Trump ou Biden, telle était la question…
Combien certains ont espéré que Donald Trump se fasse réélire, les yeux rivés sur leurs écrans, suivant de près les élections et espérant assister à une victoire surprise du candidat républicain.
Quelques mesures prises sous son mandat plaidaient effectivement pour cette espérance : reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’état d’Israël jusqu’à la souveraineté du plateau du Golan, en passant par les accords de paix avec les Emirats arabes unis et Bahreïn. Son premier mariage avec une femme juive pouvait aussi créer un sentiment de proximité.
Mais la raison profonde pour laquelle Donald Trump jouissait d’une grande popularité auprès de certains de nos coreligionnaires tenait sans doute au fait qu’ils se sentaient en sécurité sous sa protection. Le président n’avait pas lésiné sur les sanctions visant à empêcher l’Iran de s’équiper de l’arme atomique, il a interrompu une partie des aides versées à l’autorité palestinienne et il n’avait pas mâché ses mots pour défendre Israël face à l’ONU quand celle-ci accablait l’Etat juif.
Mais n’y a-t-il pas là quelque chose qui cloche ?
Ce sentiment de sécurité est-il dû à la confiance en D.ieu ou plutôt à la confiance placée dans un dirigeant politique, quel qu’il soit ? Y a-t-il une différence pour nous - peuple juif - si c’est un Donald Trump, un Barack Obama ou un Joe Biden qui est au pouvoir ?
Alors, évidemment, on dit que tout vient d’Hachem et que c’est Lui qui a mis un président comme Donald Trump au pouvoir favorisant grandement l’état d’Israël, alors pourquoi sommes-nous angoissés ou déçus puisque tout est censé venir de Lui ? Notre sentiment ne trahit-il pas un manque dans notre confiance en D.ieu ?
Lorsque le verset met en garde celui qui déclarerait : « Tu diras en ton cœur : "C'est ma propre force, c'est le pouvoir de mon bras, qui m'a valu cette richesse." » (Deutéronome 8, 17 ), il ne fait pas seulement allusion à celui qui ferait dépendre sa réussite de son intelligence ou de sa force mais à tout celui qui ferait dépendre sa richesse d’une autre cause que Lui et Lui seul ; car comme les textes nous le révèlent, D.ieu guide non seulement le monde entier mais aussi l’homme en particulier au point même que le Targoum Yéonathan dit que « D.ieu nous met même dans la tête quel bien acheter pour que nous nous enrichissions. » (Deutéronome 8, 18)
Et pourtant, nous avons bien du mal à le vivre : les ennemis menaçant tout autour, armés jusqu’aux dents, se comptant par millions, ternissent parfois notre sentiment de sérénité. Et dans un contexte géopolitique tel, certains se disent qu’un Donald Trump est toujours mieux qu’un Joe Biden.
Mais là encore nous faisons une erreur, car comme le dit la Torah : « Le cœur du roi est comme un ruisseau dans la main de l'Eternel ; il le dirige partout où il veut. » (Proverbes 21, 1) et le Malbim d’expliquer sur place que toutes les décisions concernant le peuple d’Israël sont prises directement par le Saint béni soit-il. Donc, que le dirigeant soit pro-palestinien ou fervent sioniste, cela ne fait pas la moindre différence quant aux décisions qui touchent à l’ensemble du peuple d’Israël.
Et ceux pour qui les textes ne seraient pas suffisamment parlant, l’Histoire, elle, est indiscutable. Comme nous allons le voir…
Lorsque l’Histoire prouve que D.ieu nous protège
Lorsque le peuple d’Israël fut délivré du joug pharaonique, D.ieu lui ordonna de conquérir la terre d’Israël. Cependant, la tâche ne fut pas de tout repos, car 31 royaumes occupaient les lieux. Les textes nous enseignent (voir commentaire du premier Rachi sur la Torah et Sifri) que D.ieu voulut châtier ces peuples pour leur comportement immoral, en donnant leur terre au peuple venu d’exil.
La conquête d’Israël débuta sous la souveraineté de Josué et continua jusqu’au roi David, quelques 430 ans plus tard. Elle ne se fit pas en un instant et, durant de longues années, le peuple combattit les résidents locaux sous l’ordre de D.ieu.
L’implantation juive prit du temps, et le peuple vivait au milieu des autres peuples alentours qui voyaient en lui un farouche ennemi. Ainsi, philistins et autres descendants d’Amalek étaient toujours, épées à la main, préparés à la guerre contre Israël. La Bible est d’ailleurs pleine de ces faits d’armes qui caractérisent la conquête de la terre d’Israël ainsi que sa défense face aux moabites et aux assyriens de Damas contre lesquels le roi David livra de sanglantes batailles.
C’est pourtant dans ce contexte géopolitique tendu qu’une fois le Temple construit, la Torah ordonna à chacun des membres du peuple juif - hommes, femmes et enfants - de quitter leur lieu de résidence afin de se rendre à Jérusalem une fois tous les 7 ans pour la Mitsva de Hakel - le rassemblement.
« Convoque le peuple entier, hommes, femmes et enfants, ainsi que l'étranger qui est dans tes murs, afin qu'ils entendent et s'instruisent, et révèrent l'Éternel, votre D.ieu, et s'appliquent à pratiquer toutes les paroles de cette doctrine » (Deutéronome 31, 12)
Mais il y a plus encore. Trois fois par an durant les fêtes, tous les hommes juifs délaissent leur maison pour se rendre à Jérusalem munis de leurs sacrifices. « Trois fois par an, tous tes mâles paraîtront par-devant le Souverain, l'Éternel » (Exode 23, 17) .
Les enfants capables de les suivre et leurs femmes étaient eux aussi conviés, et les témoignages des historiens tel que Flavius Joseph relataient que les montées vers le mont du Temple se faisaient en famille.
Les demeures étaient laissées là, sans la moindre surveillance, les champs aussi. Les frontières n’étaient guère gardées par le moindre soldat qui devaient aussi se rendre à Jérusalem afin accomplir la Mitsva de Hakel avec leur famille.
Qui donc assurait les juifs qui s’en allaient festoyer dans la ville sainte qu’à leur retour, ils retrouveraient leur habitat, leurs maisons ainsi que leur bétail ? Mais surtout, comment pouvaient-ils laisser toute cette terre tant convoitée à la portée de l’ennemi qui rôdait ?
Et n’allons pas nous imaginer que cet épisode fut ponctuel, de sorte que l’ennemi ne put se saisir de l’occasion pour envahir les lieux : cette Mitsva se reproduisit ainsi une fois tous les sept ans durant les 410 ans d’existence du premier Temple et les 420 ans du second Temple... soit autant d’années où les occasions ne manquaient pas pour l’ennemi de s’emparer sans le moindre mal de la terre d’Israël, et pourtant aucune de ces opportunités de conquête ne fut lancée…
Comment cela se fait-il ? Pourtant, il n’y avait pas l’oncle Sam pour faire peur aux ennemis de la périphérie, ni les casques bleus de l’ONU…
Quelle est donc la raison de cette protection extraordinaire ?
La raison de cette miraculeuse protection est énoncée dans le livre de la Bible : « nul ne convoitera ton territoire, quand tu t'achemineras pour comparaître devant l'Éternel ton D.ieu, trois fois l'année. » (Exode 34, 24) Et ce fut précisément ce qui se passa durant les 830 ans de l’existence des deux Temples où personne ne convoita la terre à ce moment-là…
Et le plus extraordinaire, c’est qu’une fois la fête et cette “trêve divine” passée, les combats reprenaient. Miracle !
De plus, imaginons-nous le niveau spirituel de ces juifs qui, la veille, devaient guerroyer avec l’ennemi et le lendemain, laissaient tous leurs biens à l’abandon, sans la moindre protection, uniquement assurés par la promesse Céleste. Ce n’est pas eux que l’on verrait anxieux, rivés sur leur écran à l'affût du dépouillement de chaque “swing State”.
Attention, ce n’est pas pour autant qu’il faille dénigrer la Hichtadlout (l’effort dans les voies matérielles) surtout à notre niveau, ni même faire preuve d’ingratitude vis-à-vis des envoyés de D.ieu qui ont œuvré pour notre bien-être, loin de là, mais il est impératif de replacer les choses à leur juste niveau.
D.ieu nous protège, quel que soit le président élu, quel que soit le contexte géopolitique dans lequel nous nous trouvons. Nous sommes le peuple qu’Il a choisi et, à ce titre, nous sommes garantis d’une existence éternelle…