Une veuve était très riche. Elle mourut jeune, laissant derrière elle un héritage très important. Avant de mourir, elle s’adressa à sa fille qui était en âge de se marier et lui dit : « Je te laisse tous mes biens en héritage, mais à condition que tu ailles à telle Yéchiva et que tu dises au Roch Yéchiva que tu veux te marier avec le meilleur élève de la Yéchiva. » La fille accomplit la volonté de sa mère et elle se rendit chez le Roch Yéchiva qui lui conseilla de se marier avec Réouven, le meilleur élève de la Yéchiva. La jeune fille rencontra Réouven à deux reprises et sans trop réfléchir, elle décida de se marier avec lui.
Quelques jours plus tard, avant que le mariage ne soit célébré, la jeune fille entendit dire que Réouven n’était pas le meilleur élève de la Yéchiva mais que c’était Chim'on. La jeune fille, malgré ce qu’avait dit le Roch Yéchiva, pensa que si elle se mariait avec Réouven, elle n’accomplirait pas la volonté de sa mère. Elle ne savait pas quoi faire. Elle était tellement désemparée que Réouven s’en rendit compte et lui demanda des explications. Elle lui expliqua alors la situation. Comme Réouven était un homme Tsadik, qui n’aimait pas le vol, et qui ne voulait pas profiter de ce qui ne lui appartenait pas, il dit à sa fiancée : « Je comprends ton embarras, et tu as raison ; il est possible qu’en te mariant avec moi, tu n’accomplisses pas la volonté de ta mère. C’est la raison pour laquelle je me retire et tu es libre de te marier avec qui bon te semble. Je te pardonne et tu n’as absolument pas à me demander pardon. »
Les deux jeunes gens se séparèrent mais la jeune fille demanda quand même à Réouven de lui écrire sur une feuille qu’il lui pardonnait. Quelque temps plus tard, elle se fiança et se maria avec Chim'on. Les mois passèrent et un jour, un Roch Yéchiva important se présenta chez le Roch Yéchiva de Réouven et Chim'on. Il lui demanda de lui présenter un très bon élève qui ferait office de Rav dans sa Yéchiva. Sans hésiter, le Rav présenta Réouven. On le fit venir et à la grande surprise des deux Rabbanim, alors que n’importe quel élève aurait été flatté d’une telle proposition, Réouven refusa. On eut beau lui expliquer tout ce que pouvait lui apporter une telle nomination et comment il allait diffuser la Torah au sein du peuple juif, ce dernier persista dans son refus.
Le Roch Yéchiva partit et le Rav resta seul avec Réouven. Réouven lui dit alors : « Je sais que beaucoup de personnes rêveraient d’être Rav dans cette Yéchiva mais... comment pourrais-je accepter cette nomination ? Si la jeune fille avec laquelle je devais me marier apprend que j’ai été nommé à cette fonction, elle comprendra qu’elle s’est trompée sur le choix de son mari et cela va lui causer beaucoup de peine. Je préfère ne pas accepter ce poste et ne pas faire de peine à une orpheline. » Voilà ce qu'est « un homme juste et intègre » !
Dans la Parachat Noa’h, il est écrit à propos de Noa’h : « Ich Tsadik Tamim » (un homme juste et intègre. Le commentateur Rabbénou Bé’hayé explique cette expression en disait que « juste » signifie « faire attention au vol » et « intègre » « qui est parfait dans ses traits de caractère »...