Il est écrit dans notre Paracha Noa'h : « Hachem descendit pour voir la ville et la tour que les fils d’Adam construisaient. Hachem dit : "Voici une nation qui partage un langage commun et c’est ainsi qu’ils ont commencé à agir !" » (Béréchit, 11:5-6.)
Rachi, sur les mots « les fils d’Adam » commente : « Les fils de qui d’autre pouvaient-ils être ? De l’âne ? Du chameau ? En fait, de par leurs actes, ils montraient qu’ils étaient les fils d’Adam Harichon, qui avait fait preuve d’ingratitude en disant : "La femme que Tu m’as donnée…" Ces personnes furent pareillement ingrates en se rebellant contre Celui qui leur prodiguait Ses bienfaits et les avait sauvées du déluge. »
En nous racontant l’épisode de la tour de Babel, la Torah fait allusion à un grave défaut dont ces nations se rendirent coupables en construisant une tour qui servirait à combattre D.ieu.
Rachi, citant le Midrach, nous informe qu’Hachem les compara à leur ancêtre, Adam qui fut ingrat ; quand il commit la faute de manger du fruit interdit, il accusa Hachem d’avoir créé la femme qui l’incita à fauter. En réalité, Hachem lui avait procuré un grand bienfait en lui accordant une partenaire. De même, Hachem sauva Noa’h du déluge et au lieu d’apprécier Sa bonté, les descendants de Noa’h voulurent se battre contre Lui.
On peut arguer que cette ingratitude est assez triviale par rapport à la faute bien plus sérieuse de Kéfira [1] et à celle d’essayer d’aller en guerre, pour ainsi dire, avec le Tout-Puissant – pourquoi la Torah fait-elle alors référence à ce défaut apparemment insignifiant ?
L’interdit de la Torah de se marier avec un converti (de la gente masculine) des peuples d’Amon et Moav ou avec un de leurs descendants peut nous suggérer une réponse à cette question.[2] L’une des raisons que la Torah donne à cette interdiction de s’allier à eux est leur refus d’offrir du pain et de l’eau au peuple juif lors de leur traversée du désert. Les commentateurs demandent en quoi cette inaction, qui certes montre un manque de bon cœur, est tellement grave, au point que leurs descendants ne puissent jamais s’unir au peuple juif. Ils expliquent que leur faute fut particulièrement lourde du fait qu’ils étaient grandement redevables au peuple juif ; Avraham Avinou sauva Loth, le patriarche d’Amon et de Moav, quand il le délivra des quatre rois. L’ingratitude que ses descendants exprimèrent en refusant d’aider les Bné Israël reflétait un grand défaut, impliquant qu’ils ne pourraient jamais se marier avec un Juif [3].
De même, l’ingratitude manifestée par les bâtisseurs de la tour de Babel - non seulement, ils ne remercièrent pas Hachem d’avoir sauvé Noa’h, mais de plus, ils eurent l’audace de Le « combattre » - accroît la gravité de leurs actions de manière significative. Nous apprenons d’ici l’importance fondamentale de la qualité de Hakarat Hatov (la reconnaissance) et la gravité de son contraire - l’ingratitude.
Apparemment, si l’ingratitude est un défaut tellement grave c’est parce qu’elle va à l’encontre des fondements de la Émouna (la foi) et du respect de la Torah – à savoir qu’Hachem nous prodigue des bienfaits inégalables en nous accordant la vie et l’opportunité de nous lier à Lui. C’est en soi une raison suffisante pour respecter les Mitsvot et essayer d’accomplir la volonté [4] d’Hachem afin d’exprimer notre appréciation pour ce qu’Il a fait et continue constamment à faire pour nous.
[1] La Kéfira est le déni des principes de base de la croyance en D.ieu.
[2] Dévarim, 23:4-5.
[3] Voir Ramban 23:5.
[4] Bien entendu, Hachem n’a aucunement besoin que nous observions la Torah. C’est pour notre bien que nous le faisons.