Dans la paracha Ki-Tetsé il est écrit : « Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek, en chemin, lors de votre sortie d’Égypte ; comme il t’a surpris en chemin et a poursuivi tous tes faibles par-derrière, alors que tu étais fatigué, à bout de forces et lui ne craignait pas D. » (Devarim, 25:17-18)
Rachi explique, sur les mots « Il t’a surpris en chemin » : [Le mot « karkha »] exprime le hasard… ou bien le froid et le chaud : il t’a refroidi, t’a fait perdre ton enthousiasme. Car les nations appréhendaient de vous combattre et celui-ci [Amalek] vint entamer la bataille, montra l’exemple aux autres. Cela peut être comparé à une baignoire d’eau bouillante dans laquelle personne ne peut entrer. Un homme pervers arrive et saute à l’intérieur. Bien qu’il se brûle, il la refroidit pour les autres.
La paracha de cette semaine termine par l’exhortation à se souvenir de l’acte odieux d’Amalek qui attaqua le peuple juif dans le désert, et par l’obligation d’anéantir cette nation hostile. La Thora met l’accent sur le fait qu’Amalek trouva le peuple juif « incidemment ».
Rachi propose plusieurs explications sur ce terme ; Amalek fit comme s’il avait rencontré les Bné Israël fortuitement, sans lien avec la Providence Divine. Il souligne également que le mot « karkha » vient du mot « kor », le froid. C’est une allusion au fait qu’Amalek refroidit la crainte ressentie par les nations du monde à l’égard du peuple juif.[1] Tout le monde redoutait les Bné Israël depuis les grands miracles de l’Exode, mais Amalek resta complètement insensible et prit l’offensive, sans se soucier des conséquences désastreuses de cet acte.
Plusieurs questions peuvent être soulevées. Tout d’abord, pourquoi Amalek réagit-il si différemment des autres peuples ? De plus, y a-t-il un lien entre la coïncidence et le refroidissement qu’Amalek provoqua, sachant que ces deux interprétations de Rachi sont basées sur le sens d’un même mot – « karkha ».
Amalek avait une conception totalement différente du reste du monde. Les non-juifs idolâtraient de fausses divinités, mais acceptaient l’idée d’une nation puissante qui dirige le monde. Ainsi, ils croyaient en un « D. des Juifs » et tenaient compte de Sa protection du peuple juif.
En revanche, les Amalékim étaient manifestement athées. Ils ne croyaient en aucune force, et attribuaient donc tous les événements extraordinaires de l’Exode à la chance. C’est ainsi qu’ils purent ignorer tous les prodiges et « se jeter dans une baignoire d’eau bouillante ».
Ceci établit le lien entre les deux explications de Rachi. Amalek considérait tout comme le fruit du hasard, même les plus fameux miracles. Par conséquent, il resta froid, impassible et indifférent aux prodiges de la sortie d’Égypte. Son mépris effronté affaiblit également la crainte des autres nations, qui commencèrent à douter quelque peu de la Providence cachée derrière tous les miracles.
Ainsi, le caractère mauvais d’Amalek provient de sa croyance à la coïncidence et donc à son rejet total d’une Force Suprême. C’est ce qui l’incita à réagir « froidement » à tout ce qu’il voyait, et même à refroidir la crainte des autres nations envers le peuple juif.
Ce comportement est particulier à Amalek et représente, en quelque sorte, un danger plus important que les doctrines idolâtres d’autres peuplades, en ce qui concerne l’observance de la Thora. Cela peut diminuer l’impact qu’un miracle aurait pu avoir sur un Juif « croyant », le désensibiliser, voire le faire inconsciemment attribuer cet événement au hasard. De plus, cela risque de l’empêcher de tirer un enseignement qu’Hachem veut lui transmettre.
Dans le même ordre d’idées, rav Sternbuch parle d’un individu qu’Hachem exauça et qui vit Ses prodiges, mais qui reste aveugle, ne réalise pas ce qui s’est passé et ne cherche pas à s’améliorer, à épurer son cœur pour craindre et respecter Hachem davantage. Il affirme qu’une telle personne doit savoir qu’elle est entourée d’impureté et qu’elle est sous l’influence d’Amalek.[2]
Tandis que nous nous approchons des Yamim Noraïm (Jours Redoutables), il est essentiel de prendre cette leçon à cœur ; avant de pouvoir faire techouva et d’établir un programme pour l’année à venir, il nous faut être pleinement conscients qu’Hachem est constamment présent et qu’Il régit notre vie à chaque instant.