Les bibliothèques nationales italienne et israélienne ont donné le coup d’envoi fin juin d’un gigantesque projet de catalogage de chaque manuscrit hébraïque en Italie.
35 000 volumes ayant appartenu à 14 communautés juives pour trois ans de travail environ. Il s’agit bien d’un projet collectif sortant des sentiers battus mené par la bibliothèque nationale de Rome, la bibliothèque nationale d’Israël à Jérusalem et l’union des communautés juives en Italie : consolider un catalogue unique de tous les ouvrages hébraïques en Italie de toutes les époques.
L’initiative, nommée « I-Tal-Ya Books », a été notamment rendue possible par la Yad Hanadiv, la fondation Rothschild dédiée aux œuvres philanthropiques.
Il existe en Italie des milliers de livres pluricentenaires qui ne sont pas référencés, parmi des collections appartenant à des personnes privées, des communautés, des bibliothèques d’Etat, appartenant à l’Eglise italienne ou au Vatican.
Si certaines collections ont pu faire l’objet d’un catalogage partiel, il faut noter qu’il n'existe pas de liste unique intégrée et normalisée de ce patrimoine épars. Cela signifie que ces ouvrages sont très souvent difficiles à trouver, voire impossibles, alors qu’ils revêtent une importance historique significative et une dimension de compréhension et d’étude de la Torah inestimable.
« Un rêve qui devient réalité »
Une responsable du projet résume d'ailleurs très simplement le leitmotiv du chantier : « c’est un rêve qui devient réalité ». Elle donne aussi des détails sur les aspects opérationnels du travail qui attend les différents protagonistes. « Nous avons créé un groupe de travail professionnel et responsable, et avec lui, nous avons mis en place un processus qui rendra le catalogue unique disponible avec certaines parties des volumes numérisés et des fonctions de recherche en caractères hébraïques et latins avec la normalisation des noms. Ce n'était pas simple. Nous espérons rendre les premiers résultats visibles début 2021 ».
Cette initiative va, pour la première fois, assurer la protection, la préservation et l’accès à ces trésors de Torah en utilisant une technologie de pointe. L’Union des communautés juives en Italie supervise l’avancée du chantier, la bibliothèque nationale de Rome est responsable du catalogue et la bibliothèque nationale d’Israël fournit la formation adéquate, un soutien et une expertise sur la langue hébraïque et le respect dû aux livres saints.
Cette démarche a ceci de particulièrement intéressant que la communauté juive a vécu en Italie depuis plus de deux millénaires, jouant un rôle majeur dans l’Histoire juive antique, médiévale, moderne et contemporaine en tant que centre de production et d’impression de livres. Elle a aussi vu grandir de belles et prospères communautés dans des conditions tantôt hospitalières, tantôt hostiles, sans oublier surtout de grands centres d’études de Torah et de grands Rabbanim, certains érudits en Kabbala. Citons à titre d’exemple Rabbi Moché ‘Haïm Luzzatto, auteur de l’œuvre de référence de Moussar Messilat Yécharim, la voie des Justes.
Photographie : un livre imprimé au 16e siècle dans l’une des cinq synagogues du ghetto juif de Venise, en Italie © Museo ebraico di Venezia