La Paracha Chela’h Lékha (littéralement, « envoie pour toi »), traite de la faute qu’ont commise les explorateurs envoyés par Moché Rabbénou. En effet, D.ieu enjoint Moché de choisir un représentant par tribu afin que ces derniers aillent s’enquérir sur la Terre promise, et par la suite transmettre leur témoignage au peuple juif. Nous nous situons un an après le don de la Torah et à quelques jours à peine avant d’entrer en Erets Israël. Mais il s’avère que, au grand dam d’Hachem et de Moché, dix des douze explorateurs, à l’exception de Kalèv et Yéhochou’a, reviennent avec un rapport négatif sur Erets Israël.
Malgré que le Lachone Hara’ (médisance) fasse partie intégrante du récit des Méraglim (explorateurs) et des événements qui s’ensuivent, il semble particulièrement pertinent de se pencher sur un comportement en particulier : celui de la bravoure et du leadership de Kalèv et Yéhochou’a. Mais de quel leadership parle-t-on et en quoi ce trait de caractère est-il relié aux femmes ?
En effet, seuls Kalèv et Yéhochou’a ont prononcé un rapport positif sur la Terre d’Israël. Seuls eux ont affirmé que la conquête de la Terre promise était possible, tout simplement parce que D.ieu demeure en tout temps parmi les enfants d’Israël. Mais ces derniers ne les ont pas écoutés. Ils ont préféré se fier aux propos fautifs des 10 autres chefs de tribus. Malgré tout, les deux pionniers ont reçu leurs récompenses pour la loyauté qu’ils ont démontrée envers Hachem. Ils représentent d’éternels héros de foi.
Selon le Rabbin Jonathan Sacks, ancien Grand-Rabbin du Royaume-Uni, un leader à proprement parler se doit d’instiller une confiance non seulement en lui-même, mais en ses disciples ainsi qu’en la mission qu’il a pour tâche d’accomplir. Un vrai dirigeant a foi en ceux qu’ils dirigent, et croit en leur capacité à surmonter d’éventuelles épreuves. Un leader ne veut pas contrôler ou acquérir du pouvoir, mais plutôt valoriser et donner à ceux qu’il dirige les moyens pour voler de leurs propres ailes. C’est exactement la façon dont ont agi Kalèv et Yéhochou’a en soulignant que les enfants d’Israël avaient la capacité de s’élever à un tout autre niveau spirituel.
D’un autre côté, le Rabbi de Loubavitch offre une explication tout à fait extraordinaire sur la raison pour laquelle les 10 autres chefs de tribus n’ont pas su faire preuve d’Emouna (foi en D.ieu) et de détermination, à la différence de Kalèv et Yéhochou’a. Ils n’avaient pas peur de la défaite, mais plutôt de la victoire, du fait de se surpasser et des épreuves qui les attendaient. En fait, il redoutait de passer à un autre type d’Avodat Hachem. Dans le désert, tout leur était servi sur un plateau d’argent. La manne leur tombait du ciel chaque jour. La présence Divine résidait constamment parmi eux. Les Nuées de Gloire les entouraient et les protégeaient de tout danger. Ils craignaient ainsi de passer à la prochaine étape. De travailler la terre à la sueur de leur front, de prendre leurs propres responsabilités. C’est précisément ce phénomène que les explorateurs appréhendaient au plus haut point : celui de conquérir cette terre et la rendre leur, de la travailler et d’adopter une relation plus mûre avec Hachem, entre guillemets.
Mais en quoi ces explications sont-elles liées aux femmes ? En fait, les femmes se doivent d’être des leaders et des exemples au quotidien. Pour leur mari, pour leurs enfants, ou simplement pour leur entourage. Elles se doivent d’insuffler une confiance en leurs époux et leurs enfants, afin que de ceux-ci émanent la lumière de la Torah et la fierté d’être juif. La bravoure et le courage dont ont fait preuve Kalèv et Yéhochou’a constituent une leçon extraordinaire à observer. Ces derniers ont exprimé leurs pensées et leurs opinions, sans peur de représailles. Ils ont démontré une foi inégalée envers Hachem. Ils sont allés à contre-courant. Et c’est exactement le comportement que la femme juive doit adopter. Celle d’une femme de tête, qui, à l’approche d’une épreuve, demeure forte et sûre d’elle. Pour son propre bien, pour le bien de son mari, de ses enfants, et de tout le peuple d’Israël.
Ainsi, la qualité d’un vrai leader s’exprime en instillant la confiance en ses proches et son entourage et en parvenant à franchir les étapes spirituelles qui contribuent à notre ascension. Puissions-nous, les femmes d’Israël, parvenir à renforcer nos proches, à les rendre capables de prendre leurs responsabilités, afin qu’ils deviennent eux-mêmes les futurs leaders du peuple juif.