Au cours des différentes conversations avec des mamans à propos des soucis qu’elles rencontrent avec leurs enfants, j’ai relevé un point que je souhaite partager avec vous :
Très souvent, au cours des discussions concernant des « erreurs de comportement », j’entends que ces chers enfants parlent mal à leurs parents, et, ce, dès leur plus jeune âge.
Les mamans me téléphonent pour me dire, l’une que ses enfants sont toujours très excités, l’autre que son fils n’est jamais content quoi qu’il reçoive, une troisième que son ado a reçu un avertissement de l’école. Bref, des questions classiques, auxquels tous les parents sont confrontés.
Mais, bien souvent, le fait que l’enfant réponde à sa maman n’est pas relevé.
Prenons des exemples : un petit de 3 ans qui pointe le doigt vers sa maman et lui dit « me coupe pas la parole », c’est mignon et cela prête à rire, mais à 5 ans, cela peut devenir « tu me soules ! », et à 12 ans « t’es une menteuse ».
Ces 3 exemples sont des témoignages réels, pris parmi tant d’autres à titre d’exemple afin d’analyser puis de résoudre le problème.
Essayons de comprendre pourquoi ces faits ne sont pas relevés par les parents et pourquoi ils sont importants à traiter. Ensuite, nous expliquerons comment parvenir à ce que mon enfant s’adresse à moi correctement, tant sur le fond que sur la forme.
Les parents vivent au quotidien avec leurs enfants, des situations qui, bien qu’étant normales, sont parfois difficiles à appréhender : lever et coucher difficiles, disputes entre frères et sœurs, chambre en désordre, etc. Je sais que vous vous reconnaissez toutes !
Lorsque nous tentons de résoudre l’une de ces situations, notre seule préoccupation est d’arriver à notre but : résoudre CE point-là.
Voilà pourquoi, lorsque l’enfant nous parle mal, bien entendu que cela nous dérange, mais ce n’est pas là le but du moment et nous le mettons de côté.
Voilà pourquoi c’est au détour d’une conversation que la maman me dira que son enfant lui manque de respect.
Par ailleurs, nous vivons dans un monde où la façon de s’exprimer est dénaturée, le sens du respect d’autrui galvaudé, de telle sorte que nous ne nous rendons même plus compte qu’il y a un manquement dans la façon dont nos enfants s’adressent à nous.
Pourtant, en agissant de la sorte, nous passons à côté de conduites qui peuvent devenir graves, car un enfant qui se dispute avec son frère quand il est petit, deviendra sans aucun doute son ami à l’âge adulte. En revanche, un enfant qui parle mal à ses parents risque de leur tourner le dos à 18 ans, ‘Hass Véchalom !!
Je ne dis pas qu’il faut laisser les enfants se disputer ou ne pas ranger leur chambre, bien entendu.
Mais, d’une part, il faut résoudre les problèmes sans engendrer de conflits. C'est-à-dire de façon ferme et gentille, car, sinon, l’animosité entraine les écarts de langage.
Et, d’autre part, notre objectif de résoudre un problème ponctuel (comme celui des disputes, par exemple) ne doit pas laisser passer au second plan un comportement insolent de mon enfant.
Le problème que nous tentons de résoudre aujourd’hui en regroupe en fait deux : le fait qu’un enfant s’exprime mal, et que ce soit envers ses parents.
C’est sur ce deuxième point que je souhaite m’attarder.
La Torah nous montre une hiérarchie, une pyramide, tout en haut de laquelle se trouve Hakadoch Baroukh Hou, qui est « E’had », Un.
Ce sont les deux premiers commandements qui nous ont été donnés au Har Sinaï. « Je suis Hachem ton D.ieu » et « Tu n’auras pas d’autres dieux que Moi ».
Hachem a ensuite envoyé des Chlou'him, des émissaires pour transmettre Ses commandements. Moché Rabbénou, qui a dirigé le peuple juif, puis Yéhochou’a, et ainsi de suite. De nous jours ,il n’y a plus de prophètes.
Mais nous avons la Torah. La Torah écrite : 'Houmach, Néviim, Kétouvim, Midrachim, et la Torah Orale : le Talmud
Pour diffuser la Torah et guider le Klal Israël, nous avons les Guédolim, les grands Rabbanim.
Plus bas dans la pyramide, les Rabbanim de notre quotidien à qui nous pouvons poser nos questions.
Nos enfants doivent avoir conscience de cette hiérarchie.
Elle existe aussi au sein de la famille. Hachem nous envoie un enfant en Pikadone, en dépôt, afin que nous prenions soin de lui. Puis, un frère ou une sœur, et encore un autre. Chaque enfant doit savoir qu’il doit du respect à son aîné. Et par-dessus tout à ses parents.
Laisser un enfant mal me parler, c’est lui dire de façon implicite qu’il a le droit de ne pas me respecter. C’est le laisser enfreindre un des 10 commandements qu’Hachem nous a donnés directement.
Rav Matitiyahou Salomon, un des grands de notre génération, directeur spirituel de Yéchiva de Lakewood aux Etats-Unis, réprime avec vigueur le fait que les parents, au nom d’une soi-disant proximité avec les enfants, ne demandent pas le respect qui leur est dû.
Attention, le respect ne vient en aucun cas réduire la proximité avec nos enfants. Au contraire, elle la place dans un schéma plus protecteur. « Je suis très proche de mon papa et de ma maman, et je sais qu’ils me protègent et savent ce qui est bien pour moi. Je les admire pour cela. »
Un copain l’est pour un mois, un an, peut-être plus, mais rarement pour la vie.
Un papa, une maman sont un rocher pour toujours.
Attention, le parent doit aussi respecter son enfant. Le Kavod Habriot, le respect des créatures est une des bases de notre Torah.
Hachem a demandé conseil aux Malakhim, aux anges avant de créer le monde. C’est une marque de Kavod, mais cela ne remet bien entendu pas en cause la position suprême d’Hakadoch Baroukh Hou !
Je ne dois jamais profiter de ma position d’adulte pour rabaisser mon enfant, lui manquer de considération.
Alors, concrètement comment faire si mon enfant me parle mal ou fait preuve d’insolence ?
Tout d’abord, ne pas m’emporter pour autant, lui parler toujours gentiment, sinon, je lui montre moi-même une attitude que je réprime.
Ensuite, bien lui expliquer : « Ce n’est pas une façon de parler à sa maman (ou son papa), JAMAIS un enfant ne doit s’exprimer ainsi. Je ne suis pas ta copine, je suis ta maman, c’est mieux ! Même à tes amis tu ne dois pas parler comme cela, alors encore moins à tes grands frères ou sœurs, encore moins aux adultes, à tes professeurs, aux Rabbanim ». Vous lui dites gentiment et fermement, en le regardant droit dans les yeux : « C’est grave de manquer de respect à papa ou maman ». Ainsi, vous lui reconstituez la pyramide. Cela ne va pas le frustrer, mais, au contraire, le rassurer !
Il faut terminer sur une note positive, avec un ton plus doux : « Cela a dû t’échapper, je suis sûre que ça ne se reproduira pas ! ».
En faisant attention à ce que la façon de s’exprimer dans la maison soit agréable et respectueuse, j’instaure un climat dans lequel chacun trouve sa place et peut s’épanouir.
Béhatsla’ha !