Votre couple est semblable à un jardin aux senteurs enivrantes et à la beauté exceptionnelle. Oui, mais pour qu’il le reste, il faut le cultiver… La Rabbanite ‘Haguit Chira nous dit comment faire !
Dès qu’un couple passe sous la ‘Houppa, que les conjoints se promettent fidélité, amour et soutien, D.ieu leur offre un cadeau précieux : la clé de leur jardin. Que vont-ils faire de ce cadeau et comment le préserver ? C’est tout l’art de la vie à deux…
Quand les mauvaises herbes font surface…
La vie commune d’un couple est semblable à un jardin. Un jardin dans lequel poussent des fleurs, des arbres fruitiers, des plantes rares. Un jardin dans lequel des senteurs exotiques et enivrantes se répandent, un jardin à la vue de laquelle tout spectateur est émerveillé. C’est évidemment à cela qu’aspirent les mariés au jour de leur union. Ils espèrent que leur vie commune sera jonchée d’amour, de compréhension, de paix, de sérénité. Ils espèrent pouvoir se faire confiance l’un l’autre et s’aimer mutuellement comme au jour de leurs fiançailles.
Oui, mais, comme tout jardin, dans leur « jardin » aussi peuvent pousser des plantes indésirables. Mauvaises herbes, champignons vénéneux, ronces menacent parfois de tout envahir et de tout abîmer. Colère, rancune, critiques, indifférence viennent parfois s’installer là où l’on espérait voir l’amour et l’entente émerger. Alors, comment préserver notre jardin et cultiver cet espace à deux ?
Le bonheur est dans le pré
Chères amies, comme tout jardin, le jardin de votre couple aussi doit être cultivé… De même que le jardinier coupe, élague, nettoie, sème, arrose et érige une clôture autour de son jardin, nous aussi devrons fournir des efforts. À force d’amour, de patience, d’altruisme, de concessions, d’investissement, de prières et de sacrifices, notre jardin à nous aussi s’épanouira et verra ses fleurs grandir.
Si vous rencontrez autour de vous des couples unis et qui s’aiment, comprenez bien : ce que vous voyez est le fruit d’un travail constant ! Non, ils ne sont pas simplement « amoureux » l’un de l’autre, car l’amour sans travail est semblable à une fleur sans eau : même la plus belle et la plus forte finit par se faner et flétrir… Les couples heureux et qui vivent dans l’harmonie sont ceux qui ont su sacrifier leur égo et effectuer les bons choix, ceux qui ont su donner de leurs personnes et faire des concessions ! Qui ont su préserver leurs foyers des influences délétères et y faire pénétrer la lumière de la Torah !
L’herbe plus verte ? Pas au jardin d’Eden !
Oui, mais alors pourquoi est-ce si difficile ? Pourquoi les couples ont-ils parfois l’impression que ceux à quoi ils aspirent tant, vivre dans l’amour et l’harmonie, leur échappe entre les mains ? Ainsi que me le confiait si tristement une femme récemment : « J’ai l’impression que dès que mon mari rentre, l’amour s’enfuit en courant… »
L’une des raisons de ce phénomène, c’est qu’à la génération du digital et des réseaux sociaux, nous avons pris l’habitude de porter notre regard sur ce qu’il se passe chez les autres… Au fur et à mesure que défilent sur notre écran les photos des autres, on ne peut s’empêcher de penser : « Comme ils ont l’air de s’aimer ! », « Comme il a l’air de la gâter ! », « Quelles belles vacances ils ont passées ! », « Quelle belle voiture il lui a offerte ! »…
Mes amies, c’est précisément la raison pour laquelle sous la ‘Houppa, nous bénissons le couple en ces termes : « Réjouis, Hachem, les compagnons bien-aimés comme Tu as réjouis Tes créatures dans le Gan Eden jadis ! » Quelle était la particularité de la joie du premier couple de l’humanité, Adam et ‘Hava, dans le jardin d’Eden ? Ils n’avaient pas de belle-mère, certes, mais là n’est pas la raison… :) La raison, c’est qu’ils étaient seuls au monde ! Adam n’avait aucune autre femme à laquelle comparer la sienne et ‘Hava non plus n’avait aucun autre homme avec qui comparer son époux. Ils n’avaient ni Whatsapp ni Instagram pour regarder ce qui se passe chez les autres et avoir l’impression que l’herbe est plus verte chez le voisin ; leur jardin à eux, ils savaient l’apprécier !
Une facture… salée !
Lorsque Sodome fut détruite, la Torah nous rapporte que la femme de Loth, neveu d’Avraham et seul survivant de la ville, fut châtiée pour avoir contrevenu à l’ordre Divin de ne pas regarder en arrière et fut ainsi transformée en statue de sel : « La femme de Loth, ayant regardé par-devers lui, devint une statue de sel » (Béréchit 19,26).
Nos Sages s’interrogent : quelle était la gravité de regarder « par-devers » son époux ? Et pourquoi avoir été punie en étant changée précisément en statue de sel ? Y a-t-il un rapport entre sa faute et son châtiment ?
Comme l’on s’en doute, la Torah souhaite nous délivrer ici un important message, message qui s’adresse à tous les couples : en fait, le péché de l’épouse de Loth était de porter son regard « par-devers » lui, à savoir de regarder les autres hommes et les comparer au sien, d’observer les autres couples et les opposer au sien ! Elle ne savait pas se satisfaire de son sort et apprécier ce dont Hachem l’avait gratifiée ; elle se demandait sans cesse si les autres n’étaient pas mieux « lotis »…
C’est pourquoi elle fut transformée en statue de sel : celles (et ceux !) qui comparent leur vie à celle des autres transforment leur existence en quelque chose d’amer… La douceur disparait de leur vie. Ils deviennent aigris et n’apprécient plus aucune saveur, tout leur semble si fade…
Intégrons la leçon de la femme de Loth afin de transformer notre vie en quelque chose de doux : arrêtons de porter notre regard sur ce qui n’est pas à nous et relevons tous les bienfaits dont Hachem nous a gratifiées : votre mari vous donne un coup de main dans les tâches domestiques ? Réjouissez-vous ! Il est un bon père pour vos enfants ? Réjouissez-vous ! Votre belle-famille est agréable et pas envahissante ? Réjouissez-vous !
Plus vous développerez un œil positif sur votre mari et sur votre couple, plus vous découvrirez de points positifs et plus votre jardin sera le lieu le plus agréable sur terre !
C’est ce que je vous souhaite à toutes !
Rabbanite ‘Haguit Chira, adapté par E. Boukobza