“Laisse tomber, je n’y arriverai jamais !”
“Moi, avec mes origines, il me sera impossible de parvenir à une telle chose !”
“Tu penses que je peux réussir ? Ça se voit que tu ne connais pas mes antécédents !”
Combien de fois nous nous dévalorisons à cause de nos origines, notre passé, ou de notre historique peu glorieux. Pourtant, notre Paracha nous prouve qu’il n’en est rien ! Rivka vient nous montrer qu’avec la volonté, nous pouvons surpasser complètement nos aptitudes de départ.
Les deux premiers versets sont :
"Ceci est l'histoire d'Its'hak, fils d'Avraham : Avraham engendra Its'hak.
Its'hak avait quarante ans lorsqu'il prit pour épouse Rivka, fille de Bétouel, l'Araméen, du territoire d'Aram, sœur de Lavan, l'Araméen." [1]
Nous avons déjà fait connaissance d’Avraham et nous connaissons déjà sa grandeur, mais qu’en était-il de Bétouel et de Lavan ? Bétouel était un fourbe, tandis que son fils, Lavan, le frère de Rivka, était véritablement tordu. En dépit de ce creuset familial négatif, Rivka devient une jeune femme extrêmement généreuse, comme nous le montre l’épisode où elle a donné à boire à Eli’ézer de manière tellement dévouée. Rachi nous dit que la seule raison pour laquelle la lignée de Rivka est mentionnée ici est pour faire sa louange : : Ne savions-nous pas déjà qu’elle était « fille de Bétouel, de Padan Aram, et sœur de Lavan » ? Si le texte le répète ici, c’est pour faire son éloge : elle était fille d’un homme impie, sœur d’un impie, habitant un pays peuplé de gens impies, et elle n’a pas suivi leur exemple !
Rachi nous dit donc qu’elle a clairement dépassé les circonstances de son environnement familial ! Rivka vient nous donner une leçon à nous, ses descendantes, et nous montre que l’environnement en tant que tel n’est pas déterminant pour l’avenir d’une personne, et que personne ne doit jamais se décourager, car tout peut changer. Ce qui compte, et ce qui façonne notre personnalité, ce sont uniquement les valeurs auxquelles on aspire.
Juste après, le texte enchaîne en disant : Its'hak implora l’Éternel au sujet de sa femme parce qu'elle était stérile ; l'Éternel accueillit sa prière, et Rivka sa femme, devint enceinte. [2] Pourquoi Hachem a-t-Il entendu la prière de Its’hak, plus que celle de Rivka ? Pourtant, nous venons de dire qu’elle a fait preuve d’un courage immense en se détachant de son milieu familial ! Cela devrait lui conférer un mérite incommensurable !
Le Midrach vient nous donner une réponse à cette question, et nous dit comment Its’hak a formulé sa prière pour qu’elle soit entendue : Its’hak se prosterna dans un coin en formulant cette prière : "Que tous les enfants dont Tu me gratifieras soient engendrés par cette femme si Tsadékèt !'” [3] Ainsi, Its’hak a été exaucé... en invoquant le mérite de sa femme !
Le Rav Bogomilsky explique que Rivka priait au nom de l’illustre lignée de son mari, tandis qu’Its’hak invoquait le mérite de son incroyable avancée spirituelle ! Il disait à D.ieu : "S'il Te plait, ma femme a grandi dans la maison de gens impies comme Bétouel et Lavan, et pourtant, elle est si Tsadékèt ! Elle mérite certainement d’avoir des enfants." [4]
Ainsi, la prière d’Its’hak va avoir un tel impact dans les cieux, qu’elle va donner à Rivka le mérite d’engendrer, non pas un enfant, mais douze enfants ! Rabbi Né’hamia dit que, grâce à la prière d’Its’hak, Rivka va mériter que les douze tribus sortent d’elle. D’ailleurs, on voit l’allusion à cela dans le mot “Zé” qu’elle prononce lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte (“Lama Zé Anokhi”). La valeur numérique de “Zé” est de douze. [5]
Alors ? Que va-t-il se passer ? On sait bien que Rivka n’a eu que deux enfants, mais non pas douze. Eh bien, Rivka va se plaindre de sa grossesse difficile… Effectivement, elle va avoir des douleurs atroces pendant toute la durée de sa grossesse, à tel point qu’elle va se rendre au domicile des femmes et dire : “Avez-vous autant souffert ? Les douleurs de la grossesse me sont si pénibles que j’aurais préféré ne pas être enceinte du tout !” [6] En fait, cause de ses plaintes, elle va annuler le miracle que la prière d’Its’hak lui aura fait mériter.
Ainsi, on voit que, même Rivka, qui a fait preuve d’un courage incroyable et qui s’est extirpé d’un milieu familial en se hissant elle-même à un niveau spirituel élevé au point de mériter d’engendrer les douze tribus, a limité ce qui lui revenait à cause de ses plaintes ! Ce qui avait été agréé par la force de la prière d’Its’hak a été annulé par les plaintes de Rivka…
Combien de fois doit-on nous aussi limiter la Brakha parce qu’on râle ! Rivka nous met en garde en nous disant : “Il n’y a qu’une seule chose qui peut limiter la bénédiction d’Hachem de se déverser sur toi, c’est toi-même. Alors, ne fais pas la même erreur que moi ma fille, efforce-toi de voir toujours le positif de chaque chose, remercie Hachem pour tous Ses bienfaits, et surtout garde confiance en Lui... et ainsi tu mériteras de voir se réaliser toutes les plus belles bénédictions”.
[1] Béréchit (25,19)
[2] Béréchit (25,21)
[3] Midrach Rabba (63,5)
[4] Védibarta Bam
[5] Midrach Rabba (63,20)
[6] Midrach Rabba (63,18)