Si la fête des lumières porte le nom de ‘Hanouka, c’est parce qu’une nouvelle « inauguration » du Temple de Jérusalem eut lieu à cette période. Il est néanmoins indéniable que cette fête recèle également d’édifiants messages relatifs à l’éducation [‘hinou'h].Ce postulat se fonde sur une affirmation du Sfat Emet : « Le nom de ‘Hanouka est tiré du verset : ‘Eduque [‘hano'h] l’enfant selon ses dispositions’ (Proverbes, 22,6) ». En substance, le Sfat Emet explique dans ce texte (commentaire sur ‘Hanouka, année 5654) que la Torah fut donnée à la génération du désert dont les membres furent préparés et conditionnés pour la recevoir. Mais avec le temps, les enfants d’Israël perdirent leur niveau spirituel initial et furent soumis en conséquence au joug des nations du monde. Et si au fil des siècles, D.ieu leur envoie des miracles qui les éclairent dans les ténèbres de l’exil, ce n’est pas du fait de leur mérite : c’est là une pure générosité du Créateur à leur égard !

Il en résulte donc, pour reprendre les propos du Sfat Emet, que « de la même manière que l’on montre à un enfant les voies de la droiture parce qu’il les ignore du fait de son inconscience, ainsi les nations ont-elles obscurci notre vue pendant l’exil en raison de notre inconscience, (…) et malgré tout, le Saint béni soit-Il, dans Son infinie bonté, nous éclaire par Ses miracles ; (…) c’est pourquoi il est dit des bougies de ‘Hanouka qu’on les allume ‘par la gauche’ [car nous ne les méritions pas 'de droit'], ce qui constitue pour nous un devoir de gratitude ».

En outre, nos Sages disent de celui qui accomplit scrupuleusement la mitsva de ‘Hanouka qu’il méritera des enfants érudits. Ce qui laisse clairement apparaître le lien étroit qui relie cette fête à l’éducation des enfants.
 

Comme des aiguillons…

Comme nous le savons, la mitsva de ‘Hanouka n’émane que d’un ordre rabbinique et résulte du verset « Ne t’éloigne pas de ce qu’ils t’enseigneront à droite ni à gauche », (Dévarim, 17, 11). Or, le Midrach affirme que les mitsvot et les enseignements des Sages sont comparés dans l'Ecclésiaste à des « aiguillons » (Kohélet, chapitre14, 11), car « de la même manière qu’un aiguillon dirige le bœuf dans le sens du sillon pour apporter au monde sa subsistance, ainsi les paroles de la Torah orientent-elles le cœur de ceux qui étudient en direction des Voies de la vie », (Bamidbar Rabba 14, 11).

Cette relation entre l’aiguillon du bœuf et les paroles de nos Sages est en fait très profonde, comme l’explique le Sfat Emet lui-même : « Car même des hommes qui ont atteint un niveau semblable à celui de la bête peuvent revenir à de meilleures dispositions grâce aux mitsvot des Sages qui les inciteront à respecter aussi les mitsvot de la Torah. C’est cela la ‘lumière de ‘Hanouka : elle éduque l’homme et le rapproche de la Torah ! ».

Ceci nous apprend que l’homme se trouve parfois dans des états spirituels dont il ne parvient pas à s’extraire. Dans ces situations dramatiques, les mitsvot des Sages peuvent servir d’étape-charnière pour lui permettre de remontrer la pente et de reprendre ensuite le respect des mitsvot de la Torah.

A cet égard, ajoute le Sfat Emet, les lumières de ‘Hanouka sont allumées vers l’extérieur des maisons en direction de la rue, comme pour lancer un message à ceux qui se trouvent « en-dehors » des mitsvot et leur assurer que tout espoir n’est pas encore perdu !
 

Extraire le doux de l’amertume

Si ce principe est valable pour l’ensemble de la nation juive, il l’est mille fois plus en ce qui concerne les jeunes générations.

Cela apparaît notamment du fait que l’allumage de la ‘Hanoukia doit, en principe, être réalisé avec de l’huile d’olive. Nous savons que l’olive est considérée comme un fruit amer dont la consommation brute est rendue difficile du fait même de son amertume. Or, c’est ce même fruit qui offre l’une des meilleures qualités d’huile destinées à l’allumage, dont il est dit : « Douce est la lumière, c’est une jouissance pour les yeux (…) », (Kohélet, 12, 7). C’est donc bien de l’amertume que sort la plus subtile douceur qui soit…

Cette image renvoie à une idée bien claire : jamais il ne faut sceller le sort d’une jeune âme en dérive ! Même de l’enfant dont n’émanent apparemment qu’amertume et difficultés, il est possible d’extraire un jour douceur et satisfaction. Ainsi, les parents et les responsables pédagogiques doivent-ils à tout moment se rappeler qu’il ne faut jamais « baisser les bras ». Certes, il faut parfois engager de grands efforts et des moyens importants. Mais au final, tout effort est récompensé.
 

Le dévouement le plus total !

Une autre leçon essentielle ressort de la fête de ‘Hanouka : la qualité d’abnégation. Nous savons en effet que la démarche des ‘Hachmonaïm était, selon l'ordre « naturel » des choses, vouée à l’échec. La petite poignée d’hommes qu’ils étaient n’avait en effet guère de chance de vaincre la puissante armée grecque, et ils en étaient bien conscients. Or, si D.ieu leur offrit la victoire, c’est précisément par le mérite de cette totale abnégation : ce sacrifice d’eux-mêmes entièrement voué à la gloire du Nom divin.

Les commentateurs expliquent que les ‘Hachmonaïm puisèrent cette force dans leur ancêtre Avraham qui avait, le premier, faire preuve d’une abnégation totale en acceptant de sacrifier son fils. Or, comme le montre le Imré Emet, cet épisode comporte une remarquable allusion aux évènements de ‘Hanouka : « Le verset dit : ‘Moi-même et l’enfant, nous irons jusque-là [ko]’, (Béréchit, 22, 5). Or, le nom de ‘Hanouka forme le monogramme de ‘Hanou Ko’ [Ils se sont reposés sur ko]. Les patriarches furent le symbole de l’abnégation et c’est eux qui insufflèrent à leur descendance la force de faire preuve d’autant d’abnégation ».