Toutes les conversations orageuses commencent par : « Comment rendre une banane droite ? », et finissent par : « Tu es coupable ! C’est toi le problème ! » Ces remontrances répétées sont destructives, nuisent à l’appréciation de soi et de l’autre, et peuvent conduire à la haine, à D.ieu ne plaise ! Or il faut veiller à instaurer au sein du couple un climat de respect et d’estime réciproques.
Le ton
Avez-vous remarqué l’importance du ton dans la communication ? Une phrase banale comme : « Viens, assieds-toi. », change complètement de sens en fonction de l’intonation. Le caractère positif de la remarque et son action sur la progression de l’autre, sont liés à la façon dont nous nous exprimons. Le ton éloigne ou rapproche selon que nous parlons avec dédain, colère ou sérénité. Il faut éviter la vulgarité et apprendre à parler doucement comme les Sages nous le recommandent, même si ce n’est pas toujours facile - en particulier pendant le jour le plus redoutable de la semaine : le vendredi.
Le vendredi
Une grande effervescence règne le vendredi dans chaque maison juive, ce qui rend ce jour propice aux disputes. Exemple : c’est l’hiver en Israël, les enfants ont tous pris leur douche et il ne reste que très peu d’eau chaude. Madame décide de prendre sa douche. Un quart d’heure avant l’entrée de Chabbath. Monsieur, fatigué, entre en vitesse dans la salle de bains et découvre, TROP TARD, qu’il n’y a plus une goutte d’eau chaude. La colère de Monsieur retentit dans toute la maison !
Autre exemple : les enfants sont particulièrement turbulents le vendredi. Ils se salissent encore plus que d’habitude. Du sirop de fraise sur une chemise propre, une heure avant Chabbath, c’est énervant non ? Mais un quart d’heure avant Chabbath, le petit dernier qui renverse son biberon de lait dans la Dafina, c’est ?! ... Difficile de rester calme !
Avant Chabbath, l’homme doit vérifier trois choses : si le Ma’asser a été prélevé (inclus ‘Halla), si le Erouv est en bon état et si les bougies sont préparées. La Torah a donné cette obligation à l’homme pour lui apprendre à faire le Chalom, la paix, avant l’entrée de Chabbath et lui enseigner à parler doucement à sa femme, précisément le vendredi qui est le jour le plus favorable aux disputes.
Communication : les différentes critiques négatives
- Certaines critiques ne sont pas prononcées mais « jouées ». Les mimiques et les regards parlent. « Dis-moi ce qui ne va pas ? » « Rien ! » Mais les yeux révèlent notre pensée.
- Une autre sorte de critique consiste à ne dire que peu de choses pour énerver l’autre. Car c’est lui le coupable. Toute remise en question est impossible. Une critique acerbe et permanente peut tuer à petit feu et enlever toute joie de vivre.
- Une autre forme de critique consiste à mettre une étiquette sur quelqu’un. Un enfant qui bouge beaucoup, est sûrement hyperactif ! Un enfant timide manque forcément de confiance en lui ! Un enfant qui regarde trop à droite, doit aller voir un neurologue ! Celui-ci est radin. Celui-ci est voleur. Et celui-là est menteur… Chacun est installé dans un compartiment doté d’une étiquette.
Exemple : Un homme arrive difficilement à se lever le matin : « Mon mari est un fainéant ! », « Il est marié avec ses oreillers ! », « Il n’aime que ses copains, pour eux il peut se lever !? ». Des phrases de ce genre ne vont pas l’inciter à se lever plus tôt ! Demain, pour narguer sa femme, il se lèvera encore plus tard !
- Ne rien dire ? Attention, il faudra se méfier des silences qui fâchent. Se taire n’est pas la preuve d’une non-agression. Les frères de Yossef n’ont pas pu parler avec lui en paix. Les gens pensent que la haine nécessite une action. Il n’en est rien ! « Je n’ai rien dit ! ». À un moment où l'on attendait des mots, un silence peut conduire à la haine. Se taire n’est pas toujours une preuve d’innocence. Les répressions par le silence sont souvent une attitude masculine.
Comment formuler une critique ?
- Examinons ces deux phrases : « Tu es un paresseux » et « Pourquoi traînes-tu ? ». Quelle est la différence entre ces deux phrases ?
Dans la première, on s’attaque à la personnalité de l’individu, et on lui colle une étiquette, en l’occurrence, celle de paresseux. Dans la deuxième question, on parle de l’action, on imagine que c’est temporaire. C’est exceptionnel, il peut changer. La différence est grande !
- Autre exemple : Madame est allée chez sa mère, mais n’a pas souhaité en parler à son mari. Le mari l’a appris, et de colère, il déclare : « Menteuse, trompeuse, perfide, serpent venimeux, etc. »
Monsieur est-il un partisan de la vérité ? À la suite de cette attaque, sa femme n’aura qu’une envie, lui prouver qu’il avait raison. Que fallait-il dire ? : « Pourquoi m’as-tu menti ? Ce n’est pas dans tes habitudes ? Pourquoi aujourd’hui ? » Encore mieux ? Il y a encore une façon plus positive de faire des reproches :
Reprenons le cas précédent, on aurait pu dire : « Pourquoi ne te dépêches-tu pas ? » Entendre le positif, « se dépêcher », c’est mieux que d’entendre le négatif, « paresser ou traîner ». Dans le deuxième exemple : « Pourquoi ne me dis-tu pas la vérité ?. Utiliser « dire la vérité » est mieux que de dire « mentir » !
La communication dans un couple est négative si les résultats obtenus ne sont pas ceux attendus. Évitons les insultes : fainéant, voleur, menteur, radin… tellement difficiles à effacer !
L’intelligence est une grande qualité, elle nous permet d’arriver jusqu’à la prochaine étape. Mais plus grande que l’intelligence est l’anticipation. Il faut se demander quelles seront les conséquences de nos paroles, de nos actions ? Dans le Passouk de Michlé, notre roi Salomon nous enseigne : « Ne fais pas de reproches à quelqu’un qui va se moquer. Il va faire de toi un sujet de railleries et il te haïra ! Ne fais des critiques qu’à celui qui veut t’écouter. Celui-ci t’aimera. »
Quelle tactique adopter ? La sentence du roi Salomon contient aussi la solution. Ne dites pas : « Tu es un railleur », mais « tu es intelligent ! ». Ainsi il va écouter et prêter attention à ce qui ne va pas.
Exemple : « Sarah, tu es méchante, menteuse, nulle, radine, cruelle … » Elle ne voudra pas entendre et son cœur se remplira de haine. Mais si vous dites : « Ma femme, ferme les yeux et écoute. Toute la journée, je me cogne dans les portes, les murs... J’ai une question qui n’arrête pas de me tarauder.
- Quelle question, je suis ta femme, tu peux te confier à moi !
- Quelle Mitsva ai-je accomplie pour te mériter ? Comment ai-je réussi à te conquérir ?
- Quelle est ta question ?, demande-t-elle.
- C’est une petite chose, mais elle n’arrête pas de me trotter dans la tête.
- Dis-moi, je t’en prie, ce qui te préoccupe ! Je suis prête à écouter !, insiste-t-elle.
- Demain, je te raconterai !
- Non, maintenant ! Peut-être est-ce à cause de moi ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Je t’en prie, parle !
- Si tu étais un peu moins nerveuse avec les enfants, je serais parfaitement heureux ! »
Elle a entendu. Elle l’aimera. Et elle essaiera de s’arranger.
Autre exemple : « Mon mari, tu es formidable, je t’aime. Tu penses à nous, tu nous nourris, tu achètes chaque jour des choses, ce dont nous avons besoin. Tu es un bon mari ! » Un mari qui entend cela est rempli de joie ! Elle poursuit : « Une seule petite chose me chiffonne, mais ce n’est… pas pour maintenant !
- Dis-moi ce que c’est ! Je t’en supplie !
- Quand tu es énervé, fais attention à ce qui sort de ta bouche, car les enfants entendent tout ! »
Il faut toujours mettre quelque chose de positif dans sa critique. Pour cela, il faut être conscient des qualités de l’autre. La conscience des qualités de l’autre fait immédiatement baisser la pression de la remontrance.
Exercice
Monsieur, écrivez sur une feuille les bons côtés de votre femme, au moins dix points positifs : elle cuisine, elle repasse… ou elle est douce, joyeuse, etc.
Alors pourquoi lui faire des reproches pour des petites choses ?
Votre femme est vraiment la meilleure personne du monde !
Et maintenant à votre tour Madame, écrivez sur une feuille les dix points positifs de votre mari : il descend la poubelle, il sort les enfants… ou il est honnête, patient… N’est-il pas la meilleure personne au monde ?
Il faut considérer ce qui est bon chez l’autre et se respecter mutuellement ; car c’est le fondement de la critique juste. Toute expression de mépris, de dépréciation ainsi que les jugements négatifs sont absolument à éviter !