La fête de Roch Hachana, qui signifie « la tête de l’année » en hébreu, est d’une importance capitale, tant sur la forme que sur le fond. En effet, Roch Hachana marque non seulement le début d’une nouvelle année, mais constitue également le jour du Jugement de toute créature. Mais quelle est l’essence de Roch Hachana ? À quoi bon passons-nous de longues heures à prier ? En fait, le caractère premier de la nouvelle année se loge dans la Malkhout, qui constitue l’une des dix Sefirot (attributs) d’Hachem. Cet attribut est foncièrement féminin et représente l’une des plus hautes sphères spirituelles qui soit. Essayons ainsi de définir cet attribut et d’aborder comment celui-ci peut être exploité à son plus haut degré lors de la fête de Roch Hachana.
D’abord, le concept de Malkhout, qui en hébreu signifie royauté, fait partie intégrante de la vie d’un juif. En effet, la mise en pratique de cet attribut repose sur l’élévation du matériel au spirituel. Un juif se doit de rendre saint toute chose qui, a priori, a l’air profane. Comme traiter autrui avec respect ou s’habiller avec modestie.
Miriam Kosman, auteur du livre Circle, Arrow, Spiral : Exploring Gender in Judaism, rapporte que ce sont exactement ces actes, de prime abord anodins, qui font descendre la Chekhina (Présence Divine) sur terre. Puisqu’il est évident que D.ieu règne dans le ciel, la seule manière de Le faire régner dans ce bas monde également est de L’intégrer dans chaque action qu’un juif pose. Parce qu’en vérité, un juif se doit de sanctifier le nom de D.ieu en tout temps et en tout lieu, mais encore davantage à l’occasion de la nouvelle année.
Mais quel est le lien entre la Malkhout et les femmes ? Kosman explique que la gente féminine, qui symbolise le concret et la réalité dans sa forme la plus pure, constitue un microcosme du principe de faire descendre la Chekhina dans ce monde à l’aide de ses actions quotidiennes. Par ailleurs, si le Judaïsme cherche à intégrer Hachem dans la moindre action, là où on se doit de Le révéler le plus est dans son foyer. Et qui est le pilier du foyer ? La femme. Sans faire preuve de prétention, la femme représente en quelque sorte le but même du juif, celui d’élever le matériel au spirituel, et qui atteint son paroxysme lors de la fête de Roch Hachana. À l’aube de Roch Hachana tout particulièrement, la femme est préoccupée par tous les préparatifs de la fête, à faire en sorte que la maison soit décente, ainsi qu’à préparer le menu pour les nombreux repas qui la composent. Malgré que ces tâches puissent paraître banales, ce sont précisément ces dernières qui font descendre la Chekhina.
Ainsi, comment exploiter le concept de Malkhout et le révéler au maximum lors de la fête de Roch Hachana ? « Couronner le Roi », qui constitue l’objectif ultime de la nouvelle année, peut sembler d’emblée poétique et irréalisable, mais Hachem ne nous donnerait pas de Mitsvot qui soient impossibles à accomplir. « Couronner le Roi » réside dans chaque pensée, chaque action, et chaque intention. Or, c’est la femme qui symbolise cette mise en pratique de la Malkhout et qui se charge de manière concrète de la révéler. À Roch Hachana, puissions-nous couronner le Roi du monde en n’ayant que des paroles ainsi que des gestes purs et bien intentionnés, et faisons en sorte d’être honnêtes avec nous-mêmes sur nos points faibles à améliorer. Que cette attitude noble et honorable nous fasse mériter d’être inscrits dans le livre de la vie, Amen !