Pour nous évader un instant loin du martèlement de l’actualité, de son éthique journalistique irréprochable, de ses analyses savantes et objectives, nous voudrions raconter ici la très belle et vraie histoire d’un petit groupe d’hommes et de femmes, simples bergers, qui un jour, ont découvert et ont aimé le peuple hébreu. Cela s’est passé, il y a 85 ans, dans le plus beau pays du monde, mais dans la période la plus noire de son histoire. En 1940, en pleine Italie fasciste, sous l’impulsion d’un curieux personnage, le petit village de San Nicandro va vouloir se convertir au judaïsme. 
On aura vraiment tout vu…
 

Maestro du design 

En Italie, où que vous soyez, vous êtes proches de la mer.

Vouloir se convertir en 1940, sous l’Italie fasciste…!!

Lorsque vous traversez la botte dans sa largeur, en un peu plus de 3 heures, vous avez tiré un trait entre les deux plus belles côtes du monde, celle de la Méditerranée et celle de l’Adriatique.

« Et la baie de Rio de Janeiro ??! » me direz-vous...

Peut-être. Mais l’Italie, c’est « boutique ».

Si sa topographie de presqu'île qui s’avance dans les flots est époustouflante (son goût d'esthète s’exprimera d’ailleurs dans le design de meubles, de vêtements, et de carrosserie), sa configuration humaine ne l’est pas moins. 

Vouloir se convertir en 1940, sous l’Italie fasciste…!!Vouloir se convertir en 1940, sous l’Italie fasciste…!!

L’Italien est un être jovial, avenant, généreux, accueillant, très rarement arrogant, qui parle une langue qui chante même avant de la mettre en musique. On peut d’ailleurs ajouter à chaque mot (ou presque) une « rallonge » pour en faire un superlatif : gentillissima... buonissima... bravissima... bellissima...

Avec ses « r » qui roulent, ses voyelles qui s’exclament tout haut, on dirait que les Italiens ne sont jamais gênés d’exprimer leurs émotions. 

Des êtres foncièrement mauvais ne peuvent pas parler une si belle langue, et une si belle langue ne peut se trouver dans la bouche de personnes viles. 

Et pourtant...

L’Italie a connu l’infamie des déportations, et on a du mal à comprendre comment les sympathiques carabinieri ont pu un jour à l’aube frapper aux portes des maisons juives et arrêter des familles entières. Quelque chose « ne colle pas » entre ces visions de terreur et le soleil, la pasta, la bonhomie du peuple ; le décor de ces atrocités ne peut être que celui de terres glacées, sévères, cruelles et obsessivement méthodiques. Mais au pays du vin et de la joie... ??? 

À croire que la gentillesse des Italiens poussée à l'extrême se transforme en complaisance, en mollesse, en lâcheté et que leur manque de fermeté à dire « no » aux terrifiants diktats des Allemands et de leur duce, peut aussi être un gravissime défaut. Mais fermons là la parenthèse.
 

Qui cherche trouve 

Notre histoire commence avant la guerre, en 1930, dans un petit village des Pouilles, San Nicandro Garganico, au sud-est de la Botte, alors qu’un homme, analphabète jusqu'à l’âge adulte, mais doté d’une personnalité appuyée et en recherche constante de vérité, va parvenir aux portes du judaïsme authentique. 

Vouloir se convertir en 1940, sous l’Italie fasciste…!!

Donato Manduzio, c’est le nom de notre héros, va faire un rêve étrange : il y verra un homme portant une lanterne éteinte et lui demandant de l’allumer ; et justement Manduzio tient des allumettes dans sa main. Ce songe sera prémonitoire, car quelque temps après, il recevra d’un voyageur une Bible, dont la lecture provoquera chez cet assoiffé de sens et de spiritualité un véritable choc. Car dans les Pouilles très catholiques d’alors, on ne connaît pas l’"Ancien Testament".

Derrière chaque verset, il trouve ce qu’il cherche depuis toujours : un texte ordonné, cohérent dans ses moindres détails, daté, clair, au travers duquel le Créateur révèle Sa volonté aux hommes. Et Donato, conquis, sentant intuitivement qu’il vient de découvrir le Livre clef de l’Humanité, se met à en parler autour de lui et à faire des adeptes. Le village commencera à servir le D.ieu des Hébreux en toute simplicité, avec les moyens du bord, pensant que le peuple décrit dans ces Textes avait disparu et qu’ils ressuscitaient une tradition ancestrale, qu’on avait cessé de pratiquer depuis des millénaires. 

Vouloir se convertir en 1940, sous l’Italie fasciste…!!

Un marchand ambulant de passage leur révèle qu’il y a encore beaucoup « di questa gente - de ces gens » dans les grandes villes. Tout étonnés, les Sannicandresi arrivent à se mettre en contact avec le Rabbinat italien de Rome, mais ce dernier, d’abord méfiant, pensant à un canular ou à une provocation — qui ose se convertir en une telle période ?! — hésite à donner suite aux lettres de Donato.

Finalement, le Grand Rabbin Sacerdoti, convaincu de leur sincérité, répondra, tentant cependant de les dissuader de faire le pas, ne serait-ce que pour leur épargner les misères des persécutions qui battaient leur plein, alors que Mussolini s’était allié à Hitler.

Vouloir devenir Juif en 1940 !

Ils seront relativement peu inquiétés par le régime fasciste qui les considère plutôt comme des originaux. D’ailleurs, le rabbinat, pour les protéger, leur écrit : « Vous n’êtes pas Juifs, parce que vous n’êtes pas nés Juifs et, d’autre part, votre conversion n’a jamais été faite. » Vexés, ils osent rétorquer : « Bien que nous ne soyons pas nés en Israël, nous opérons selon les lois que l’Éternel a données à Israël. »

Ces hommes ont la nuque raide, comme les Israélites du Livre qu’ils ont adopté, et même si la vérité à laquelle ils aspirent est en ce moment du côté des persécutés, rien ne freine leur élan. Ils attendront, comme le leur conseille le Grand-Rabbin, la libération de Rome, et entreront alors dans l’Alliance d’Avraham, selon la stricte Halakha — loi juive en 1946. Puis, avec la naissance du jeune État hébreu, la majorité d’entre eux quittera le village pour s’installer en Haute Galilée, dans les communautés agricoles religieuses de Alma, Ben Zimra et Byria.

Leurs descendants, complètement intégrés à la société israélienne, s’y trouvent jusqu’à aujourd’hui, pratiquant le judaïsme à la lettre.

Bas les masques !

C’est lors d’une période d’épreuve, on le sait bien, qu’un homme reconnaît ses vrais amis. En ce moment, alors qu’Israël est dans la douleur, on peut assister à des expressions de solidarité, venant de personnes plutôt discrètes, qui jusque-là n'auraient jamais osé se manifester. Soudain, en ces temps lourds, on entend des : « je ne suis pas juif, mais je tenais à vous dire… », « on est avec vous… », « Israël est éternel… », « vous avez toute ma sympathie ». Un chauffeur de taxi dont l’accent ne porte pas à confusion ose se confier sur les réseaux et fait une déclaration : ”Sachez, Juifs de France, que moi, je vous aime, du fond du cœur et je vous défendrai comme je pourrai le faire…”
 
Mais il y a aussi, de l’autre côté du rivage, les lapsus, les silences, les non-dits, les messages bizarrement formulés, qui laissent apparaître des intentions moins nobles : « Je suis contente d’apprendre que tout va bien pour vous et votre famille. Je partage votre peine et celle de tous les Israéliens et Palestiniens. » 
Quelle délicatesse… !!!
Ou encore : « j’ espère que vous n’avez pas été touchés directement… », avec plein d'emojis compatissants. Et indirectement, ça passe ?
Les masques tombent d’eux-mêmes.
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Notre petit village italien, aurait pu continuer à mener ses brebis paître dans les collines, faire son fromage et être heureux de partager un verre de chianti entre amis en chantant le soir, à la tombée de la nuit, un air napolitain. 
Mais, ils ont aimé Israël et sa mission. 
Eux, comme tous nos amis d’aujourd’hui, ont senti intuitivement que ce peuple porteur des Écrits Saints est l’organe vital de l'humanité, celui qui lui donne son sens et sa direction. 
La Torah s’inscrit dans les bonnes natures, y trouvant un terrain idéal pour fleurir et s’épanouir. 
Heureux les Sannicandresi et tous les amis du peuple juif, qui donnez de près ou de loin, votre cœur pur à Israël.
 

Vouloir se convertir en 1940, sous l’Italie fasciste…!!