Vous vous rappelez sans doute d’un certain film qui se déroule dans un gros paquebot avec deux personnes qui tombent follement amoureuses l’une de l’autre. Leur idylle est brusquement interrompue environ 48 heures après avoir commencé, un laps de temps largement suffisant pour qu’ils soient certains de s’aimer à jamais ! Et la preuve, le héros sacrifie vaillamment sa vie pour sauver sa bien-aimée suite au naufrage du bateau…

J'étais une jeune adolescente quand j’ai vu ce film et les larmes qui ont coulé pendant toute la scène de fin, m’ont accompagnée pendant une semaine chaque soir avant de dormir. Même si je savais que leur romance n’avait jamais existé, je n’arrivais pas à me remettre de cette fin tragique. Ma mère, dans un élan de compassion, m’a dit : « Tu sais, dans la vraie vie, ils ne se seraient peut-être pas entendus et leur histoire n’aurait pas duré ». Sous le choc d’une tel pragmatisme, je compris alors que ma mère ne comprenait pas ce qu’était le vrai amour, celui ou le "Heart will go on and on".

25 ans plus tard, j’assiste aux fiançailles d’un petit couple adorable en plein cœur d’un quartier 100% religieux. Comprenez que ni l’un ni l’autre n’ont jamais fréquenté un garçon ou une fille, ni vu de film à l'eau de rose. En clair, ils n’ont aucune idée de ce qu’est le romantisme.

J'étais donc un peu curieuse de voir comment ils allaient se comporter l’un avec l’autre. Et à ma grande surprise, j’ai vu des étoiles dans leurs yeux, des sourires illuminer leurs visages, ils se cherchaient du regard toutes les deux minutes trente... J’avoue que je m’attendais à quelque chose d’un peu plus formel. Mais ces tourtereaux avaient une étincelle qui ne venait pas de déclarations enflammées ou de cœurs battant sous la pluie. Non, c’était l’expression de la joie intense d’avoir trouvé leur moitié et de la hâte de commencer leur vie ensemble. Le monde, à côté, semblait ne pas exister.

Cela m'a rappelé quand j'étais moi-même sur ma chaise de Kalla (fiancée), avant d’entrer sous la ‘Houppa. Une Rabbanite m’a souhaité que je voie toujours mon mari de la même manière que j’allais le voir ce jour-là. C’est très mignon, mais pas vraiment imaginable dans la réalité ! Avec le recul, j’ai compris le deuxième sens de cette Brakha (bénédiction). Le jour de son mariage, une Kalla ne regardera jamais un autre homme, elle ne pensera pas : « celui-ci a l’air plus ceci ou moins cela ». Non. Elle n’a d’yeux que pour son mari.

Ça pour le coup, c’est réalisable dans la vie de tous les jours : n’avoir d’yeux que pour son mari ou sa femme. Comment ? En appliquant les règles de distances hommes-femmes. Ne vous inquiétez pas, cela marche aussi au 21ème siècle ! Et cela a fait ses preuves. Le couple se retrouve alors muni d’un bouclier contre l’arme fatale de la comparaison.

Autrement, on peut assister à ce genre de spirale infernale : ‘Hanna, qui regrette que son mari n’ait pas plus le sens de l’humour, contrairement à son collègue Michaël avec qui elle rigole tant ! La femme de Michaël, elle, regrette que son mari n’ait pas les épaules plus solides lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes pour la famille, à la différence de son voisin Réouven qui lui raconte comment il gère tout chez lui. Quant à la femme de Réouven, elle regrette que son mari soit un père absent, pas comme Yo’hanan, le père d’un des enfants qu’elle garde et avec qui elle discute chaque fin d’après-midi de longues minutes… Chacune se focalise donc sur ce que son mari n’a pas, idéalise l’autre qui, elle, éclipse les qualités réelles de son mari. Et dans le pire des cas, un trop grand rapprochement peut mener à des catastrophes.

Dans un foyer où l’on applique le respect des distances, c’est NIET ! On fait le choix et on se donne les moyens de porter toute notre attention sur la personne qui partage notre vie. On se concentre sur ses forces, on apprécie ses qualités, on accepte ses défauts, et on construit ensemble.

Cette distance protège et renforce l’amour. Elle crée une bulle où il peut s’exprimer librement à l’abri des comparaisons stériles et des attentes irréalistes. En bonus, cela évite le problème non négligeable de la jalousie. Franchement, qui ne rêve pas d’avoir 100 % confiance en son conjoint ?

N’avoir d’yeux que pour son mari, c’est une belle aspiration, mais c’est aussi la clé pour transformer chaque foyer en un petit paradis, loin des drames spectaculaires hollywoodiens. Entre nous, ceux qui réussissent à préserver leur amour intact toute leur vie alors eux, c’est sûr, ce sont les vrais héros !

Vidéo sur le sujet à visionner : https://www.torah-box.com/torah-tabou/torah-tabou-pourquoi-des-distances-hommes-femmes_45481.html