Il peut arriver qu’un accident inattendu et très regrettable surprenne l’individu : deux options se proposent alors à celui qui croyait – quand tout allait bien – que tout ne pouvait être que « rose » et « chaleureux ». Il était prêt à reconnaître que D.ieu est bon, ne fait que des choses agréables. Selon une expression du ‘Hazon Ich (dans son livre « Emouna Ou-bita’hon), puisque la « chance » lui souriait, alors la Providence, assurément, était à ses côtés ! Mais un jour, une difficulté se présente, un magasin concurrent veut s’installer à côté de lui, et alors, la foi, la confiance en D.ieu se dilue, le négociant heureux devient anxieux ; il s’oppose à ses concurrents, devient agressif et perd toutes ses forces. La « chance » ne lui ayant plus souri, il est fâché avec la Providence ! Sa foi était branlante, et elle s’est ébranlée !
Une deuxième option existe : celui qui a foi en D.ieu sait que c’est le Tout-Puissant qui nous envoie des messages : ils sont « faciles à digérer », alors une bénédiction nous est proposée : (HaTov Ve’ha Métiv – Il est bon et répand le bien). Si le message n’est pas agréable, on ne perd pas la foi, car l’on sait qu’il y a une Transcendance Qui dirige le monde, et Qui nous juge. Ici aussi, il y a une bénédiction qui accompagne le message pénible « (« Dayan Ha-Emet » - Ses jugements sont conformes à la justice). La foi, loin d’être ébranlée, s’affirme et se fortifie. Cette disposition est celle de celui qui est conscient qu’il y a un Maître du monde, et ce n’est pas seulement « quand tout marche bien » qu’il faut Le connaître et reconnaître Son action dans l’univers.
Au lendemain du drame qui s’est passé, la semaine dernière, à Lag Ba-Omer (date propice pour l’arrêt du deuil), à Méron (lieu propice à la prière sur la tombe de Rabbi Chimon Bar Yo'haï), cette double option n’existe pas pour le fidèle croyant. Un tel événement NE DOIT EN AUCUN CAS ébranler notre foi, en un Créateur Tout-Puissant Qui exerce Sa Hachga’ha (Protection) sur l’univers. Ses décrets correspondent à Sa volonté et la Avodat Ha-Chèm (« travail spirituel du croyant ») doit se renforcer dans notre foi qu’il y a une direction dans le monde. La maladie, un accident de la route, une brusque chute financière ne doit en aucun cas affecter notre foi. Ce qui est remarquable – et redoutable – dans l’évènement actuel, c’est d’abord l’ampleur de l’accident (45 disparus, de tous les âges, jeunes enfants, adultes), c’est la diversité des communautés concernées (Achkenazim, sSefardim, Hassidim, Etudiants des Yeshivot, jeunes venus d’Amérique, du Canada, d’Argentine) et surtout la sainteté du LIEU et de la DATE. Un message nous a été adressé, et il faut le recevoir, en nous rapprochant de l’Eternel, en L’aimant, en observant toujours mieux Ses ordonnances, en améliorant nos relations avec autrui. Autant de messages à intérioriser, et unir notre peuple pour l’appréciation plus profonde des valeurs permanentes de la Torah.
Dans le désert du Sinaï, après la faute du Veau d’or, Moché Rabbénou remonte 2 fois 40 jours en haut du Mont Sinaï, pour demander le pardon de la faute des enfants d’Israël, puis Moché redescend avec les Secondes Tables à Yom Kippour, et reçoit l’ordre de la construction du Tabernacle du désert ! Quand l’inauguration du Tabernacle a lieu, le 1er Nissan de la seconde année après la Sortie d’Egypte, ce jour-là fut un jour de joie pour tout le peuple qui se voyait réconcilié avec l’Eternel, Qui avait pardonné la faute. En ce jour de joie, Aharon bénit pour la première fois tout le peuple, des sacrifices sont offerts par Moché et Aharon, et le verset dit : « Un feu s’élança devant l’Eternel et consuma sur l’autel l’holocauste et les graisses. A cette vue, tout le peuple jeta des cris de joie et ils tombèrent sur leur face » (Vayikra 9, 24). Deux versets plus loin, la Torah rapporte que « les fils d’Aharon, Nadav et Avihou, ont apporté un feu profane sans qu’il leur fût commandé », et le verset reprend la même expression : « Un feu s’élança devant l’Eternel et les dévora, et ils moururent devant l’Eternel. Moché dit à Aharon : C’est là ce qu’avait déclaré l’Eternel en disant : “Je veux être sanctifié par ceux qui M’approchent et glorifié à la face de tout le peuple. Aharon garda le silence” (Ibid. 10, 1-3). Rachi commente ainsi : « Je savais que le Sanctuaire serait sanctifié par ceux qu’Hachem aime. Je pensais que ce serait par toi ou par moi. Maintenant, je sais qu’ils sont plus grands que toi ou moi » (Ibid.). C’était une date sainte (le 1er Nissan de la 2ème année), le lieu était le plus saint possible (le Sanctuaire, siège de la sainteté) et donc, les victimes sont aimées de l’Eternel. Sachons que les victimes étaient assurément proches de l’Eternel. Leur but était sacré : se rapprocher de D.ieu, recevoir des bénédictions, et ils sont montés directement de ce lieu saint vers les sphères de la spiritualité ! Comme cela nous est difficile à vivre ! C’est le moment de nous renforcer, de nous élever. L’épidémie a déjà mis en branle nos habitudes, et nous a imposé des réflexions sur le sens de l’existence. Cette fois, l’éveil doit être encore plus fort, et nous impose de dépasser la grisaille banale de la vie quotidienne, en prenant conscience de la sainteté, de la présence de la Hachga’ha dans notre histoire.