux eaux » (Michlei 17, 14), ou dans : « ils donnent libre cours (yaftirou) à leur langue (Tehilim 22, 8)
A moi
Je me les suis acquis, en frappant les premiers-nés en Egypte
13,3
Et Moïse dit au peuple: "Qu'on se souvienne de ce jour où vous êtes sortis de l'Égypte, de la maison de servitude, alors que, par la puissance de son bras, l'Éternel vous a fait sortir d'ici et que l'on ne mange point de pain levé.
Souviens-toi de ce jour-là
Ceci nous apprend que l’on doit chaque jour rappeler la sortie d’Egypte (Mekhilta)
13,4
C'est aujourd'hui que vous partez, dans le mois de la germination.
Dans le mois du aviv
Ne savions-nous pas en quel mois ils sont sortis ? Le sens de cette précision est le suivant : Voyez la faveur que Hachem vous a faite en vous libérant en cette saison, celle la plus propice, puisqu’il n’y a ni soleil, ni froid ni pluie. C’est ce que veut dire le verset : « Il fait sortir les captifs au moment propice (bakocharoth) » (Tehilim 68, 7), à savoir pendant le mois le plus propice (cachér) (Mekhilta)
13,5
Donc, lorsque l'Éternel t'aura fait entrer dans le pays du Cananéen, du Héthéen, de l'Amorréen, du Hévéen et du Jébuséen, pays qu'il a juré à tes pères de te donner, pays ruisselant de lait et de miel, tu célébreras cette cérémonie dans ce même mois,
Vers le pays du Kena‘ani
Bien que le texte n’énumère ici que cinq peuples, ce sont tous les sept qui sont concernés. Ils entraient tous sous la dénomination générale de Kena‘ani, y compris l’un d’eux qui ne portait pas d’autre nom que Kena‘ani (Midrach tan‘houma)
Qu’Il a juré à tes pères
Il est écrit pour Avraham : « Ce jour-là, Hachem conclut avec Avram une alliance » (Beréchith 15, 18). Pour Yits‘haq : « Séjourne dans ce pays-ci » (Beréchith 26, 3). Pour Ya‘aqov : « La terre sur laquelle tu es couché » (Beréchith 28, 13)
Ruisselant de lait et de miel
Le lait ruisselle des chèvres, et le miel des dattes et des figues (Meguila 6a)
Tu serviras ce service-là
Celui de Pessa‘h (Mekhilta). Il vient pourtant d’être écrit : « Ce sera, quand vous viendrez vers le pays… vous garderez ce service-là » (supra 12, 25). Pourquoi cette répétition ? Pour un enseignement nouveau. Il a été écrit plus haut : « Ce sera, quand vos fils vous diront : Qu’est-ce que ce service-là pour vous ? » (supra 12, 26). Il s’agit là du fils mauvais, de celui qui s’exclut de la communauté. Tandis qu’il t’est spécifié ici : « Tu raconteras en ce jour-là à ton fils » (verset 8), à celui qui ne sait pas poser de questions. Le texte t’enseigne que tu es tenu de prendre l’initiative de lui livrer les récits de la aggada qui attirent le cœur (Pessa‘him 96a)
13,6
Sept jours durant, tu te nourriras d'azymes; le septième jour, fête en l'honneur de l'Éternel.
13,7
On se nourrira de pains azymes durant ces sept jours; et l'on ne doit voir chez toi ni pain levé, ni levain, dans toutes tes possessions.
13,8
Tu donneras alors cette explication à ton fils: ‘C'est dans cette vue que l'Éternel a agi en ma faveur, quand je sortis de l'Égypte.’
C’est pour cela
Afin que je puisse accomplir Ses mitswoth comme celles du sacrifice pascal, de la matsa et des herbes amères que voici
Hachem a agi pour moi
Allusion à la réponse à donner au fils méchant : « Hachem me l’a fait à moi, pas à toi ! Si tu avais été là-bas, tu n’aurais pas mérité d’être sauvé » (Mekhilta)
13,9
Et tu porteras comme symbole sur ton bras et comme mémorial entre tes yeux afin que la doctrine du Seigneur reste dans ta bouche, que d'un bras puissant, l'Éternel t'a fait sortir de l'Égypte.
Ce sera pour toi comme un signe
La sortie d’Egypte sera pour toi comme un signe sur ta main et comme mémorial entre tes yeux. Tu écriras ces chapitres et les attacheras à la tête et au bras
Sur ta main
La gauche. C’est pourquoi le mot yadekha (« ta main ») est écrit plus loin (verset 16) avec la lettre hé en finale, pour t’apprendre que c’est la main la plus faible (Mekhilta, Mena‘hoth 37a)
13,10
Tu observeras cette institution en son temps, à chaque anniversaire,
De jours en jours
D’année en année (Mena‘hoth 36b)
13,11
"Lorsque l'Éternel t'aura introduit dans le pays du Cananéen, selon ce qu'il a juré à toi et à tes pères et qu'il te l'aura livré,
Ce sera
Certains de nos maîtres ont enseigné à partir d’ici que l’on n’a pas consacré les premiers-nés venus au monde dans le désert. Et quant à celui qui enseigne qu’on les a effectivement consacrés, il explique le mot : « t’amènera » comme suit : Si vous accomplissez cette mitswa dans le désert, vous mériterez de pouvoir entrer dans le pays et vous l’accomplirez là-bas (Mekhilta)
Selon ce qu’Il a juré à toi
Et où t’a-t-Il juré ? Dans le verset : « Je vous amènerai vers le pays au sujet duquel j’ai levé ma main » (supra 6, 8)
Et qu’Il te le donnera
Qu’il soit à tes yeux comme s’Il te le donnait aujourd’hui même, et non comme s’il t’était échu par voie d’héritage de tes pères (Mekhilta)
13,12
tu céderas à l'Éternel toutes prémices des entrailles: tout premier-né des animaux qui t'appartiendront, s'il est mâle, sera à l'Éternel.
Tu feras passer
Le mot weha‘avarta (« tu feras passer ») exprime l’idée de « mise à part », comme dans : « vous ferez passer son héritage à sa fille » (Bamidbar 27, 8)
De la portée d’un animal
Il s’agit de l’animal né prématurément, que sa mère a « renvoyé » (chèguèr) et expulsé avant terme. Le texte t’enseigne ici qu’il est consacré de par son statut d’aîné et qu’il en exempte celui qui naîtra après lui. Il arrive, il est vrai, que le mot chèguèr puisse désigner un animal non prématuré, comme dans : « la portée (chegar) de tes bœufs » (Devarim 7, 13), mais tel n’est pas le cas ici puisque le texte vient de parler de « toute ouverture de matrice ». Et si tu devais soutenir que le mot vient inclure les premiers-nés des animaux impurs, on t’objectera que le texte spécifie plus loin : « Tout premier-né mâle qui naîtra parmi ton gros bétail ou ton menu bétail » (Devarim 15, 19). On peut également interpréter les mots : « tu feras passer à Hachem toute ouverture de matrice » comme visant le premier-né de l’homme
13,13
Le premier-né d'un âne, tu le rachèteras par un agneau, sinon tu lui briseras la nuque et le premier-né de l'homme, si c'est un de tes fils, tu le rachèteras.
Et toute ouverture d’un âne
Et non celle de tout autre animal impur. Il s’agit ici d’une décision spéciale de la Tora, les premiers-nés des Egyptiens étant comparés à des ânes. Et aussi parce que les ânes ont aidé les enfants d’Israël lors de la sortie d’Egypte, comme ayant servi en grand nombre à transporter l’or et l’argent des Egyptiens
Tu la rachèteras avec un agneau
On donne un agneau au kohen, ce qui permet d’utiliser l’âne. Quant à l’agneau, il appartient au kohen en tant qu’offrande non consacrée
Tu lui briseras la nuque
On lui brise la nuque en le frappant par-derrière pour le tuer. Du moment que le propriétaire a fait subir un préjudice au kohen, il devra lui-même subir un préjudice (Mekhilta)
Et tout premier-né de l’homme parmi tes fils
La valeur du rachat est fixée ailleurs (Bamidbar 18, 16) à cinq chèqels d’argent
13,14
Et lorsque ton fils, un jour, te questionnera en disant: "Qu'est-ce que cela?" tu lui répondras: "D'une main toute puissante, l'Éternel nous a fait sortir d'Égypte, d'une maison d'esclavage.
Lorsque ton fils t’interrogera demain
Il existe un « demain » qui est immédiat, et un « demain » qui est lointain, comme celui-ci et comme cet autre : « afin que vos fils ne disent pas “demain” à nos fils » (Yehochou‘a 22, 27), à propos des descendants de Gad et de Reouven (Mekhilta)
Qu’est-ce que cela
C’est l’enfant simple qui est incapable de poser une question élaborée et qui reste dans le vague : « Qu’est-ce que cela ? ». Un autre enfant demandera ailleurs : « Que sont les témoignages, et les statuts et les ordonnances ? » (Devarim 6, 20). C’est la question de l’enfant intelligent. La Tora emploie le langage de chacune des quatre catégories d’enfants : le simple, le méchant, celui qui ne sait pas poser de questions et celui qui interroge intelligemment
13,15
En effet, comme Pharaon faisait difficulté de nous laisser partir, l'Éternel fit mourir tous les premiers-nés du pays d'Égypte, depuis le premier-né de l'homme jusqu'à celui de l'animal. C'est pourquoi j'immole au Seigneur tout premier-né mâle et tout premier-né de mes fils je dois le racheter.
13,16
Et il sera écrit comme symbole sur ton bras et comme fronteau entre tes yeux, que d'une main puissante l'Éternel nous a fait sortir de l'Égypte."
Et pour fronteaux entre tes yeux
Ce sont les tefilin. On les appelle totafoth (« fronteaux ») parce qu’elles comportent quatre cases. En effet, le mot tat veut dire : « deux » en langue katpi et le mot foth veut dire : « deux » en langue afriki (Sanhèdrin 4b). Le grammairien Mena‘hem classe ce mot dans la même catégorie que : « parle (wehatéf) au midi » (Ye‘hezqel 21, 2) et que : « ne parlez (tatifou) pas » (Mikha 2, 6). Il s’agit d’une incitation à parler, tout comme le « mémorial » (verset 9) est une incitation à se souvenir : En voyant les tefilin fixées entre les yeux, on « se souviendra » du miracle et on en « parlera »
13,17
Or, lorsque Pharaon eut laissé partir le peuple, Dieu ne les dirigea point par le pays des Philistins, lequel est rapproché parce que Dieu disait: "Le peuple pourrait se raviser à la vue de la guerre et retourner en Égypte."
Ce fut
Il ne les mena pas, comme dans : « Et maintenant va, conduis le peuple » (infra 32, 34), ou dans : « Quand tu marcheras, elle te conduira » (Michlei 6, 22)
Qui est proche
Et il était facile de retourner en Egypte par le même chemin. Il existe à ce sujet beaucoup de midrachim
Lorsqu’ils verront la guerre
Comme celle dont il est question dans : « Le ‘Amaléqi et le Kena‘ani… descendirent, les battirent… » (Bamidbar 14, 45). S’ils avaient emprunté la route directe, ils auraient rebroussé chemin. Déjà, en utilisant un chemin détourné, ils ont dit : « Donnons-nous un chef et retournons en Egypte ! » (Bamidbar 14, 4). Qu’aurait-ce été s’ils avaient pris la route directe ! (Mekhilta)
De peur que le peuple ne se ravise
Et, se mettant à réfléchir sur son départ, ne décide de retourner en Egypte
13,18
Dieu fit donc dévier le peuple du côté du désert, vers la mer des Joncs et les enfants d'Israël partirent en bon ordre du pays d'Égypte.
Il fit faire un détour
Il leur fit faire un détour par rapport à la route directe en leur faisant prendre une voie détournée
Mer des Joncs
Comme : « vers » la mer des Joncs. Le mot souf désigne un marais où poussent des roseaux, comme dans : « elle [le] plaça dans les roseaux » (supra 2, 3), ou dans : « roseaux et joncs sont flétris » (Yecha’ya 19, 6)
Et équipés (‘hamouchim)
Le mot ‘hamouchim signifie : « armés » (Mekhilta). Etant donné que Hachem leur a fait traverser un désert, Il les a fait voyager en armes. S’ils étaient passés par une région habitée, Il ne les aurait pas ainsi équipés, mais Il leur aurait fourni ce qu’il faut à des voyageurs qui se déplacent d’une endroit à un autre et qui achètent ce dont ils ont besoin. Mais pour traverser un désert, on a besoin de s’équiper. Ce verset a été inséré pour nous permettre de comprendre la suite des événements, la guerre de ‘Amaleq et celles de Si‘hon, de ‘Og et de Midyan : Comment ont-ils pu, s’ils ne portaient pas d’armes, les battre « à la pointe de l’épée » (infra 17, 13) ? On trouve le même mot dans : « Et vous, vous passerez armés » (Yehochou‘a 1, 14). Le Targoum Onqelos emploie le même mot que dans le verset : « Il arma ses élèves » (Beréchith 14, 14). Autre explication du mot ‘hamouchim : Ils sont sortis d’Egypte à raison de un sur cinq (‘hamicha), les quatre cinquièmes étant morts pendant les trois jours de ténèbres (Mekhilta)
13,19
Moïse emporta en même temps les ossements de Joseph car celui-ci avait formellement adjuré les enfants d'Israël, en disant: "Dieu ne manquera pas de vous visiter et alors vous emporterez mes os de ce pays."
Car adjurer
Il leur avait fait jurer de faire jurer à leur tour à leurs enfants. Et pourquoi n’a-t-il pas fait jurer à ses enfants de le porter dès sa mort en terre de Kena‘an comme l’avait fait Ya‘aqov (Beréchith 47, 30) ? Il s’est dit : « En tant que maître de l’Egypte, j’aurais le pouvoir de le faire. Mais les Egyptiens ne laisseront pas faire mes enfants. » Il leur a donc fait jurer de l’emporter lorsqu’ils seraient sauvés et qu’ils sortiraient (Sota 13a)
Vous ferez monter mes ossements d’ici avec vous
Etant donné que c’est à ses frères qu’il a fait prêter serment, nous déduisons du mot itkhem (« avec vous ») qu’ils ont également emporté les ossements de tous les chefs de tribus (Mekhilta)
13,20
Ils décampèrent de Soukkoth et vinrent camper à Ètham, à l'extrémité du désert.
Ils partirent de Soukoth
Le deuxième jour, le premier jour ayant été consacré à l’étape allant de Ra‘amsés à Soukoth (supra 12, 37)
13,21
L'Éternel les guidait, le jour, par une colonne de nuée qui leur indiquait le chemin, la nuit, par une colonne de feu destinée à les éclairer, afin qu'ils pussent marcher jour et nuit.
Pour les conduire (lan‘hotham) par le chemin
Le lamèd du mot lan‘hotham est ponctué d’un pata‘h par contraction de lehan‘hotham, de la même manière que le lamèd du mot larothekhem dans : « pour “vous faire voir” dans le chemin dans lequel vous marcherez » (Devarim 1, 33) afin d’exprimer le mode factitif. Ici aussi, c’était « pour les faire conduire » par l’entremise d’un messager. Et qui était ce messager ? La colonne de nuée, que le Saint béni soit-Il dans Sa propre gloire faisait progresser devant eux. Il a donc établi une colonne de nuée pour les conduire grâce à elle, et c’est en la suivant qu’ils faisaient route. Cette colonne ne servait pas à les éclairer mais à les guider
13,22
La colonne de nuée, le jour et la colonne de feu, la nuit, ne cessaient de précéder le peuple.
Ne bougera pas
Le Saint béni soit-Il ne faisait pas cesser la colonne de nuée le jour ni la colonne de feu la nuit. Ceci nous apprend que la colonne de nuée se substituait immédiatement à la colonne de feu, et la colonne de feu à celle de nuée (Chabath 23b). Dès que disparaissait l’une apparaissait l’autre
Celui qui ouvre la matrice en premier, comme dans : « c’est comme quand on donne libre cours (potèr) aux eaux » (Michlei 17, 14), ou dans : « ils donnent libre cours (yaftirou) à leur langue (Tehilim 22, 8)