Cette annonce (parue dans les petites annonces du journal Hamodia de la semaine dernière) est remarquable pour au moins 2 raisons :
— La 1ère, c’est qu’il s’agit d’une belle illustration de ce qu’on appelle la Mitsva d’Hachavat Avéda (rendre un objet ou une somme d’argent perdus).
— Deuxièmement, cette conduite exemplaire dans les relations commerciales nous rappelle une période intéressante de la vie du ’Hafets ’Haim — le plus grand Rav du siècle dernier — alors qu’il menait une existence « d’homme d’affaires » assez particulière…
Rabbi Israël Meir Hacohen de Radin était un érudit discret. Il a cherché à gagner sa vie en taillant une belle part au Limoud (étude sacrée), en ouvrant une petite épicerie. Elle était tenue par son épouse pendant la plus grande partie de la journée, alors que son rôle consistait à vérifier les comptes en traquant certains problèmes. Comme nous allons le voir, sa vision du commerce et du gain était assez différente de celle des autres commerçants…
Son souci principal était de s’assurer que, dans la conduite de ses affaires, les nombreuses lois de la Torah ayant trait au commerce soient rigoureusement respectées. Tout était soigneusement examiné : Guézel (vol), Midot (poids et mesures exactes), Onaa (dépassement du prix par abus de confiance), Ribbit (crédit avec intérêt), etc.
Mais sa recherche d’honnêteté ainsi que le désir de satisfaire sa clientèle en lui fournissant la meilleure marchandise eut pour conséquence de provoquer le mécontentement des épiceries concurrentes. Elles voyaient leur clientèle fondre au profit de la sienne, l’accusant par là même de porter atteinte à leur Parnassa (source de revenus) selon le principe de Massuig Guévoul (franchir le « territoire » de l’autre).
Il décida alors de restreindre les heures d’ouvertures au minimum, afin que les clients fréquentent également les autres commerces. Mais cela n’a pas suffit : les habitués attendaient patiemment que la sienne ouvre pour acheter exclusivement dans son épicerie symbole du commerce « Cachère ».
Finalement, il s’est senti obligé de fermer et décida de se mettre à écrire et partir vendre ses ouvrages dans les communautés des petits villages d’Europe de l’est.
C’est ainsi que le peuple juif a mérité les précieux écrits : Chmirat Halachone (lois sur le langage), Ahavat ’Hessed (lois du commerce), Taharat Israël (pureté familiale), bien sûr le célèbre Mishna Broura (lois de tous les jours et fêtes), ainsi que de nombreux autres.
L’honnêteté ne paie pas, dit le proverbe…