Cette histoire commença lorsque la mère d’Olivier, allongée sur son lit de mort à l’hôpital, lui fit une révélation qui alla bouleverser sa vie. Elle lui dit dans son dernier souffle qu’il était juif. Un secret qu’elle garda scellé jusqu’à ce jour. Personne n’était au courant. Olivier est enfant unique. Il a grandi à Paris, a été scolarisé dans des écoles laïques et intégra après son bac une prestigieuse école de commerce, tout cela loin du mode de vie juif. Aujourd’hui, Olivier a la trentaine, il est célibataire, trader dans une grande banque. Il vit à Paris dans un coquet deux pièces. Il est inscrit dans une salle de sport tendance et dispose d’une carte d’abonnement illimité pour aller au cinéma. Olivier est aussi très apprécié de ses amis avec qui il sort régulièrement. Une vie branchée, loin des valeurs du judaïsme.
Après la période de deuil, Olivier n’arrive toujours pas à retrouver la sérénité. Il est tourmenté par cette révélation qui le touche profondément. Il ne connaît du monde juif que quelques connaissances, il entend aux informations les nouvelles du conflit israélo- palestinien, il a vu la Vérité si je mens 1 et 2 mais ça s’arrête là. Il n’a jamais vraiment pris le temps de se faire une idée du judaïsme, et surtout se définit comme étant athée depuis sa plus tendre enfance. Alors, la religion, très peu pour lui ! Et pourtant, quelque chose au fond de lui le pousse à en savoir plus…
Un soir, alors qu’il rentre de la salle de sport, il décide d’y voir plus clair. Il allume son PC et entame des recherches sur le Net. Google : Juif c’est quoi ? Pourquoi être Juif ? Qui sont les Juifs ? Il est du style relation humaine, il préfère le contact direct. Il recherche un contact qui pourrait lui en dire plus sur les juifs, et finit par tomber sur les coordonnées d’un certain Rav Levy, à qui il envoie un mail. Le Rav lui propose de le rencontrer la semaine suivante.
La rencontre avec le Rav Levy
Après s’être présenté, Olivier rentre dans le vif du sujet.
Olivier : Voilà, j’ai appris que j’étais Juif et j’aimerais en savoir plus sur le judaïsme.
Rav Levy : C’est-à-dire en savoir plus, dans la pratique des Mitsvot ?
Olivier : La pratique des quoi ? C’est quoi les Mitsvot ?
Rav Levy : Les Mitsvot sont les commandements que D.ieu nous enjoint d’accomplir.
Olivier : Non, non, Monsieur le Rabbin, vous n’y êtes pas du tout ! Je ne crois pas en D.ieu, je ne veux pas apprendre votre religion, je veux savoir c’est quoi être Juif. Ce n’est pas une identité nationale, « Juif », avant d’être une religion ?
Rav Levy : Disons que Juif, c’est faire partie d’un peuple qui a été choisi par D.ieu afin de réaliser Ses commandements.
Olivier : Moi je ne crois pas en D.ieu, alors je ne suis pas juif ?
Rav Levy : Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai dit qu’un Juif est Juif par le fait qu’il est lié au Créateur du monde. Ce lien est intrinsèque, il ne se rompra jamais.
Olivier : Je suis pourtant la preuve du contraire : le lien s’est rompu !
Rav Levy : Ce que je veux dire, c’est que pour décider de ne pas croire en D.ieu, il faut d’abord savoir qu’est-ce que croire en D.ieu.
Olivier : Alors, c’est quoi, croire en D.ieu ?
Rav Levy : Croire en D.ieu pour nous, c’est de savoir que D.ieu existe et qu’Il est omniprésent dans l’Univers. Qu’Il a créé l’Univers ex-nihilo, qu’Il a créé l’Humanité et qu’Il dirige toute Sa Création. Bien sûr, chacun des points évoqués est à approfondir mais telle est notre foi.
Oliver : Vous parlez de foi mais vous exprimez des notions de savoir. On m’a toujours dit que la foi c’est un sentiment, on l’a ou on ne l’a pas !
Rav Levy : Il faut bien discerner les choses. Notre foi est basée sur un savoir, mais après que ce savoir soit établi et avéré, il laisse place à la foi, concernant des notions beaucoup plus abstraites et spirituelles moins démontrables. D’abord, il y a un savoir.
Olivier : Qu’est-ce que vous entendez par un savoir ? C’est quoi un savoir ?
Rav Levy : Un savoir est une certitude sur une chose. Par exemple, vous savez que si une pomme roule sur la table, elle tombe.
Olivier : Oui.
Rav Levy : Pourtant, avant de tomber, pendant qu’elle était en train de rouler, vous ne l’avez pas encore vu tomber. Mais votre connaissance et votre expérience sont fiables. Bien que vous n’ayez pas encore vu la pomme tomber. Vous saviez qu’elle allait tomber, vous ne le croyiez pas. C’est la différence entre un savoir et une croyance, le niveau de certitude que vous attribuez à une chose.
Olivier : Ok. Et vous, les Juifs, vous avez un tel niveau de certitude concernant D.ieu ? C’est intéressant que vous soyez les seuls, mais bon… Ça se démontre, votre « savoir », ou c’est à force de se répéter que D.ieu existe qu’on en est persuadé ?
Rav Levy : Nous n’avons pas de commandement de nous répéter que D.ieu existe frénétiquement.
Olivier : Alors, comment on obtient votre savoir ?
Rav Levy : Comme tout savoir, notre vérité est démontrable, et concernant votre remarque que nous soyons les seuls à le posséder, cela s’expliquera par la démonstration elle-même.
Olivier : Ben alors, allez-y ! Prouvez-moi que D.ieu existe, c’est intéressant. Si vous permettez, je me mets en « mode réunion ».
Rav Levy : Pour que le raisonnement soit le plus objectif possible, je vous demanderais de prendre la place d’un juge qui juge chacun des éléments que je lui soumets sans rien laisser au hasard ni à l’à peu près.
Olivier : Deal !
Rav Levy : En tant que juge, considérez-vous le témoignage de témoins oculaires d’un crime comme établissant que le crime a réellement eu lieu ?
Olivier : Après vérification, sûrement, la société marche comme ça depuis toujours.
Rav Levy : La validité du témoignage est de l’ordre de la croyance ou du savoir ? C’est-à-dire, savez-vous que le crime a eu lieu ou croyez-vous qu’il a eu lieu ?
Olivier : Si après toutes les vérifications, date, lieu, heure etc. que tout coïncide, je pourrais dire qu’il y a eu un meurtre. Oui, je pense que je saurais qu’il y a eu un meurtre. D’ailleurs, pour sanctionner l’assassin, on ne peut se baser que sur une connaissance des faits.
Rav Levy : Est-ce que le nombre des témoins renforce cette certitude ?
Olivier : Évidemment, plus il y a de témoins qui disent avoir vu la scène du crime, plus le tribunal est à même d’accorder un plus grand crédit aux faits. Un meurtre commis en plein sur la 5ème Avenue, ce n’est pas pareil qu’un meurtre commis en huis clos avec deux témoins.
Rav Levy : Maintenant, si je te dis que nous basons notre foi sur le témoignage oculaire de plus de 5 millions de personnes, qui disent avoir été présentes et relatent toutes à l’unanimité avoir rencontré D.ieu, quel poids d’après toi à ce témoignage ?
Olivier : Euh… si c’est le cas c’est fort. Mais attendez, ce témoignage dont vous parlez, qui dit qu’il a vraiment eu lieu ?
Rav Levy : Nos commandements - ou Mitsvot - sont en grande partie axés autour de ce témoignage. On commémore ce témoignage d’année en année depuis qu’il a eu lieu. Tout le peuple témoin de la Révélation, a été ordonné immédiatement après elle, de transmettre le message à leurs enfants, par toutes sortes de rituels commémoratifs de l’événement. Qui plus est, le peuple, à la suite de cet événement, a reçu un livre, écrit par D.ieu Lui-même dans lequel toute la situation vécue a été relatée – la Torah. Chaque père a pu montrer noir sur blanc à son fils, appuyé de tous les autres pères, les détails du récit qu’il lui racontait.
Olivier : Qui dit qu’ils étaient tant de personnes ?
Rav Levy : Le livre qu’ils avaient en leur possession, qu’ils ont transmis de père en fils - le nombre relaté dans le livre s’accordait avec la réalité qu’ils étaient en train de vivre.
Oliver : C’est bien beau tout ça, mais aujourd’hui, concrètement ce que vous avez c’est un livre qui raconte une histoire, et votre père qui vous dit la même chose, on a peut-être baratiné votre grand-père en lui donnant ce livre et il a convaincu son fils etc.
Rav Levy : Le Livre dont nous parlons n’a pas pu être donné à une autre période que celle que nous prétendons, et personne n’a pu convaincre mon arrière-grand-père et cela pour deux raisons :
La première est que quasiment tout le Livre parle à la 2e personne du singulier ou à la 2e personne du pluriel et relate des événements que les personnes elles–mêmes sont censées avoir vécu : « Tu as vu », « Vous avez vu », etc. Tout le Livre leur parle directement. Comment, s’ils n’étaient pas là, vivant réellement ces événements, quelqu’un leur aurait écrit un livre en les intégrant dans une histoire qu’ils n’ont jamais vécue ?
D’autant plus que le Livre dit que tout le peuple - des millions de personnes - était présent, s’il n’était pas réellement autant, comment garder encore une minute de plus ce livre en main et ne pas le jeter ?
Le Livre parle d’une période de vie commune que tous ces gens ont vécu ensemble pendant 40 ans, ce n’est pas possible à inventer !
On ne peut pas faire croire à autant de gens qu’ils ont vécu des événements qu’ils n’ont jamais vécus, c’est impensable.
Olivier : C’est vrai que ce serait un peu tiré par les cheveux…
Rav Levy : Quant au deuxième argument que vous avez émis concernant la date du Livre, le Livre n’a pas pu avoir été édité ultérieurement que ce que la tradition affirme. Imaginons qu’un faussaire ait tout inventé, et qu’en réalité tout le peuple ait oublié son histoire… ce serait une contradiction avec le Livre lui-même ! Car celui-ci atteste que jamais le peuple ne sera décimé ni n’oubliera l’événement vécu. S’il a été oublié, ce sera la meilleure raison pour mon arrière-grand-père de ne pas y croire.
Il s’agit de convaincre des gens de s’asservir à un mode de vie très astreignant, ils n’ont aucun intérêt à s’y soumettre, si ce n’est la vérité des événements vécus.
Par ailleurs, si tout le peuple avait été décimé, cela aurait laissé des traces dans l’histoire.
Et la tradition juive, ne s’arrête pas là. D’ailleurs, beaucoup d’autres événements similaires, quoique moins spectaculaires que Révélation divine, ont eu lieu répondant aux mêmes paramètres : témoignages de masses, inscription par écrit puis transmission aux générations suivantes.
Olivier : On peut s’arrêter là s’il vous plaît ? C’est intéressant, mais j’ai besoin de temps pour digérer tout ça. On pourrait se revoir la semaine prochaine à la même heure ?
Rav Levy : Avec plaisir, prenez votre temps.
Olivier : Ok. Merci Monsieur le Rabbin. Au revoir.