Cette histoire se déroula quelques années avant le miracle spécifique de ‘Hanouka. Etant donné qu’Holopherne fut un roi grec et qu’il désira, lui aussi, éradiquer la foi du Peuple Juif, on commémore ce miracle, en l’honneur de ‘Hanouka, en dégustant des laitages, qui nous rappellent le lait, dont Yéhoudit a abreuvé Holopherne.
Holopherne se prépare au combat
Holopherne fut un souverain puissant, il conquit peuples et royaumes et mit le feu à leurs somptueux palais. Lors de la dixième année de son règne, il prit la résolution de combattre et d’annexer aussi Jérusalem. Il réunit 150.000 hommes armés et 20.000 archers. Il leur dit : « Les enfants d’Israël, qui siègent à Jérusalem ne sont pas comme les autres peuples, ils ne respectent pas les lois du roi, allons les assujettir ! »
Un des rois asservis par Holopherne eut la sagesse de lui conseiller : « Mon maître, laisse le Peuple Juif, nombreux sont les rois, qui ont tenté vainement de les vaincre. Leur D.ieu les aime et les protège. Comment oseras-tu t’en prendre à eux ? »
Le roi s’enflamma de colère : « Comment peux-tu t’exprimer ainsi, n’ai-je pas conquis des royaumes étendus et puissants ? Ne pourrais-je pas dominer une si petite ville ? » Dans sa fureur, il ordonna à ses serviteurs de se saisir du roi rebelle, de l’enchaîner et de le jeter aux portes de Jérusalem. Les serviteurs obtempérèrent et retournèrent dans leur ville. Entre-temps, ce roi entra à Jérusalem et rencontra le chef de l’armée : « Ouziyahou ben mi’ha vékarmi » et lui dévoila les projets d’Holopherne.
« Ils crièrent vers D.ieu dans leur détresse. »
Une terreur s’empara des habitants de Jérusalem. À ce moment critique, ils allèrent au Temple et invoquèrent D.ieu de tout leur cœur : « D.ieu, l’Éternel, tends Ton oreille et écoute Holopherne, qui a mis au point des stratagèmes. D.ieu vivant, sauve-nous, de grâce, de sa main, verse Ta colère sur les Nations qui ne Te reconnaissent pas ! »
Ils continuèrent à prier D.ieu jusqu’à être imprégnés d’une confiance absolue en Lui et en Sa délivrance. Ils dirent au roi qui les avait prévenus : « Bientôt, tu verras le salut venant de notre D.ieu et nous aurons le mérite de nous venger de nos ennemis. »
Le lendemain, Holopherne et son armée invincible s’approchèrent de Jérusalem. Les habitants de Jérusalem décidèrent qu’il fallait agir. Ils se munirent d’armes et se tapirent dans les sentiers, qui conduisaient à Jérusalem, en espérant que D.ieu les secourrait.
Une soif à Jérusalem
Les ministres d’Holopherne lui conseillèrent : « Seigneur, notre maître, au lieu d’entrer en guerre contre les habitants de Jérusalem, mieux vaut camper dans les montagnes aux alentours, afin d’obstruer toutes les sources d’eau. Les habitants de Jérusalem seront assoiffés et ils se soumettront à nous, sans avoir besoin de livrer bataille » Cette idée plut au roi, et il mit le projet à exécution.
Après 20 jours de siège, la soif se fit ressentir à Jérusalem. Il n’y avait plus d’eau dans les puits, le Peuple désirait ardemment boire. Les hommes, les femmes, les enfants se rassemblèrent chez Ouziyahou et le supplièrent : « Soumettons-nous à Holopherne, ne vaut-il pas mieux pour nous de devenir ses serviteurs ou même être tués plutôt, que de périr par la soif ! »
Ouziyahou entendit les paroles du Peuple, il déversa toute son amertume devant D.ieu : « D.ieu, ne Te retiens pas d’agir, ne garde pas le silence, ô Tout-Puissant, ne reste pas inactif. Car, voilà Tes ennemis s’agitent et Tes adversaires relèvent la tête. Contre Ton Peuple, ils ourdissent des complots, ils se liguent contre celui que Tu protèges. Ils disent : « Allons, rayons-le du nombre des Nations, que le nom d’Israël ne soit plus mentionné ! » (Psaume 83,2-5)
Lorsqu’il cessa de pleurer et de prier, Ouziyahou se leva et dit à ses armées : « Nous allons attendre encore cinq jours, en espérant le salut de D.ieu. Ce délai passé, si la situation reste inchangée, nous agirons comme le Peuple le souhaite en s’inclinant devant Holopherne. »
Yéhoudit, fille de Béari
À cette époque, vivait une femme craignant D.ieu, sage et intelligente, de belle apparence, pure et pudique qui trouvait grâce aux yeux de tous ceux qui la contemplaient. C’était Yéhoudit, la veuve, fille de Béari. Yéhoudit fit construire une pièce sous le toit où elle et ses jeunes filles s’adonnaient à la prière, agréée et appréciée de D.ieu.
Les propos d’Ouziyahou ne plurent guère à Yéhoudit. Elle y perçut un manque de foi envers D.ieu. Elle convia Ouziyahou et ses imposants chefs d’armée et s’adressa à eux : « Fixez-vous un délai pour que D.ieu nous envoie le salut ? La délivrance de D.ieu n’arrive-t-elle pas en un clin d’œil ?
Et même, si elle tardait à venir, c’est pour nous mettre à l’épreuve, pour s’assurer de la sincérité de notre foi ! »
Ouziyahou fut convaincu par le bon sens de ses arguments : « Tes propos sont justes, de grâce, élève ta voix en suppliques vers Celui qui siège dans les sphères supérieures. Car tu es une femme pieuse et D.ieu agrée tes requêtes ! »
Yéhoudit leur répondit : « Je prierai, mais priez, vous aussi, pour moi, pour que D.ieu m’aide à réaliser le projet que j’ai élaboré, pour me venger d’Holopherne et de son armée. Ce soir, tenez-vous aux portes de la ville, nous sortirons, ma servante et moi, en direction du camp d’Holopherne. D.ieu m’aidera pour la gloire de Son nom ! »
Yéhoudit se dirige vers le camp d’Holopherne
Yéhoudit retourna chez elle, se vêtit d’un sac, se couvrit de cendre et déversa son cœur devant D.ieu, qui est au Ciel, pour qu’Il lui permette le succès de son entreprise. Elle retira le sac et la cendre et se para de ses plus beaux atours. Elle s’orna de bijoux et se fit extrêmement belle. D.ieu la dota d’une grâce spéciale sur son visage qui envoûtait ceux qui posaient le regard sur elle. Elle demanda à sa servante une outre de lait, une cruche de vin, de la farine, du pain et du fromage. La nuit venue, elles sortirent, toutes deux, discrètement vers le camp d’Holopherne.
À l’aube, Yéhoudit parvint au camp. Les gardiens du roi l’arrêtèrent et la questionnèrent. Elle leur répondit : « Je suis une fille juive. Je me suis sauvée, cette nuit, de la terre de Judée car je sais que dans quelques jours la Judée sera conquise par vous. Je désire rencontrer votre roi, pour lui dévoiler les secrets du Peuple Juif, afin qu’il puisse indiquer à ses soldats comment la conquérir. » Devant sa beauté, sa démarche si délicate, ses paroles si avenantes, elle trouva grâce aux yeux des soldats, qui la conduisirent auprès du roi.
Yéhoudit se tient devant le roi
Son apparition éblouit le roi, qui lui dit : « N’aie pas peur de moi, car je ne désire pas décimer ton Peuple. Je souhaite uniquement qu’il me proclame roi. Mais, à présent, explique-moi les raisons de ta fuite et de ta venue dans notre camp ? »
Yéhoudit répondit : « Nous, le Peuple Juif, avons fauté devant D.ieu, nous avons défié Sa parole. C’est pourquoi, D.ieu a envoyé des prophètes pour nous réprimander. Le Peuple d’Israël est en proie, désormais, à une grande terreur, conscient du fait que D.ieu le punit. Mais, moi, ta servante Yéhoudit, je n’ai pas abandonné mon D.ieu, l’Éternel. Je suis attachée à Lui et à Ses préceptes, je L’invoque trois fois par jour. Il m’a été révélé dans une vision Divine que D.ieu veut se venger de Son peuple. C’est pourquoi, D.ieu m’a ordonné de me rendre chez toi pour t’annoncer exactement le moment propice de Sa colère, moment où tu entreras à Jérusalem et où tu l’annexeras sans difficulté. L’assemblée d’Israël tombera devant toi comme un troupeau sans berger. »
Holopherne contempla Yéhoudit. Il fut ensorcelé par son éclatante beauté, par son agréable discours et par sa grande sagesse. Ces propos firent écho dans son cœur. À dater de ce jour, Yéhoudit fut une habituée de la tente du roi. Pourtant, elle ne mangea pas de ses mets, expliquant au roi son comportement. Elle sortait et rentrait librement, le roi lui permit de sortir trois fois par jour, hors du camp pour prier.
Le festin
Le roi désira, plus que tout au monde, épouser Yéhoudit. Il demanda au garde des concubines qu’il veuille bien la convaincre. Le garde alla près de Yéhoudit et commença à lui parler. Yéhoudit lui dit : « Qui suis-je, pour refuser quoi que ce soit à mon maître ? Je ferai, tout ce qui est juste, à ses yeux. Tout ce que mon maître désire est bon pour moi ! »
Lorsque le garde transmit la réponse de Yéhoudit au roi, sa joie ne connut pas de limites. Il convoqua Yéhoudit dans sa tente et ils firent tous deux un festin somptueux. Le roi lui dit : « Mange ton pain avec joie, bois ton vin de bon cœur car tu as véritablement trouvé grâce à mes yeux. » Elle lui répondit : « Je boirai, mon seigneur, car c’est le plus beau jour de ma vie ! » Elle s’assit près de lui, elle mangea, ouvrit l’outre de lait et l’en abreuva. Le roi fut au comble du bonheur et dans son euphorie, il but du vin à pleines gorgées, comme il ne l’avait jamais fait de sa vie. Après le festin, tous les serviteurs du roi sortirent de la tente. Yéhoudit et le roi demeurèrent seuls.
On se réjouit face à la perte des impies !
Lorsque les serviteurs sortirent, Holopherne se dirigea vers son lit. Le lait et le vin ingurgités, l’avaient mis dans un état de torpeur profonde. Yéhoudit, à côté de lui pria, le visage inondé de larmes : « D.ieu, renforce-moi, D.ieu d’Israël et je vengerai mon Peuple ! » Elle s’approcha de la tête du lit, puis dégaina l’épée d’Holopherne, elle se saisit de ses cheveux en disant : « Arme-moi, mon D.ieu, de courage ! ». Elle le frappa deux fois au cou et lui trancha la tête. Puis, elle fendit le corps d’Holopherne de la tête aux pieds. Elle tendit la tête du roi à sa servante pour qu’elle la mette dans son panier. Toutes deux, au bout de quelques instants, sortirent du camp pour prier, comme à l’accoutumée. Aucun des gardes ne les arrêtèrent car le roi avait permis ce manège, depuis fort longtemps. Yéhoudit arriva aux portes de Jérusalem en s’exclamant : « Ouvrez les portes car D.ieu est avec nous et Il nous a délivrés en ce jour ! »
Lorsque les gardiens de la ville entendirent la voix de Yéhoudit, revenant en paix du camp d’Holopherne, ils jubilèrent. La rumeur se répandit comme une traînée de poudre dans toutes les rues de la ville. Tous, du plus petit au plus grand, l’accueillirent, vêtus de leurs plus beaux habits, pour fêter la nouvelle.
Yéhoudit leur relata les derniers événements et exhiba la tête d’Holopherne. Des cris de remerciement à D.ieu fusèrent de toutes parts. Ouziyahou cria à tue-tête ; « Ainsi périront tous Tes ennemis, D.ieu ! ». Ils suspendirent la tête d’Holopherne en haut de la muraille.
Yéhoudit conseilla à Ouziyahou et à ses chefs d’armée : « À présent, D.ieu vous a livré le camp d’Holopherne. Prenez courage et partez en guerre ! » Elle leur indiqua la marche à suivre, l’esprit de D.ieu reposant sur elle. Ils prirent la route.
« Que tombent sur eux la terreur et la peur. »
À l’aube, tous les soldats de l’armée de Jérusalem sortirent de la ville, munis de leurs armes. Ils ne s’approchèrent pas du camp ennemi mais firent retentir des sons de guerre. Lorsque les gardes du camp d’Holopherne s’en aperçurent, ils comprirent que la guerre était déclarée. Ils se rendirent chez leur roi pour le réveiller. Un temps précieux s’écoula, mais le roi ne se levait pas. Les capitaines et les chefs d’armée se dirent : « On ne peut pas attendre ! Car les rats sont sortis de leurs trous et nous livrent bataille. » L’eunuque du roi, gardien des concubines entra, respectueusement dans la tente d’Holopherne. Il se tint devant les rideaux du lit et battit des mains pour qu’il sorte de son sommeil. Mais personne ne répondit. Sans autre choix, l’eunuque souleva les rideaux, un cri de désespoir effroyable s’échappa de sa gorge. Son auguste souverain était jeté à terre, baignant dans son sang et privé de sa tête ! L’eunuque chercha Yéhoudit sans succès. Il déchira ses vêtements et pleura amèrement. Il sortit en s’écriant : « Une femme juive a réussi à abattre notre chef. Voici notre seigneur et maître qui est mort, gisant dans son sang et la tête tranchée ! » Des hurlements désespérés, un remue-ménage et une frayeur incontrôlés s’emparèrent de tous. Le camp fut terrorisé.
« Louez D.ieu car Il est Bon et Ses bontés sont infinies. »
L’armée de Jérusalem attendait cette occasion rêvée. Les soldats coururent en direction du camp ennemi, où les hommes détalèrent comme des possédés. Ils abandonnèrent leurs biens et s’enfuirent. Les hommes de Yéhouda les poursuivirent et leur infligèrent des coups d’épée mortels. Le reste du peuple se rendit dans le camp et le pilla. Il amassa un butin considérable en troupeaux, en chars, en chevaux et en biens mobiliers. Le butin était si colossal que tous les Juifs s’enrichirent. La richesse et les biens d’Holopherne furent offerts par le peuple à Yéhoudit, la Juste qui les consacra au Temple.
Ce même roi non-juif, qui avait parlé en bien des Juifs à Holopherne, exulta de la remarquable victoire que D.ieu fit remporter à Son peuple. Il décida d’abandonner les divinités, de se convertir et de se mettre sous les ailes de la Présence Divine, lui et toute sa famille. Le nom de D.ieu fut exalté et sanctifié dans le monde. Tous fêtèrent ces jours de liesse et de remerciement envers D.ieu pour les miracles et les prodiges dont ils furent l’objet et grâce auxquels ils sortirent de la tristesse et du deuil.