Dans l'épisode précédent : Olivier a confronté les arguments du Rav Lévy au professeur Lebrun, spécialiste en biologie moléculaire, ami de la famille depuis longtemps. Alors qu’il s’attendait à des contre-arguments ou au moins à un avis plus nuancé sur les questions métaphysiques qui le taraudaient, Olivier a été surpris de voir le professeur abonder dans le sens du Rabbin, sans toutefois reconnaître l’existence de D.ieu. Après tout, le professeur est un scientifique, il ne croit que ce qu’il voit.
Alors que deux jours le séparaient de son rendez-vous avec le Rav Lévy, Oliver était tourmenté à l’idée des découvertes qu’il avait faites ces derniers jours. Une lutte se livrait en son for intérieur. « Peut-être que la science parviendra, un jour ou l’autre à résoudre toutes ces contradictions. C’est pourtant des faits concrets qui sont indiscutables. Et ce Rabbin, c’est vrai qu’il parle bien, mais peut-être qu’il se trompe, après tout, tout le peuple présent au Mont Sinaï a peut-être été victime d’une gigantesque illusion d’optique. C’est quand même impossible de faire croire tant de choses à tant de gens sur une période aussi grande, et comme le dit le Rabbin, ce sont des évènements qui se sont reproduits durant des générations bien après leur sortie du désert, tout le monde n’est pas magicien quand même… ». Toutes ces pensées contradictoires le chahutaient, troublant son répit. Il décida de téléphoner à Cyril, son ami d’enfance. Cyril était un bon vivant, dynamique au grand cœur, lui et Olivier avait fait les quatre cent coups ensemble.
Le téléphone sonne. Cyril décroche à la deuxième sonnerie.
Cyril : Olivier, ça va mon pote !
Olivier : Ca va Cyril, ça va…
Cyril : T’as une petite voix toi... Dis à tonton Cyril ce qui te tracasse. C’est Vanessa, elle t’a rappelé c’est ça ?
Olivier : Non Cyril, aucun rapport avec Vanessa…
Cyril : Alors, qu’est-ce qui va pas mon frère ?
Olivier : Tu sais que j’ai découvert que je suis juif.
Cyril : Oui ben ça arrive à des gens bien aussi, y a pas mort d’homme.
Olivier : Qu’est ce que tu penses de l’existence de D.ieu ?
Cyril : Euh… ah oui, je vois y a un problème...
Laisse tomber Olivier, t’es pas bien en ce moment, t’as perdu ta mère y’a pas longtemps, tu passes une mauvaise phase mais ça va aller… On va sortir un peu plus avec les copains, et avec le temps tu reviendras à toi-même.
Olivier : Tu ne m’as pas répondu Cyril. Que penses-tu de l’existence de D.ieu ?
Cyril : Je ne sais pas Olivier, ça ne m’intéresse pas.
Olivier : Mais s’Il existe, c’est Lui qui a créé tout ça. Tu te rends compte le Génie. L’Univers, l’Homme, l’intelligence, les sentiments, la parole, la vue... Tout, Cyril, tout !
Cyril : Et… ?!
Olivier : Quoi, “et” ?! S’Il existe, ça ne t’intéresserait pas de savoir qui Il est ? Est-ce qu’Il attend de nous quelque chose ? Pourquoi Il nous a créé ? Le but de l’existence quoi… Cyril !
Cyril : Olivier je suis désolé je ne te suis pas. Il te manque quelque chose dans ta vie ? T’es beau, t’es riche, t’es intelligent, un super poste, tu plais aux filles, t’as tout pour toi…Pourquoi tu t’embarques là-dedans ?
Olivier : Pour la vérité, Cyril, si D.ieu existe, on est à côté de la plaque… On rate l’essentiel !
Cyril : J’vais te dire moi, s’Il existe on est foutu ! Tu peux dire à D.ieu, à tous tes plaisirs, tous tes rêves, ton fric et ta liberté. Regarde les religieux, c’est les moins grands consommateurs de la planète, ils sont prostrés, malheureux…
Olivier : Qui te parle de religieux ? Si D.ieu existe, c’est important de le savoir, par souci d'honnêteté intellectuelle. Mais qui dit que les religions sont dans le vrai ?
Cyril : J’espère bien qu’elles ne sont pas dans le vrai. D’ailleurs, elles ne peuvent pas toutes être dans le vrai puisqu’elles se contredisent. Mais une chose est sûre : si le monde avait été créé par un D.ieu, c’est qu’il attendrait quelque chose de sa création. Et la ce qu’il y aurait de dommage, c’est qu’on passerait à côté des vrais plaisirs de la vie comme tous ces religieux.
Olivier : Peut-être que là où ils sont, ils n’ont plus besoin de consommer, ils sont sereins… Regarde notre « bonheur » à nous : une suite de consommation effrénée sans fin !
Et en plus, Cyril, si c’est la réalité de l’existence, je ne veux pas la fuir, sous prétexte qu’elle me privera de mes petits plaisirs égoïstes. S’il s’agit de La Vérité, comment ne pas lui faire face… ?!
Cyril : Tu as toujours été comme ça toi… honnête et sincère. Je ne sais pas Olivier, ça me parait trop abstrait ton truc. Et en plus je ne suis pas comme toi moi, ça me convient ma vie avec Mathilde. Je cherche pas les idées de grandeurs, ce qui m’intéresse c’est de faire du fric, aller dans les plus beaux hôtels du monde, manger les meilleurs plats de chef et bien vieillir avec mes gosses et mon chien…
Olivier : Ok Ok Cyril, j’arrête de te prendre la tête, mais sache que le vrai bonheur est ailleurs, j’en suis sûr.
Cyril : Quand tu le trouveras, dis-lui que je l’attends depuis 35 ans, qu’il se trouve une bonne excuse !
Oliver : A bientôt mon ami.
Cyril : Salut Olivier, porte-toi bien et pas de bêtises surtout.
