J’ai fait Téchouva il y a plusieurs années déjà. Aujourd’hui, merci mon D.ieu, ma maison est tout ce qu’il y a de plus juif, mes enfants ont grandi avec la pratique automatique des Mitsvot. Mais je me souviens qu’à mes débuts, certaines Mitsvot m’ont fait sourire d’ignorance.
En effet, lorsqu’on m’a annoncé qu’à Roch Hachana, le début de l’année juive se marquerait par le rabbin qui soufflerait dans une corne de bélier, cette même corne de bélier qui retentit depuis des centaines d’années, lorsqu’on m’a dit qu’à Souccot, mon mari devait secouer dans les airs 4 espèces végétales bien particulières, qu’à Pessa’h, on devait se tordre les boyaux à mâcher du pain azyme indigeste pendant 8 jours, à ‘Hanouka, manger de la friture, à Chavou’ot, redoubler de décoration en verdure, et je vous passe les horaires très précises de nos prières, les lois de Cacheroute qui définissent ce qui atterrira dans notre assiette ou non, la façon de me vêtir et sur-couvrir même en été…, j’avoue avoir eu des moments de doute où je ne comprenais pas bien les tenants et aboutissants de tous ces actes quelque peu bizarres. Je ne comprenais pas en quoi le Maître du monde avait besoin de tout ce cérémonial, qui, je dois l’avouer, me paraissait assez ridicule et inutile.
Je continuai néanmoins à faire ce que l’on attendait de moi, mais j’étais moyennement convaincue parce que je me doutais, du moins j’espérais, qu’il y avait une profondeur derrière ces actes, profondeur qui m’était inconnue pour le moment. Effectivement, c’était le cas. Un jour, je tombe sur le verset du chapitre 6 de l’Ethique des Pères : « La Torah est plus grande, car elle donne la vie à ceux qui la pratiquent. » A ce moment-là, ma Téchouva a pris une tournure et une valeur tout à fait différentes. Toutes ces Mitsvot, Hachem n’en avait effectivement pas besoin, toutes ces Mitsvot étaient là pour nous, pour nous permettre de ressentir la divinité à notre petite échelle, tout simplement pour nous permettre de nous rapprocher de D.ieu et sentir Sa présence dans nos vies.
Depuis ce jour-là, lorsque j’écoute le Chofar à Roch Hachana, je revois Avraham Avinou qui était prêt à sacrifier son fils unique, Its’hak, par amour et annihilation devant Hachem. Mon âme pure se réveille alors à chacun de ces sons, et alors qu’avant je ricanais en mon intérieur, aujourd’hui, je regrette lorsque les sonneries se terminent, car, pour moi, chaque sonnerie représente une marche de l’escalier qui me rapproche de mon Créateur. Aujourd’hui, lorsque je vois mon mari et mes fils réunir dans leurs mains le Etrog, le Loulav, le Hadass et la Arava, je remercie Hachem de la diversité de notre peuple, et que, malgré nos différences, nous avons la chance d’appartenir à cette même entité, à cette même histoire. Lorsque je mange la Matsa, je revois mes ancêtres quitter précipitamment cette terre d’esclavagisme qu’était l’Egypte, et je remercie Hachem de me permettre aujourd’hui de pratiquer ma religion avec liberté et fierté. Lorsque je mange des beignets ou regarde mes enfants jouer à la toupie à ‘Hanouka, je remercie pour tous ces miracles que nous avons vécus à cette époque. Lorsqu’au quotidien, je fais attention dorénavant à ce qui rentre dans ma bouche, à la longueur de ma jupe, peu importe les degrés affichés par la météo, je sais que je fais rentrer Hachem dans ma vie et que je Lui donne la place d’honneur qu’Il mérite, je sais que je n’agis plus d’après ce que je pense, ou ce que mon voisin pense, je ne pense plus aux qu’en-dira-t-on, j’agis en fonction de ce qui m’a été ordonné, parce qu’aujourd’hui, si j’ai compris la profondeur de certaines Mitsvot, je sais qu’il y en a encore plusieurs autres que je ne comprends pas, mais, dorénavant, je ne ricane plus, je ne me moque plus, je sais qu’il y a une profondeur, certes qui m’est inconnue, mais qui existe, et je m’efforce au jour le jour de toutes les découvrir.
Le processus de Téchouva n’est pas un processus limité dans le temps, il est infini, il est illimité et, surtout, il est d’une richesse sans frontières. Grâce à ce processus, nous découvrons, nous apprenons, mais surtout nous nous identifions et nous nous lions à chacune des Mitsvot d’un amour inconditionnel.