« Si vous marchez dans Mes statuts, gardez Mes commandements si vous les faites ; alors Je donnerai vos pluies en leur temps, et la terre donnera ses produits et l’arbre des champs donnera ses fruits. » (Vayikra 26,3)

Le Midrach (Vayikra Raba 35,1) rapporte un verset de Téhilim ( 119 : 59) : « J’ai médité sur mes voies et j’ai ramené mes pas à Tes statuts. » David dit : « Maître de l’univers, chaque jour je fais un calcul et je me dis que je vais à tel endroit ou à telle maison, mais mes pieds me ramènent vers les synagogues et les maisons d’étude. »

La Torah nous ordonne de suivre les commandements d’Hachem. Le Midrach relie cette injonction à un verset de Téhilim où le roi David affirme avoir envisagé d’aller vers certains endroits, mais ses pieds l’avaient naturellement conduit jusqu’aux synagogues et maisons d’étude. Le Midrach se concentre sur les mots employés par la Torah : « Im Bé’houkotaï Télékhou », qui signifient littéralement : « Si vous marchez dans Mes statuts ». Le mot « marcher » est surprenant ici. On s’attendrait plutôt à : « Si vous observez/respectez Mes statuts ». Pour commenter le mot « aller », le Midrach rapporte le verset des Téhilim qui parle des « allées » de David. À première vue, on comprend que David prévoyait de faire certaines activités mondaines (par exemple, d’aller dans des maisons ou d’autres endroits), mais ses pieds l’ont systématiquement conduit vers l’étude de la Torah. 

Le Ktav Sofer cite une autre version de ce Midrach dans laquelle David affirme que chaque matin, il se réveillait avec l’intention d’aller au théâtre, au cirque et au stade, mais que ses pieds l’emmenaient dans les maisons de prière et d’étude. La première version du Midrach (où David parle d’activités banales que tout le monde doit faire) peut se comprendre, mais comment envisager que le vertueux roi David ait voulu se rendre dans des lieux de divertissement, comme les théâtres ou les stades ?

Le Ktav Sofer propose plusieurs réponses. L’une d’elles est citée par Rav Issakhar Frand. Bien évidemment, David ne voulait pas aller dans les stades uniquement pour profiter. Il voulait analyser le comportement des athlètes et des fans de sport, observer leur dévouement pour le sport. « Quand on lit des articles sur les grands athlètes, on est souvent étonnés par le nombre d’heures qu’ils passent journellement à s’entraîner pour se perfectionner et outrepasser leurs compétences. Les nageurs ou gymnastes – parfois de jeunes enfants – qui concourent pour des médailles olympiques passent un temps fou à s’entraîner intensivement avant leur compétition. C’est leur vie ! Ils passent huit ou dix heures par jour à ces répétitions, pendant des années ! Et pensez également aux passionnés de sport : leur obsession ne peut même pas être entièrement décrite. Je connais un peu les Orioles et les Ravens. Certes, je ne suis pas un grand Tsadik, au point d’être totalement à l’écart de ce sujet. Mais à la radio, c’est incroyable d’entendre ce qui se passe sur les chaînes sportives. Les gens peuvent parler de leurs équipes et analyser tous les joueurs, 24 heures sur 24, sept jours sur sept ! Les "jours de repêchage" sont presque comme un Yom Tov de trois jours. Ce n’est même pas un jeu ! Ils passent trois jours à spéculer sur les joueurs qui pourraient faire partie de l’équipe. Ensuite, il y a toute l’analyse : ont-ils bien choisi ou pas ? Auraient-ils dû choisir quelqu’un d’autre ? »

David Hamélech voulait analyser le comportement humain dans les stades pour comprendre le vrai dévouement et l’implication totale dans une cause ! « Je veux aller dans les théâtres et dans les cirques, parce que je sais que là-bas, je verrai des exemples de dévouement absolu à une certaine vocation – et ensuite, je veux émuler ce dévouement dans mon étude et dans mon propre service divin ! »

Dans le même ordre d’idées, le ’Hafets ’Haïm note que lors d’un Siyoum d’étude, nous disons : « Nous travaillons et ils peinent ; nous travaillons et recevons une récompense, ils peinent et ne reçoivent pas de récompense, nous courons et ils courent… » Le ’Hafets ’Haïm demande : « Pourquoi se soucier de leur course ? Pourquoi se préoccuper de la façon dont « ils travaillent » ? Il répond que si quelqu’un veut savoir ce qu’est le vrai labeur, il faut regarder le travailleur ! Si quelqu’un veut savoir ce qu’est la vraie passion, il faut regarder l’adepte !

Rav Frand ajoute une autre réponse, apparemment sans rapport, donnée par le Ktav Sofer. La Guémara[1] enseigne que dans les temps futurs, tous les stades et les théâtres seront transformés en maisons d’étude et de prière. David demande à Hachem que ce jour arrive, qu’il puisse étudier et prier dans des théâtres et des stades transformés. Hachem lui répondit que cela n’arriverait que dans un avenir lointain, mais qu’en attendant, il devait se rendre dans les vraies maisons d’étude et de prière. Bien que cette réponse soit différente de la précédente, elles sont liées. La question est de savoir pourquoi ce sont précisément les stades et les théâtres qui devraient être transformés en synagogues et en maisons d’étude. Étant donné qu’il s’agit de lieux où l’on peut observer une grande dévotion et un grand dévouement, cette énergie pourrait facilement être utilisée en faveur de l’étude de la Torah et de la prière. La Guémara ne dit pas explicitement si elle fait référence à la fin des temps lorsqu’elle affirme que les stades seront métamorphosés, mais déjà à notre époque, on assiste à de nombreux événements de Torah, comme des Siyoumim du Chass, qui ont eu lieu dans les plus grands stades du monde. Ces événements ont été incroyablement inspirants et spirituels, prouvant déjà que ces lieux de dévouement pour des activités vides de sens peuvent être facilement transformés en lieux de grande spiritualité.

Puissions-nous tous mériter de faire preuve d’un dévouement pour la Torah égal, voire supérieur, au dévouement pour le sport et les divertissements. 

 

[1] Méguila, 6a.