Plusieurs personnes m’ont demandé d’évoquer l’approche de la Torah sur les temps actuels. Nous nous focaliserons sur l’un des enseignements que l’on peut tirer du Coronavirus, à travers des citations de ’Hazal et des histoires concernant des Grands de la Torah, qui guideront nos actions et nos pensées en cette période éprouvante.
Parlons tout d’abord de nos actions. Les dirigeants spirituels de la génération nous enjoignent de suivre rigoureusement les instructions sanitaires visant à éviter la diffusion du virus. Il s’agit en réalité d’accomplir la Mitsva de « Venichmartem Méod Lénafchotékhem – Vous prendrez grandement garde à vous ». Ceci implique parfois de ne pas accomplir les autres Mitsvot de manière idéale. Par exemple, c’est un devoir de rester confiné, bien qu’on ne pourra pas prier en présence d’un Minyan. L’histoire suivante montre qu’en cas de danger, l’essentiel est de se concentrer sur la Mitsva précitée. Un malade devait manger pendant Yom Kippour, conformément à un rapport médical, mais il refusait de s’y plier et comptait jeûner malgré le danger. Quand Rav Israël Salanter entendit ceci, il se déplaça personnellement pour tenter de convaincre le malade de manger, mais celui-ci s’obstinait à vouloir jeûner. Rav Salanter dit alors : « Le Yétser Hara essaie toujours de nous empêcher d’accomplir les Mitsvot, mais dans un cas comme le vôtre, il est "pris au dépourvu", étant donné votre dispense de la majorité des Mitsvot. Que peut-il donc faire pour affadir votre Avodat Hachem ? Sa solution est de se focaliser sur la seule Mitsva que vous êtes tenus d’accomplir rigoureusement – celle de préserver votre santé ! Il fera tout pour que vous jeûniez alors que cela vous est interdit ! »
Nous ne sommes pas dispensés de toutes les Mitsvot, mais il est évident que celle de préserver sa santé est capitale en ce moment.
Il convient, certes, de faire la Hichtadlout nécessaire, mais sans entrer dans le mouvement de panique qui a été provoqué ces derniers temps. Cette réaction n’est pas appropriée, elle n’est pas saine. La Guémara raconte qu’un élève de Rav Hamnouna soupira, montrant qu’il craignait quelque chose. Le Rav lui dit qu’en réagissant ainsi, il se faisait souffrir, car le verset affirme que ce que la personne redoute lui arrive. Ainsi, la peur d’une certaine occurrence peut parfois s’avérer plus dangereuse que l’incident même.
Le Rambam était un médecin très réputé en Égypte. Un médecin égyptien qui le jalousait lui lança un défi, censé montrer qui d’entre eux était le plus compétent. Chacun devait tenter d’empoisonner l’autre et faire preuve d’expertise médicale pour se protéger de la substance toxique. Le médecin égyptien donna son poison au Rambam qui, doté d’une grande sagesse, parvint avec l’aide de D., à le diluer et à s’en sortir indemne. Quand le médecin égyptien but le poison du Rambam, il tomba malade. Ce dernier lui proposa plusieurs antidotes qui auraient pu le sauver, mais l’autre médecin le soupçonna de vouloir empirer son état. Il décéda peu de temps après. Par la suite, on fit savoir que le Rambam n’avait pas du tout empoisonné son collègue, il lui avait donné une boisson normale, mais le médecin paniqua tant, que sa peur se concrétisa. Le souci d’une éventuelle maladie peut donc être pire que la maladie même.
Comment ne pas entrer dans ce cercle vicieux de l’inquiétude ? Souvenons-nous qu’une fois la Hichtadlout nécessaire effectuée, nous sommes entre les mains d’Hachem. Il n’y a alors pas lieu de paniquer, car nous savons qu’Il ne fait que ce qui nous est bénéfique. Le Rav de Brisk se trouvait en Europe au début de la Seconde Guerre mondiale, et les bombardements allemands étaient alors incessants. Parfois, il était très anxieux et se demandait quoi faire pour se protéger au maximum et parfois, il restait parfaitement serein. Quand on lui demanda des explications quant à ce changement de réaction, il répondit que quand il devait se protéger de diverses façons, il craignait de ne pas être suffisamment vigilant et de ne pas accomplir au mieux la Mitsva de préserver sa santé. Mais quand il avait fait tous les efforts nécessaires et que rien d’autre n’était entre ses mains, il s’en remettait complètement à Hachem et réussissait à rester calme.
Un verset de Michlé semble évoquer une situation très semblable à celle que nous traversons : « Un esprit viril sait supporter la maladie, mais un esprit abattu, qui le soutiendra ? » Les commentateurs expliquent que l’individu doit toujours accepter ce qui lui arrive avec joie et amour et s’il garde le moral, son corps vaincra la maladie. En revanche, s’il se sent brisé, il n’aura pas suffisamment de forces pour supporter la maladie et en sera la proie. Il est intéressant de noter que le Targoum traduit le mot « maladie » par « Kourhané », terme qui ressemble étonnamment au virus qui frappe l’humanité en ce moment – le Corona.
Hachem nous transmet par là un message : il faut rester vigilant, mais garder son calme et être confiant, se souvenir qu’Hachem nous protège.
Prions pour que cette terrible maladie prenne fin rapidement et pour que le monde entier se rétablisse. Réfoua Chéléma.