“S’il y a une chose que mes enfants retiendront de notre maison, c’est d’aimer chaque Juif.” Cette phrase forte de sens, mon amie Dalya me l’a dite il y a quelques années et elle s’efforce de l’incarner chaque jour.
L’histoire qui lui est arrivée est un exemple parmi d’autres du formidable amour qu’elle peut ressentir pour chaque juif et auquel nous devons tous tendre.
C’était il y a 3 ans, Dalya était enceinte de son neuvième enfant, Baroukh Hachem, et dans son huitième mois de grossesse. Une grossesse à 44 ans qui, jusqu’à présent, ne rencontrait pas de complication.
Sous la chaleur du mois d’août, elle surveillait ses enfants jouant dans la piscine, et plus particulièrement son petit Elia de 4 ans et demi. Sans que personne ne s’en rende compte, ce dernier avait enlevé ses brassards et avait plongé dans la piscine. Dalya, assistant à la scène, sans se poser de questions et animée de son instinct maternel, avait sauté dans l’eau pour le sauver.
Le petit était sain et sauf Baroukh Hachem, mais ce plongeon brutal dans la piscine avait suffi à entamer la perforation de la poche des eaux de Dalya. Deux jours après, elle perdait les eaux et se retrouvait hospitalisée à Laniado.
Une rencontre providentielle
A son arrivée à l’hôpital, le diagnostic était posé : elle avait perdu les eaux, mais il n’y avait aucune contraction. Elle devait attendre pour accoucher.
Dalya était alors placée dans une chambre dans laquelle arrivait, quelques heures plus tard, sa voisine de chambre : Tali, une femme se vidant de son sang suite à une complication après une fausse couche et à qui il avait été annoncé que sa situation critique nécessitait un mois d’hospitalisation.
Autant dire que tout oppose les deux voisines de chambre. Dalya est une femme orthodoxe vivant à Jérusalem dans un univers de Torah. La femme qui partage sa chambre, elle, est une israélienne vivant dans un monde laïc très éloigné de la Torah et de ses valeurs et pour qui les apparences sont primordiales.
Dalya, qui aime s’intéresser aux gens, commence à complimenter sa voisine, à la réconforter et, petit à petit, s’instaure une relation de confiance entre les deux femmes.
La confiance fait place à la confession, aux discussions profondes. Petit à petit, la voisine de chambre ressent le besoin de lire des Psaumes, de procéder à l’ablution des mains le matin. Elle entame un processus de Téchouva spectaculaire.
De manière miraculeuse, le taux d’hémoglobine de cette dernière remonte au bout de 5 jours. Les médecins, stupéfaits par cette guérison si inattendue, lui annoncent qu’elle peut quitter l’hôpital le lendemain.
Et toi maintenant ?
Tali fait part à Dalya de la bonne nouvelle concernant sa sortie de l’hôpital et lui demande très spontanément : “Mais que va-t-il t’arriver à toi maintenant ?”.
Et mon amie de lui répondre : “Maintenant, j’ai besoin de toi”, comme si elle avait senti que l’amour qui unissait ces femmes était désormais assez fort pour implorer la providence Divine et déclencher l’accouchement naturellement.
Tali commence alors à réciter les Psaumes avec une ferveur jusque là inconnue d’elle. Soudainement, les contractions qui ne s’étaient pas manifestées depuis son arrivée à l’hôpital se déclenchent. Des contractions violentes, celles annonciatrices de l’imminence de la naissance. Des contractions inespérées, puisque rester 5 jours après avoir perdu les eaux et sans contraction signifie généralement que l’accouchement ne pourra avoir lieu sans être déclenché.
Dalya, comme transportée par une force inexplicable, traverse le couloir vers la salle d’accouchement.
Tali suit l’accouchement de près puisque seule Ilanit, une amie de l’accouchée, elle aussi envoyée du Ciel à onze heures du soir, a eu le temps de faire le déplacement. Tali perce les Cieux avec des Psaumes récités avec une ferveur magnifique. Mon amie accouche en quelques minutes seulement, sans péridurale, d’un petit garçon.
Le retour à leurs vies respectives
Les deux femmes, fortes de ces moments intenses passés ensemble, cherchent à se revoir. Tali assiste aux prières la veille de la Brit Mila du fils de Dalya.
Puis, elles essayent de se fixer rendez-vous, mais chaque fois, ces tentatives de rencontre échouent.
Et comme miraculeusement, elles se retrouvent par hasard au zoo de Jérusalem, exactement un an après la naissance du fils de mon amie (Tali vit dans le centre d'Israël, le zoo n’est donc pas un lieu dans lequel elle se rend fréquemment).
Elles échangent, elles s’enlacent, promettent de se revoir, mais cette fois-ci encore, impossible de trouver un créneau disponible et ces dernières se perdent encore de vue.
Deux ans plus tard, aux environs de la même date, elles tombent de nouveau l’une sur l’autre, “comme par hasard”, au Kotel. Et là, la mère de Tali, une Séfarade à la foi sans pareille, leur dit avec perspicacité : “Si vous vous retrouvez encore sans le vouloir aujourd’hui, c’est que vous devez faire quelque chose ensemble”. Les deux femmes se regardent surprises et la mère de Tali poursuit : “Avez-vous dit merci à Hachem pour le miracle que vous avez vécu ?”. Tali reconnaît qu’elle n’en a jamais eu l’occasion.
Les deux femmes se dirigent alors vers le Kotel et de tout leur coeur récitent “Nichmat Kol ‘Haï”, une prière de louanges et de remerciements envers Hachem.
Les femmes se disent au revoir, sachant au plus profond d’elles-mêmes qu’un lien indéfectible les unit.
L’amour gratuit
Ces femmes auraient pu s’ignorer, se contenter de partager leur chambre sans chercher à se connaître. A l’inverse, elles se sont intéressées l’une à l’autre, se sont soutenues et aidées, ont cherché à se connaître, démontrant alors une vraie preuve d’amour gratuit.
C’est probablement par le mérite de cet amour mutuel que des situations qui semblaient d’emblée inextricables peuvent faire l’objet de délivrances fabuleuses.
Cet amour gratuit, efforçons-nous de chacun le travailler dans notre quotidien.
“Etant donné que le Temple a été détruit par la haine gratuite, il devra être reconstruit par l’amour de nos frères Juifs.” (Sfat Emet)