וַיֹּאמֶר ה' אֶל מֹשֶׁה אֱמֹר אֶל אַהֲרֹן נְטֵה אֶת מַטְּךָ וְהַךְ אֶת עֲפַר הָאָרֶץ וְהָיָה לְכִנִּם בְּכָל אֶרֶץ מִצְרָיִם הִנְנִי מַשְׁלִיחַ בְּךָ וּבַעֲבָדֶיךָ וּבְעַמְּךָ וּבְבָתֶּיךָ אֶת הֶעָרבֹ
L’Éternel dit à Moché : « Parle ainsi à Aharon: “Étends ta verge et frappe la poussière de la terre, elle se changera en vermine dans tout le pays d’Égypte” […] Je susciterai contre toi et tes serviteurs et ton peuple et tes maisons, les animaux malfaisants. » (8, 12; 17)
A en juger par la chronologie des versets, la plaie de la vermine précéda celle des bêtes sauvages. Or dans Téhilim (105, 31), nous lisons : « Il dit, et des bêtes malfaisantes firent irruption, la vermine sévit dans toute leur contrée », ce qui laisse entendre que c’est l’inverse qui se produisit.
La parabole suivante va nous permettre de résoudre cette apparente contradiction :
Un riche commerçant fiança son fils bien-aimé, un jeune homme instruit et cultivé, à la fille d’un magnat célèbre dans le monde entier. Durant la semaine précédant les noces, le riche offrit chaque jour un banquet à une certaine catégorie de nécessiteux. Le premier jour, il invita les mendiants qui faisaient du porte-à-porte ; le deuxième jour, il convia les élèves des yéchivot ; le troisième, il honora les étudiants en Torah ; le quatrième, ce fut au tour de ses proches qui peinaient à joindre les deux bouts, et ainsi de suite. Il ordonna à ses serviteurs de s’assurer qu’aucun convive ne se présente à deux festins différents.
Le quatrième jour, en examinant les convives, l’un des serviteurs remarqua un visage qui lui semblait étrangement familier.
« Pardonnez ma question, fit-il à l’adresse de l’invité, mais il me semble vous avoir déjà vu ici une fois. Pourquoi êtes-vous revenu aujourd’hui ?
— Effectivement, acquiesça le mendiant. Je suis déjà venu avant-hier, à l’occasion du festin donné en l’honneur des étudiants en Torah dont je fais partie. Quant à ma présence au banquet d’aujourd’hui, réservé aux proches, elle est due au fait que je possède un lien de parenté avec le père du futur marié. J’ai donc une double raison de participer aux festivités ! »
Retour à notre question originelle ! Le Midrach enseigne que la plaie des animaux sauvages (arov) fut constituée de toutes sortes de bêtes malfaisantes, ainsi que d’une variété (en hébreu, arbouvia) d’oiseaux, de serpents, de scorpions et de moustiques. Le Séfer Hayachar (Parachat Bo) précise même que toutes les espèces animalières du monde déferlèrent durant cette plaie, telles les bêtes des champs, les reptiles, les rongeurs, les insectes etc.
En conséquence, la vermine eut une double occasion de ravager l’Egypte : la première, durant la plaie éponyme où elle recouvra la terre sur une épaisseur d’une coudée ; la seconde, au cours de la plaie des bêtes malfaisantes avec lesquelles elle possédait un « lien de parenté »…
D’où la déclaration du psalmiste : « Il dit, et des bêtes malfaisantes firent irruption, la vermine sévit dans toute leur contrée » (Kéhilat Its’hak).