C’est fou ce qu’un coup de peigne peut faire.

Si comme moi, vous ne vous lassez pas de regarder comment avec un peu de bonne volonté, du cœur et du talent, on peut aider quelqu’un à sortir d’une situation et d’un look navrant pour devenir une personne respectable, vous aimerez le coiffeur turc Ceyhun Isik. C’est le maestro du « avant » et « après », qui reconnaît un potentiel derrière une apparente déchéance, qui ne désespère de personne, et sait repêcher l’irrécupérable à nos yeux, pour le transformer en adorable. C’est sa passion.

Il accoste gentiment une SDF dans la rue, alors qu’elle fouille dans les poubelles, une vieille ficelle la reliant à son seul ami à 4 pattes, et l’invite à entrer dans son très beau salon de coiffure. 

Isik a compris qu’une respectabilité s'acquiert tout d’abord par un look décent. La première corde à jeter à un homeless pour le sortir de sa situation, c’est lui montrer qu’il y a derrière les cheveux devenus une masse de feutre informe, les ongles noirs et la crasse, une belle âme qui crie au secours, enfermée dans un carcan de ratages et d’image de soi désolante. 

Changez de coiffure, vous changerez votre reflet dans le miroir, puis votre regard sur vous-même, et finalement votre rapport à l'autre. L’extériorité influence l'intériorité, puis vice-versa en vases communicants. 

Le Salon de Beauté du coiffeur turc, est pour nous l’illustration parfaite de Knesset Israël, salie, fatiguée, ayant perdu sa respectabilité et sa dignité qui erre et cherche dans les poubelles des Nations les restes qu’on lui concède avec dédain, elle qui fut une princesse convoitée. Sa splendeur d’antan va être difficile à retrouver. Manucure, pédicure, maquillage, soins cosmétiques : tout est à refaire, et toute seule, ça va être très difficile. 

Il va falloir que LE Patron du Beauty Parlor s’en mêle. 

Elle en a urgemment besoin…

Ké-Pourim

Le compte à rebours est presque terminé, et ce soir, on tire le coup de feu de départ : place aux confettis, aux crécelles, aux « Miché-miché-miché » à tue-tête, et à l’abus de friandises. 

pistolet jouetmichté pourim hommes

Pourim fait son entrée au son des pétards et dans quelques heures, à la tombée de la nuit, il sera là. 

Sous ses airs légers et guillerets, très loin de l’austérité  “religieuse”,  la fête « des hasards » monte sur le haut du podium et laisse dans son ombre toutes les autres célébrations, même Yom Kippour ! Le Jour Terrible et Redoutable, nous apprennent nos Sages, n’est en fait qu’une pâle copie de la fête de la joie. Kippour n’est qu’un « comme Pourim : Ké-Pourim », et on n’est pas ici dans un effet de style, où l’on chercherait une rime ou un calembour réussi. On touche une notion fondamentale, source du débat entre le judaïsme et les autres religions. 

Chabbath ou sabbat ?

Les nations, lorsqu’elles se mettent en quête de spiritualité, lèvent les yeux au Ciel, et cherchent « là-haut », détachées de leur enveloppe matérielle, de ses passions et de ses besoins, le lien avec l’Éternel. 

Le Juif, lui, n’a de cesse de tirer la spiritualité vers le bas. Pour le judaïsme, le Happy End de l’aventure humaine, ce n’est pas des âmes flottantes dans les sphères élevées et tourbillonnantes autour de l’Être Suprême, mais une existence corporelle, devenant le réceptacle des bienfaits que le Très-Haut va nous prodiguer. 

Les nations peinent à comprendre cette notion de sanctification de la matière, et c’est pourquoi elles ont souvent collé au peuple juif l’épithète de charnel ou de vénal. Comment comprendre le Chabbath, étrange célébration hebdomadaire à leurs yeux, jour où les opposés se rencontrent de façon stupéfiante, où l’on prie et l’on mange simultanément, où l’on repose son corps et l'on étudie, sans contradictions. En désespoir de cause, les gentils appellent le jour saint des Juifs le « sabbat », le métamorphosant en une célébration sorcello-mystico-fantastique. 

dessin de personnes attablé femme qui allume bougie de chabbath

Pourim for ever

La fête de Pourim restera de toute éternité, disent nos Sages, car elle représente la vie telle que Le Saint-Béni-Soit-Il l'a voulue pour Ses créatures, pleinement vécue, sans mortification, en harmonie entre corps et âme, entre Terre et Ciel. En cela, elle supplante Yom Kippour, car elle prend en compte l’homme dans son intégralité, dans sa perfection, créé de matière et d’esprit.

À la fin des temps, la Connaissance de D.ieu emplira le monde et les écrans vont tomber : on reconnaîtra le Créateur derrière toutes les réalités. Spontanément, naturellement, sans effort, dans une clarté absolue, l’évidence de la Présence divine habitera chaque individu. 

Et c’est bien sûr Pourim, représentant la victoire sur ce qui pouvait sembler n’être qu’un monde de sorts, de loteries, où certains ont tiré le bon numéro et d’autres le mauvais, que nous ne cesserons de commémorer.  Comment dans le brouillard le plus épais, derrière l’écran opaque de notre réalité d’alors, nous avons continué à croire malgré les questions qui brûlaient : le Tsadik qui souffre et le mécréant qui réussit, les événements absurdes, injustes et indécodables qui nous entouraient, le tracé sinueux et parfois douloureux de notre vie, et la foi à laquelle on s’est accroché pour ne pas tomber dans le découragement.

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La meilleure définition de Pourim, est celle d’un Spa, qui nous est gracieusement offert une fois dans l’année, et qui, si l'on sait le vivre comme il faut, nous plonge dans un bain de jouvence et nous donne pour toute l’année, le vrai goût de ce que nous attendons depuis des millénaires : l’échantillon du Monde à Venir. 

Pour 24 heures, débarrassée des salissures de l’exil, embellie, fraîche, parfumée, les ongles faits, les sourcils redessinés, reposée grâce aux onguents, enduite d’huiles, nourrie des meilleurs mets, Knesset Israël reconnaît son Bienfaiteur, et revêt ses plus beaux atours. 

Pourim Saméa'h à toutes les maisons d’Israël !

Jeune fille en robe rose