L'Éternel parla à Moïse et à Aaron, dans le pays d'Égypte, en ces termes:
Hachem dit à Mochè et à Aharon
Etant donné que Aharon avait travaillé durement, tout comme Mochè, à l’accomplissement des miracles, Hachem lui rend ici hommage, au moment de proclamer la première de toutes les mitswoth, en l’associant à Mochè au moment où Il va l’annoncer
Dans le pays d’Egypte
Etait-ce hors de la ville, ou bien à l’intérieur de la ville ? Le texte a indiqué plus haut : « Mochè lui dit : Quand je sortirai de la ville, j’étendrai mes paumes… » (supra 9, 29). Si, pour une prière, laquelle est de moindre importance [qu’une communication faite par Hachem], il n’a pas récité sa prière à l’intérieur de la ville, il ne peut qu’en être de même, a fortiori, pour un message d’une telle portée. Et pourquoi Hachem ne s’est-Il pas adressé à eux à l’intérieur de la ville ? Parce qu’elle était pleine d’idoles (Mekhilta)
12,2
"Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois; il sera pour vous le premier des mois de l'année.
Ce mois-ci
Il lui a montré la lune en train de se renouveler, et lui a dit : « Lorsque la lune se renouvellera, ce sera pour vous le commencement des mois. » (Mekhilta ; Chemoth raba). Mais un texte ne doit pas dévier de son sens littéral, et c’est du mois de nissan qu’Il lui a parlé : ce mois-ci sera le premier dans l’ordre de leur dénombrement, le mois de iyar étant appelé le deuxième, celui de siwan le troisième, etc
Ce mois-ci
Mochè était dans l’embarras quant à la manière de déterminer le moment exact du renouvellement de la lune (molad) : de combien devrait-elle être visible pour pouvoir être consacrée ? Hachem la lui a montrée « du doigt » dans le ciel et lui a dit : « Tu devras la voir comme “ceci” ! » Et comment la lui a-t-Il montrée, alors qu’Il ne s’entretenait avec lui que de jour ? Il est en effet écrit : « Ce fut, “le jour” où parla Hachem à Mochè dans le pays d’Egypte » (supra 6, 28), « “le jour” où Il a ordonné » (Wayiqra 7, 38), « depuis “le jour” où Hachem a ordonné et au-delà à vos générations » (Bamidbar 15, 23). En fait, Il lui a transmis ce paragraphe peu de temps avant le coucher du soleil et Il lui a montré la lune après la tombée de la nuit (Mekhilta)
12,3
Parlez à toute la communauté d'Israël en ces termes: Au dixième jour de ce mois, que chacun se procure un agneau pour sa famille paternelle, un agneau par maison.
Parlez à toute la communauté
Etait-ce à Aharon de parler ? Il est pourtant écrit : « Toi [Mochè] tu déclareras tout ce que je t’ordonnerai… » (supra 7, 2). En fait, Aharon et Mochè se témoignaient du respect l’un à l’autre, chacun recherchant l’enseignement de son frère. La parole s’émanait ainsi de tous les deux, comme s’ils s’exprimaient ensemble (Mekhilta)
Parlez à toute la communauté d’Israël en disant : Au dix de ce mois-ci
Parlez aujourd’hui, premier du mois, pour qu’ils le fassent le dixième jour (Mekhilta)
De ce mois-ci
Ils le prendront le dixième jour pour le Pessa‘h d’Egypte, mais non pour celui des générations suivantes (Pessa‘him 96a)
Un agneau pour une maison paternelle
Par famille [au sens large]. J’aurais pu penser, en cas de famille nombreuse, qu’un seul agneau dût suffire, [même au risque de ne fournir à chacun des convives qu’une quantité inférieure au volume d’une olive]. Aussi est-il écrit ensuite : « un agneau par maison », c’est-à-dire par famille au sens étroit
12,4
Celui dont le ménage sera trop peu nombreux pour manger un agneau, s'associera avec son voisin, le plus proche de sa maison, selon le nombre des personnes; chacun, selon sa consommation, réglera la répartition de l'agneau.
Si la maison sera trop peu nombreuse pour un agneau (littéralement : « de l’existence de l’agneau »)
S’ils sont trop peu nombreux pour pouvoir consommer tout l’agneau, et qu’ils risquent de laisser des restes (nothar), « il prendra, lui et son voisin… » – tel est le sens littéral du verset. Quant au midrach, il nous enseigne que les convives ont le droit, après s’être comptés pour la consommation d’un agneau, de se retirer du compte et de se reporter sur un autre agneau. Mais il faut qu’ils le fassent « du vivant de l’agneau », et non après qu’il a été égorgé (Pessa‘him 89a)
Selon le nombre (bemikhsath) d’âmes
Le compte, comme dans : « la quote-part (mikhsath) de ton évaluation » (Wayiqra 27, 23)
Selon ce qu’il mange
Selon ce que mange une personne en bonne santé, à l’exclusion du malade et du vieillard qui ne peuvent même pas manger le volume d’une olive (Mekhilta, V. Pessa‘him 91a)
Vous compterez (takhossou)
[C’est ainsi que le rend le Targoum Onqelos, et non comme le fait la Mekhilta : « vous égorgerez ».
12,5
L'animal doit être sans défaut, mâle, dans sa première année; vous le choisirez parmi les brebis ou les chèvres.
Intact
Sans défaut (Mekhilta)
D’un an
Il est ainsi appelé pendant toute sa première année, à savoircelle de sa naissance
Des brebis et des chèvres
Soit des unes soit des autres, car la chèvre est également appelée agneau, comme dans : « l’ovin de chèvre (littéralement : “le mouton chèvre”) » (Devarim 14, 4)
12,6
Vous le tiendrez en réserve jusqu'au quatorzième jour de ce mois; alors toute la communauté d'Israël l'immolera vers le soir.
Il sera pour vous à garde
Le mot michmèreth exprime ici l’idée d’examen. Il fallait, pendant les quatre jours qui ont précédé l’égorgement, vérifier qu’il ne comportait pas de défaut. Et pourquoi a-t-il fallu qu’ils prennent l’agneau quatre jours avant de le sacrifier, alors que cela ne leur a pas été prescrit pour les Pessa‘h suivants ? Rabi Mathia ben ‘Harach a enseigné : Il est écrit : « Et je passai près de toi, et je te vis, et voici, ton âge était l’âge des amours » (Ye‘hezqel 16, 8). Le moment est venu pour le serment que j’ai prêté à Avraham de sauver ses enfants. Or, ils n’avaient aucun commandement à accomplir pour mériter d’être délivrés, comme il est écrit : « mais tu étais nue et découverte » (ibid. verset 7). Aussi Hachem leur a-t-Il donné deux mitswoth : le sang de Pessa‘h et celui de la circoncision, lequel a été versé cette nuit-là, comme il est écrit : « je te vis gisant dans tes sangs » (ibid. verset 6), littéralement : « dans tes deux sangs ». Il est également écrit : « Et toi aussi, à cause du sang de ton alliance, je renverrai tes prisonniers hors de la fosse [c’est-à-dire : “de la prison”] où il n’y a pas d’eau » (Zekhariya 9, 11). Comme ils avaient sombré dans l’idolâtrie, Mochè leur a dit (verset 21) : « Tirez et prenez pour vous », c’est-à-dire : « Retirez vos mains des idoles et prenez l’agneau de la mitswa ! » (Pessa‘him 96a
Toute l’assemblée de la communauté d’Israël l’égorgera
La tâche d’égorger incombait-elle à toute la communauté ?! D’où l’on apprend que le mandataire de quelqu’un est considéré à l’égal de celui qui l’a chargé de mission (Mekhilta, Qiddouchin 41b)
L’assemblée de la communauté d’Israël
L’emploi de ces trois mots [« assemblée », « communauté » et « Israël »] signifie que les offrandes de Pessa‘h de la collectivité étaient égorgées en trois groupes, l’un après l’autre. Lorsque entrait le premier groupe, on fermait les portes du parvis, etc., comme expliqué dans le traité Pessa‘him (64a)
Entre les deux soirs
On appelle : « entre les deux soirs » le temps qui s’écoule après six heures (Mekhilta). Le soleil commence alors à décliner vers son couchant et à s’assombrir. Cette expression, à mon avis, désigne le temps qui s’écoule entre l’assombrissement du jour, à sept heures, et l’assombrissement de la nuit (Pessa‘him 58a). Et l’assombrissement de la nuit marque le commencement de celle-ci. Le mot ‘érèv signifie assombrissement et obscurité, comme dans : « Toute joie est assombrie (‘orva) » (Yecha’ya 24, 11)
12,7
On prendra de son sang et on en teindra les deux poteaux et le linteau des maisons dans lesquelles on le mangera.
Ils prendront du sang
C’est l’acte consistant à recueillir le sang. J’aurais pu penser qu’il fallût le faire dans la main. Aussi est-il écrit (verset 22) : « dans le sang qui sera dans le bassin… » (Mekhilta)
Sur les deux poteaux
Il s’agit des montants qui se dressent de part et d’autre de la porte
Et sur le linteau (machqof)
Il s’agit de la partie supérieure de la porte, là où elle frappe (choqéf) quand on la ferme. En français médiéval : « lintel ». Le mot machqof vient du verbe chqof qui signifie : « frapper », comme dans : « le bruit d’une feuille repoussée » (Wayiqra 26, 36), que le Targoum Onqelos rend par : chaqif, ou dans : « contusion pour contusion » (infra 21, 25), qu’il rend par : machqofi
Sur les maisons dans lesquelles ils le mangeront
A l’exclusion des poteaux et des linteaux des dépôts de fourrage et des étables, qui ne servent pas à l’habitation
12,8
Et l'on en mangera la chair cette même nuit; on la mangera rôtie au feu et accompagnée d'azymes et d'herbes amères.
La chair
Et non les tendons et les os (Mekhilta, Pessa‘him 83b)
Et des matsoth sur des herbes amères (merorim)
Toute herbe amère est appelée maror. Il leur a été ordonné de manger du maror en souvenir de (supra 1, 14) : « Ils leur rendirent la vie amère (wayemorarou) » (Pessa‘him 116b)
12,9
N'en mangez rien qui soit à demi cuit, ni bouilli dans l'eau mais seulement rôti au feu, la tète avec les jarrets et les entrailles.
Vous n’en mangerez pas à demi-cuit (na)
Tout ce qui n’est pas rôti à point est appelé na en arabe
Ni cuire
Tout cela participe de l’interdiction : « vous n’en mangerez pas » (Pessa‘him 41a)
Dans l’eau
D’où sait-on qu’il en est de même des autres liquides ? Du redoublement : « cuire, cuit », c’est-à-dire d’aucune manière (ibid.)
Si ce n’est rôti au feu
Le même verset, après avoir stipulé une interdiction (« Vous n’en mangerez pas »), y ajoute un commandement actif (« si ce n’est rôtie au feu »)
Sa tête sur ses jambes
On devra la rôtir entièrement, d’une seule pièce, y compris sa tête, ses jambes et ses entrailles. On remettra celles-ci à l’intérieur après les avoir nettoyées (Pessa‘him 74a). L’expression : « “sur” ses jambes et “sur” ses entrailles » est à prendre dans le même sens que : « selon leurs armées (littéralement : “« sur » leurs armées”) » (supra 6, 26), c’est-à-dire telles qu’elles sont. Il en est de même ici : l’animal tel qu’il est, avec tous ses organes
12,10
Vous n'en laisserez rien pour le matin; ce qui en serait resté jusqu'au matin, consumez-le par le feu.
Et ce qui en reste jusqu’au matin
Pourquoi cette répétition de : « jusqu’au matin » ? C’est pour ajouter : « matin » à : « matin » (Mekhilta). Le mot : « matin » signifie le lever du soleil, et le texte vient ici pour avancer l’interdiction jusqu’à l’aube – tel est le sens littéral du verset. Quant au midrach, il nous enseigne que l’on n’a pas le droit d’incinérer les restes le jour de Yom tov, mais le lendemain, le texte devant être compris : « Vous n’en laisserez rien jusqu’au premier matin, et ce qui en restera jusqu’au lendemain matin vous l’incinérerez » (Pessa‘him 83b)
12,11
Et voici comme vous le mangerez: la ceinture aux reins, la chaussure aux pieds, le bâton a la main; et vous le mangerez à la hâte, c'est la pâque en l'honneur de l'Éternel.
Vos hanches ceintes
Prêts à vous mettre en route
A la hâte
Le mot ‘hipazon désigne m’empressement et la hâte, comme dans : « et David fuyait en hâte (né‘hpaz) » (I Chemouel 23, 26), ou dans : « que les Araméens avaient jetés dans leur fuite précipitée (be‘hipazam) » (II Melakhim 7, 15
C’est Pessa‘h pour Hachem
C’est le sacrifice qui est appelé pessa‘h, qui évoque l’idée de « sauter », de « passer par-dessus ». Le Saint béni soit-Il a sauté au-dessus des maisons des enfants d’Israël, lesquels ont été épargnés, lorsque ces maisons s’intercalaient entre celles des Egyptiens. Et vous aussi, vous allez faire ce que vous demande le Ciel en vous précipitant et en sautant, à l’image du sacrifice appelé pessa‘h. Quant au mot français médiéval : « pasche », il signifie également : « passer par-dessus »
12,12
Je parcourrai le pays d'Égypte, cette même nuit; je frapperai tout premier-né dans le pays d'Égypte, depuis l'homme jusqu'à la bête et je ferai justice de toutes les divinités de l'Égypte, moi l'Éternel!
Je passerai
Comme un roi qui « passe » d’un endroit à un autre, sauf que c’est en un seul passage et en un seul instant que tous seront frappés (Mekhilta)
Tout premier-né dans le pays d’Egypte
Y compris les premiers-nés des autres peuples dès lors qu’ils seront en Egypte (Mekhilta). Et d’où sait-on que les premiers-nés égyptiens se trouvant ailleurs qu’en Egypte ont été frappés eux aussi ? Du verset : « … qui a frappé l’Egypte en ses premiers-nés » (Tehilim 136, 10)
Depuis l’homme jusqu’à l’animal
Le châtiment commence par frapper celui qui a fait le mal en premier
Et à tous les dieux de l’Egypte
Les idoles de bois ont pourri, celles de métal ont fondu et ont coulé à terre
Je ferai des jugements
Moi-même, et non par l’intermédiaire d’un messager
12,13
Le sang, dont seront teintes les maisons où vous habitez, vous servira de signe: je reconnaîtrai ce sang et je vous épargnerai et le fléau n'aura pas prise sur vous lorsque je sévirai sur le pays d'Égypte.
Le sang sera pour vous un signe
Pour vous, et non pour les autres (Mekhilta). D’où nous apprenons qu’ils n’ont badigeonné qu’à l’intérieur
Je verrai le sang
Hachem a-t-Il besoin de voir pour savoir ? Le Saint béni soit-Il a dit : « Je saurai, en voyant le sang, que vous êtes occupés à la pratique de mes mitswoth, et je passerai alors sur vous » (Mekhilta)
Je passerai (oufassa‘hti) sur vous
J’épargnerai, comme dans : « en sautant il sauvera » (Yecha’ya 31, 5). Le verbe passa‘h signifie toujours, à mon avis : « sauter » et : « passer au-dessus ». Le mot : « je passerai » signifie qu’Il sautait des maisons des Hébreux à celles des Egyptiens, contiguës les unes aux autres, comme dans : « jusqu’à quand sauterez-vous (pos‘him) sur deux branches ? » (I Melakhim 18, 21). De même, les boiteux (pis‘him) se déplacent en sautillant. De même : « en sautant il sauvera » (Yecha’ya 31, 5). Il saute par dessus et le sauve de parmi les morts
Et il n’y aura pas contre vous de frappe
Mais il y en aura contre les Egyptiens (Mekhilta). S’il se trouve un Egyptien dans la maison d’un Hébreu, sera-t-il sauvé ? Non, car le texte précise : « et il n’aura pas contre vous », ce qui veut dire qu’il y en aura contre les Egyptiens qui seront chez vous. Et si un Hébreu se trouve dans la maison d’un Egyptien, sera-t-il frappé comme celui-ci ? Ce à quoi répond le texte : « et il n’aura pas contre vous » (Mekhilta)
12,14
Ce jour sera pour vous une époque mémorable et vous le solenniserez comme une fête de l'Éternel; d'âge en âge, à jamais, vous le fêterez.
En mémorial
Pour les générations à venir
Vous le célébrerez
Tu célébreras ce jour qui sera pour toi en mémorial, tu le célébreras comme une fête (Mekhilta). Mais on ne nous a pas encore fait savoir lequel il est. D’où la précision : « Souviens-toi de ce jour-là où vous êtes sortis d’Egypte » (infra 13, 3), destinée à nous apprendre que c’est le jour de la sortie qui sera un mémorial. Et quel est le jour de la sortie ? « Au quinzième jour du premier mois, à partir du lendemain du Pessa‘h » (Bamidbar 33, 3). Le jour de la fête est donc le quinzième jour du mois de nissan, car ils ont mangé l’agneau pascal le 14 et sont partis le lendemain matin
Pour vos générations
J’aurais pu croire, par application de la règle selon laquelle le minimum du pluriel est deux, que cela ne concernât que deux générations. Aussi est-il ajouté : « vous le célébrerez comme un statut pour toujours » (Mekhilta)
12,15
Sept jours durant, vous mangerez des pains azymes; surtout, le jour précédent, vous ferez disparaître le levain de vos maisons. Car celui-là serait retranché d'Israël, qui mangerait du pain levé, depuis le premier jour jusqu'au septième.
Sept jours (littéralement : « sept de jours » au cas construit)
En français médiéval : une « seiteine » de jours (V. Rachi sous 10, 22)
Sept jours vous mangerez des matsoth
Alors qu’il est écrit plus loin : « Six jours tu mangeras des matsoth » (Devarim 16, 8). D’où nous déduisons qu’il n’y a pas d’obligation, le septième jour, de manger des matsoth, dès lors que l’on s’abstient de ‘hamets (Pessa‘him 120a). Et d’où sait-on que cette obligation n’existe pas non plus les six premiers jours ? Par un raisonnement propre à la Tora : Lorsqu’une règle est incluse dans un principe général, puis est écartée de ce principe général, et ce en vue d’un enseignement, cette mise à l’écart est destinée à nous apprendre quelque chose non seulement sur cette règle, mais aussi sur le principe général. J’aurais pu croire ici que la consommation des matsoth étant aussi facultative les six premiers jours que le septième, il n’y eût pas non plus d’obligation le premier soir. D’où la précision : « le jour quatorze du mois, au soir, vous mangerez des matsoth » (verset 18), qui impose cette obligation (Pessa‘him 28b)
Seulement le premier jour vous ferez cesser le levain de vos maisons
Dès la veille de la fête. On l’appelle : « premier » parce qu’il est avant les sept jours. Ce qui précède est souvent appelé : « premier » (Pessa‘him 5a), comme dans : « Es-tu né le premier des hommes ? » (Iyov 15, 7), c’est-à-dire : « Es-tu né avant Adam ? ». Ou peut-être s’agit-il vraiment du premier des sept jours ? Mais le texte précise : « Tu n’égorgeras pas sur du ‘hamets le sang de mon sacrifice » (infra 34, 25), comme pour dire : « Tu n’égorgeras pas mon sacrifice alors qu’il y a encore du ‘hamets » (Mekhilta)
Cette âme-là
En possession de sa conscience, et donc hormis le cas de force majeure (Mekhilta)
D’Israël
Je pourrais croire qu’elle sera retranchée d’Israël, mais pour aller dans un autre peuple. Aussi est-il écrit : « sera retranchée cette âme-là de devant moi » (Wayiqra 22, 3), et donc de tout lieu où j’exerce mon pouvoir (Mekhilta)
12,16
Le premier jour vous aurez une convocation sainte et le septième jour encore une sainte convocation. Aucun travail ne pourra être fait ces jours-là; toutefois, ce qui sert à la nourriture de chacun, cela seul vous pourrez le faire.
Convocation (miqra) de sainteté
Le mot miqra est un verbe substantivé : Appelez-le saint, pour la nourriture, la boisson et les vêtements (Mekhilta)
Ne sera fait en eux
Pas même par d’autres (Mekhilta)
Cela à lui seul sera fait pour vous
« Pour vous » et non pour les idolâtres, « lui seul » et non les préparatifs que l’on peut faire la veille
Ce qui est mangé par toute âme
Même pour les bêtes. J’aurais pu croire qu’il en fût ainsi également pour les idolâtres. Aussi est-il écrit : « pour vous » (Chabath 24b, Beitsa 28b)
12,17
Conservez la fête des Azymes, car c'est en ce même jour que j'aurai fait sortir vos légions du pays d'Égypte; conservez ce jour-là dans vos générations, comme une institution perpétuelle.
Vous garderez les matsoth
Pour qu’elles ne lèvent pas (Mekhilta). D’où l’enseignement de nos Maîtres : si la pâte commence à gonfler, on passe sur elle les mains mouillées d’eau froide (V. Rachi sous Pessa‘him 48b). Rabi Yachiya a enseigné : On ne doit pas lire matsoth mais mitswoth et donc, de même qu’on ne laisse pas fermenter les matsoth, de même ne doit-on pas laisser « fermenter » les mitswoth. Lorsque se présente à toi l’occasion d’accomplir une mitswa, saisis-la immédiatement
Vous garderez ce jour-là
En ne faisant aucun travail
Pour vos générations en statut pour toujours
Il n’a été question jusqu’à présent de « générations » et de « statut pour toujours » qu’à propos de la célébration de la fête (verset 14). Aussi le texte réemploie-t-il ici les mêmes mots afin que tu ne soutiennes pas que l’interdiction de travailler ne s’applique qu’à la génération présente et non à celles à venir (Mekhilta)
12,18
Le premier mois, le quatorzième jour du mois, au soir, vous mangerez des azymes, jusqu'au vingt-et-unième jour du mois au soir.
Jusqu’au jour un et vingt
Pourquoi cette précision, alors qu’il vient d’être écrit : « Sept jours vous mangerez des matsoth » (verset 15) ? C’est parce que le texte ne parlait que de « jours », de sorte qu’il a fallu cette indication supplémentaire pour inclure les nuits (Mekhilta)
12,19
Durant sept jours, qu'il ne soit point trouvé de levain dans vos maisons; car quiconque mangera une substance levée, celui-là sera retranché de la communion d'Israël, le prosélyte comme l'indigène.
Qu’il ne soit pas trouvé de levain dans vos maisons
Et dans le reste du territoire ? Le texte précisera : « et il ne se verra pas chez toi de levain dans toutes tes limites » (infra 13, 7). Dans ce cas, pourquoi : « dans vos maisons » ? De même que ta maison est ta propriété, de même [ne devra-t-on pas voir de levain] dans le territoire qui est ta propriété, et donc à l’exclusion du ‘hamets appartenant à un non-Juif et se trouvant chez un Juif, mais sur lequel celui-ci n’a aucun droit
Car quiconque mange de ce qui est levé
Précision nécessaire pour rendre passible de la peine du retranchement celui qui mange du levain. Il est vrai que le texte a déjà stipulé (verset 15) l’interdiction de manger du ‘hamets. Mais il s’agit ici d’écarter le raisonnement de celui qui soutiendrait que l’interdiction ne porte que sur ce qui est comestible, et non sur ce qui ne l’est pas, comme le levain (Mekhilta). Et si le texte avait interdit la consommation du levain et non celle du pain levé, j’aurais dit que l’interdiction ne porte que sur ce qui est susceptible de faire lever d’autres choses, mais non sur le pain, qui ne peut faire lever rien d’autre. D’où cette double précision
Chez l’étranger et chez le citoyen du pays
Comme le miracle n’a été accompli que pour Israël, il a fallu inclure explicitement l’étranger devenu juif par conversion (Mekhilta)
12,20
Vous ne mangerez d'aucune pâte levée; dans toutes vos demeures vous consommerez des pains azymes."
De tout ce qui est levé vous ne mangerez pas
Il s’agit de l’interdiction de manger du levain (Mekhilta)
De tout ce qui est levé
Ce : « tout » inclut tout mélange
Dans toutes vos habitations vous mangerez des matsoth
Il s’agit de ce qui peut être mangé « dans vos habitations », à l’exclusion de la seconde dîme et des pains offerts en sacrifice d’actions de grâces, que l’on ne peut pas manger chez soi mais seulement à Jérusalem (Mekhilta)
12,21
Moïse convoqua tous les anciens d'Israël et leur dit: "Choisissez et prenez chacun du menu bétail pour vos familles et égorgez la victime pascale.
Tirez
Que celui qui possède un troupeau en « tire » du sien
Et prenez
Que celui qui n’en a pas en prenne sur le marché (Mekhilta)
Pour vos familles
Un agneau par maison paternelle (verset 3)
12,22
Puis vous prendrez une poignée d'hysope, vous la tremperez dans le sang reçu dans un bassin et vous teindrez le linteau et les deux poteaux de ce sang du bassin. Que pas un d'entre vous ne franchisse alors le seuil de sa demeure, jusqu'au matin.
Hysope
Sorte d’herbe qui pousse en tiges (Souka 13a)
Un bouquet d’hysope
Trois tiges constituent un bouquet
Qui sera dans le récipient (bassaf)
Dans un réceptacle, comme dans : « des écuelles (sipoth) d’argent » (II Melakhim 12, 14)
Du sang qui sera dans le récipient
Pourquoi cette répétition ? Pour que tu ne dises pas qu’il suffit de tremper une seule fois pour les trois aspersions. Aussi le verset répète-t-il : « qui sera dans le bassin », et ce afin de bien marquer que chaque aspersion doit être précédée d’un trempage (Mekhilta)
Et vous
Cela nous apprend que l’ange destructeur, une fois qu’il a reçu l’ordre de passer à l’action, ne distingue pas entre le juste et l’impie. Et la nuit appartient aux dévastateurs, comme il est écrit : « Tu amènes les ténèbres et la nuit arrive. Alors toutes les bêtes de la forêt sont en mouvement » (Tehilim 104, 20)
12,23
Lorsque le Seigneur s'avancera pour frapper l'Égypte, il regardera le sang appliqué au linteau et aux deux poteaux et il passera devant la porte et il ne permettra pas au fléau d'entrer dans vos maisons pour sévir.
Hachem sautera
Il aura pitié. Mais on peut dire aussi : « Il bondira »
Et Il ne donnera pas au destructeur
Il ne lui donnera pas le pouvoir de venir, comme dans : « Il ne lui a pas permis (littéralement : “Il ne lui a pas donné”) de me faire du mal » (Beréchith 31, 7)
12,24
Vous garderez cette loi, comme une règle invariable pour toi et pour tes enfants.
12,25
Et lorsque vous serez arrivés dans le pays que le Seigneur vous donnera, comme il l'a promis, vous conserverez ce rite.
Ce sera
L’application de la mitswa est ici suspendue jusqu’à l’entrée dans le pays (Mekhilta). Ils n’ont été tenus de fêter, dans le désert, qu’un seul Pessa‘h, et ce sur ordre divin exprès pendant la deuxième année (Bamidbar 9, 1 et suiv.)
Comme Il a parlé
Et où a-t-Il ainsi parlé ? « Je vous amènerai vers le pays » (supra 6, 8)
12,26
Alors, quand vos enfants vous demanderont: ‘Que signifie pour vous ce rite?’
12,27
vous répondrez: ‘C'est le sacrifice de la pâque en l'honneur de l'Éternel, qui épargna les demeures des Israélites en Egypte, alors qu'il frappa les Égyptiens et voulut préserver nos familles.’ " Et le peuple s'inclina et tous se prosternèrent.
Le peuple s’inclina
En reconnaissance pour l’annonce de la délivrance et de l’entrée dans le pays et pour la promesse de la naissance d’enfants
12,28
Les enfants d'Israël se mirent en devoir d'obéir: comme l'Éternel avait ordonné à Moïse et à Aaron, ainsi firent-ils.
Allèrent et firent
Avaient-ils vraiment déjà « fait » ? Ne devaient-ils pas le faire dès Roch ‘hodèch ? C’est que le mérite d’avoir accepté de faire leur est ici compté comme s’ils avaient déjà fait (Mekhilta)
Allèrent et firent
Le texte leur compte ici une double récompense, celle d’être allés et celle d’avoir fait
Comme ordonna Hachem à Mochè et Aharon
Ces mots sont à l’éloge des enfants d’Israël qui n’ont rien négligé d’aucune des prescriptions données par Mochè et Aharon. Et pourquoi cette répétition : « ainsi firent-ils » ? Pour indiquer que Mochè et Aharon, eux aussi, ont fait
12,29
Or, au milieu de la nuit, le Seigneur fit périr tout premier-né dans le pays d'Égypte, depuis le premier-né de Pharaon, héritier de son trône, jusqu'au premier-né du captif au fond de la geôle et tous les premiers nés des animaux.
Et Hachem
Toutes les fois que le mot : « Hachem » est précédé de la conjonction waw (« et »), c’est pour marquer qu’Il a agi avec Sa cour céleste. Cette conjonction indique en effet un ajout, comme dans : « Un tel “et” Un tel » (Beréchith raba, V. Rachi sous Beréchith 19, 24)
Frappa tout premier-né
Même appartenant à un autre peuple, dès lors qu’il se trouvait en Egypte (Mekhilta)
Depuis le premier-né de Pharaon
Pharaon était lui-même un premier-né, et il a pourtant survécu, comme il est écrit : « Et pourtant à cause de ceci je t’ai maintenu » (supra 9, 16), pour te faire voir ma force, lors de la traversée de la mer des Joncs (Mekhilta)
Jusqu’au premier-né du prisonnier
Car ils s’étaient réjouis des malheurs d’Israël, et aussi pour qu’ils ne disent pas : « Ce sont nos divinités qui ont provoqué ce malheur ! » (Mekhilta). Quant au premier-né de la servante, il est inclus ici implicitement. L’énumération va en effet du plus important au plus humble, et le premier-né de la servante vaut plus que celui du prisonnier
12,30
Pharaon se leva de nuit, ainsi que tous ses serviteurs et tous les Égyptiens et ce fut une clameur immense dans l'Égypte: car il n'y avait point de maison qui ne renfermât un mort.
Pharaon se leva
De son lit
De nuit
Et non pendant la troisième heure de la journée, selon l’habitude des rois
Lui
Lui d’abord, suivi de ses serviteurs. Ceci nous apprend qu’il a fait la tournée des maisons de ses serviteurs et les a fait se lever (Mekhilta)
Car il n’y avait pas de maison où il n’y eût pas là un mort
S’il y avait là un premier-né, c’est lui qui mourait. Sinon c’était le plus âgé, que l’on appelle aussi : « premier-né » (Mekhilta), comme dans : « Moi aussi, je ferai de lui le premier-né » (Tehilim 89, 28). Autre explication : Les femmes égyptiennes, infidèles à leurs maris, mettaient au monde des enfants d’amants célibataires. Aussi chaque femme pouvait-elle avoir plusieurs premiers-nés, parfois jusqu’à cinq, tous aînés de leurs pères (Mekhilta)
12,31
Il manda Moïse et Aaron, la nuit même et dit: "Allez! Partez du milieu de mon peuple et vous et les enfants d'Israël! Allez adorer l'Éternel comme vous avez dit!
Il appela Mochè et Aharon de nuit
Ceci indique qu’il a fait la tournée des portes de la ville en criant : « Où habite Mochè ? Où habite Aharon ? » (Mekhilta)
Aussi vous
Les hommes
Aussi les fils d’Israël
Les jeunes enfants
Et allez
Faites tout ce que vous avez dit, et non ce que j’ai dit moi-même. J’annule : « je ne renverrai pas Israël » (supra 5, 2), j’annule : « Qui et qui sont ceux qui iront ? » (supra 10, 8), j’annule : « Seulement que votre menu bétail et votre gros bétail demeurent ! » (supra 10, 24). Et qu’avez-vous dit vous-mêmes ? « Toi aussi tu donneras dans notre main sacrifices et holocaustes » (supra 10, 25)
12,32
Prenez votre menu et votre gros bétail comme vous avez dit et partez! Mais, en retour, bénissez-moi."
Prenez-les
Priez pour que je ne meure pas, car je suis un premier-né (Mekhilta)
12,33
Les Égyptiens firent violence au peuple, en se hâtant de le repousser du pays; car ils disaient: "Nous périssons tous."
Nous tous sommes morts
Ils disaient : « Ce n’est pas ce qu’a décidé Mochè ! Il n’avait annoncé que la mort des premiers-nés. Or, il en meurt qui ne le sont pas, cinq ou dix par maison ! » (Mekhilta)
12,34
Et le peuple emporta sa pâte non encore levée, leurs sébiles sur l'épaule, enveloppées dans leurs manteaux.
Avant qu’elle fût levée
Les Egyptiens ne leur ont pas laissé le temps de faire lever leur pâte
Leurs pétrins (micharotham)
Ce qui leur restait (chear) de matsoth et d’herbes amères (Mekhilta)
Sur leur épaule
Bien qu’ils possédassent beaucoup d’animaux, ils ont accompli eux-mêmes les mitswoth par amour de Hachem (Mekhilta)
12,35
Les enfants d'Israël s'étaient conformés à la parole de Moïse, en demandant aux Égyptiens des vases d'argent, des vases d'or et des vêtements
Selon la parole de Mochè
Qui leur avait dit en Egypte : « et qu’un homme demande de son prochain » (supra 11, 2)
Et des vêtements
Ils leur attribuaient plus de valeur qu’à l’argent et à l’or, d’où leur mention en dernier dans le verset (Mekhilta)
12,36
et le Seigneur avait inspiré pour ce peuple de la bienveillance aux Égyptiens, qui lui prêtèrent, de sorte qu'il dépouilla les Égyptiens.
Ils empruntèrent (littéralement : « ils leur donnèrent davantage »)
Ils leur donnaient même ce qu’ils ne demandaient pas. « Tu dis : “Un !” Prends-en deux et va-t’en !
Ils dépouillèrent
Traduction du Targoum Onqelos : « ils vidèrent »
12,37
Les enfants d'Israël partirent de Ramsès, dans la direction de Soukkoth; environ six cent mille voyageurs, hommes faits, sans compter les enfants.
De Ra‘amsés vers Soukoth
Soit une distance de cent vingt milles, qu’ils ont franchie en une heure, comme il est écrit : « je vous ai portés sur des ailes d’aigles » (infra 19, 4)
Hommes adultes
Agés de vingt ans et plus
12,38
De plus, une tourbe nombreuse les avait suivis, ainsi que du menu et du gros bétail en troupeaux très considérables.
Un ramassis
Un mélange de convertis venus des nations
12,39
Ils firent, de la pâte qu'ils avaient emportée d'Égypte, des gâteaux azymes, car elle n'avait pas fermenté parce que, repoussés de l'Égypte, ils n'avaient pu attendre et ne s'étaient pas munis d'autres provisions.
Des gâteaux de matsoth
Des galettes de pain non levé (Mekhilta). La pâte qui n’a pas levé s’appelle matsa
Et aussi ils ne s’étaient pas fait de provisions
Pour le voyage (Mekhilta). Ceci à l’éloge d’Israël, pour n’avoir pas dit : « Comment pourrons-nous partir dans le désert sans provisions ? » Mais ils ont eu la foi et ils sont partis. C’est ce qui est indiqué par le prophète : « Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de l’amour de tes épousailles, quand tu marchais après moi dans le désert, dans un pays non ensemencé » (Yirmeya 2, 2). Et quelle sera leur récompense ? Celle indiquée au verset suivant : « Saint est Israël à Hachem… »
12,40
Or, le séjour des Israélites, depuis qu'ils s'établirent dans l'Égypte, avait été de quatre cent trente ans.
Où ils ont demeuré en Egypte
Y compris leurs autres séjours comme étrangers dans un pays qui n’était pas le leur
Trente ans et quatre cents [430] ans
Il s’est écoulé, entre la naissance de Yits‘haq et maintenant, quatre cents ans (V. Rachi sous Beréchith 15, 13 et sous supra 6, 18). C’est à partir du jour où Avraham aurait une postérité que devait s’accomplir la promesse : « Savoir, tu sauras, que sera étrangère ta descendance sur une terre qui ne sera pas la sienne » (Beréchith 15, 13). Et trente ans ont passé entre cette annonce, faite lors de l’alliance entre les bêtes découpées, et la naissance de Yits‘haq. On ne peut pas soutenir que ce nombre d’années est celui du temps passé en Egypte. En effet, Qehath faisait partie de ceux qui sont « descendus » en Egypte. Si l’on additionne sa durée de vie [cent trente trois ans (supra 6, 18)] à celle de ‘Amram [cent trente sept ans (supra 6, 20)] et aux quatre-vingts ans qu’avait Mochè, le total est inférieur à quatre cents, et encore ne tient-on pas compte de l’âge qu’avait Qehath lors de sa venue en Egypte, ni des années de vie commune des pères et des fils. L’exil en Egypte n’a donc pas pu durer quatre cents ans, d’où la nécessité de considérer les autres « séjours » comme autant d’exils. Il en est ainsi de ‘Hèvron, « où demeurèrent (gar, dans le sens d’une résidence précaire) Avraham et Yits‘haq » (Beréchith 35, 27) ou encore du « pays de Kena‘an, le pays de leurs séjours dans lequel ils ont résidé » (supra 6, 4). D’où la nécessité d’admettre que l’annonce : « sera étrangère ta descendance sur une terre qui ne sera pas la sienne » a pris effet lorsque Avraham a eu un fils. Cependant, si tu comptes les années qui séparent la naissance de Yits‘haq de la sortie d’Egypte, tu n’en trouveras que deux cent dix. C’est l’une des anomalies qu’ont relevées et corrigées à l’intention du roi Ptolémée les soixante-dix Anciens, auteurs de la traduction des Septante (Meguila 9a)
12,41
Et ce fut au bout de quatre cent trente ans, précisément le même jour, que toutes les milices du Seigneur sortirent du pays d'Égypte.
Ce fut au bout de trente ans et quatre cents ans
Cela nous apprend que le Saint béni soit-Il, lorsque le moment est venu, ne les a retenus pas même le temps d’un clin d’œil. C’est le quinze nissan qu’Avraham a reçu la visite des anges, c’est le quinze nissan qu’est né Yits‘haq, et c’est le quinze nissan qu’a été décrété l’exil lors de l’alliance entre les bêtes découpées (Mekhilta)
12,42
C'était la Nuit prédestinée par l'Éternel, pour leur sortie du pays d'Égypte; c'est cette même nuit instituée par le Seigneur, comme prédestinée à toutes les générations des enfants d'Israël.
C’est une nuit de gardes
Le Saint béni soit-Il a veillé à la réalisation de Sa promesse de les faire sortir d’Egypte et l’a attendue
C’est cette nuit-là pour Hachem
C’est la nuit annoncée à Avraham : « Cette nuit-là, je libérerai tes enfants » (Mekhilta)
Gardes pour tous les fils d’Israël pour leurs générations
Nuit préservée des agents destructeurs (Pessa‘him 109b), ainsi qu’il est écrit : « et Il ne donnera pas au destructeur la permission de venir vers vos maisons pour frapper » (supra 12, 23)
12,43
L'Éternel dit à Moïse et à Aaron: "Ceci est la règle de l'agneau pascal. Nul étranger n'en mangera.
Ceci est le statut du pessa‘h
Ce chapitre leur a été dit le quatorze nissan
Tout fils de païen (nékhar)
Dont les actions sont étrangères (nithnakrou) à son Père céleste. Il s’agit ici du païen tout comme du juif renégat (Mekhilta)
12,44
Quant à l'esclave acheté à prix d'argent, circoncis-le, alors il pourra en manger.
Tu le circonciras
Son maître. Ceci nous apprend que le maître qui ne circoncit pas ses esclaves n’a pas le droit de manger le sacrifice pascal (Mekhilta). C’est ce qu’enseigne rabi Yehochou‘a. Quant à rabi Eli‘èzèr, il enseigne que la non-circoncision de l’esclave n’empêche pas le maître de manger le sacrifice pascal. Dans ce cas, que veut dire : « alors il en mangera » ? Il s’agit de l’esclave (Yevamoth 71a)
12,45
L'habitant et le mercenaire étrangers n’en mangeront point.
L’habitant
C’est l’étranger admis à résidence (Mekhilta)
Et l’homme à gages
C’est le païen (Mekhilta). Mais pourquoi le spécifier, puisqu’ils sont l’un et l’autre incirconcis, et qu’il est écrit plus loin (verset 48) : « et tout incirconcis n’en mangera pas » ? L’interdiction vise ici l’Arabe ou le Gabaonite, qui sont circoncis, au cas où ils seront résidents ou salariés (Yevamoth 71a)
12,46
Il sera consommé dans une même maison, tu ne transporteras rien de sa chair au dehors et vous n'en romprez pas un seul os.
Dans une seule maison il sera mangé
Dans un seul groupe. Ceux qui se sont comptés sur un agneau ne devront pas se diviser en deux groupes et se le partager. Nous disons donc en « un groupe unique ». Mais peut-être devrions-nous dire : « dans une seule maison » au sens littéral, et donc que l’on ne doit pas, si l’on a commencé de manger dans la cour et qu’il se mette à pleuvoir, rentrer à la maison ? D’où la précision : « sur les maisons dans lesquelles ils le mangeront » (verset 7), qui nous permet de déduire que l’on a le droit de manger en deux endroits différents (Mekhilta)
Tu ne feras pas sortir depuis la maison
Depuis le groupe
Et vous n’en briserez pas un os
Apte à être mangé. L’interdiction s’applique à un os sur lequel reste de la viande du volume d’une olive. S’il ne s’y trouve pas une telle quantité de viande, il n’y a pas d’interdiction
12,47
Toute la communauté d'Israël doit y prendre part.
Toute la communauté d’Israël le fera
Pourquoi cette précision ? Etant donné qu’il est écrit, pour le Pessa‘h d’Egypte : « un agneau pour une maison paternelle » (verset 3), afin qu’ils se comptent par familles, j’aurais pu penser qu’il allât de même pour le Pessa‘h des générations. D’où cette injonction : « Toute la communauté d’Israël le fera »
12,48
Si un étranger, habite avec toi et veut célébrer la pâque du Seigneur, que tout mâle qui lui appartient soit circoncis, il sera alors admis à la célébrer et deviendra l'égal de l'indigène; mais nul incirconcis n'en mangera.
Il fera Pessa‘h
J’aurais pu penser que tout converti doive faire Pessa‘h immédiatement. Aussi est-il écrit : « il sera comme le citoyen du pays ». De même que le citoyen célèbre la fête le quatorze nissan, de même le converti la célèbre-t-il
Et tout incirconcis n’en mangera pas
Y compris celui dont les frères sont morts des suites de la circoncision et qui n’est pas pour autant considéré comme rebelle à ce commandement. On ne pouvait pas déduire ce cas de : « aucun fils de païen n’en mangera » (verset 43)
12,49
Une seule et même loi régira l'indigène et l'étranger demeurant au milieu de vous."
Il y aura une loi unique
Ceci pour mettre sur le même plan le citoyen et le résident pour toutes les autres mitswoth de la Tora (Mekhilta)
12,50
Tous les Israélites obéirent: comme l'Éternel l'avait prescrit à Moïse et à Aaron, ainsi firent-ils.
12,51
Or, ce fut ce jour-là même que l’ Éternel fit sortir les Israélites du pays d'Égypte, selon leurs légions.
Etant donné que Aharon avait travaillé durement, tout comme Mochè, à l’accomplissement des miracles, Hachem lui rend ici hommage, au moment de proclamer la première de toutes les mitswoth, en l’associant à Mochè au moment où Il va l’annoncer