L’antisémitisme est un phénomène suffisamment répandu pour interpeller des philosophes et des écrivains et les amener à en chercher les causes. Pour nos Sages du Talmud, il n’existe qu’une seule explication véritable : c’est l’acceptation de la Torah par les Juifs au mont Sinaï. Ce lieu saint s’appelait en réalité le mont ‘Horev, mais on le surnomma Sinaï car cela fait allusion à la haine (Sina) qu’il engendra chez les Nations. Un Midrach raconte qu’avant cet événement, D.ieu S'était adressé à chacune des Nations pour leur proposer de recevoir la Torah. Leur réaction première fut de demander : “Qu’est-il écrit dans cette Torah ?” Lorsqu’elles apprendront qu’il y est inscrit l’interdiction de tuer, de voler, d’avoir des relations incestueuses, etc., leur refus sera catégorique : “Il nous est impossible d’accepter un tel engagement, car il est contraire à notre mode de vie”, chacune des Nations précisant dans quel domaine spécifique la Torah leur posait problème.

Les Bné Israël, en revanche, ne posèrent pas de questions et acceptèrent toute la Torah, partant du principe que D.ieu ne demande pas l’impossible et qu’en appliquant Ses commandements, ils en comprendraient le sens. C’est à la suite d’un tel engagement que naquit l’antisémitisme : cette acceptation constitue en effet une marque d’infamie pour les Nations, dans la mesure où le Juif prouve par elle qu’il est possible de se soumettre à la volonté de D.ieu dans le monde matériel et attrayant dans lequel on vit.

Seulement, si cette explication permet de comprendre les prémices de cette haine ethnique, elle reste à priori inconsistante lorsqu’elle concerne des Juifs assimilés pour qui la Torah ne constitue pas le mode de vie principal et qui, quelque part, optent pour un lot similaire à celui des non-juifs. Or on sait que l’antisémite ne fait pas de distinction entre le croyant et celui qui ne l’est pas, comme on a pu le constater avec les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. 

En réalité, on remarque qu’avant même la réception de la Torah, il existait une forme d’antisémitisme. Ainsi ‘Essav et Lavan cherchèrent à éliminer Ya’akov, le patriarche des Juifs ; les Égyptiens ainsi que tous les peuples qui leur étaient soumis haïssaient les Hébreux et se réjouissaient de leur détresse ; ‘Amalek se déplacera de loin afin de les anéantir, etc. La question qui se pose dès lors est de savoir ce qu'il y avait de si particulier dans la réception de la Torah pour engendrer une haine supplémentaire dans le cœur des Nations.

Durant leur établissement en Égypte, les Bné Israël dans leur majorité avaient été largement influencés par le culte païen qui y régnait et en conséquence avaient plongé dans l’impureté la plus totale. Dans de telles circonstances, s’engager à respecter la Torah était un pari presque impossible et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les Nations l’avaient refusée. La réponse positive du peuple hébreu, qui se trouvait pourtant dans le même état spirituel que le leur, provoqua chez les Nations un choc, qui dans un second temps se transformera en haine.

C’est cette force d’effectuer un retour improbable des plus profonds niveaux d’impureté vers la sainteté qui constitue l’essence de l’antisémitisme du Sinaï. C’est pourquoi cette haine est également dirigée vers les Juifs assimilés car en potentiel, ces derniers peuvent à tout moment changer de mode de vie, comme le firent nos ancêtres lors de la sortie d’Égypte.

Cette capacité de retour à nos sources est palpable à notre époque, où nous sommes témoins de la Téchouva sincère de Juifs qui étaient, jusqu'à hier, très éloignés du judaïsme. C’est en définitif cela aussi le message de Chavou’ot : croire que l’on peut, quel que soit son passé, entamer un retour complet !

‘Hag Saméa’h !