Question
J’aurais voulu savoir s’il est autorisé de prendre une pilule « Kalé-Tsom » (substance facilitant un jeûne) avant le jeûne de Tich'a Béav (9 du mois de Av) qui commencera cette année à la fin de Chabbath ce qui m’obligera à la prendre ce jour-là. Je sais qu’il est interdit de consommer des médicaments le Chabbath si l’on n’est pas malade. Est-ce que je pourrai prendre ce type de comprimés ? Ils m’aident énormément à supporter le jeûne.
Réponse
C’est permis.
Réponse détaillée
De nos jours, il est très courant, avant un jeûne, de prendre des pilules permettant de jeûner plus aisément (comme « Kalé-Tsom – Pré-Jeûne »). Ces cachets contiennent différentes vitamines qui sont absorbées lentement par l’organisme de la personne et empêchent celle-ci de souffrir de faiblesse et de maux de tête pendant le jeûne. Il en existe de plusieurs sortes adaptées à diverses situations telles que pour les adultes, pour les femmes enceintes ou pour celles qui viennent d’accoucher.
Il est tout simplement permis de prendre ces comprimés bien qu’ils nous soulagent en quelque sorte de la tristesse à cause de laquelle a été institué le jeûne. (Il convient de noter que, au sujet du jeûne de Yom Kippour, il y a eu des décisionnaires qui ont redouté de prendre ces pilules en raison du fait qu’il faille « La’anot ète hanéfech – torturer son âme » ce jour-là. Cependant, la plupart des décisionnaires sont d’avis que les paroles de la Torah ne signifient pas qu’on doive souffrir pendant Yom Kippour, mais seulement qu’on doive s’abstenir de manger et de boire. Ils ont donc autorisé de prendre ces comprimés même avant Yom Kippour. Et de toute façon, il est évident que la prise de ces pilules la veille de Tich'a Béav ou avant d’autres jeûnes est absolument permise).
La prise de pilules pendant Chabbath est un sujet moins simple, car, comme vous l’avez mentionné, ’Hazal (les Sages, que leur mémoire soit bénie) ont interdit à tout celui qui n’entre pas dans le cadre d’un malade non en danger de prendre des médicaments le Chabbath, décret édicté au cas où il en viendrait peut-être à broyer des ingrédients en vue de se préparer des remèdes, ce qui est susceptible d’être une interdiction de la Torah. La raison de ce décret est que l’homme se fait en général du souci en ce qui concerne les médicaments qu’il doit prendre et, c’est pourquoi, du moment qu’il n’est pas considéré comme un malade (pour lequel les Sages n’ont pas émis de décret), les décisionnaires lui ont défendu de prendre des médicaments même préparés la veille de Chabbath. Néanmoins, un différend important oppose certains décisionnaires à propos d’une personne en parfaite santé désirant consommer un médicament afin de se revigorer. Le Choul’han 'Aroukh (chap. 328, &37) juge qu’il n’est pas interdit à une personne en bonne santé de vouloir prendre des médicaments dans le but de continuer à se fortifier. Mais d’après le Maguen Avraham, s’il le fait à des fins médicales, cette pratique sera interdite. De nombreux décisionnaires ne partagent pas son opinion, mais le Michna Beroura se montre strict comme le Maguen Avraham…
Malgré cela, on peut faire preuve d’indulgence relativement à la prise de comprimés facilitant le jeûne, car ceux-ci ne sont pas destinés à renforcer quelqu’un de faible, mais à le maintenir dans son état normal et régulier. Et en fait, ils sont même considérés comme des médicaments un peu moins que les vitamines elles-mêmes puisqu’ils sont des substituts à une alimentation de routine et que, s’il n’y avait pas eu de jeûne, la personne ne les aurait pas du tout consommés. Par conséquent, il ne s’agit pas en réalité de « médicaments » et il est permis de prendre ces pilules le Chabbath veille de Tich'a Béav. Si l'on peut les diluer dans de l’eau, cela vaut mieux. C’est ce que j’ai entendu de la bouche de mon maître et de mon Rav Rabbi Acher Weiss, Chelita.
Je noterais également qu’on ne craint pas d’enfreindre la règle « Hakhana Mikodech le’Hol – préparation d’un jour sacré pour un jour normal » en raison du fait que les vitamines commencent à se dissoudre dans l’organisme et agissent déjà pendant Chabbath. En foi de quoi, il ne semble pas que la personne les prenne pour le lendemain. Et au nom de Rabbi Chelomo Zalman Auerbach, Zt’l, j’ai entendu qu’il était préférable de ne pas dire qu’on prend ces comprimés en vue du jeûne.
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