Dans la Parachat Noa'h (7,8), il est écrit : וּמִן הַבְּהֵמָה אֲשֶׁר אֵינֶנָּה טְהֹרָה ("Des bêtes qui ne sont pas pures").
Dans le Talmud, Rabbi Yéhochoua ben Lévi a enseigné : Que l’homme n’émette jamais une parole indécente de sa bouche. Nous voyons en effet que la Torah a rajouté huit lettres pour ne pas employer un langage indécent et a écrit « des bêtes qui ne sont pas pures », plutôt que « des bêtes impures » (Pessa’him 3).
Le passage talmudique ci-dessus demande une explication. En effet, le mot « impur » est employé à maintes reprises dans la Torah. Or selon le Talmud, n’aurait-il pas plutôt dû être remplacé par l’expression « qui n’est pas pur » ? Le Maguid de Doubno répond à cette question par la parabole suivante :
Dans le voisinage d’un certain rabbin, vivait un homme de basse classe, sot et rustre, mais qui avait pourtant réussi à faire fortune. Les villageois l’avaient surnommé « Zeinvil le rustaud ». Un jour, l’un d’entre eux frappa à la porte du rabbin et lui demanda : « Où vit Reb Zeinvil ? » Le bedeau du rabbin répondit : « Vous parlez peut-être de Zeinvil le rustaud qui habite en face ? » Le rabbin réprimanda alors le bedeau pour avoir affublé son voisin d’un tel surnom.
Quelques jours plus tard, le marieur se présenta chez le rabbin et l’informa que ce fameux Zeinvil l’avait chargé de demander en mariage le fils du rabbin pour sa propre fille. Et le rabbin de s’indigner contre le marieur : « Quelle insolence de suggérer une telle union entre mon fils et la fille de Zeinvil le rustaud ! »
Le marieur parti, le bedeau exprima son étonnement face à son maître : « Votre honneur, lorsque j’ai désigné Zeinvil par son sobriquet, vous vous êtes emporté contre moi et pour finir, vous l’avez vous-même appelé ainsi ? » Le rabbin répondit : « Quand un simple Juif a demandé après lui, il n’y avait pas lieu de le tourner en ridicule. Mais quand on a osé suggérer une alliance entre nous deux, je devais expliquer la raison de ma colère, à savoir qu’un tel homme n’est pas digne d’entrer dans ma famille ! »
L’interprétation de cette parabole est la suivante : quand l’ordre fut donné de faire monter les bêtes dans l’arche, il n’y avait pas lieu de faire la distinction entre les espèces pures et impures. La Torah a donc pris soin d’employer un langage décent en écrivant : « des bêtes qui ne sont pas pures ». En revanche, quand il s’agit de nous ordonner de nous éloigner des animaux interdits, il devient alors nécessaire de mettre l’accent sur leur impureté : « impurs ils sont pour vous » (source : Béohala chel Torah).