Cher Moré, chère Mora,
Vous qui avez accueilli mon enfant il y a quelques semaines, devant la porte de cette classe, pour quelques mois de l’année à venir, pour quelques jours dans la semaine, ou même pour quelques heures par jour :
Je voudrais vous dire que, comme chaque année, je vous l’ai confié avec la boule au ventre… J’ai alors pensé à ‘Hanna qui a un jour, elle aussi, confié son petit Chmouel au Grand-Prêtre Eli afin qu’il lui enseigne la Torah, et j’ai pensé à ce qu’elle lui a dit :
« Et moi aussi, je le prête (afin qu’il soit consacré pour D.ieu) ». ‘Hanna ne fait que « prêter » ce qui lui a été « prêté ». C’est tout le sens du prénom Chmouel qu’elle a choisi pour son fils, né miraculeusement après 19 ans de stérilité. Elle le nomma Chmouel car : « Je l’ai emprunté à D.ieu », explique-t-elle.
‘Hanna, après tant d’années de prières et d’espoirs, savait mieux que quiconque que cet enfant ne lui appartenait pas, qu’il lui avait été confié par D.ieu. Cet enfant qui lui a été « prêté », voilà qu’elle le confie à son tour à un maître.
Chers professeurs, ce n’est pas mon enfant que je vous ai confié, il ne m’appartient pas. Il m’a été confié par D.ieu à sa naissance, pour lui apporter tout ce que je sais donner, pour qu’il soit en sécurité physique et psychique. Jour après jour, j’essaie de m’acquitter au mieux de cette lourde et si merveilleuse tâche : être à la hauteur de la confiance qu’Hachem m’a accordée en me confiant cette belle Néchama ! Ce n’est pas mon enfant, c’est celui d’Hachem…
Vous le trouverez peut-être timide, ou au contraire très bavard ; brouillon, ou peut-être très ordonné ; renfermé ou très sociable ; travailleur ou rêveur ; expressif ou indifférent… Mais tous ont une Néchama unique qui provient du Trône Céleste. Tous méritent votre sourire et votre considération, et tous seront sensibles à ce que vous leur apporterez.
Chers professeurs, lorsqu’un enfant vous est confié, vos actes et vos paroles vont le marquer peut-être à vie, profondément, dans un sens comme dans l’autre…
Cet enfant vient d’Hachem, il porte avec lui la Chékhina (Présence divine). Car en effet, lorsque le Temple a été détruit, explique le Midrach : « Lorsque le Sanhédrin a été exilé, la Chékhina ne s’est pas exilée avec eux ; lorsque les Cohanim ont été exilés, la Chékhina ne s’est pas exilée avec eux, mais lorsque les enfants ont été exilés, la Chékhina les a accompagnés ».
Alors lorsque vous vous apprêtez à entrer dans la salle de classe pour y retrouver les enfants, préparez-vous aussi à y rencontrer la Chékhina…
Une maman à qui Hachem a confié des enfants