Des millions de transactions immobilières se font chaque année. Que ça soit pour ajouter un revenu complémentaire au foyer ou pour s’assurer un patrimoine.
Mais il existe des investissements que l’on peut qualifier de "spirituels" tant leur portée est grande. Je fais allusion à une synagogue, mais pas n’importe laquelle…
D’une synagogue qui est empruntée d’une histoire, où la main de D.ieu a évidemment géré les événements de façon providentielle.
Direction Autoroute A6 Paris-Sud, “l’autoroute du Soleil”, pour la Bourgogne à 1h30 de Paris, et plus précisément à Chablis dans l’Yonne, où une synagogue du XIV ème siècle, située dans l’étroite Rue des Juifs, est aujourd’hui mise en vente !...
Tout débuta en 1995
Nicole Messica, une jeune femme Juive Franco-Américaine résidente en Californie, de passage dans la région, découvrit un tas de pierres éventrées, une vieille batisse laissée à l’abandon.
Ce bâtiment médiéval, unique par son architecture, abrite aux dires des habitants et selon les dépliants touristiques de la ville, l’ancienne Synagogue de Chablis.
Façades, toitures, planchers, fenêtres et portes, tout est à refaire, le projet de restauration et de réhabilitation de ce lieu s’élève à l’époque, à des milliers de Francs. Nicole n’a pas vraiment les moyens, mais elle est persuadée qu’elle a un rôle déterminant à jouer et souhaite redonner vie à cet endroit. Elle décide d’acheter la Synagogue en ruines.
« Un projet fou » selon ses proches !... Personne ne la prend vraiment au sérieux ni ne la soutient… Ni sa famille, ni les communautés Juives Parisiennes.
On la prend pour une “illuminée”, une « riche juive américaine farfelue ».
En Mai 2001, téméraire, Nicole est prête à tout : elle n'écoute personne et part insouciante dans cette nouvelle aventure. Même si elle ne possède pas les capitaux nécessaires à la résurrection de cet édifice gisant et délabré, sa foi et sa persévérance vont être le moteur de sa réussite. Son cerveau fourmille d’idées, elle rêve…. Ses allées et venues entre Los Angeles et Chablis la conduiront quelques années plus tard à racheter, en 2001, l’ancien hôtel de la ville, « l’Hôtel de l’Etoile » un établissement tombé en Liquidation Judiciaire. Elle s’établit alors sérieusement à Chablis pour concrétiser de manière certaine son projet.
Son installation au sein du village commence à faire du bruit à Chablis car les viticulteurs contrôlent depuis tout temps les trois hôtels de la cité du vin, fief du Chardonnay …
C’est alors que l’on commence réellement à la prendre au sérieux… “L’Américaine” est en place… Elle ne renonce pas ! Après la Synagogue… en ruines, laissée à l’abandon… Elle ravit maintenant
« leur hôtel », un ancien Relais de Poste, qui fut d’antan, au siècle dernier, l’étape privilégiée de personnalités, de têtes couronnées, des papes, d’artistes et d’écrivains célèbres, qui s’attablaient et profitaient de la cuisine de Charles Bergerand, Chef notoire de la gastronomie Bourguignonne.
L’hôtellerie n’est pas vraiment la vocation de Nicole, mais par sa volonté et son courage, elle se lance dans une autre aventure parallèle à son projet de restauration de l’ancienne synagogue de Chablis.
Elle s'épaule d’un architecte, Hervé Cazelles qui la conseille. La Synagogue, sise au 10, 12 et 14 Rue des Juifs, elle est alors mise hors d’eau par une bâche installée sous les toitures, et sous étais afin d’éviter tout effondrement des fondations.
Ces premières entreprises s’ébruitent et suscitent les curiosités : les villageois, les touristes étrangers, et bien sûr les dirigeants de la communauté juive de Paris.
En 2004, Nicole rencontre William Fèvre, l’un des plus grands viticulteurs de Chablis. Elle et ses deux filles l’inviteront très souvent à leur table de Chabbat et c’est alors qu’une amitié sincère naîtra entre eux.
« Le Chablisien Dream de l'américaine »
Début Janvier 2005, les choses vont s'accélérer. Pour mener à bien la réalisation de cette entreprise, William Fèvre rachètera l’édifice à Nicole.
Ce mécène, non-juif, visionnaire et énarque de surcroît est persuadé qu’il faut mener à bien la restauration de cette bâtisse médiévale en péril et s’est promis de la restaurer.
Par cette nouvelle alliance, ses actions impulsives et rocambolesques, Nicole est propulsée sous les feux des projecteurs. Elle réalise enfin son vœu le plus cher, par le biais William Fèvre : la Synagogue de Chablis sera restaurée !
En Décembre 2005, dans la rue des Juifs, devant la Synagogue de Chablis, Hanouka, la Fête Juive des Lumières y est célébrée. Un rabbin de Paris, Rav Joseph Pevzner avec la Yeshiva de Brunoy, officie l’allumage traditionnel des bougies.
En Janvier 2006 Le JT de FR3 fait un reportage sur la Synagogue, qui lui vaudra alors une certaine notoriété médiatique en France et Outre-Mer.
Frédéric Vié, historien et conférencier au FSJU donnera plusieurs conférences dans la synagogue. Lydia Benattar et son époux, Serge Benattar, le Rédacteur-en-Chef du magazine Actualités Juives lui attribuent plusieurs articles.
Naissance du Premier Festival de Musiques Juives à Chablis
En Mai 2006, Nicole, entourée des membres de son association grandissante, « Les Amis de l’Ancienne Synagogue de Chablis », dont elle est la Présidente, organise alors à grande échelle, « Le Festival de Musiques Juives à Chablis ». Elle profitera dans la foulée, de cette occasion pour inaugurer et apposer sur la façade du bâtiment, la plaque des Monuments Historiques de la Bourgogne, afin de lui donner une identité officielle.
L’ancien ambassadeur des Etats-Unis, John Condon, l’ancien ministre d’Etat et Maire d’Auxerre, Jean-Pierre Soisson, le Grand Rabbin de Champagne-Ardennes, Abba Samoun de Troyes, le maire de Chablis, à l’époque Patrick Gendraud et bien d’autres personnalités politiques ou médiatiques y sont conviés, France Bleu, France Télévision FR3, tout cela sous le Haut-Patronage du Grand Rabbin de France à l’époque Joseph Haïm Sitruk, zal, avec pour présidente d’honneur l’ancienne ministre d’Etat et avocate, Nicole Guedj.
L'événement fut un succès médiatique gigantesque: plus de 350 personnes venues des quatre coins de France et de Navarre y participèrent.
Mission et Objectif accomplis…
Bien des années se sont écoulées depuis… Nous sommes en Mars 2021, à quelques jours de Pessah…5781.
La restauration de l’ancienne Synagogue de Chablis est terminée. Elle est, de plus, dotée d’un Mikvé, construit aux normes halakhiques, sous la supervision du Rav Kahn de Paris… Il ne manque plus que la souscription d’un Sefer Torah et d’une bonne poignée d’hommes de bonne volonté pour redonner vie à cette ancienne bâtisse.
La Cité du Vin, mondialement réputée pour son fameux cépage issu du Chardonnay,
se retrouve maintenant avec plusieurs domaines viticoles produisant du Vin de Chablis Cacher exporté dans le monde entier : aux USA, en Grande Bretagne, au Japon, en Russie, aux Emirats et en Israël.
Malheureusement, Monsieur William Fèvre est décédé il y a plus de deux ans maintenant.
La Synagogue a été mise en vente par ses héritières, ses deux filles dont l’une a embrassé la confession musulmane. Toutes les actions de Nicole Messica et William Fèvre ont virevolté autour de cette ancienne bâtisse du XIIème siècle pour aboutir à sa résurrection. Ce n’est pas le moment de l’abandonner !
Malgré son âge, Nicole ne renonce pas, à plus de 70 ans, en retraite maintenant, elle a encore mille projets en tête pour redonner vie à cette ancienne bâtisse…
Elle voudrait peut-être pouvoir la racheter avec d’autres membres de la communauté Juive et en faire un lieu Cultuel ou Culturel, un lieu de Mémoire, un Musée de la Shoah…
C’est une mitzva de préserver l’identité de ce lieu saint !
“Une Yeshiva pourrait s’installer à Chablis et les jeunes hommes apprendraient le métier de la vigne en parallèle à leurs cours de Torah !
« Les étudiants pourraient même aller se tremper au mikvé avant la prière” ajoute-elle. Mais tout cela reste entre les mains de notre D.ieu tout puissant, ce ne sont que des idées” reconnaît-elle.
“Avec toutes nos énergies confondues, le Machiah passera vraisemblablement
par Chablis !” Clame Nicole de tout cœur.
CHABLIS ,CHAVLIS, CHEV-LI ! conclut elle.
Qui d’entre nous aura le mérite d’investir pour l’éternité ?
La Synagogue appelle à l’aide ! Il ne faut pas qu’elle tombe entre les mains de personnes mal intentionnées ou excentriques qui effaceraient son identité première... C’est notre héritage, notre patrimoine ancestral, notre histoire... C’est un devoir de mémoire qui nous incombe pour les générations futures.
Pour joindre Nicole Messica : Tel : + 33-668372020 / E-mail : [email protected]
Gabriella Bismuth