Vous souhaitez acheter des biens qui vous semblent indispensables tandis que lui considère ces dépenses comme superflues et préfère épargner ? Si vos conflits ont comme thème l’argent, ces quelques lignes vous concernent !
Une fois de plus, Noémie et Dan se retrouvent assis face à leur conseiller conjugal. À tour de rôle, ils exposent leurs griefs respectifs devant sa mine compatissante. C’est Noémie qui ouvre les débats : « J’en ai assez, j’étouffe ! Nous avons de l’argent et nous ne pouvons pas en profiter à cause de son avarice ! Il ne comprend pas que nous avons des besoins. À quoi bon gagner de l’argent si c’est pour le laisser végéter sur un compte bancaire ?! » Dan contre-attaque : « Elle n’a aucune notion de l’argent ! Elle se fiche de tous les efforts que je fais pour subvenir aux besoins de la famille ! C’est du mépris total pour le mal que je me donne. Elle ne comprend pas que nous devons assurer notre avenir en cas de coup dur ni que nous devrons un jour marier les enfants ! »
Cela vous semble familier ? Pas étonnant, lorsque l’on sait que les conflits conjugaux tournant autour de l’argent sont vieux comme le monde, voire l’auraient peut-être même précédé d’après les chercheurs… Ce conflit risquant d’en entraîner d’autres dans son sillage, il serait dommage de laisser la situation s’envenimer alors qu’il est possible de le régler à l’amiable. Comment ? Voyons tout d’abord ce qu’il est recommandé de ne pas faire.
Un compromis… compromettant !
Le réflexe de tout couple qui se trouve dans ce genre d’impasse est de courir chez un conseiller conjugal, qui, du haut de ses années d’expérience dans le domaine, saura savamment établir avec eux un budget mensuel auquel mari et femme devront se tenir scrupuleusement. Excellente solution, n’est-ce pas ?
Sauf que, dans la vraie vie, cela ne marche pas si facilement. Car lorsque mari et femme ont tous deux le sentiment que leurs besoins n’ont pas réellement été pris en compte, qu’ils ont dû sacrifier leur volonté profonde en faveur d’un compromis qui les laisse finalement frustrés, alors la solution proposée a peu de chances de tenir sur le long terme. Effectivement, les premières semaines, voire les premiers mois si les conjoints sont des élèves disciplinés, le budget sera rigoureusement tenu. Mais bien vite, on sentira la tension augmenter : les quelques écarts de la femme soulèveront à nouveau le courroux du mari ; ils se retrouveront à nouveau assis sur les fauteuils du cabinet du conseiller conjugal, qui à nouveau proposera une solution technique à un problème qui ne l’est pas, et ainsi de suite…
Noémie et Dan seraient-ils condamnés à vivre dans la discorde pour quelques euros ?
La clé pour régler tous les conflits
En réalité, la clé pour régler tous les conflits se trouve dans la compréhension mutuelle des besoins réels de l’autre. Car, tant que le débat se situe au niveau émotionnel (« C’est un fou, il est comme sa mère, il me déteste, il ne me comprend jamais », « C’est une irresponsable, elle n’a aucun respect pour moi, elle ne pense qu’à s’acheter des vêtements, elle nous mène à la ruine »), même le budget le plus soigneusement établi ne pourra venir à bout des différends qui opposent le couple.
Ce dont Noémie et Dan, et bien d’autres couples, ont besoin, c’est de comprendre que l’autre a des besoins à la fois réels et différents des siens, qu’il est impératif de prendre en compte. « De la même façon que les visages des hommes diffèrent, ainsi leurs opinions sont différentes », enseigne le Talmud. Chacun de nous provient d’un environnement et d’un contexte familial, socio-économique, religieux différents. Dans l’exemple que nous avons rapporté, il est probable que le mari provienne d’une famille où c’était le père qui assurait la subsistance de la maisonnée ; le budget était soigneusement établi et on se privait volontiers pour épargner en vue d’un avenir peut-être incertain. Ce sentiment de sécurité accompagnait les membres de la famille au quotidien. Il était impensable de se laisser aller à dépenser de manière irréfléchie en fonction des « caprices » de la mère de famille.
La femme, par contre, a très certainement grandi dans une ambiance totalement différente : l’argent ne manquait pas, chaque besoin avait à peine le temps d’être exprimé qu’il était déjà comblé ; on vivait au jour le jour sans trop se préoccuper du lendemain… Ou peut-être qu’à l’inverse, elle a connu une enfance pauvre où l’argent manquait, et qu’elle ressent le besoin de pouvoir enfin se faire plaisir après des années de privations…
Une voie toute tracée
Quoi qu’il en soit, on comprend à présent qu’aussi bien la position du mari que celle de la femme sont légitimes. Il ne s’agit non pas de « caprices » ni de « folies », mais bien de besoins réels dont les causes remontent parfois à l’enfance. Dès lors que nous réalisons que notre conjoint a lui aussi, tout comme nous, des opinions, des habitudes et des besoins que nous devons absolument prendre en considération, alors la voie vers la résolution du conflit est déjà toute tracée. Quelle que soit la solution envisagée (budget mensuel, limitation de l’utilisation de la carte bancaire, suppression des chèques etc.), celle-ci sera viable sur le long terme car elle sera le fruit d’un processus d’ouverture mutuelle. Mari et femme n’auront désormais plus la sensation pénible de se sacrifier en vain, mais bien de faire l’effort de s’ouvrir réellement à l’autre, ce qui constitue finalement le but ultime de leur union !
Et pour décupler les chances de réussir, il est vivement conseillé de lire ces quelques conseils… à deux !